L'esprit de secte et l'esprit de parti
diffe`rent
a` beaucoup d'e?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
de tracer une ligne de de?
marcation entre
celle qui s'attache a` pe? ne? trer les secrets de l'univers, et celle qui
se borne a` l'examen de la nature de notre a^me. La me^me distinc-
tion se fait remarquer parmi les e? crivains religieux : les uns, dont
j'ai de? ja` parle? dans les chapitres pre? ce? dents, s'en sont tenus a`
l'influence de la religion sur notre coeur; les autres, tels que Ja-
cob Boehme, en Allemagne, Saint-Martin, en France, et bien
d'autres encore, ont cru trouver dans la re? ve? lation du christia-
nisme, des paroles myste? rieuses qui pouvaient servir a` de? voiler
les lois de la cre? ation. Il faut en convenir, quand on commence
a` penser, il est difficile de s'arre^ter, et soit que la re? flexion con-
duise au scepticisme, soit qu'elle me`ne a` la foi la plus univer-
selle, on est souvent tente? de passer des heures entie`res, comme
les faquirs, a` se demander ce que c'est que la vie. Loin de de? -
daigner ceux qui sont ainsi de? vore? s par la contemplation, on ne
peut s'empe^cher de les conside? rer comme les ve? ritables seigneurs
de l'espe`ce humaine, aupre`s desquels ceux qui existent sans re? -
fle? chir ne sont que des serfs attache? s a` la gle`be. Mais comment
peut-on se flatter de donner quelque consistance a` ces pense? es ,
qui, semblables aux e? clairs, replongent dans les te? ne`bres, apre`s
avoir un moment jete? sur les objets d'incertaines lueurs.
Il peut e^tre inte? ressant, toutefois, d'indiquer la direction
principale des syste`mes des the? osophes, c'est-a`-dire des philo-
sophes religieux, qui n'ont cesse? d'exister en Allemagne depuis
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DES PHILOSOPHES THEOSOPHES. 557
re? tablissement ilu christianisme, et surtout depuis la renais-
sance des lettres. La plupart des philosophes grecs ont fonde? le
syste`me du monde sur l'action des e? le? ments; et si l'on en excepte
Pythagore et Platon, qui tenaient de l'Orient leur tendance a`
l'ide? alisme, les penseurs de l'antiquite? expliquent tous l'orga-
nisation de l'univers par des lois physiques. Le christianisme,
en allumant la vie inte? rieure dans le sein de l'homme, devait
exciter les esprits a` s'exage? rer le pouvoir de l'a^me sur le corps;
les abus auxquels les doctrines les plus pures sont sujettes ont
amene? les visions, la magie blanche ( c'est a`dire celle qui attri-
bue a` la volonte? de l'homme, sans l'intervention des esprits in-
fernaux, la possibilite? d'agir sur les e? le? ments ), toutes les re^ve-
ries bizarres enfin qui naissent de la conviction que l'a^me est plus forte que la nature. Les secrets d'alchimistes, de magne? tiseurs et
d'illumine? s, s'appuient presque tous sur cet ascendant de la volonte? , qu'ils portent beaucoup trop loin, mais qui tient de quel-
que manie`re ne? anmoins a` la grandeur morale de l'homme.
Non-seulement le christianisme, en affirmant la spiritualite? de l'a^me, a porte? les esprits a` croire a` la puissance illimite? e dela
foi religieuse ou philosophique, mais la re? ve? lation a paru a` quel-
ques hommes un miracle continuel qui pouvait se renouveler
pour chacun d'eux , et quelques-uns ont cru since`rement qu'une
divination surnaturelle leur e? tait accorde? e, et qu'il se manifes-
tait en eux des ve? rite? s dont ils e? taient pluto^t les te? moins que les
inventeurs. Le plus fameux de ces philosophes religieux, c'est
Jacob Boehme, un cordonnier allemand, qui vivait au commen-
cement du dix-septie`me sie`cle; il a fait tant de bruit dans son
temps, que Charles 1er envoya un homme expre`s a` Gorlitz, lieu
de sa demeure, pour e? tudier son livre et le rapporter en Angle-
terre. Quelques-uns de ses e? crits ont e? te? traduits en franc? ais par
M. de Saint-Martin : ils sont tre`s-difficiles a` comprendre; cepen-
dant l'on ne peut s'empe^cher de s'e? tonner qu'un homme sans culture d'esprit ait e? te? si loin dans la contemplation de la nature. Il la conside`re en ge? ne? ral comme un emble`me des princi-
paux dogmes du christianisme; partout il croit voir dans les
phe? nome`nes du monde les traces de la chute de l'homme et de
sa re? ge? ne? ration, les effets du principe de la cole`re et de celui d>>
47.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 558 DES PHILOSOPHES THE? OSOPHES.
la mise? ricorde; et tandis que les philosophes grecs ta^chaient
d'expliquer le monde par le me? lange des e? le? ments de l'air, de
l'eau et du feu, Jacob Boehme n'admet que la combinaison des
forces morales, et s'appuie sur des passages de l'E? vangile pour
interpre? ter l'univers.
