re^t
historique
a` cette pie`ce.
Madame de Stael - De l'Allegmagne
ve?
rite?
pourrait
dire pour enflammerl'honneur jaloux d'un vieillard ; c'est le coeur
humain pre? sente? dans une situation nouvelle, et c'est en cela
que consiste le vrai ge? nie dramatique. Le vieillard prend le poi-
gnard, et, ne pouvant assassiner le prince, il s'en sert pour im-
moler sa propre fille. Orsina, sans le savoir, est l'auteur de
cette action terrible; elle a grave? ses passage`res fureurs dans une
a^me profonde, et les plaintes insense? es de son amour coupable
ont fait verser le sang innocent.
On remarque dans les ro^les principaux des pie`ces de Lessing
un certain air de famille, qui ferait croire que c'est lui-me^me
qu'il a peint dans ses personnages; le major Tellheim, dans
Minna, Odoard, le pe`re d'E? milie, etle templier, dans Nathan,
ont tous les trois une sensibilite? fie`re dont la teinte est misanthropique.
Le plus beau des ouvrages de Lessing c'est Nathan le Sage;
on ne peut voir dans aucune pie`ce la tole? rance religieuse mise
en action avec plus de naturel et de dignite? . Un Turc, un tem-
plier et un juif sont les principaux personnages de ce drame;
la premie`re ide? e en est puise? e dans le conte des trois Anneaux
de Bocace; mais l'ordonnance de l'ouvrage appartient en entiera` Lessing. Le Turc, c'est le sultan Saladin, que l'histoire repre? -
sente comme un homme plein de grandeur; le jeune templier a
dans le caracte`re toute la se? ve? rite? de l'e? tat religieux qu'il pro-
fesse, et le juif est un vieillard qui a acquis une grande fortune
dans le commerce, mais dont les lumie`res et la bienfaisance
rendent les habitudes ge? ne? reuses. Il comprend toutes les croyan-
ces since`res, et voit la Divinite? dans le coeur de tout homme
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? DES DRAMES DE LESS1NG. 195
vertueux. Ce caracte`re est d'une admirable simplicite? . L'on s'e? tonne de l'attendrissement qu'il cause, quoiqu'il ne soit agite? ni
par des passions vives ni par des circonstances fortes. Une fois
cependant, on veut enlever a` Nathan une jeune lille u` laquelle
il a servi de pe`re, et qu'il a comble? e de soins depuis sa naissance:
la douleur de s'en se? parer lui serait ame`re; et pour se de? fendre
de l'injustice qui veut la lui ravir, il raconte comment elle est
tombe? e entre ses mains.
Les chre? tiens immole`rent tous les juifs a` Gaza, et dans la
me^me nuit Nathan vit pe? rir sa femme et ses sept enfants; il
passa trois jours prosterne? dans la poussie`re, jurant une haine
implacable aux chre? tiens; peu a` peu la raison lui revint, et il
s'e? cria: << Il y a pourtant un Dieu; que sa volonte? soit faite! >>
Dans ce moment, un pre^tre vint le prier de se charger d'un en-
fant chre? tien, orphelin de`s le berceau, et le vieillard he? breu
l'adopta. L'attendrissement de Nathan, en faisant ce re? cit, e? meut
d'autant plus qu'il cherche a` se contenir, et que la pudeur de
la vieillesse lui fait de? sirer de cacher ce qu'il e? prouve. Sa sublime
patience ne se de? ment point,quoiqu'on leblesse dans sa croyance
et dans sa fierte? , en l'accusant comme d'un crime d'avoir e? leve?
Recadans la religion juive; et sa justification n'a pour but que
d'obtenir le droit de faire encore du bien a` l'enfant qu'il a re-
cueilli.
La pie`ce de Nathan est plus attachante encore par la peinture
des caracte`res que par les situations. Le templier a dans l'a^me
quelque chose de farouche qui vient de la crainte d'e^tre sensible.
La prodigalite? orientale de Saladinfait contraste avec l'e? conomie
ge? ne? reuse de Nathan. Le tre? sorier du sultan, un derviche vieux
et se? ve`re, l'avertit que ses revenus sont e? puise? s par ses largesses. -- << Je m'eu afflige, dit Saladin, parce que je serai force? de
<< retrancher de mes dons; quant a` moi, j'aurai toujours ce qui
<< fait toute ma fortune, un cheval, une e? pe? e et un seul Dieu. >> --
Nathan est un ami des hommes; mais la de? faveur dans laquelle
le nom de juif l'a fait vivre au milieu de la socie? te? , me^le une
sorte de de? dain pour la nature humaine a` l'expression de sa bonte? .
