crits sur la morale politique, montre avec la
plus grande force, que nulle exception ne peut e^tre admise dans
le code du devoir.
plus grande force, que nulle exception ne peut e^tre admise dans
le code du devoir.
Madame de Stael - De l'Allegmagne
reux?
En pronon-
c? ant les mots d'inte? re^t et d'utilite? , re? veillera-t-on les me^mes
pense? es dans notre coeur, qu'en nous adjurant au nom du de? -
vouement et de la vertu? Lorsque Thomas Morus aima mieux pe? rir sur l'e? chafaud que
de remonter au fai^te des grandeurs, en faisant le sacrifice d'un
scrupule de conscience; lorsque, apre`s une anne? e de prison,
affaibli parla souffrance, il refusa d'aller retrouver sa femme
et ses enfants qu'il che? rissait, et de se livrer de nouveau a` ces
occupations de l'esprit qui donnent tout a` la fois tant de calme
etd'activite? a` l'existence; lorsque l'honneur seul, cette religion
mondaine, fit retourner dans les prisons d'Angleterre un vieux
roi de France, parce que son fils n'avait pas tenu les promesse*
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? 472 DE LA U01ULE.
au nom desquelles il avait obtenu sa liberte? ; lorsque les chre? -
tiens vivaient dans les catacombes, qu'ils renonc? aient a` la lu-
mie`re du jour, et ne sentaient le ciel que dans leur a^me, si quel-
qu'un avait dit qu'ils entendaient bien leur inte? re^t, quel froid
glace? se serait re? pandu dans les veines en l'e? coutant, et combien
un regard attendri nous eu^t mieux re? ve? le? tout ce qu'il y a de
sublime dans de tels hommes!
Non , certes, la vie n'est pas si aride que l'e? goi? sme nous l'a
faite; tout n'y est pas prudence, tout n'y est pas calcul; et
quand une action sublime e? branle toutes les puissances de notre
e^tre, nous ne pensons pas que l'homme ge? ne? reux qui se sacrifie
a bien connu, bien combine? son inte? re^t personnel; nous pensons
qu'il immole tous les plaisirs, tous les avantages de ce monde,
mais qu'un rayon divin descend dans son coeur, pour lui causer
un genre de fe? licite? qui ne ressemble pas plus a` tout ce que nous
reve^tons de ce nom, que l'immortalite? a` la vie.
Ce n'est pas sans motif cependant qu'on met tant d'importance
a` fonder la morale sur l'inte? re^t personnel : on a l'air de ne sou-
tenir qu'une the? orie, et c'est en re? sultat une combinaison tre`s-
inge? nieuse , pour e? tablir le joug de tous les genres d'autorite? .
Nul homme, quelque de? prave? qu'il soit, ne dira qu'il ne faut pas
de morale; car celui me^me qui serait le plus de? cide? a` en man-
quer, voudrait encore avoir affaire a` des dupes qui la conservas-
sent. Mais quelle adresse, d'avoir donne? pour base a` la morale
la prudence! quel acce`s ouvert a` l'ascendant du pouvoir, aux
transactions de la conscience, a` tous les mobiles conseils des
e? ve? nements!
Si le calcul doit pre? sider a` tout, les actions des hommes seront
juge? es d'apre`s le succe`s; l'homme dont les bons sentiments ont
cause? le malheur sera justement bla^me? ; l'homme pervers, mais
habile, sera justement applaudi. Enfin, les individus ne se con-
side? rant entre eux que comme des obstacles ou des instruments,
ils se hai? ront comme des obstacles, et ne s'estimeront plus que
comme moyens. Le crime me^me a plus de grandeur, quand il
tient au de? sordre des passions enflamme? es, que lorsqu'il a pour
objet l'inte? re^t personnel ; comment donc pourrait-on donner pour
principe a` la vertu ce qui de? shonorerait me^me le crime '!
