Quoi qu'il en soit, la
volonte?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
455
exclusivement a` celle de toutes que l'on pre? fe`re; mais il est peut-e^tre impossible de comprendre a` fond une science sans s'e^tre oc-
cupe? de toutes. Sir Humphry Davy, maintenant le premier chi-
miste de l'Angleterre, cultive les lettres avec autant de gou^t que
de succe`s. La litte? rature re? pand des lumie`res sur les sciences,
comme les sciences sur la litte? rature; et la connexion qui existe
entre tous les objets de la nature doit avoir lieu de me^me dans les
ide? es de l'homme.
L'universalite? des connaissances conduit ne? cessairement au
de? sir de trouver les lois ge? ne? rales de l'ordre physique. Les Alle-
mandsdescendent de la the? orie a` l'expe? rience, tandis que les
Franc? ais remontent de l'expe? rience a` la the? orie. Les Franc? ais,
en litte? rature, reprochentaux Allemands de n'avoir que desbeau-
te? s de de? tail, et de ne pas s'entendre a` la composition d'un ou-
vrage, lies Allemands reprochent aux Franc? ais de ne conside? rer
que les faits particuliers dans les sciences, et de ne pas les ral-
lier a` un syste`me; c'est en cela principalement que consiste la
diffe? rence entre les savants allemands et les savants francais.
En effet, s'il e? tait possible de de? couvrir les principes qui re? -
gisseDt cet univers, il vaudrait certainement mieux partir de
cette source pour e? tudier tout ce qui en de? rive; mais on ne sait
gue`re rien de l'ensemble en toutes choses qu'a` l'aide des de? tails,
et la nature n'est pour l'homme que les feuilles e? parses de la
Sibylle, dont nul, jusqu'a` ce jour, n'a pu faire un livre. Ne? an-
moins les savants allemands, qui sont en me^me temps philoso-
phes, re? pandent un inte? re^t prodigieux sur la contemplation des
phe? nome`nes de ce monde: ils n'interrogent point la nature au
hasard, d'apre`s le cours accidentel des expe? riences; mais ils pre? -
disent par la pense? e ce que l'observation doit confirmer.
Deux grandes vues ge? ne? rales leur servent de guide dans l'e? -
tude des sciences: l'une, que l'univers est fait sur le mode`le de
l'a^me humaine; et l'autre, que l'analogie de chaque partie de
l'univers avec l'ensemble est telle que la me^me ide? e se re? fle? chit
constamment du tout dans chaque partie, et de chaque partie
dans le tout.
C'est une belle conception que celle qui tend a` trouver la res-
semblance des lois de l'entendement humain avec celles de la na-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 456 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
lure, et conside`re le monde physique comme le relief du monde
moral. Si le me^me ge? nie e? tait capable de composer l'Iliade et de
sculpter comme Phidias, le Jupiter du sculpteur ressemblerait
au Jupiter du poete; pourquoi donc l'intelligence supre^me, qui
a forme? la nature et l'a^me, n'aurait-elle pas fait de l'une l'em-
ble`me de l'autre? Ce n'est point un vain jeu de l'imagination ,
que ces me? taphores continuelles qui servent a` comparer nos sen-
timents avec les phe? nome`nes exte? rieurs; la tristesse, avec le ciel
couvert de nuages; le calme, avec les rayons argente? s de la lune;
la cole`re, avec les flots agite? s par les vents : c'est la me^me pen-
se? e du Cre? ateur qui se traduit dans deux langages diffe? rents, et
l'un peut servir d'interpre`te a` l'autre. Presque tous les axiomes
de physique correspondent a`des maximes de morale. Cette espe`ce
de marche paralle`le qu'on aperc? oit entre le monde et l'intelli-
gence est l'indice d'un grand myste`re, et tous les esprits en se-
raient frappe? s, si l'on parvenait a` en tirer des de? couvertes posi-
tives; mais toutefois cette lueur encore incertaine porte bien loin
les regards. Les analogies des divers e? le? ments de la nature physique entre
eux servent a` constater la supre^me loi de la cre? ation, la
varie? te? dans l'unite? , et l'unite? dans la varie? te? . Qu'y a-t-il de plus
e? tonnant, par exemple, que le rapport des sons et des formes,
des sons et des couleurs? Un Allemand , Chladni, a fait nouvel-
lement l'expe? rience que les vibrations des sons mettent en mou-
vement des grains de sable re? unis sur un plateau de verre, de
telle manie`re que quand les tons sont purs, les grains de sable
se re? unissent en formes re? gulie`res, et quand les tons sont dis-
cordants, les grains de sable tracent sur le verre des figures sans
aucune syme? trie. L'aveugle-ne? Sanderson disait qu'il se repre? sen-
tait la couleur e? carlate comme le son de la trompette, et un sa-
vant a voulu faire un clavecin pour les yeux , qui pu^t imiter par
l'harmonie des couleurs le plaisir que cause la musique. Sans
cesse nous comparons la peinture a` la musique, et la musique
a` la peinture, parce que les e? motions que nous e? prouvons nous
re? ve`lent des analogies ou` l'observation froide ne verrait que
des diffe? rences. Chaque plante, chaque fleur contient le syste`me
entier de l'univers, un instant de vie rece`le en son sein l'e? ternite? ,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? NOUVELLLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 457
le plus faible atome est un monde, et le monde peut-e^tre n'est
qu'un atome. Chaque portion de l'univers semble un miroir ou`
la cre? ation tout entie`re est repre? sente? e, et l'on ne sait ce qui ins-
pire le plus d'admiration, ou de la pense? e, toujours la me^me,
ou de la forme, toujours diverse.