Chaque sce`ne ajoute quelques traits piquants et spirituels au
de? veloppement de ces divers personnages; mais leurs relations
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? 19C liKS DHAMES DE LESS1ING.
ensemble ne sont pas assez vives pour exciter une forte e? mo-
tion.
A la fin de la pie`ce, on de? couvre que le templier et la fille
adopte? e parle juif sont fre`re et soeur, et que le sultan est leur
oncle. L'intention de l'auteur a visiblement e? te? de donner dans
sa famille dramatique l'exemple d'une fraternite? religieuse plus
e? tendue. Le but philosophique vers lequel tend toute la pie`ce en
diminue l'inte? re^t au the? a^tre; il est presque impossible qu'il n'y
ait pas une certaine froideur dans un drame quia pour objet
de de? velopper une ide? e ge? ne? rale, quelque belle qu'elle soit; cela
tient de l'apologue, et l'on dirait que les personnages ne sont
pas la` pour leur compte, mais pour servir a` l'avancement des
lumie`res. Sans doute, il n'y a pas de fiction, il n'y a pas me^me
d'e? ve? nement re? el dont on ne puisse tirer une pense? e; mais il faut
que ce soit l'e? ve? nement qui ame`ne la re? flexion, et non pas la
re? flexion qui fasse inventer l'e? ve? nement : l'imagination dans les
beaux-arts doit toujours agir la premie`re.
Il a paru depuis Lessing un nombre infini de drames en Al-
lemagne; maintenant on commence a` s'en lasser. Le genre
mixte du drame ne s'introduit gue`re qu'a` cause dela contrainte
qui existe dans les trage? dies: c'est une espe`ce de contrebande
de l'art; mais lorsque l'entie`re liberte? est admise, on ne sent
plus la ne? cessite? d'avoir recours aux drames, pour faire usage
des circonstances simples et naturelles. Le drame ne conserve-
rait donc qu'un avantage, celui de peindre, comme les romans,
les situations de notre propre vie, les moeurs du temps ou` nous
vivons; ne? anmoins, quand on n'entend prononcer au the? a^tre
que des noms inconnus, on perd l'un des plus grands plaisirs
que la trage? die puisse donner, les souvenirs historiques qu'elle
retrace. On croit trouver plus d'inte? re^t dans le drame, parce
qu'il nous repre? sente ce que nous voyons tous les jours: mais
une imitation trop rapproche? e du vrai n'est pas ce que l'on re-
cherche dans les arts. Le drame est a` la trage? die ce que les figu-
res de cire sont aux statues; il y a trop de ve? rite? et pas assez
d'ide? al; c'est trop, si c'est de l'art, et jamais assez pour que ce
soit de la nature.
Lessing ne peut e^tre conside? re? comme un auteur dramatique
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DON CARLOS. 197
du premier rang; il s'e? tait occupe? de trop d'objets divers pour
avoir un grand talent en quelque genre que ce fu^t. L'esprit est
universel; mais l'aptitude naturelle a` l'un des beaux-arts est
ne? cessairement exclusive. Lessing e? tait, avant tout, un dialec-
ticien de la plus grande force, et c'est un obstacle a` l'e? loquence
dramatique ; car le sentiment de? daigne les transitions, les gra-
dations et les motifs; c'est une inspiration continuelle et spon-
tane? e, qui ne peut se rendre compte d'elle-me^me. Lessing e? tait
bien loin sans doute de la se? cheresse philosophique; mais il avait
dans le caracte`re plus de vivacite? que de sensibilite? ; le ge? nie
dramatique est plus bizarre, plus sombre, plus inattendu que ne
pouvait l'e^tre un homme qui avait consacre? la plus grande par-
tie de sa vie au raisonnement.
CHAPITRE XVII.
Les Brigands, et Don Carlos, de Schiller. Schiller, dans sa premie`re jeunesse, avait une verve de talent,
une sorte d'ivresse de pense? e qui le dirigeait mal. La conjura-
tion de Fiesque, l'Intrigue et F Amour, enfin les Brigands,
qu'on a joue? s sur le the? a^tre franc? ais, sont des ouvrages que les
principes de l'art, comme ceux dela morale, peuvent re? prouver;
mais, depuis l'a^ge de vingt-cinq ans, les e? crits de Schiller furent
tous purs et se? ve`res. L'e? ducation dela vie de? prave les hommes
le? gers, et perfectionne ceux qui re? fle? chissent.