1 Dans l'ouvrage de Bcnlham sui- la le? gislation, publie? , ou pluto^t illustre?
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE LA MORALE. 473
CHAPITRE XIII.
De la morale fonde? e sur l'inte? re^t national.
Non-seulement la morale fonde? e sur l'inte? re^t personnel met
dans les rapports des individus entre eux, des calculs de prudence
et d'e? goi? sme qui en bannissent la sympathie, la confiance et la
ge? ne? rosite? ; mais la morale des hommes publics, de ceux qui
traitent au nom des nations, doit e^tre ne? cessairement pervertie
par ce syste`me. S'il est vrai que la morale des individus puisse
e^tre fonde? e sur leur inte? re^t, c'est parce que la socie? te? tout en-
par M. Dumont, il y a divers raisonnements sur le principe de l'utilite? , d'ac-
cord, a` plusieurs e? gards, avec le syste? me qui fonde la morale sur l'inte? re^t per-
sonnel. L'anecdote connue d'Aristide, qui lit rejeter un projet de The? mistocle,
en disant seulement aux Athe? niens que ce projet e? tait avantageux, mais
injuste, est cite? e par M. Dumont; mais il rapporte les conse? quences qu'on
peut tirer de ce trait, ainsi que de plusieurs autres, a` l'utilite? ge? ne? rale admise
|rar Rentham, comme la base de tous les devoirs. L'utilite? de chacun, dit-il,
doit e^tre sacrifie? e a` l'utilite? de tous, et celle du moment pre? sent, a` l'avenir;
en faisant un pas de plus, on pourrait convenir que la vertu consiste dans le
sacrifice du temps a` l'e? ternite? , et ce genre de calcul ne serait su^rement pas
bla^me? par les partisans de l'enthousiasme; mais, quelque effort que puisse
tenter un homme aussi supe? rieur que M. Dumont, pour e? tendre le sens de
l'utilite? , il ne pourra jamais faire que ce mot soit synonyme de celui de
de? vouement. Il dit que le premier mobile des actions des hommes, c'est le plai-
sir et la douleur, et il suppose alors que le plaisir des a^mes nobles consiste a`
s'exposer volontiers aux souffrances mate? rielles, pour acque? rir des satisfac-
tions d'un ordre plus releve? . Sans doute, il est aise? de faire de chaque parole
un miroir qui re? fle? chisse toutes les ide? es; mais, si l'on veut s'en tenir a` la
signification naturelle de chaque terme, on verra que l'homme a` qui l'on dit
que son propre bonheur doit e^tre le but de toutes ses actions, ne peut e^tre de? tourne? de faire le mal qui lui convient, que par la crainte ou le danger
d'e^tre puni, crainte que la passion fait braver, danger auquel un esprit habile
peut se flatter d'e? chapper. -- Sur quoi fondez-vous l'ide? e du juste ou de
l'injuste, dira-t-on, si ce n'est sur ce qui est utile ou nuisible au plus grand
nombre? La justice, pour les individus, consistedans le sacrifice d'eux-me^mes
a` leur famille; pour la famille, dans le sacrifice d'elle-me^me a` l'E? tat; et pour
l'Etat, dans le respect de certains principes inalte? rables qui font le bonheur
et le salut de l'espe`ce humaine. Sans doute la majorite? des ge? ne? rations, dans la
dure? e des sie? cles, se trouvera bien d'avoir suivi la route de la justice; mais
pour e^tre vraiment et religieusement honne^te, il faut avoir toujours en vue le
culte du beau moral, inde? pendamment de toutes lescirconstances qui peuvent
en re? sulter. L'utilite? est ne? cessairement modifie? epar les circonstances: la vertu
ne doit jamais l'e^tre.