On peut diviserles savants de l'Allemagne en deux classes, ceux
qui se vouent tout entiers a` l'observation, et ceux qui pre? tendent
a` l'honneur de pressentir les secrets de la nature. Parmi les pre-
miers , on doit citer d'abord Werner, qui a puise? dans la mine? -
ralogie la connaissance de la formation du globe et des e? poques
de son histoire; Herschell et Schroeter, qui font sans cesse des
de? couvertes nouvelles dans le pays des cieux; des astronomes
calculateurs tels que Zach et Bole; de grands chimistes tels que
Klaprothet Bucholz; dans la classe des physiciens philosophes,
il faut compter Schelling, Ritte? r, Bader, Steflens, etc. Les es-
prits les plus distingue? s de ces deux classes se rapprochent et s'en-
tendent, car les physiciens philosophes ne sauraient de? daigner
l'expe? rience, etles observateurs profonds ne se refusent point aux
re? sultats possibles des hautes contemplations.
De? ja` l'attraction et l'impulsion ont e? te? l'objetd'un examen nou-
veau, et l'on en a fait une application heureuse aux affinite? s chi-
miques. La lumie`re, conside? re? e comme un interme? diaire entre
la matie`re et l'esprit, a donne? lieu a` plusieurs aperc? us tre`s-phi-
losophiques. L'on parle avec estime d'un travail de Goethe sur
les couleurs. Enfin, de toutes parts en Allemagne, l'e? mulation est
excite? e par le de? sir et l'espoir de re? unir la philosophie expe? ri-
mentale et la philosophiespe? culative,et d'agrandir ainsi la science
de l'homme et celle de la nature. L'ide? alisme intellectuel fait de la volonte? , qui est l'a^me, le
centre de tout: le principe de l'ide? alisme physique, c'est la vie.
L'homme parvient par la chimie, comme parle raisonnement,
au plus haut degre? de l'analyse; mais la vie lui e? chappe par la
chimie, comme le sentiment par le raisonnement. Un e? crivain
franc? ais avait pre? tendu que la pense? e n'e? tait autre chose qu'un
produit mate? riel du cerveau. Un autre savanta dit que lors-
qu'on serait plus avance? dans la chimie, on parviendrait a` sa39
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 458 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
voir comment on fait dela` vie; l'un outrageait la nature, comme
l'autre outrageait l'a^me.
Il faut, disait Fichte, comprendre ce quiest incompre? hen-
sible comme tel. Cette expression singulie`re renferme un sens
profond: il faut sentir et reconnai^tre ce qui doit rester inaccessi-
ble a` l'analyse, et dont l'essor de la pense? e peut seul approcher. On a cru trouver dans la nature trois modes d'existence dis-
tincts : la ve? ge? tation, l'irritabilite? , et la sensibilite? . Les plantes,
les animaux et les hommes se trouvent renferme? s dans ces trois
manie`res de vivre, et si l'on veut appliquer aux individus me^-
mes de notre espe`ce cette division inge? nieuse, on verra que,
parmi les diffe? rents caracte`res, on peut e? galement la retrouver.
Les uns ve? ge`tentcomme des plantes, les autres jouissent ou s'ir-
ritent a` la manie`re des animaux, et les plus nobles enfin posse`-
'dent et de? veloppent en eux les qualite? s qui distinguent la nature
humaine.