Les Brigands onte? te? traduits en franc? ais, mais singulie`rement
alte? re? s; d'abord on n'a pas tire? parti de l'e? poque qui donne un
inte?
re^t historique a` cette pie`ce. La sce`ne se passe dans le quin-
zie`me sie`cle, au moment ou` l'on publia dans l'Empire l'e? ditde
paix perpe? tuelle, qui de? fendait tous les de? fis particuliers. Cet
e? ditfut tre`s-avantageux, sans doute, au repos de l'Allemagne;
mais les jeunes gentilshommes, accoutume? s a` vivre au milieu
des pe? rils et a` s'appuyer sur leur force individuelle, crurent
tomber dans une sorte d'inertie honteuse, quand il fallut se sou-
mettre a` l'empire des lois. Rien n'e? tait plus absurde que cette
manie`re de voir; toutefois, comme les hommes ne sont d'orn.
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? 108 LES RR1GA^NDS
dinaire gouverne? s que par l'habitude, il est naturel que le mieux
me^me puisse les re? volter, par cela seul que c'est un changement.
Le chef des brigands de Schiller est moins odieux qu'il ne le se-
rait dans le temps actuel, car il n'y avait pas une bien grande
diffe? rence entre l'anarchie fe? odale sous laquelle il vivait, et
l'existence de bandit qu'il adopte; mais c'est pre? cise? ment le
genre d'excuse que l'auteur lui donne, qui rend sa pie`ce plus
dangereuse. Elle a produit, il faut en convenir, un mauvais effet
en Allemagne. Des jeunes gens, enthousiastes du caracte`re et
de la vie du chef des brigands, ont essaye? de l'imiter. Ils hono-
raient leur gou^t pour une vie licencieuse du nom d'amour de
la liberte? , et se croyaient indigne? s contre les abus de l'ordre
social, quand ils n'e? taient que fatigue? s de leur situation parti-
culie`re. Leurs essais de re? volte ne furent que ridicules; ne? an-
moins les trage? dies et les romans ont beaucoup plus d'impor-
I. -IIKV en Allemagne que dans aucun autre pays. On y fait tout
se? rieusement, et lire tel ouvrage, ou voir telle pie`ce, influe sur
le sort de la vie. Ce qu'on admire comme art, on veut l'intro-
duire dans l'existence re? elle. Werther a cause? plus de suicides
que la plus belle femme du monde; et la poe? sie, la philosophie,
l'ide? al enfin, ont souvent plus d'empire sur les Allemands que
la nature et les passions me^me.
Le sujet des Brigands est comme celui d'un grand nombre
de fictions, qui toutes ont pour origine la parabole de l'Enfant
prodigue. Un fils hypocrite se conduit bien en apparence; un fils coupable a de bons sentiments, malgre? ses fautes. Cette
opposition est tre`s-belle sous le point de vue religieux, parce
qu'elle nous atteste que Dieu lit dans les coeurs; mais elle a de
grands inconve? nients, lorsqu'on veut inspirertrop d'inte? re^t pour
le fils qui a quitte? la maison paternelle. Tous les jeunes gens
dont la te^te est mauvaise s'attribuent en conse? quence un bon
coeur, et rien n'est plus absurde cependant que de se supposer
des qualite? s parce qu'on se sent des de? fauts; cette garantie
ne? gative est tre`s-peu certaine, car de ce que l'on manque de
raison, il ne s'ensuit pas du tout qu'on ait de la sensibilite? : la
folie n'est souvent qu'un e? goi? sme impe? tueux. Le ro^le du fils hypocrite, tel que Schiller l'a repre? sente? , est
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? ET DON CARLOS. 19! )
beaucoup trop hai? ssable. C'est un des de? fauts des e? crivains tre`s-
jeunes , de dessiner avec des traits trop brusques ; on prend les
nuances dans les tableaux pour de la timidite? de caracte`re, tan-
dis qu'elles sont la preuve de la maturite? du talent. Si les per-
sonnages en seconde ligne ne sont pas peints avec assez de ve? rite?
dans la pie`ce de Schiller, les passions du chef des brigands y
sont exprime? es d'une manie`re admirable. L'e? nergie de ce ca-
racte`re se manifeste tour a` tour par l'incre? dulite? , la religion,
l'amour et la barbarie: ne trouvant point a` se placer dans
l'ordre, il se fait jour a` travers le crime; l'existence est pour lui
comme une sorte de de? lire, qui s'exalte tanto^t par la fureur, et
tanto^t par le remords.