10-
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? DE LA MORALR.
tie`re tend a` l'ordre, et punit celui qui veut s'en e? carter; mais
une nation, et surtout un E? tat puissant, est comme un e^tre
isole? que les lois de la re? ciprocite? n'atteignent pas. On peut dire
avec ve? rite? , qu'au bout d'un certain nombre d'anne? es les nations
injustes succombent a` la haine qu'inspirent leurs injustices;
mais plusieurs ge? ne? rations peuvent s'e? couler avant que de si
vastes fautes soient punies, et je ne sais comment on pourrait
prouver a` un homme d'E? tat, dans toutes les circonstances, que
telle re? solution, condamnable en elle-me^me, n'est pas utile, et
que la morale et la politique sont toujours d'accord; aussi ne le
prouve-t-on pas, et c'est presque un axiome rec? u, qu'on ne peut
les re? unir.
Cependant, que deviendrait le genre humain, si la morale
n'e? tait plus qu'un conte de vieille femme fait pour consoler les
faibles, en attendant qu'ils soient les plus forts? Comment pour-
rait-elle rester en honneur dans les relations prive? es, s'il e? tait
convenu que l'objet des regards de tous, que le gouvernement peut s'en passer? et comment cela ne serait-il pas convenu, si
l'inte? re^t est la base de la morale? Il y a, nul ne peut le nier, des
circonstances ou` ces grandes masses qu'on appelle des empires,
ces grandes masses en e? tat de nature l'une envers l'autre, trou-
vent un avantage momentane? a` commettre une injustice; mais
la ge? ne? ration qui suit en a presque toujours souffert.
Kant, dans ses e?
crits sur la morale politique, montre avec la
plus grande force, que nulle exception ne peut e^tre admise dans
le code du devoir. En effet, quand on s'appuie des circonstances
nour justifia une action immorale, sur quel principe pourrait-on se fonder pour s'arre^tera` telle ou telle borne? Les passions
naturelles les plus impe? tueuses ne seraient-elles pas encore
plus aise? ment justifie? es par les calculs de la raison, si l'on ad-
mettait l'inte? re^t public ou particulier comme une excuse de 11<<<<
iiisticc ^
Quand, a` l'e? poque la plus sanglante de la re? volution, on a
voulu autoriser tous les crimes, on a nomme? le gouvernement
comite? de salut public; c'e? tait mettre en lumie`re cette maxime
rec? ue : Que le salut du peuple est la supre^me loi. La supre^me loi,
c'est la justice. -- Quand il serait prouve? qu'on servirait les m-
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? DE LA MORALE. 475
te? re^ts terrestres d'un peuple par une bassesse ou par une injus-
tice , on serait e? galement vil ou criminel en la commettant; car
l'inte? grite? des principes de la morale importe plus que lesinte? re? ts
des peuples. L'individu et la socie? te? sont responsables, avant
tout, de l'he? ritage ce? leste qui doit e^tre transmis aux ge? ne? rations
successives de la race humaine. Il faut que la fierte? , la ge? ne? -
rosite? , l'e? quite? , tous les sentiments magnanimes enfin , soient
sauve? s, a` nos de? pens d'abord, et me^me aux de? pens des autres,
puisque les autres doivent, comme nous, s'immoler a` ces sen-
timents.
L'injustice sacrifie toujours une portion quelconque de la so-
cie? te? a` l'autre. Jusqu'a` quel calcul arithme? tique ce sacrifice est-
il commande? ? La majorite? peut-elle disposer de la minorite? , si
l'une l'emporte a`peine de quelques voix sur l'autre? Les mem-
bres d'une me^me famille, une compagnie de ne? gociants, les nobles, les eccle? siastiques, quelque nombreux qu'ils soient,
n'ont pas le droit de dire que tout doit ce? der a` leur inte? re^t; mais
quand une re? union quelconque, fu^t-elle aussi peu conside? rable
que celle des Romains dans leur origine; quand cette re? union,
dis-je, s'appelle une nation, tout lui serait permis pour se faire
du bien! Le mot de nation serait alors synonyme de celui de le? -
gion, que s'attribue le de? mon dans l'E? vangile; ne? anmoins,il
n'y a pas plus de motif pour sacrifier le devoir a` une nation qu'a`
toute autre collection d'hommes.