Quoi qu'il en soit, la volonte? qui est la vie, la vie qui
est aussi la volonte? , renferment tout le secret de l'univers et de
nous-me^mes, et ce secret-la`, comme on ne peut ni le nier ni
l'expliquer, il faut y arriver ne? cessairement par une espe`ce de
divination.
Quel emploi de force ne faudrait-il pas pour e? branler avec
un levier fait sur le mode`le du bras les poids que le bras sou-
le`ve! Ne voyons-nous pas tous les jours la cole`re, ou quelque
autre affection de l'a^me, augmenter comme par miracle la puis-
sance du corps humain? Quelle est donc cette puissance myste? -
rieuse de la nature qui se manifeste par la volonte? de l'homme?
et comment, sans e? tudier sa cause et ses effets, pourrait-on faire
aucune de? couverte importante dans la the? orie des puissances
physiques?
La doctrine de l'E? cossais Brown, analyse? e plus profonde? ment
en Allemagne que partout ailleurs, est fonde? e sur ce me^me sys-
te`me d'action et d'unite? centrales, qui est si fe? cond dans ses
conse? quences. Brown a cru que l'e? tat de souffrance ou l'e? tat de
sante? ne tenait point a` des maux partiels, mais a` l'intensite? du
principe vital, qui s'affaiblissait ou s'exaltait selon les diffe? ren-
tes vicissitudes de l'existence.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 459
Parmi les savants anglais, il n'y a gue`re que Hartley et son
disciple Priestley, qui aient pris la me? taphysique comme la phy-
sique sous un point de vue tout a` fait mate? rialiste. On dira que
la physique ne peut e^tre que mate? rialiste; j'ose ne pas e^tre de
cet avis. Ceux qui font de l'a^me me^me un e^tre passif, bannis-
sent a` plus forte raison des sciences positives l'inexplicable as-
cendant de la volonte? de l'homme; et cependant il est plusieurs
circonstances dans lesquelles cette volonte? agit sur l'intensite?
de la vie, et la vie sur la matie`re. Le principe de l'existence est
comme un interme? diaire entre le corps et l'a^me, dont la puis-
sance ne saurait e^tre calcule? e, mais ne peut e^tre nie? e sans me? -
connai^tre ce qui constitue la nature anime? e, et sans re? duire ses
lois purement au me? canisme.
Le docteur Gall, de quelque manie`re que son syste`me soit
juge? , est respecte? de tous les savants pour les e? tudes et les de? -
couvertes qu'il a faites dans la science de l'anatomie; et si l'on
conside`re les organes de la pense? e comme diffe? rents d'elle-me^me,
c'est-a`dire, comme les moyens qu'elle emploie, on peut, ce
me semble, admettre que la me? moire et le calcul, l'aptitude a`
telle ou telle science, le talent pour tel ou tel art, enfin tout ce
qui sert d'instrument a` l'intelligence, de? pend en quelque sorte
de la structure du cerveau. S'il existe une e? chelle gradue? e de-
puis la pierre jusqu'a` la vie humaine, il doit y avoir de certai-
nes faculte? s en nous qui tiennent de l'a^me et du corps tout a` la
fois; et de ce nombre sont la me? moire et le calcul, les plus phy-
siques de nos faculte? s intellectuelles, et les plus intellectuelles
de nos faculte? s physiques. Mais l'erreur commencerait au mo-
ment ou` l'on voudrait attribuer a` la structure du cerveau une
influence sur les qualite? s morales, car la volonte? est tout a` fait
inde? pendante des faculte? s physiques: c'est dans l'action pure-
ment intellectuelle de cette volonte? que consiste la conscience,
et la conscience est et doit e^tre affranchie de l'organisation cor-
porelle. Tout ce qui tendrait a` nous o^ter la responsabilite? de nos
actions serait faux et mauvais.
tin jeune me? decin d'un grand talent, Koreff, attire de? ja` l'at-
tention de ceux qui l'ont entendu, par des conside? rations toutes
nouvelles sur le principe de la vie, sur l'action de la mort, sur
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? ? 460 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
les causes de la folie; tout ce mouvement dans les esprits an-
nonce une re? volution quelconque, me^me dans la manie`re de
conside? rer les sciences. Il est impossible d'en pre? voir encore
les re? sultats; mais ce qu'on peut affirmer avec ve? rite? , c'est que
si les Allemands se laissent guider par l'imagination, ils ne s'e? -
pargnent aucun travail, aucune recherche, aucune e? tude, et
re? unissent au plus haut degre? deux qualite? s qui semblent s'ex-
clure, la patience et l'enthousiasme.