Les sce`nes d'amour entre la jeune fille et le chef des brigands
qui devait e^tre son e? poux, sont admirables d'enthousiasme et
de sensibilite? ; il est peu de situations plus touchantes que celle
de cette femme parfaitement vertueuse, s'inte? ressant toujours,
au fond du coeur, a` celui qu'elle aimait avant qu'il se fu^t rendu
criminel. Le respect qu'une femme est accoutume? e de ressentir
pour l'homme qu'elle aime, se change en une sorte de terreur
et de pitie? , et l'on dirait que l'infortune? e se flatte encore d'e^tre,
dans le ciel, l'ange protecteur de son coupable ami, alors qu'elle
ne peut plus devenir son heureuse compagne sur la terre.
On ne peut juger de la pie`ce de Schiller dans la traduction
franc? aise. On n'y a conserve? , pour ainsi dire, que la pantomime
de l'action; l'originalite? des caracte`res a disparu, et c'est elle
qui seule peut rendre une fiction vivante ; les plus belles trage? dies
deviendraient des me? lodrames si l'on en o^taitla peinture anime? e
des sentiments et des passions. La force des e? ve? nements ne
suffit pas pour lier le spectateur avec les personnages; qu'ils
s'aiment ou qu'ils se tuent, peu nous importe, si l'auteur n'a
pas excite? notre sympathie pour eux.
Don Carlos est aussi un ouvrage de la jeunesse de Schiller, et
cependant on le conside`re comme une composition du premier
rang. Ce sujet de don Carlos est un des plus dramatiques que
l'histoire puisse offrir. Une jeune princesse, fille de Henri 11.
quitte la France et la cour brillante et chevaleresque du roi son
pe`re, pour s'unir a` un vieux tyran tellement sombre et se? ve`re ,
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? 200 LES RRIGANDS
que le caracte`re me^me des Espagnols fut alte? re? par son re`gne,
et que pendant longtemps la nation porta l'empreinte de son
mai^tre. Don Carlos, fiance? d'abord a` E? lisabeth , l'aime encore
quoiqu'elle soit devenue sa belle-me`re. La re? formation et la
re? volte des Pays-Bas, ces grands e? ve? nements politiques, se me^-
lent a` la catastrophe tragique de la condamnation du fils par le
pe`re : l'inte? re^t individuel et l'inte? re^t public se trouvent re? unis au
plus haut degre? dans cette trage? die. Plusieurs e? crivains ont traite? ce sujet en France; mais on n'a
pu, dans l'ancien re? gime, le mettre sur le the? a^tre; on croyait
que c'e? tait manquer d'e? gards a` l'Espagne que de repre? senter ce
fait de son histoire. On demandait a` M. d'Aranda, cet ambas-
sadeur d'Espagne, connu par tant de traits qui prouvent la force
de son caracte`re et les bornes de son esprit, la permission de
faire jouer une trage? die de Don Carlos, que l'auteur venait d'achever, et dont il espe? rait une grande gloire. Que ne prend-il
un autresujet? re? pondit M. d'Aranda. --M. l'ambassadeur lui
disait-on, faites attention que la pie`ce est termine? e, que l'auteur
y a consacre? trois ans de sa vie. -- Mais, mon Dieu, reprenait
l'ambassadeur, n'y a-t-il donc que cet e? ve? nement dans l'histoire?
Qu'il en choisisse un autre. -- Jamais on ne put le faire sortir
de cet inge? nieux raisonnement, qu'appuyait une volonte? forte.
Les sujets historiques exercent le talent d'une tout autre
manie`re que les sujets d'invention ; ne? anmoins, il faut peut-e^tre
encore plus d'imagination pour repre? senter l'histoire dans une
trage? die, que pour cre? er a` volonte? les situations et les person-
nages. Alte? rer essentiellement les faits, en les transportant sur
la sce`ne, c'est toujours produire une impression de? sagre? able;
on s'attend a` la ve? rite? , et l'on est pe? niblement surpris quand
l'auteur y substitue la fiction quelconque qu'il lui a plu de choi-
sir; cependant l'histoire a besoin d'e^tre artistement combine? e
pour faire effet au the? a^tre, et il faut re? unir tout a` la fois, dans
la trage? die, le talent de peindre le vrai et celui de le rendre
poe? tique. Des difficulte? s d'un autre genre se pre? sentent quand
l'art dramatique parcourt le vaste champ de l'invention; on
dirait qu'il est plus libre ; cependant rien n'est plus rare que de
caracte? riser assez des personnages inconnus, pour qu'ils aient
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? ET DON CARLOS. 201
autant de consistance que des noms de? ja` ce? le`bres.
dire pour enflammerl'honneur jaloux d'un vieillard ; c'est le coeur
humain pre? sente? dans une situation nouvelle, et c'est en cela
que consiste le vrai ge? nie dramatique. Le vieillard prend le poi-
gnard, et, ne pouvant assassiner le prince, il s'en sert pour im-
moler sa propre fille. Orsina, sans le savoir, est l'auteur de
cette action terrible; elle a grave? ses passage`res fureurs dans une
a^me profonde, et les plaintes insense? es de son amour coupable
ont fait verser le sang innocent.