De quelque manie`re que l'on conside`re ces singuliers e? crits
qui, depuis deux cents ans, ont toujours trouve? des lecteurs, ou
pluto^t des adeptes, on ne peut s'empe^cher de remarquer les
deux routes oppose? es que suivent, pour arriver a` la ve? rite? , les
philosophes spiritualistes, et les philosophes mate? rialistes. Les
uns croient que c'est en se de? robant a` toutes les impressions du
dehors, et en se plongeant dans l'extase de la pense? e, qu'on
peut deviner la-nature; les autres pre? tendent qu'on ne saurait
trop se garder de l'enthousiasme et de l'imagination, dans l'exa-
men des phe? nome`nes de i'univers ; l'on dirait que l'esprit hu-
main a besoin de s'affranchir du corps ou de l'a^me, pour com-
prendre la nature, tandis que c'est dans la myste? rieuse re? union
des deux que consiste le secret de l'existence.
Quelques savants, en Allemagne,affirment qu'on trouve
dans les ouvrages de Jacob Boehme des vues tre`s-profondes
sur le monde physique; l'on peut dire au moins qu'il y a au-
tant d'originalite? dans les hypothe`ses des philosophes religieux
sur la cre? ation, que dans celles de Thai? es, de Xe? nophane,
d'Aristote, de Descartes et de Leibnitz. Les the? osophes de? clarent que ce qu'ils pensent leur a e? te? re? ve? le? , tandis que les phi-
losophes en ge? ne? ral se croient uniquement conduits par leur propre raison; mais puisque les uns et les autres aspirent a` connai^tre le myste`re des myste`res, que signifient a` cette hau~
leur les mots de raison et de folie? et pourquoi fle? trir de la de? -
nomination d'insense? s, ceux qui croient trouver dans l'exalta-
tion de grandes lumie`res? C'est un mouvement de l'a^me d'une
nature tre`s-remarquable, et qui ne lui a su^rement pas e? te? donne?
seulement pour le combattre.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE L'ESPRIT DE SECTE. 559
CHAPITRE VIII.
De l'esprit de secte en Allemagne.
L'habitude de la me? ditation porte a` des re^veries de tout genre
sur la destine? e humaine. La vie active peut seule de? tourner no-
tre inte? re^t dela source des choses ; mais tout ce qu'il y a de grand
ou d'absurde en fait d'ide? es est le re? sultat du mouvement in-
te? rieur qu'on ne peut dissiper au dehors. Beaucoup de gens
sont tre`s-irrite? s contre les sectes religieuses ou philosophiques,
et leur donnent le nom de folies, et de folies dangereuses. Il me
semble que les e? garements me^me de la pense? e sont bien moins
a` craindre pour le repos et la moralite? des hommes, que l'ab-
sence de la pense? e. Quand on n'a pas en soi cette puissance de
re? flexion qui supple? e a` l'activite? mate? rielle, on a besoin d'agir
sans cesse, et souvent au hasard.
Le fanatisme des ide? es a quelquefois conduit, il est vrai, a`
des actions violentes; mais c'est presque toujours parce qu'on a
recherche? les avantages de ce monde a` l'aide des opinions abs-
traites. Les syste`mes me? taphysiques sont peu redoutables en
eux-me^mes, ils ne le deviennent que quand ils sont re? unis a` des
inte? re^ts d'ambition, et c'est alors de ces inte? re^ts dont il faut s'oc-
cuper, si l'on veut modifier les syste`mes; mais les hommes
capables de s'attacher vivement a` une opinion, inde? pendam-
ment des re? sultats qu'elle peut avoir, sont toujours d'une noble
nature.
Les sectes philosophiques et religieuses qui, sous divers noms,
ont existe? en Allemagne, n'ont presque point eu de rapport
avec les affaires politiques, etle genre de talent ne? cessaire
pour entrai^ner les hommes a` des re? solutions vigoureuses s'est
rarement manifeste? dans ce pays. On peut disputer sur la phi-
losophie deKant, sur les questions the? ologiques, sur l'ide? alis-
me ou Vempirisme, sans qu'il en re? sulte jamais rien que des
livres.