Quelques savants allemands, poussant encore plus loin l'ide? a-
lisme physique, combattent l'axiome qu'il n'y a pas d'action a`
distance, et veulent, au contraire, re? tablir partout le mouve-
ment spontane? dans la nature. Ils rejettent l'hypothe`se des
fluides, dont les effets tiendraient a` quelques e? gards des forces
me? caniques, qui se pressent et se refoulent, sans qu'aucune or-
ganisation inde? pendante les dirige.
Ceux qui conside`rent la nature comme une intelligence ne
donnent pas a` ce mot le me^me sens qu'on a coutume d'y atta-
cher; car la pense? e de l'homme consiste dans la faculte? de se re-
plier sur soi-me^me, et l'intelligence de la nature marche en
avant, comme l'instinct des animaux. La pense? e se posse`de elle-
me^me, puisqu'elle se juge; l'intelligence sans re? flexion est une
puissance toujours attire? e au dehors. Quand la nature cristallise
selon les formes les plus re? gulie`res, il ne s'ensuit pas qu'elle
sache les mathe? matiques, ou du moins elle ne sait pas qu'elle
les sait, et la conscience d'elle-me^me lui manque. Les savants
allemands attribuent aux forces physiques une certaine origi-
nalite? individuelle, et, d'autre part, ils paraissent admettre,
dans leur manie`re de pre? senter quelques phe? nome`nes du magne? -
tisme animal, que la volonte? de l'homme, sans acte exte? rieur,
exerce une tre`s-grande influence sur la matie`re, et spe? cialement
sur les me? taux.
Pascal dit que les astrologues et les alchimistes ont quelques
principes, mais qu'ils en abusent. Il y a eu peut-e^tre dans l'an-
tiquite? des rapports plus intimes entre l'homme et la nature
qu'il n'en existe de nos jours. Les myste`res d'Eleusis, le culte
des E? gyptiens, le syste`me des e? manations, chez les Indiens,
l'adoration des e? le? ments et du soleil, chez les Persans, l'harmo-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 461
nie des nombres, qui fonda la doctrine de Pythagore, sont des traces d'un attrait singulier qui re? unissait l'homme avec l'uni-
vers.
Le spiritualisme, en fortifiant la puissance de la re? flexion, a
se? pare? davantage l'homme des influences physiques, et la re? for-
mation, en portant plus loin encore le penchant vers l'analyse,
amis la raison en garde contre les impressions primitives de
l'imagination: les Allemands tendent vers le ve? ritable perfec-
tionnement de l'esprit humain, lorsqu'ils cherchent a` re? veiller
les inspirations de la nature par les lumie`res de la pense? e.
L'expe? rience conduit chaque jour les savants a` reconnai^tre des
phe? nome`nes auxquels on ne croyait plus, parce qu'ils e? taient me? -
lange? s avec des superstitions, et que l'on en faisait jadis des
pre? sages. Les anciens ont raconte? que des pierres tombaient du
ciel, et de nos jours on a constate? l'exactitude de ce fait dont
on avait nie? l'existence. Les anciens ont parle? depluies rouges
comme du sang et des foudres de la terre; on s'est assure? nou-
vellement de la ve? rite? de leurs assertions a` cet e? gard. L'astronomie et la musique sont la science et l'art que les
hommes ont connus de toute antiquite? : pourquoi les sons et les
astres ne seraient-ils pas re? unis par des rapports que les an-
ciens auraient sentis, et que nous pourrions retrouver? Pytha-
gore avait soutenu que les plane`tes e? taient entre elles a` la me^me
distance que les sept cordes de la lyre, et l'on affirme qu'il a
pressenti les nouvelles plane`tes qui ont e? te? de? couvertes entre
Mars et Jupiter". Il parai^t qu'il n'ignorait pas le vrai syste`me
des cieux, l'immobilite? du soleil, puisque Copernic s'appuie a`
cet e? gard de son opinion, cite? e par Cice? ron. D'ou` venaient donc
ces e? tonnantes de? couvertes, sans le secours des expe? riences et
des machines nouvelles dont les modernes sont en possession?
C'est que les anciens marchaient hardiment, e? claire? s parle ge? -
nie. Ils se servaient de la raison, sur laquelle repose l'intelligence
humaine; mais ils consultaient aussi l'imagination, qui est la
pre? tresse de la nature.