Ce n'est pas le nombre des individus qui constitue leur impor-
tance en morale. Lorsqu'un innocent meurt sur l'e? chafaud, des
ge? ne? rations entie`res s'occupent de son malheur, tandis que des
milliers d'hommes pe? rissent dans une bataille sans qu'on s'in-
forme de leur sort. D'ou` vient cette prodigieuse diffe? rence que
mettent tous les hommes entre l'injustice commise envers un seul
et la mort de plusieurs? c'est a` cause de l'importance que tous
attachent a` la loi morale; elle est mille fois plus que la vie physi-
que dans l'univers, et dans l'a^me de chacun de nous, qui est
aussi un univers.
Si l'on ne fait de la morale qu'un calcul de prudence et de sa-
gesse, une e? conomie de me? nage, il y a presque de l'e? nergie a`
n'en pas vouloir. Une sorte de ridicule s'attache aux hommesd'E? -
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? 470 DE LA MOHALE.
tat qui conservent encore ce qu'on appelle des maximes roma-
nesques, la fide? lite? dans les engagements, le respect pour les
droits individuels, etc. On pardonne ces scrupules aux particu-
liers , qui sont bien les mai^tres d'e^tre dupes a` leurs propres de? -
pens; mais quand il s'agit de ceux qui disposent du destin des
peuples, il y aurait des circonstances ou` l'on pourrait les bla^mer
d'e^tre justes, et leur faire un tort de la loyaute? ; car si la morale
prive? e est fonde? e sur l'inte? re^t personnel, a` plus forte raison la
morale publique doit-elle l'e^tre sur l'inte? re^t national, et cette
morale, suivant l'occasion, pourrait faire un devoir des plus
grands forfaits, tant il est facile de conduire a` l'absurde celui qui
s'e? carte des simples bases dela ve? rite? . Rousseau a dit qu'il n'e? -
tait pas permis a` une nation d'acheter la re? volution la plus de? -
sirable par le sang d'un innocent; ces simples paroles renfer-
ment ce qu'il y a de vrai, de sacre? , de divin dans la destine? e de
l'homme.
Ce n'est su^rement pas pour les avantages de cette vie, pour
assurer quelques jouissances de plus a` quelques jours d'existence,
et retarder un peu la mort de quelques mourants, que la cons-
cience et la religion nous ont e? te? donne? es. C'est pour que des
cre? atures en possession du libre arbitre choisissent cequi est juste,
eu sacritiant ce qui est profitable , pre? fe`rent l'avenir au pre? sent,
l'invisible au visible, et la dignite? de l'espe`ce humaine a` la con-
servation me^me des individus.
Les individus sont vertueux quand ils sacrifient leur inte? re^t
particulier a` l'inte? re^t ge? ne? ral; mais les gouvernements sont a` leur
tour des individus qui doivent immoler leurs avantages person-
nels a` laloidudevoir; si la morale des hommes d'E? tat n'e? tait fon-
de? eque sur le bien public, elle pourrait les conduire au crime, si
cen'est toujours, au moins quelquefois, et c'est assez d'une seule
exception justifie? e pour qu'il n'y ait plus de morale dans le monde;
car tous les principes vrais sont absolus : si deux et deux ne font
pas quatre, les plus profonds calculs de l'alge`bre sont absurdes;
s'il y adans la the? orie un seul cas ou` l'homme doive man-
quer a` son devoir, toutes les maximes philosophiques et reli-
gieuses sont renverse? es, et ce qui reste n'est plus que de la pru-
dence ou de l'hypocrisie.