On remarque dans les ro^les principaux des pie`ces de Lessing
un certain air de famille, qui ferait croire que c'est lui-me^me
qu'il a peint dans ses personnages; le major Tellheim, dans
Minna, Odoard, le pe`re d'E? milie, etle templier, dans Nathan,
ont tous les trois une sensibilite? fie`re dont la teinte est misanthropique.
Le plus beau des ouvrages de Lessing c'est Nathan le Sage;
on ne peut voir dans aucune pie`ce la tole? rance religieuse mise
en action avec plus de naturel et de dignite? . Un Turc, un tem-
plier et un juif sont les principaux personnages de ce drame;
la premie`re ide? e en est puise? e dans le conte des trois Anneaux
de Bocace; mais l'ordonnance de l'ouvrage appartient en entiera` Lessing. Le Turc, c'est le sultan Saladin, que l'histoire repre? -
sente comme un homme plein de grandeur; le jeune templier a
dans le caracte`re toute la se? ve? rite? de l'e? tat religieux qu'il pro-
fesse, et le juif est un vieillard qui a acquis une grande fortune
dans le commerce, mais dont les lumie`res et la bienfaisance
rendent les habitudes ge? ne? reuses. Il comprend toutes les croyan-
ces since`res, et voit la Divinite? dans le coeur de tout homme
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DES DRAMES DE LESS1NG. 195
vertueux. Ce caracte`re est d'une admirable simplicite? . L'on s'e? tonne de l'attendrissement qu'il cause, quoiqu'il ne soit agite? ni
par des passions vives ni par des circonstances fortes. Une fois
cependant, on veut enlever a` Nathan une jeune lille u` laquelle
il a servi de pe`re, et qu'il a comble? e de soins depuis sa naissance:
la douleur de s'en se? parer lui serait ame`re; et pour se de? fendre
de l'injustice qui veut la lui ravir, il raconte comment elle est
tombe? e entre ses mains.
Les chre? tiens immole`rent tous les juifs a` Gaza, et dans la
me^me nuit Nathan vit pe? rir sa femme et ses sept enfants; il
passa trois jours prosterne? dans la poussie`re, jurant une haine
implacable aux chre? tiens; peu a` peu la raison lui revint, et il
s'e? cria: << Il y a pourtant un Dieu; que sa volonte? soit faite! >>
Dans ce moment, un pre^tre vint le prier de se charger d'un en-
fant chre? tien, orphelin de`s le berceau, et le vieillard he? breu
l'adopta. L'attendrissement de Nathan, en faisant ce re? cit, e? meut
d'autant plus qu'il cherche a` se contenir, et que la pudeur de
la vieillesse lui fait de? sirer de cacher ce qu'il e? prouve. Sa sublime
patience ne se de? ment point,quoiqu'on leblesse dans sa croyance
et dans sa fierte? , en l'accusant comme d'un crime d'avoir e? leve?
Recadans la religion juive; et sa justification n'a pour but que
d'obtenir le droit de faire encore du bien a` l'enfant qu'il a re-
cueilli.
La pie`ce de Nathan est plus attachante encore par la peinture
des caracte`res que par les situations. Le templier a dans l'a^me
quelque chose de farouche qui vient de la crainte d'e^tre sensible.
La prodigalite? orientale de Saladinfait contraste avec l'e? conomie
ge? ne? reuse de Nathan. Le tre? sorier du sultan, un derviche vieux
et se? ve`re, l'avertit que ses revenus sont e? puise? s par ses largesses. -- << Je m'eu afflige, dit Saladin, parce que je serai force? de
<< retrancher de mes dons; quant a` moi, j'aurai toujours ce qui
<< fait toute ma fortune, un cheval, une e? pe? e et un seul Dieu. >> --
Nathan est un ami des hommes; mais la de? faveur dans laquelle
le nom de juif l'a fait vivre au milieu de la socie? te? , me^le une
sorte de de? dain pour la nature humaine a` l'expression de sa bonte? .