1 M. Pre? vost professeur de philosophie a` Gene? ve, a publie?
exclusivement a` celle de toutes que l'on pre? fe`re; mais il est peut-e^tre impossible de comprendre a` fond une science sans s'e^tre oc-
cupe? de toutes. Sir Humphry Davy, maintenant le premier chi-
miste de l'Angleterre, cultive les lettres avec autant de gou^t que
de succe`s. La litte? rature re? pand des lumie`res sur les sciences,
comme les sciences sur la litte? rature; et la connexion qui existe
entre tous les objets de la nature doit avoir lieu de me^me dans les
ide? es de l'homme.
L'universalite? des connaissances conduit ne? cessairement au
de? sir de trouver les lois ge? ne? rales de l'ordre physique. Les Alle-
mandsdescendent de la the? orie a` l'expe? rience, tandis que les
Franc? ais remontent de l'expe? rience a` la the? orie. Les Franc? ais,
en litte? rature, reprochentaux Allemands de n'avoir que desbeau-
te? s de de? tail, et de ne pas s'entendre a` la composition d'un ou-
vrage, lies Allemands reprochent aux Franc? ais de ne conside? rer
que les faits particuliers dans les sciences, et de ne pas les ral-
lier a` un syste`me; c'est en cela principalement que consiste la
diffe? rence entre les savants allemands et les savants francais.
En effet, s'il e? tait possible de de? couvrir les principes qui re? -
gisseDt cet univers, il vaudrait certainement mieux partir de
cette source pour e? tudier tout ce qui en de? rive; mais on ne sait
gue`re rien de l'ensemble en toutes choses qu'a` l'aide des de? tails,
et la nature n'est pour l'homme que les feuilles e? parses de la
Sibylle, dont nul, jusqu'a` ce jour, n'a pu faire un livre. Ne? an-
moins les savants allemands, qui sont en me^me temps philoso-
phes, re? pandent un inte? re^t prodigieux sur la contemplation des
phe? nome`nes de ce monde: ils n'interrogent point la nature au
hasard, d'apre`s le cours accidentel des expe? riences; mais ils pre? -
disent par la pense? e ce que l'observation doit confirmer.
Deux grandes vues ge? ne? rales leur servent de guide dans l'e? -
tude des sciences: l'une, que l'univers est fait sur le mode`le de
l'a^me humaine; et l'autre, que l'analogie de chaque partie de
l'univers avec l'ensemble est telle que la me^me ide? e se re? fle? chit
constamment du tout dans chaque partie, et de chaque partie
dans le tout.
C'est une belle conception que celle qui tend a` trouver la res-
semblance des lois de l'entendement humain avec celles de la na-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 456 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
lure, et conside`re le monde physique comme le relief du monde
moral. Si le me^me ge? nie e? tait capable de composer l'Iliade et de
sculpter comme Phidias, le Jupiter du sculpteur ressemblerait
au Jupiter du poete; pourquoi donc l'intelligence supre^me, qui
a forme? la nature et l'a^me, n'aurait-elle pas fait de l'une l'em-
ble`me de l'autre? Ce n'est point un vain jeu de l'imagination ,
que ces me? taphores continuelles qui servent a` comparer nos sen-
timents avec les phe? nome`nes exte? rieurs; la tristesse, avec le ciel
couvert de nuages; le calme, avec les rayons argente? s de la lune;
la cole`re, avec les flots agite? s par les vents : c'est la me^me pen-
se? e du Cre? ateur qui se traduit dans deux langages diffe? rents, et
l'un peut servir d'interpre`te a` l'autre. Presque tous les axiomes
de physique correspondent a`des maximes de morale. Cette espe`ce
de marche paralle`le qu'on aperc? oit entre le monde et l'intelli-
gence est l'indice d'un grand myste`re, et tous les esprits en se-
raient frappe? s, si l'on parvenait a` en tirer des de? couvertes posi-
tives; mais toutefois cette lueur encore incertaine porte bien loin
les regards. Les analogies des divers e? le? ments de la nature physique entre
eux servent a` constater la supre^me loi de la cre? ation, la
varie? te? dans l'unite? , et l'unite? dans la varie? te? . Qu'y a-t-il de plus
e? tonnant, par exemple, que le rapport des sons et des formes,
des sons et des couleurs? Un Allemand , Chladni, a fait nouvel-
lement l'expe? rience que les vibrations des sons mettent en mou-
vement des grains de sable re? unis sur un plateau de verre, de
telle manie`re que quand les tons sont purs, les grains de sable
se re? unissent en formes re? gulie`res, et quand les tons sont dis-
cordants, les grains de sable tracent sur le verre des figures sans
aucune syme? trie. L'aveugle-ne? Sanderson disait qu'il se repre? sen-
tait la couleur e? carlate comme le son de la trompette, et un sa-
vant a voulu faire un clavecin pour les yeux , qui pu^t imiter par
l'harmonie des couleurs le plaisir que cause la musique. Sans
cesse nous comparons la peinture a` la musique, et la musique
a` la peinture, parce que les e? motions que nous e? prouvons nous
re? ve`lent des analogies ou` l'observation froide ne verrait que
des diffe? rences. Chaque plante, chaque fleur contient le syste`me
entier de l'univers, un instant de vie rece`le en son sein l'e? ternite? ,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? NOUVELLLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 457
le plus faible atome est un monde, et le monde peut-e^tre n'est
qu'un atome. Chaque portion de l'univers semble un miroir ou`
la cre? ation tout entie`re est repre? sente? e, et l'on ne sait ce qui ins-
pire le plus d'admiration, ou de la pense? e, toujours la me^me,
ou de la forme, toujours diverse.