L'esprit de secte et l'esprit de parti diffe`rent a` beaucoup d'e? -
gards : l'esprit de parti pre? sente les opinions par ce qu'elles ont
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 560 DE LESPRIT DE SECTE.
de saillant, pour les faire comprendre au vulgaire; et l'esprit de
secte, surtout en Allemagne, tend toujours vers ce qu'il a de
plus abstrait: il faut dans l'esprit de parti saisir le point de vue
de la multitude pour s'y placer; les Allemands ne pensent qu'a`
la the? orie, et du^t-elle se perdre dans les nuages, ils l'y suivront.
L'esprit de parti excite dans les hommes de certaines passions
communes qui les re? unissent en masse. Les Allemands subdivi-
sent tout; a` force d'expliquer, de distinguer et de commenter.
Ils ont une since? rite? philosophique singulie`rement propre a` la
recherche de la ve? rite? , mais point du tout a` l'art de la mettre
en oeuvre. L'esprit de secte n'aspire qu'a` convaincre ; l'esprit de
parti veut rallier. L'esprit de secte dispute sur les ide? es; l'esprit
de parti veut du pouvoir sur les hommes. Il y a de la discipline
dans l'esprit de parti, et de l'anarchie dans l'esprit de secte.
L'autorite? , quelle qu'elle soit, n'a presque rien a` craindre de
l'esprit de secte; on le satisfait en laissant une grande latitude a`
la pense? e : mais l'esprit departi n'est pas si facile a` contenter,
et ne se borne point a` ces conque^tes intellectuelles dans lesquel-
les chaque individu peut se cre? er un empire, sans destituer un
possesseur.
On est, en France, beaucoup plus susceptible de l'esprit de
parti que de l'esprit de secte : on s'y entend trop bien au re? el de
la vie, pour ne pas transformer en action ce qu'on de? sire, et en
pratique ce qu'on pense, mais peut-e^tre y est-on trop e? tranger
a` l'esprit de secte : on n'y tient pas assez aux ide? es abstraites,
pour mettre de la chaleur a` les de? fendre; d'ailleurs, l'on ne
veut e^tre lie? par aucun genre d'opinions, afin de s'avancer plus
libre au-devant de toutes les circonstances. Il y a plus de bonne
foi dans l'esprit de secte que dans l'esprit de parti; ainsi les Alle-
mands doivent e^tre bien plus propres a` l'un qu'a` l'autre. Il faut distinguer trois espe`ces de sectes religieuses et philo-
sophiquesen Allemagne : premie`rement, les diffe? rentes com-
munions chre? tiennes qui ont existe? , surtout a` l'e? poque dela re? -
formation, lorsque tous les esprits se sont tourne? s vers les ques-
tions the? ologiques; secondement, les associations secre`tes, et
enfin, les adeptes de quelques syste`mes particuliers, dont un
homme est le chef. 11 faut ranger dans la premie`re classe les
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE L'ESPRIT DE SECTE. 561
anabaptistes et les moraves; dans la seconde, la plus ancienne
des associations secre`tes, les francs-mac? ons, et dans la troisie`me,
les diffe? rents genres d'illumine? s.
Les anabaptistes e? taient pluto^t une secte re? volutionnaire que
religieuse; et, comme ils durent leur existence a` des passions
politiques et non a` des opinions, ils passe`rent avec les circons-
tances. Les moraves, tout-a`-fait e? trangers aux inte? re^ts de ce
monde, sont, comme je l'ai dit, une communion chre? tienne de
la plus grande purete? . Les quakers portent au milieu de la so-
cie? te? les principes des moraves: ceux-ci se retirent du monde,
pour e^tre plus su^rs de rester fide`les a` ces principes.