Chaque sce`ne ajoute quelques traits piquants et spirituels au
de? veloppement de ces divers personnages; mais leurs relations
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 19C liKS DHAMES DE LESS1ING.
ensemble ne sont pas assez vives pour exciter une forte e? mo-
tion.
A la fin de la pie`ce, on de? couvre que le templier et la fille
adopte? e parle juif sont fre`re et soeur, et que le sultan est leur
oncle. L'intention de l'auteur a visiblement e? te? de donner dans
sa famille dramatique l'exemple d'une fraternite? religieuse plus
e? tendue. Le but philosophique vers lequel tend toute la pie`ce en
diminue l'inte? re^t au the? a^tre; il est presque impossible qu'il n'y
ait pas une certaine froideur dans un drame quia pour objet
de de? velopper une ide? e ge? ne? rale, quelque belle qu'elle soit; cela
tient de l'apologue, et l'on dirait que les personnages ne sont
pas la` pour leur compte, mais pour servir a` l'avancement des
lumie`res. Sans doute, il n'y a pas de fiction, il n'y a pas me^me
d'e? ve? nement re? el dont on ne puisse tirer une pense? e; mais il faut
que ce soit l'e? ve? nement qui ame`ne la re? flexion, et non pas la
re? flexion qui fasse inventer l'e? ve? nement : l'imagination dans les
beaux-arts doit toujours agir la premie`re.
Il a paru depuis Lessing un nombre infini de drames en Al-
lemagne; maintenant on commence a` s'en lasser. Le genre
mixte du drame ne s'introduit gue`re qu'a` cause dela contrainte
qui existe dans les trage? dies: c'est une espe`ce de contrebande
de l'art; mais lorsque l'entie`re liberte? est admise, on ne sent
plus la ne? cessite? d'avoir recours aux drames, pour faire usage
des circonstances simples et naturelles. Le drame ne conserve-
rait donc qu'un avantage, celui de peindre, comme les romans,
les situations de notre propre vie, les moeurs du temps ou` nous
vivons; ne? anmoins, quand on n'entend prononcer au the? a^tre
que des noms inconnus, on perd l'un des plus grands plaisirs
que la trage? die puisse donner, les souvenirs historiques qu'elle
retrace. On croit trouver plus d'inte? re^t dans le drame, parce
qu'il nous repre? sente ce que nous voyons tous les jours: mais
une imitation trop rapproche? e du vrai n'est pas ce que l'on re-
cherche dans les arts. Le drame est a` la trage? die ce que les figu-
res de cire sont aux statues; il y a trop de ve? rite? et pas assez
d'ide? al; c'est trop, si c'est de l'art, et jamais assez pour que ce
soit de la nature.
Lessing ne peut e^tre conside? re? comme un auteur dramatique
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DON CARLOS. 197
du premier rang; il s'e? tait occupe? de trop d'objets divers pour
avoir un grand talent en quelque genre que ce fu^t. L'esprit est
universel; mais l'aptitude naturelle a` l'un des beaux-arts est
ne? cessairement exclusive. Lessing e? tait, avant tout, un dialec-
ticien de la plus grande force, et c'est un obstacle a` l'e? loquence
dramatique ; car le sentiment de? daigne les transitions, les gra-
dations et les motifs; c'est une inspiration continuelle et spon-
tane? e, qui ne peut se rendre compte d'elle-me^me. Lessing e? tait
bien loin sans doute de la se? cheresse philosophique; mais il avait
dans le caracte`re plus de vivacite? que de sensibilite? ; le ge? nie
dramatique est plus bizarre, plus sombre, plus inattendu que ne
pouvait l'e^tre un homme qui avait consacre? la plus grande par-
tie de sa vie au raisonnement.
CHAPITRE XVII.
Les Brigands, et Don Carlos, de Schiller. Schiller, dans sa premie`re jeunesse, avait une verve de talent,
une sorte d'ivresse de pense? e qui le dirigeait mal. La conjura-
tion de Fiesque, l'Intrigue et F Amour, enfin les Brigands,
qu'on a joue? s sur le the? a^tre franc? ais, sont des ouvrages que les
principes de l'art, comme ceux dela morale, peuvent re? prouver;
mais, depuis l'a^ge de vingt-cinq ans, les e? crits de Schiller furent
tous purs et se? ve`res. L'e? ducation dela vie de? prave les hommes
le? gers, et perfectionne ceux qui re? fle? chissent.