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? DE LA MORALE. 477
Qu'il me soit permis de citer l'exemple de mon pe`re, puisqu'il
s'applique directement a` la question dont il s'agit. On a beau-
coup re? pe? te? que M. Neckerne connaissait pas les hommes, parce
qu'il s'e? tait refuse? dans plusieurs circonstances aux moyens de
corruption ou de violence dont on croyait les avantages certains.
J'ose dire que personne ne peut lire les ouvrages de M. Necker,
l'Histoire de la Re? volution de France, le Pouvoir exe? cutif dans
les grands E? tats, etc. , sans y trouver des vues lumineuses sur
le coeur humain; et je ne serai de? mentie par aucun de ceux qui
ont ve? cu dans l'intimite? de M. Necker, quand je dirai qu'il avait
a` se de? fendre, malgre? son admirable bonte? , d'un penchant assez
vif pour la moquerie, et d'une fac? on un peu se? ve`re dejuger la
me? diocrite? de l'esprit ou de l'a^me: ce qu'il a e? crit sur le Bonheur
des Sots suffit, ce me semble, pour le prouver. Enfin, comme
il joignait a` toutes ses autres qualite? s celle d'e^tre e? minemment un
homme d'esprit, personne ne le surpassait dans la connaissance
fine et profonde de ceux avec lesquels il avait quelque relation;
mais il s'e? tait de? cide? par un acte de sa conscience a` ne jamais re-
culer devant les conse? quences, quelles qu'elles fussent, d'une
re? solution commande? e par le devoir. On peut juger diversement
les e? ve? nements de la re? volution franc? aise; mais je crois impossi-
ble a` un observateur impartial de nier qu'un tel principe ge? ne? -
ralement adopte? n'eu^t sauve? la France des maux dont elle a ge? mi,
et, ce qui est pis encore, de l'exemple qu'elle a donne? .
Pendant les e? poques les plus funestes de la terreur , beaucoup
d'honne^tes gens ont accepte? des emplois dans l'administration,
et me^medans les tribunaux criminels, soit pour y faire du bien,
soit pour diminuer le mal qui s'y commettait; et tous s'ap-
puyaient sur un raisonnement assez ge? ne? ralement rec? u, c'est qu'ils
empe^chaient un sce? le? rat d'occuper la place qu'ils remplissaient,
et rendaient ainsi service aux opprime? s. Se permettre de mauvais
moyens pour un but que l'on croit bon, c'est une maxime de
conduite singulie`rement vicieuse dans son principe. Les hommes
ne savent rien de l'avenir, rien d'eux-me^mes pour demain; dans
chaque circonstance et dans tous les instants le devoir est impe? ra-
tif, les combinaisons de l'esprit sur les suites qu'on peut pre? voir
n'y doivent entrer pour rien.
?
c? ant les mots d'inte? re^t et d'utilite? , re? veillera-t-on les me^mes
pense? es dans notre coeur, qu'en nous adjurant au nom du de? -
vouement et de la vertu? Lorsque Thomas Morus aima mieux pe? rir sur l'e? chafaud que
de remonter au fai^te des grandeurs, en faisant le sacrifice d'un
scrupule de conscience; lorsque, apre`s une anne? e de prison,
affaibli parla souffrance, il refusa d'aller retrouver sa femme
et ses enfants qu'il che? rissait, et de se livrer de nouveau a` ces
occupations de l'esprit qui donnent tout a` la fois tant de calme
etd'activite? a` l'existence; lorsque l'honneur seul, cette religion
mondaine, fit retourner dans les prisons d'Angleterre un vieux
roi de France, parce que son fils n'avait pas tenu les promesse*
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 472 DE LA U01ULE.
au nom desquelles il avait obtenu sa liberte? ; lorsque les chre? -
tiens vivaient dans les catacombes, qu'ils renonc? aient a` la lu-
mie`re du jour, et ne sentaient le ciel que dans leur a^me, si quel-
qu'un avait dit qu'ils entendaient bien leur inte? re^t, quel froid
glace? se serait re? pandu dans les veines en l'e? coutant, et combien
un regard attendri nous eu^t mieux re? ve? le? tout ce qu'il y a de
sublime dans de tels hommes!