La franc-mac? onnerie est une institution beaucoup plus se? -
rieuse en E? cosse et en Allemagne qu'en France. Elle a existe? dans
tous les pays; mais il parai^t cependant que c'est de l'Allemagne
surtout qu'est venue cette association, transporte? e ensuite en
Angleterre par les Anglo-Saxons, et renouvele? e, a` la mort de
Charles Ier, par les partisans de la restauration, qui se rassem-
ble`rent pre`s de l'e? glise de Saint-Paul, pour appeler Charles II
sur le tro^ne. On croit aussi que les francs-mac? ons, surtout en
E? cosse, se rattachent de quelque manie`re a` l'ordre des Tem-
pliers. Lessing a e? crit sur la franc-mac? onnerie un dialogue ou`
son ge? nie lumineux se fait e? minemment remarquer. Ilaffirme que
cette association a pour but de re? unir les hommes, malgre? les
barrie`res e? tablies par la socie? te? ; car si, sous quelques rapports,
l'e? tat social forme un lien entre les hommes, en les soumettant
a` l'empire des lois, il les se? pare par les diffe? rences de rang et de
gouvernement: cette fraternite? , ve? ritable image de l'a^ge d'or, a
e? te? me^le? e dans la franc-mac? onnerie a` beaucoup d'autres ide? es qui
sont aussi bonnes et morales. On ne saurait se dissimuler ce-
pendant qu'il est dans la nature des associations secre`tes de
porter les esprits vers l'inde? pendance; mais ces associations
sont tre`s-favorables au de? veloppement des lumie`res; car tout ce
que les hommes font par eux-me^mes et spontane? ment, donne a`
leur jugement plus de force et d'e? tendue.
Il se peut aussi que les principes de l'e? galite? de? mocratique se
propagent par ce genre d'institutions, qui met les hommes en
e? vidence d'apre`s leur valeur re? elle, et non d'apre`s leur rang
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 5G2 DE L'ESPRIT DE SECTE.
dans le monde. Les associations secre`tes apprennent quelle est
la puissance du nombre et de la re? union, tandis que les citoyens
isole? s sont, pour ainsi dire, des e^tres abstraits les uns pour les
autres. Sous ce rapport, ces associations pourraient avoir une
grande influence dans l'E? tat; mais il est juste cependant de re-
connai^tre que la franc-mac? onnerie ne s'occupe en ge? ne? ral que des
inte? re^ts religieux et philosophiques.
Ses membres se divisent entre eux en deux classes : la franc-mac? onnerie philosophique, et la franc-mac? onnerie herme? tique
ou e? gyptienne. La premie`re a pour objet l'e? glise inte? rieure, ou
le de? veloppement de la spiritualite? de l'a^me; la seconde se rap-
porte aux sciences, a` celles qui s'occupent des secrets de la na-
ture. Les fre`res rose-croix, entre autres, sont un des grades de
la franc-mac? onnerie; et les fre`res rose-croix, dans l'origine,
e? taient alchimistes.
De tout temps, et dans tous les pays, il a existe? des associa-
tions secre`tes, dont les membres avaient pour but de se forti-
fier mutuellement dans la croyance a` la spiritualite? de l'a^me:
les myste`res d'E? leusis,chez les pai? ens, la secte des Esse? niens,
chez les He? breux, e? taient fonde? s sur cette doctrine, qu'on ne
voulait pas profaner en la livrant aux plaisanteries du vulgaire.
Il y apre`s de trente ans qu'a` "Wilherms-Bad il y eut une assem-
ble? e de francs-mac? ons pre? side? e par le duc de Brunswick; cette
assemble? e avait pour objet la re? forme des francs-mac? ons d'Alle-
magne , et il parai^t que les opinions mystiques en ge? ne? ral, et
celle de Saint-Martin en particulier, influe`rent beaucoup sur
cette re? union. Les institutions politiques, les relations sociales,
et souvent me^me celles de famille, ne prennent que l'exte? rieur
de la vie : il est donc naturel que de tout temps on ait cherche?
quelque manie`re intime de se reconnai^tre et de s'entendre; et
tous ceux dont le caracte`re a quelque profondeur se croient des
adeptes, et cherchent a` se distinguer par quelques signes du
reste des hommes. Les associations secre`tes de? ge? ne`rent avec le
temps; mais leur principe est presque toujours un sentiment
d'enthousiasme comprime? par la socie? te? .
Il y a trois classes d'illumine? s : les illumine? s mystiques, les
illumine? s visionnaires, et les illumine? s politiques. La premie`re,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE L ESPRIT DE SECTE. Z(M
celle dont Jacob Boehme, et, dans le dernier sie`cle, Pascaliset
Saint-Martin peuvent e^tre conside? re? s comme les chefs, tient
par divers liens a` cette e? glise inte? rieure, sanctuaire de ralliement
pour tous les philosophes religieux; ces illumine? s s'occupent
uniquement de la religion, et de la nature interpre? te? e par les
dogmes de la religion.
Les illumine? s visionnaires, a` la te^te desquels on doit placer le
Sue? dois Swedenborg , croient que par la puissance de la volonte?
ils peuvent faire apparai^tre des morts et ope? rer des miracles.