Les Brigands onte? te? traduits en franc? ais, mais singulie`rement
alte? re? s; d'abord on n'a pas tire? parti de l'e? poque qui donne un
inte?
re^t historique a` cette pie`ce. La sce`ne se passe dans le quin-
zie`me sie`cle, au moment ou` l'on publia dans l'Empire l'e? ditde
paix perpe? tuelle, qui de? fendait tous les de? fis particuliers. Cet
e? ditfut tre`s-avantageux, sans doute, au repos de l'Allemagne;
mais les jeunes gentilshommes, accoutume? s a` vivre au milieu
des pe? rils et a` s'appuyer sur leur force individuelle, crurent
tomber dans une sorte d'inertie honteuse, quand il fallut se sou-
mettre a` l'empire des lois. Rien n'e? tait plus absurde que cette
manie`re de voir; toutefois, comme les hommes ne sont d'orn.
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? 108 LES RR1GA^NDS
dinaire gouverne? s que par l'habitude, il est naturel que le mieux
me^me puisse les re? volter, par cela seul que c'est un changement.
Le chef des brigands de Schiller est moins odieux qu'il ne le se-
rait dans le temps actuel, car il n'y avait pas une bien grande
diffe? rence entre l'anarchie fe? odale sous laquelle il vivait, et
l'existence de bandit qu'il adopte; mais c'est pre? cise? ment le
genre d'excuse que l'auteur lui donne, qui rend sa pie`ce plus
dangereuse. Elle a produit, il faut en convenir, un mauvais effet
en Allemagne. Des jeunes gens, enthousiastes du caracte`re et
de la vie du chef des brigands, ont essaye? de l'imiter. Ils hono-
raient leur gou^t pour une vie licencieuse du nom d'amour de
la liberte? , et se croyaient indigne? s contre les abus de l'ordre
social, quand ils n'e? taient que fatigue? s de leur situation parti-
culie`re. Leurs essais de re? volte ne furent que ridicules; ne? an-
moins les trage? dies et les romans ont beaucoup plus d'impor-
I. -IIKV en Allemagne que dans aucun autre pays. On y fait tout
se? rieusement, et lire tel ouvrage, ou voir telle pie`ce, influe sur
le sort de la vie. Ce qu'on admire comme art, on veut l'intro-
duire dans l'existence re? elle. Werther a cause? plus de suicides
que la plus belle femme du monde; et la poe? sie, la philosophie,
l'ide? al enfin, ont souvent plus d'empire sur les Allemands que
la nature et les passions me^me.
Le sujet des Brigands est comme celui d'un grand nombre
de fictions, qui toutes ont pour origine la parabole de l'Enfant
prodigue. Un fils hypocrite se conduit bien en apparence; un fils coupable a de bons sentiments, malgre? ses fautes. Cette
opposition est tre`s-belle sous le point de vue religieux, parce
qu'elle nous atteste que Dieu lit dans les coeurs; mais elle a de
grands inconve? nients, lorsqu'on veut inspirertrop d'inte? re^t pour
le fils qui a quitte? la maison paternelle. Tous les jeunes gens
dont la te^te est mauvaise s'attribuent en conse? quence un bon
coeur, et rien n'est plus absurde cependant que de se supposer
des qualite? s parce qu'on se sent des de? fauts; cette garantie
ne? gative est tre`s-peu certaine, car de ce que l'on manque de
raison, il ne s'ensuit pas du tout qu'on ait de la sensibilite? : la
folie n'est souvent qu'un e? goi? sme impe? tueux. Le ro^le du fils hypocrite, tel que Schiller l'a repre? sente? , est
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? ET DON CARLOS. 19! )
beaucoup trop hai? ssable. C'est un des de? fauts des e? crivains tre`s-
jeunes , de dessiner avec des traits trop brusques ; on prend les
nuances dans les tableaux pour de la timidite? de caracte`re, tan-
dis qu'elles sont la preuve de la maturite? du talent. Si les per-
sonnages en seconde ligne ne sont pas peints avec assez de ve? rite?
dans la pie`ce de Schiller, les passions du chef des brigands y
sont exprime? es d'une manie`re admirable. L'e? nergie de ce ca-
racte`re se manifeste tour a` tour par l'incre? dulite? , la religion,
l'amour et la barbarie: ne trouvant point a` se placer dans
l'ordre, il se fait jour a` travers le crime; l'existence est pour lui
comme une sorte de de? lire, qui s'exalte tanto^t par la fureur, et
tanto^t par le remords.