On peut diviserles savants de l'Allemagne en deux classes, ceux
qui se vouent tout entiers a` l'observation, et ceux qui pre? tendent
a` l'honneur de pressentir les secrets de la nature. Parmi les pre-
miers , on doit citer d'abord Werner, qui a puise? dans la mine? -
ralogie la connaissance de la formation du globe et des e? poques
de son histoire; Herschell et Schroeter, qui font sans cesse des
de? couvertes nouvelles dans le pays des cieux; des astronomes
calculateurs tels que Zach et Bole; de grands chimistes tels que
Klaprothet Bucholz; dans la classe des physiciens philosophes,
il faut compter Schelling, Ritte? r, Bader, Steflens, etc. Les es-
prits les plus distingue? s de ces deux classes se rapprochent et s'en-
tendent, car les physiciens philosophes ne sauraient de? daigner
l'expe? rience, etles observateurs profonds ne se refusent point aux
re? sultats possibles des hautes contemplations.
De? ja` l'attraction et l'impulsion ont e? te? l'objetd'un examen nou-
veau, et l'on en a fait une application heureuse aux affinite? s chi-
miques. La lumie`re, conside? re? e comme un interme? diaire entre
la matie`re et l'esprit, a donne? lieu a` plusieurs aperc? us tre`s-phi-
losophiques. L'on parle avec estime d'un travail de Goethe sur
les couleurs. Enfin, de toutes parts en Allemagne, l'e? mulation est
excite? e par le de? sir et l'espoir de re? unir la philosophie expe? ri-
mentale et la philosophiespe? culative,et d'agrandir ainsi la science
de l'homme et celle de la nature. L'ide? alisme intellectuel fait de la volonte? , qui est l'a^me, le
centre de tout: le principe de l'ide? alisme physique, c'est la vie.
L'homme parvient par la chimie, comme parle raisonnement,
au plus haut degre? de l'analyse; mais la vie lui e? chappe par la
chimie, comme le sentiment par le raisonnement. Un e? crivain
franc? ais avait pre? tendu que la pense? e n'e? tait autre chose qu'un
produit mate? riel du cerveau. Un autre savanta dit que lors-
qu'on serait plus avance? dans la chimie, on parviendrait a` sa39
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 458 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
voir comment on fait dela` vie; l'un outrageait la nature, comme
l'autre outrageait l'a^me.
Il faut, disait Fichte, comprendre ce quiest incompre? hen-
sible comme tel. Cette expression singulie`re renferme un sens
profond: il faut sentir et reconnai^tre ce qui doit rester inaccessi-
ble a` l'analyse, et dont l'essor de la pense? e peut seul approcher. On a cru trouver dans la nature trois modes d'existence dis-
tincts : la ve? ge? tation, l'irritabilite? , et la sensibilite? . Les plantes,
les animaux et les hommes se trouvent renferme? s dans ces trois
manie`res de vivre, et si l'on veut appliquer aux individus me^-
mes de notre espe`ce cette division inge? nieuse, on verra que,
parmi les diffe? rents caracte`res, on peut e? galement la retrouver.
Les uns ve? ge`tentcomme des plantes, les autres jouissent ou s'ir-
ritent a` la manie`re des animaux, et les plus nobles enfin posse`-
'dent et de? veloppent en eux les qualite? s qui distinguent la nature
humaine.