Le feu roi de Prusse, Fre?
celle qui s'attache a` pe? ne? trer les secrets de l'univers, et celle qui
se borne a` l'examen de la nature de notre a^me. La me^me distinc-
tion se fait remarquer parmi les e? crivains religieux : les uns, dont
j'ai de? ja` parle? dans les chapitres pre? ce? dents, s'en sont tenus a`
l'influence de la religion sur notre coeur; les autres, tels que Ja-
cob Boehme, en Allemagne, Saint-Martin, en France, et bien
d'autres encore, ont cru trouver dans la re? ve? lation du christia-
nisme, des paroles myste? rieuses qui pouvaient servir a` de? voiler
les lois de la cre? ation. Il faut en convenir, quand on commence
a` penser, il est difficile de s'arre^ter, et soit que la re? flexion con-
duise au scepticisme, soit qu'elle me`ne a` la foi la plus univer-
selle, on est souvent tente? de passer des heures entie`res, comme
les faquirs, a` se demander ce que c'est que la vie. Loin de de? -
daigner ceux qui sont ainsi de? vore? s par la contemplation, on ne
peut s'empe^cher de les conside? rer comme les ve? ritables seigneurs
de l'espe`ce humaine, aupre`s desquels ceux qui existent sans re? -
fle? chir ne sont que des serfs attache? s a` la gle`be. Mais comment
peut-on se flatter de donner quelque consistance a` ces pense? es ,
qui, semblables aux e? clairs, replongent dans les te? ne`bres, apre`s
avoir un moment jete? sur les objets d'incertaines lueurs.
Il peut e^tre inte? ressant, toutefois, d'indiquer la direction
principale des syste`mes des the? osophes, c'est-a`-dire des philo-
sophes religieux, qui n'ont cesse? d'exister en Allemagne depuis
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DES PHILOSOPHES THEOSOPHES. 557
re? tablissement ilu christianisme, et surtout depuis la renais-
sance des lettres. La plupart des philosophes grecs ont fonde? le
syste`me du monde sur l'action des e? le? ments; et si l'on en excepte
Pythagore et Platon, qui tenaient de l'Orient leur tendance a`
l'ide? alisme, les penseurs de l'antiquite? expliquent tous l'orga-
nisation de l'univers par des lois physiques. Le christianisme,
en allumant la vie inte? rieure dans le sein de l'homme, devait
exciter les esprits a` s'exage? rer le pouvoir de l'a^me sur le corps;
les abus auxquels les doctrines les plus pures sont sujettes ont
amene? les visions, la magie blanche ( c'est a`dire celle qui attri-
bue a` la volonte? de l'homme, sans l'intervention des esprits in-
fernaux, la possibilite? d'agir sur les e? le? ments ), toutes les re^ve-
ries bizarres enfin qui naissent de la conviction que l'a^me est plus forte que la nature. Les secrets d'alchimistes, de magne? tiseurs et
d'illumine? s, s'appuient presque tous sur cet ascendant de la volonte? , qu'ils portent beaucoup trop loin, mais qui tient de quel-
que manie`re ne? anmoins a` la grandeur morale de l'homme.
Non-seulement le christianisme, en affirmant la spiritualite? de l'a^me, a porte? les esprits a` croire a` la puissance illimite? e dela
foi religieuse ou philosophique, mais la re? ve? lation a paru a` quel-
ques hommes un miracle continuel qui pouvait se renouveler
pour chacun d'eux , et quelques-uns ont cru since`rement qu'une
divination surnaturelle leur e? tait accorde? e, et qu'il se manifes-
tait en eux des ve? rite? s dont ils e? taient pluto^t les te? moins que les
inventeurs. Le plus fameux de ces philosophes religieux, c'est
Jacob Boehme, un cordonnier allemand, qui vivait au commen-
cement du dix-septie`me sie`cle; il a fait tant de bruit dans son
temps, que Charles 1er envoya un homme expre`s a` Gorlitz, lieu
de sa demeure, pour e? tudier son livre et le rapporter en Angle-
terre. Quelques-uns de ses e? crits ont e? te? traduits en franc? ais par
M. de Saint-Martin : ils sont tre`s-difficiles a` comprendre; cepen-
dant l'on ne peut s'empe^cher de s'e? tonner qu'un homme sans culture d'esprit ait e? te? si loin dans la contemplation de la nature. Il la conside`re en ge? ne? ral comme un emble`me des princi-
paux dogmes du christianisme; partout il croit voir dans les
phe? nome`nes du monde les traces de la chute de l'homme et de
sa re? ge? ne? ration, les effets du principe de la cole`re et de celui d>>
47.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 558 DES PHILOSOPHES THE? OSOPHES.
la mise? ricorde; et tandis que les philosophes grecs ta^chaient
d'expliquer le monde par le me? lange des e? le? ments de l'air, de
l'eau et du feu, Jacob Boehme n'admet que la combinaison des
forces morales, et s'appuie sur des passages de l'E? vangile pour
interpre? ter l'univers.