Non , certes, la vie n'est pas si aride que l'e? goi? sme nous l'a
faite; tout n'y est pas prudence, tout n'y est pas calcul; et
quand une action sublime e? branle toutes les puissances de notre
e^tre, nous ne pensons pas que l'homme ge? ne? reux qui se sacrifie
a bien connu, bien combine? son inte? re^t personnel; nous pensons
qu'il immole tous les plaisirs, tous les avantages de ce monde,
mais qu'un rayon divin descend dans son coeur, pour lui causer
un genre de fe? licite? qui ne ressemble pas plus a` tout ce que nous
reve^tons de ce nom, que l'immortalite? a` la vie.
Ce n'est pas sans motif cependant qu'on met tant d'importance
a` fonder la morale sur l'inte? re^t personnel : on a l'air de ne sou-
tenir qu'une the? orie, et c'est en re? sultat une combinaison tre`s-
inge? nieuse , pour e? tablir le joug de tous les genres d'autorite? .
Nul homme, quelque de? prave? qu'il soit, ne dira qu'il ne faut pas
de morale; car celui me^me qui serait le plus de? cide? a` en man-
quer, voudrait encore avoir affaire a` des dupes qui la conservas-
sent. Mais quelle adresse, d'avoir donne? pour base a` la morale
la prudence! quel acce`s ouvert a` l'ascendant du pouvoir, aux
transactions de la conscience, a` tous les mobiles conseils des
e? ve? nements!
Si le calcul doit pre? sider a` tout, les actions des hommes seront
juge? es d'apre`s le succe`s; l'homme dont les bons sentiments ont
cause? le malheur sera justement bla^me? ; l'homme pervers, mais
habile, sera justement applaudi. Enfin, les individus ne se con-
side? rant entre eux que comme des obstacles ou des instruments,
ils se hai? ront comme des obstacles, et ne s'estimeront plus que
comme moyens. Le crime me^me a plus de grandeur, quand il
tient au de? sordre des passions enflamme? es, que lorsqu'il a pour
objet l'inte? re^t personnel ; comment donc pourrait-on donner pour
principe a` la vertu ce qui de? shonorerait me^me le crime '!
1 Dans l'ouvrage de Bcnlham sui- la le? gislation, publie? , ou pluto^t illustre?
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE LA MORALE. 473
CHAPITRE XIII.
De la morale fonde? e sur l'inte? re^t national.
Non-seulement la morale fonde? e sur l'inte? re^t personnel met
dans les rapports des individus entre eux, des calculs de prudence
et d'e? goi? sme qui en bannissent la sympathie, la confiance et la
ge? ne? rosite? ; mais la morale des hommes publics, de ceux qui
traitent au nom des nations, doit e^tre ne? cessairement pervertie
par ce syste`me. S'il est vrai que la morale des individus puisse
e^tre fonde? e sur leur inte? re^t, c'est parce que la socie? te? tout en-
par M. Dumont, il y a divers raisonnements sur le principe de l'utilite? , d'ac-
cord, a` plusieurs e? gards, avec le syste? me qui fonde la morale sur l'inte? re^t per-
sonnel. L'anecdote connue d'Aristide, qui lit rejeter un projet de The? mistocle,
en disant seulement aux Athe? niens que ce projet e? tait avantageux, mais
injuste, est cite? e par M. Dumont; mais il rapporte les conse? quences qu'on
peut tirer de ce trait, ainsi que de plusieurs autres, a` l'utilite? ge? ne? rale admise
|rar Rentham, comme la base de tous les devoirs. L'utilite? de chacun, dit-il,
doit e^tre sacrifie? e a` l'utilite? de tous, et celle du moment pre? sent, a` l'avenir;
en faisant un pas de plus, on pourrait convenir que la vertu consiste dans le
sacrifice du temps a` l'e? ternite? , et ce genre de calcul ne serait su^rement pas