Quoi qu'il en soit, la volonte? qui est la vie, la vie qui
est aussi la volonte? , renferment tout le secret de l'univers et de
nous-me^mes, et ce secret-la`, comme on ne peut ni le nier ni
l'expliquer, il faut y arriver ne? cessairement par une espe`ce de
divination.
Quel emploi de force ne faudrait-il pas pour e? branler avec
un levier fait sur le mode`le du bras les poids que le bras sou-
le`ve! Ne voyons-nous pas tous les jours la cole`re, ou quelque
autre affection de l'a^me, augmenter comme par miracle la puis-
sance du corps humain? Quelle est donc cette puissance myste? -
rieuse de la nature qui se manifeste par la volonte? de l'homme?
et comment, sans e? tudier sa cause et ses effets, pourrait-on faire
aucune de? couverte importante dans la the? orie des puissances
physiques?
La doctrine de l'E? cossais Brown, analyse? e plus profonde? ment
en Allemagne que partout ailleurs, est fonde? e sur ce me^me sys-
te`me d'action et d'unite? centrales, qui est si fe? cond dans ses
conse? quences. Brown a cru que l'e? tat de souffrance ou l'e? tat de
sante? ne tenait point a` des maux partiels, mais a` l'intensite? du
principe vital, qui s'affaiblissait ou s'exaltait selon les diffe? ren-
tes vicissitudes de l'existence.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 459
Parmi les savants anglais, il n'y a gue`re que Hartley et son
disciple Priestley, qui aient pris la me? taphysique comme la phy-
sique sous un point de vue tout a` fait mate? rialiste. On dira que
la physique ne peut e^tre que mate? rialiste; j'ose ne pas e^tre de
cet avis. Ceux qui font de l'a^me me^me un e^tre passif, bannis-
sent a` plus forte raison des sciences positives l'inexplicable as-
cendant de la volonte? de l'homme; et cependant il est plusieurs
circonstances dans lesquelles cette volonte? agit sur l'intensite?
de la vie, et la vie sur la matie`re. Le principe de l'existence est
comme un interme? diaire entre le corps et l'a^me, dont la puis-
sance ne saurait e^tre calcule? e, mais ne peut e^tre nie? e sans me? -
connai^tre ce qui constitue la nature anime? e, et sans re? duire ses
lois purement au me? canisme.
Le docteur Gall, de quelque manie`re que son syste`me soit
juge? , est respecte? de tous les savants pour les e? tudes et les de? -
couvertes qu'il a faites dans la science de l'anatomie; et si l'on
conside`re les organes de la pense? e comme diffe? rents d'elle-me^me,
c'est-a`dire, comme les moyens qu'elle emploie, on peut, ce
me semble, admettre que la me? moire et le calcul, l'aptitude a`
telle ou telle science, le talent pour tel ou tel art, enfin tout ce
qui sert d'instrument a` l'intelligence, de? pend en quelque sorte
de la structure du cerveau. S'il existe une e? chelle gradue? e de-
puis la pierre jusqu'a` la vie humaine, il doit y avoir de certai-
nes faculte? s en nous qui tiennent de l'a^me et du corps tout a` la
fois; et de ce nombre sont la me? moire et le calcul, les plus phy-
siques de nos faculte? s intellectuelles, et les plus intellectuelles
de nos faculte? s physiques. Mais l'erreur commencerait au mo-
ment ou` l'on voudrait attribuer a` la structure du cerveau une
influence sur les qualite? s morales, car la volonte? est tout a` fait
inde? pendante des faculte? s physiques: c'est dans l'action pure-
ment intellectuelle de cette volonte? que consiste la conscience,
et la conscience est et doit e^tre affranchie de l'organisation cor-
porelle. Tout ce qui tendrait a` nous o^ter la responsabilite? de nos
actions serait faux et mauvais.
tin jeune me? decin d'un grand talent, Koreff, attire de? ja` l'at-
tention de ceux qui l'ont entendu, par des conside? rations toutes
nouvelles sur le principe de la vie, sur l'action de la mort, sur
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? ? 460 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
les causes de la folie; tout ce mouvement dans les esprits an-
nonce une re? volution quelconque, me^me dans la manie`re de
conside? rer les sciences. Il est impossible d'en pre? voir encore
les re? sultats; mais ce qu'on peut affirmer avec ve? rite? , c'est que
si les Allemands se laissent guider par l'imagination, ils ne s'e? -
pargnent aucun travail, aucune recherche, aucune e? tude, et
re? unissent au plus haut degre? deux qualite? s qui semblent s'ex-
clure, la patience et l'enthousiasme.