De quelque manie`re que l'on conside`re ces singuliers e? crits
qui, depuis deux cents ans, ont toujours trouve? des lecteurs, ou
pluto^t des adeptes, on ne peut s'empe^cher de remarquer les
deux routes oppose? es que suivent, pour arriver a` la ve? rite? , les
philosophes spiritualistes, et les philosophes mate? rialistes. Les
uns croient que c'est en se de? robant a` toutes les impressions du
dehors, et en se plongeant dans l'extase de la pense? e, qu'on
peut deviner la-nature; les autres pre? tendent qu'on ne saurait
trop se garder de l'enthousiasme et de l'imagination, dans l'exa-
men des phe? nome`nes de i'univers ; l'on dirait que l'esprit hu-
main a besoin de s'affranchir du corps ou de l'a^me, pour com-
prendre la nature, tandis que c'est dans la myste? rieuse re? union
des deux que consiste le secret de l'existence.
Quelques savants, en Allemagne,affirment qu'on trouve
dans les ouvrages de Jacob Boehme des vues tre`s-profondes
sur le monde physique; l'on peut dire au moins qu'il y a au-
tant d'originalite? dans les hypothe`ses des philosophes religieux
sur la cre? ation, que dans celles de Thai? es, de Xe? nophane,
d'Aristote, de Descartes et de Leibnitz. Les the? osophes de? clarent que ce qu'ils pensent leur a e? te? re? ve? le? , tandis que les phi-
losophes en ge? ne? ral se croient uniquement conduits par leur propre raison; mais puisque les uns et les autres aspirent a` connai^tre le myste`re des myste`res, que signifient a` cette hau~
leur les mots de raison et de folie? et pourquoi fle? trir de la de? -
nomination d'insense? s, ceux qui croient trouver dans l'exalta-
tion de grandes lumie`res? C'est un mouvement de l'a^me d'une
nature tre`s-remarquable, et qui ne lui a su^rement pas e? te? donne?
seulement pour le combattre.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE L'ESPRIT DE SECTE. 559
CHAPITRE VIII.
De l'esprit de secte en Allemagne.
L'habitude de la me? ditation porte a` des re^veries de tout genre
sur la destine? e humaine. La vie active peut seule de? tourner no-
tre inte? re^t dela source des choses ; mais tout ce qu'il y a de grand
ou d'absurde en fait d'ide? es est le re? sultat du mouvement in-
te? rieur qu'on ne peut dissiper au dehors. Beaucoup de gens
sont tre`s-irrite? s contre les sectes religieuses ou philosophiques,
et leur donnent le nom de folies, et de folies dangereuses. Il me
semble que les e? garements me^me de la pense? e sont bien moins
a` craindre pour le repos et la moralite? des hommes, que l'ab-
sence de la pense? e. Quand on n'a pas en soi cette puissance de
re? flexion qui supple? e a` l'activite? mate? rielle, on a besoin d'agir
sans cesse, et souvent au hasard.
Le fanatisme des ide? es a quelquefois conduit, il est vrai, a`
des actions violentes; mais c'est presque toujours parce qu'on a
recherche? les avantages de ce monde a` l'aide des opinions abs-
traites. Les syste`mes me? taphysiques sont peu redoutables en
eux-me^mes, ils ne le deviennent que quand ils sont re? unis a` des
inte? re^ts d'ambition, et c'est alors de ces inte? re^ts dont il faut s'oc-
cuper, si l'on veut modifier les syste`mes; mais les hommes
capables de s'attacher vivement a` une opinion, inde? pendam-
ment des re? sultats qu'elle peut avoir, sont toujours d'une noble
nature.
Les sectes philosophiques et religieuses qui, sous divers noms,
ont existe? en Allemagne, n'ont presque point eu de rapport
avec les affaires politiques, etle genre de talent ne? cessaire
pour entrai^ner les hommes a` des re? solutions vigoureuses s'est
rarement manifeste? dans ce pays. On peut disputer sur la phi-
losophie deKant, sur les questions the? ologiques, sur l'ide? alis-
me ou Vempirisme, sans qu'il en re? sulte jamais rien que des
livres.