Les sce`nes d'amour entre la jeune fille et le chef des brigands
qui devait e^tre son e? poux, sont admirables d'enthousiasme et
de sensibilite? ; il est peu de situations plus touchantes que celle
de cette femme parfaitement vertueuse, s'inte? ressant toujours,
au fond du coeur, a` celui qu'elle aimait avant qu'il se fu^t rendu
criminel. Le respect qu'une femme est accoutume? e de ressentir
pour l'homme qu'elle aime, se change en une sorte de terreur
et de pitie? , et l'on dirait que l'infortune? e se flatte encore d'e^tre,
dans le ciel, l'ange protecteur de son coupable ami, alors qu'elle
ne peut plus devenir son heureuse compagne sur la terre.
On ne peut juger de la pie`ce de Schiller dans la traduction
franc? aise. On n'y a conserve? , pour ainsi dire, que la pantomime
de l'action; l'originalite? des caracte`res a disparu, et c'est elle
qui seule peut rendre une fiction vivante ; les plus belles trage? dies
deviendraient des me? lodrames si l'on en o^taitla peinture anime? e
des sentiments et des passions. La force des e? ve? nements ne
suffit pas pour lier le spectateur avec les personnages; qu'ils
s'aiment ou qu'ils se tuent, peu nous importe, si l'auteur n'a
pas excite? notre sympathie pour eux.
Don Carlos est aussi un ouvrage de la jeunesse de Schiller, et
cependant on le conside`re comme une composition du premier
rang. Ce sujet de don Carlos est un des plus dramatiques que
l'histoire puisse offrir. Une jeune princesse, fille de Henri 11.
quitte la France et la cour brillante et chevaleresque du roi son
pe`re, pour s'unir a` un vieux tyran tellement sombre et se? ve`re ,
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? 200 LES RRIGANDS
que le caracte`re me^me des Espagnols fut alte? re? par son re`gne,
et que pendant longtemps la nation porta l'empreinte de son
mai^tre. Don Carlos, fiance? d'abord a` E? lisabeth , l'aime encore
quoiqu'elle soit devenue sa belle-me`re. La re? formation et la
re? volte des Pays-Bas, ces grands e? ve? nements politiques, se me^-
lent a` la catastrophe tragique de la condamnation du fils par le
pe`re : l'inte? re^t individuel et l'inte? re^t public se trouvent re? unis au
plus haut degre? dans cette trage? die. Plusieurs e? crivains ont traite? ce sujet en France; mais on n'a
pu, dans l'ancien re? gime, le mettre sur le the? a^tre; on croyait
que c'e? tait manquer d'e? gards a` l'Espagne que de repre? senter ce
fait de son histoire. On demandait a` M. d'Aranda, cet ambas-
sadeur d'Espagne, connu par tant de traits qui prouvent la force
de son caracte`re et les bornes de son esprit, la permission de
faire jouer une trage? die de Don Carlos, que l'auteur venait d'achever, et dont il espe? rait une grande gloire. Que ne prend-il
un autresujet? re? pondit M. d'Aranda. --M. l'ambassadeur lui
disait-on, faites attention que la pie`ce est termine? e, que l'auteur
y a consacre? trois ans de sa vie. -- Mais, mon Dieu, reprenait
l'ambassadeur, n'y a-t-il donc que cet e? ve? nement dans l'histoire?
Qu'il en choisisse un autre. -- Jamais on ne put le faire sortir
de cet inge? nieux raisonnement, qu'appuyait une volonte? forte.
Les sujets historiques exercent le talent d'une tout autre
manie`re que les sujets d'invention ; ne? anmoins, il faut peut-e^tre
encore plus d'imagination pour repre? senter l'histoire dans une
trage? die, que pour cre? er a` volonte? les situations et les person-
nages. Alte? rer essentiellement les faits, en les transportant sur
la sce`ne, c'est toujours produire une impression de? sagre? able;
on s'attend a` la ve? rite? , et l'on est pe? niblement surpris quand
l'auteur y substitue la fiction quelconque qu'il lui a plu de choi-
sir; cependant l'histoire a besoin d'e^tre artistement combine? e
pour faire effet au the? a^tre, et il faut re? unir tout a` la fois, dans
la trage? die, le talent de peindre le vrai et celui de le rendre
poe? tique. Des difficulte? s d'un autre genre se pre? sentent quand
l'art dramatique parcourt le vaste champ de l'invention; on
dirait qu'il est plus libre ; cependant rien n'est plus rare que de
caracte? riser assez des personnages inconnus, pour qu'ils aient
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autant de consistance que des noms de? ja` ce? le`bres.