Quelques savants allemands, poussant encore plus loin l'ide? a-
lisme physique, combattent l'axiome qu'il n'y a pas d'action a`
distance, et veulent, au contraire, re? tablir partout le mouve-
ment spontane? dans la nature. Ils rejettent l'hypothe`se des
fluides, dont les effets tiendraient a` quelques e? gards des forces
me? caniques, qui se pressent et se refoulent, sans qu'aucune or-
ganisation inde? pendante les dirige.
Ceux qui conside`rent la nature comme une intelligence ne
donnent pas a` ce mot le me^me sens qu'on a coutume d'y atta-
cher; car la pense? e de l'homme consiste dans la faculte? de se re-
plier sur soi-me^me, et l'intelligence de la nature marche en
avant, comme l'instinct des animaux. La pense? e se posse`de elle-
me^me, puisqu'elle se juge; l'intelligence sans re? flexion est une
puissance toujours attire? e au dehors. Quand la nature cristallise
selon les formes les plus re? gulie`res, il ne s'ensuit pas qu'elle
sache les mathe? matiques, ou du moins elle ne sait pas qu'elle
les sait, et la conscience d'elle-me^me lui manque. Les savants
allemands attribuent aux forces physiques une certaine origi-
nalite? individuelle, et, d'autre part, ils paraissent admettre,
dans leur manie`re de pre? senter quelques phe? nome`nes du magne? -
tisme animal, que la volonte? de l'homme, sans acte exte? rieur,
exerce une tre`s-grande influence sur la matie`re, et spe? cialement
sur les me? taux.
Pascal dit que les astrologues et les alchimistes ont quelques
principes, mais qu'ils en abusent. Il y a eu peut-e^tre dans l'an-
tiquite? des rapports plus intimes entre l'homme et la nature
qu'il n'en existe de nos jours. Les myste`res d'Eleusis, le culte
des E? gyptiens, le syste`me des e? manations, chez les Indiens,
l'adoration des e? le? ments et du soleil, chez les Persans, l'harmo-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 461
nie des nombres, qui fonda la doctrine de Pythagore, sont des traces d'un attrait singulier qui re? unissait l'homme avec l'uni-
vers.
Le spiritualisme, en fortifiant la puissance de la re? flexion, a
se? pare? davantage l'homme des influences physiques, et la re? for-
mation, en portant plus loin encore le penchant vers l'analyse,
amis la raison en garde contre les impressions primitives de
l'imagination: les Allemands tendent vers le ve? ritable perfec-
tionnement de l'esprit humain, lorsqu'ils cherchent a` re? veiller
les inspirations de la nature par les lumie`res de la pense? e.
L'expe? rience conduit chaque jour les savants a` reconnai^tre des
phe? nome`nes auxquels on ne croyait plus, parce qu'ils e? taient me? -
lange? s avec des superstitions, et que l'on en faisait jadis des
pre? sages. Les anciens ont raconte? que des pierres tombaient du
ciel, et de nos jours on a constate? l'exactitude de ce fait dont
on avait nie? l'existence. Les anciens ont parle? depluies rouges
comme du sang et des foudres de la terre; on s'est assure? nou-
vellement de la ve? rite? de leurs assertions a` cet e? gard. L'astronomie et la musique sont la science et l'art que les
hommes ont connus de toute antiquite? : pourquoi les sons et les
astres ne seraient-ils pas re? unis par des rapports que les an-
ciens auraient sentis, et que nous pourrions retrouver? Pytha-
gore avait soutenu que les plane`tes e? taient entre elles a` la me^me
distance que les sept cordes de la lyre, et l'on affirme qu'il a
pressenti les nouvelles plane`tes qui ont e? te? de? couvertes entre
Mars et Jupiter". Il parai^t qu'il n'ignorait pas le vrai syste`me
des cieux, l'immobilite? du soleil, puisque Copernic s'appuie a`
cet e? gard de son opinion, cite? e par Cice? ron. D'ou` venaient donc
ces e? tonnantes de? couvertes, sans le secours des expe? riences et
des machines nouvelles dont les modernes sont en possession?
C'est que les anciens marchaient hardiment, e? claire? s parle ge? -
nie. Ils se servaient de la raison, sur laquelle repose l'intelligence
humaine; mais ils consultaient aussi l'imagination, qui est la
pre? tresse de la nature.
1 M. Pre? vost professeur de philosophie a` Gene? ve, a publie?