L'esprit de secte et l'esprit de parti diffe`rent a` beaucoup d'e? -
gards : l'esprit de parti pre? sente les opinions par ce qu'elles ont
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 560 DE LESPRIT DE SECTE.
de saillant, pour les faire comprendre au vulgaire; et l'esprit de
secte, surtout en Allemagne, tend toujours vers ce qu'il a de
plus abstrait: il faut dans l'esprit de parti saisir le point de vue
de la multitude pour s'y placer; les Allemands ne pensent qu'a`
la the? orie, et du^t-elle se perdre dans les nuages, ils l'y suivront.
L'esprit de parti excite dans les hommes de certaines passions
communes qui les re? unissent en masse. Les Allemands subdivi-
sent tout; a` force d'expliquer, de distinguer et de commenter.
Ils ont une since? rite? philosophique singulie`rement propre a` la
recherche de la ve? rite? , mais point du tout a` l'art de la mettre
en oeuvre. L'esprit de secte n'aspire qu'a` convaincre ; l'esprit de
parti veut rallier. L'esprit de secte dispute sur les ide? es; l'esprit
de parti veut du pouvoir sur les hommes. Il y a de la discipline
dans l'esprit de parti, et de l'anarchie dans l'esprit de secte.
L'autorite? , quelle qu'elle soit, n'a presque rien a` craindre de
l'esprit de secte; on le satisfait en laissant une grande latitude a`
la pense? e : mais l'esprit departi n'est pas si facile a` contenter,
et ne se borne point a` ces conque^tes intellectuelles dans lesquel-
les chaque individu peut se cre? er un empire, sans destituer un
possesseur.
On est, en France, beaucoup plus susceptible de l'esprit de
parti que de l'esprit de secte : on s'y entend trop bien au re? el de
la vie, pour ne pas transformer en action ce qu'on de? sire, et en
pratique ce qu'on pense, mais peut-e^tre y est-on trop e? tranger
a` l'esprit de secte : on n'y tient pas assez aux ide? es abstraites,
pour mettre de la chaleur a` les de? fendre; d'ailleurs, l'on ne
veut e^tre lie? par aucun genre d'opinions, afin de s'avancer plus
libre au-devant de toutes les circonstances. Il y a plus de bonne
foi dans l'esprit de secte que dans l'esprit de parti; ainsi les Alle-
mands doivent e^tre bien plus propres a` l'un qu'a` l'autre. Il faut distinguer trois espe`ces de sectes religieuses et philo-
sophiquesen Allemagne : premie`rement, les diffe? rentes com-
munions chre? tiennes qui ont existe? , surtout a` l'e? poque dela re? -
formation, lorsque tous les esprits se sont tourne? s vers les ques-
tions the? ologiques; secondement, les associations secre`tes, et
enfin, les adeptes de quelques syste`mes particuliers, dont un
homme est le chef. 11 faut ranger dans la premie`re classe les
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE L'ESPRIT DE SECTE. 561
anabaptistes et les moraves; dans la seconde, la plus ancienne
des associations secre`tes, les francs-mac? ons, et dans la troisie`me,
les diffe? rents genres d'illumine? s.
Les anabaptistes e? taient pluto^t une secte re? volutionnaire que
religieuse; et, comme ils durent leur existence a` des passions
politiques et non a` des opinions, ils passe`rent avec les circons-
tances. Les moraves, tout-a`-fait e? trangers aux inte? re^ts de ce
monde, sont, comme je l'ai dit, une communion chre? tienne de
la plus grande purete? . Les quakers portent au milieu de la so-
cie? te? les principes des moraves: ceux-ci se retirent du monde,
pour e^tre plus su^rs de rester fide`les a` ces principes.
La franc-mac? onnerie est une institution beaucoup plus se? -
rieuse en E? cosse et en Allemagne qu'en France. Elle a existe? dans
tous les pays; mais il parai^t cependant que c'est de l'Allemagne
surtout qu'est venue cette association, transporte? e ensuite en
Angleterre par les Anglo-Saxons, et renouvele? e, a` la mort de
Charles Ier, par les partisans de la restauration, qui se rassem-
ble`rent pre`s de l'e? glise de Saint-Paul, pour appeler Charles II
sur le tro^ne. On croit aussi que les francs-mac? ons, surtout en
E? cosse, se rattachent de quelque manie`re a` l'ordre des Tem-
pliers. Lessing a e? crit sur la franc-mac? onnerie un dialogue ou`
son ge? nie lumineux se fait e? minemment remarquer. Ilaffirme que
cette association a pour but de re? unir les hommes, malgre? les
barrie`res e? tablies par la socie? te? ; car si, sous quelques rapports,
l'e? tat social forme un lien entre les hommes, en les soumettant
a` l'empire des lois, il les se? pare par les diffe? rences de rang et de
gouvernement: cette fraternite? , ve? ritable image de l'a^ge d'or, a
e? te? me^le? e dans la franc-mac? onnerie a` beaucoup d'autres ide? es qui
sont aussi bonnes et morales. On ne saurait se dissimuler ce-
pendant qu'il est dans la nature des associations secre`tes de
porter les esprits vers l'inde? pendance; mais ces associations
sont tre`s-favorables au de? veloppement des lumie`res; car tout ce
que les hommes font par eux-me^mes et spontane? ment, donne a`
leur jugement plus de force et d'e? tendue.
Il se peut aussi que les principes de l'e? galite? de? mocratique se
propagent par ce genre d'institutions, qui met les hommes en
e? vidence d'apre`s leur valeur re? elle, et non d'apre`s leur rang
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 5G2 DE L'ESPRIT DE SECTE.
dans le monde. Les associations secre`tes apprennent quelle est
la puissance du nombre et de la re? union, tandis que les citoyens
isole? s sont, pour ainsi dire, des e^tres abstraits les uns pour les
autres. Sous ce rapport, ces associations pourraient avoir une
grande influence dans l'E? tat; mais il est juste cependant de re-
connai^tre que la franc-mac? onnerie ne s'occupe en ge? ne? ral que des
inte? re^ts religieux et philosophiques.
Ses membres se divisent entre eux en deux classes : la franc-mac? onnerie philosophique, et la franc-mac? onnerie herme? tique
ou e? gyptienne. La premie`re a pour objet l'e? glise inte? rieure, ou
le de? veloppement de la spiritualite? de l'a^me; la seconde se rap-
porte aux sciences, a` celles qui s'occupent des secrets de la na-
ture. Les fre`res rose-croix, entre autres, sont un des grades de
la franc-mac? onnerie; et les fre`res rose-croix, dans l'origine,
e? taient alchimistes.
De tout temps, et dans tous les pays, il a existe? des associa-
tions secre`tes, dont les membres avaient pour but de se forti-
fier mutuellement dans la croyance a` la spiritualite? de l'a^me:
les myste`res d'E? leusis,chez les pai? ens, la secte des Esse? niens,
chez les He? breux, e? taient fonde? s sur cette doctrine, qu'on ne
voulait pas profaner en la livrant aux plaisanteries du vulgaire.
Il y apre`s de trente ans qu'a` "Wilherms-Bad il y eut une assem-
ble? e de francs-mac? ons pre? side? e par le duc de Brunswick; cette
assemble? e avait pour objet la re? forme des francs-mac? ons d'Alle-
magne , et il parai^t que les opinions mystiques en ge? ne? ral, et
celle de Saint-Martin en particulier, influe`rent beaucoup sur
cette re? union. Les institutions politiques, les relations sociales,
et souvent me^me celles de famille, ne prennent que l'exte? rieur
de la vie : il est donc naturel que de tout temps on ait cherche?
quelque manie`re intime de se reconnai^tre et de s'entendre; et
tous ceux dont le caracte`re a quelque profondeur se croient des
adeptes, et cherchent a` se distinguer par quelques signes du
reste des hommes. Les associations secre`tes de? ge? ne`rent avec le
temps; mais leur principe est presque toujours un sentiment
d'enthousiasme comprime? par la socie? te? .
Il y a trois classes d'illumine? s : les illumine? s mystiques, les
illumine? s visionnaires, et les illumine? s politiques. La premie`re,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE L ESPRIT DE SECTE. Z(M
celle dont Jacob Boehme, et, dans le dernier sie`cle, Pascaliset
Saint-Martin peuvent e^tre conside? re? s comme les chefs, tient
par divers liens a` cette e? glise inte? rieure, sanctuaire de ralliement
pour tous les philosophes religieux; ces illumine? s s'occupent
uniquement de la religion, et de la nature interpre? te? e par les
dogmes de la religion.
Les illumine? s visionnaires, a` la te^te desquels on doit placer le
Sue? dois Swedenborg , croient que par la puissance de la volonte?
ils peuvent faire apparai^tre des morts et ope? rer des miracles.
Le feu roi de Prusse, Fre?