bla^me? par les partisans de l'enthousiasme; mais, quelque effort que puisse
tenter un homme aussi supe? rieur que M. Dumont, pour e? tendre le sens de
l'utilite? , il ne pourra jamais faire que ce mot soit synonyme de celui de
de? vouement. Il dit que le premier mobile des actions des hommes, c'est le plai-
sir et la douleur, et il suppose alors que le plaisir des a^mes nobles consiste a`
s'exposer volontiers aux souffrances mate? rielles, pour acque? rir des satisfac-
tions d'un ordre plus releve? . Sans doute, il est aise? de faire de chaque parole
un miroir qui re? fle? chisse toutes les ide? es; mais, si l'on veut s'en tenir a` la
signification naturelle de chaque terme, on verra que l'homme a` qui l'on dit
que son propre bonheur doit e^tre le but de toutes ses actions, ne peut e^tre de? tourne? de faire le mal qui lui convient, que par la crainte ou le danger
d'e^tre puni, crainte que la passion fait braver, danger auquel un esprit habile
peut se flatter d'e? chapper. -- Sur quoi fondez-vous l'ide? e du juste ou de
l'injuste, dira-t-on, si ce n'est sur ce qui est utile ou nuisible au plus grand
nombre? La justice, pour les individus, consistedans le sacrifice d'eux-me^mes
a` leur famille; pour la famille, dans le sacrifice d'elle-me^me a` l'E? tat; et pour
l'Etat, dans le respect de certains principes inalte? rables qui font le bonheur
et le salut de l'espe`ce humaine. Sans doute la majorite? des ge? ne? rations, dans la
dure? e des sie? cles, se trouvera bien d'avoir suivi la route de la justice; mais
pour e^tre vraiment et religieusement honne^te, il faut avoir toujours en vue le
culte du beau moral, inde? pendamment de toutes lescirconstances qui peuvent
en re? sulter. L'utilite? est ne? cessairement modifie? epar les circonstances: la vertu
ne doit jamais l'e^tre.
10-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE LA MORALR.
tie`re tend a` l'ordre, et punit celui qui veut s'en e? carter; mais
une nation, et surtout un E? tat puissant, est comme un e^tre
isole? que les lois de la re? ciprocite? n'atteignent pas. On peut dire
avec ve? rite? , qu'au bout d'un certain nombre d'anne? es les nations
injustes succombent a` la haine qu'inspirent leurs injustices;
mais plusieurs ge? ne? rations peuvent s'e? couler avant que de si
vastes fautes soient punies, et je ne sais comment on pourrait
prouver a` un homme d'E? tat, dans toutes les circonstances, que
telle re? solution, condamnable en elle-me^me, n'est pas utile, et
que la morale et la politique sont toujours d'accord; aussi ne le
prouve-t-on pas, et c'est presque un axiome rec? u, qu'on ne peut
les re? unir.
Cependant, que deviendrait le genre humain, si la morale
n'e? tait plus qu'un conte de vieille femme fait pour consoler les
faibles, en attendant qu'ils soient les plus forts? Comment pour-
rait-elle rester en honneur dans les relations prive? es, s'il e? tait
convenu que l'objet des regards de tous, que le gouvernement peut s'en passer? et comment cela ne serait-il pas convenu, si
l'inte? re^t est la base de la morale? Il y a, nul ne peut le nier, des
circonstances ou` ces grandes masses qu'on appelle des empires,
ces grandes masses en e? tat de nature l'une envers l'autre, trou-
vent un avantage momentane? a` commettre une injustice; mais
la ge? ne? ration qui suit en a presque toujours souffert.
Kant, dans ses e?
crits sur la morale politique, montre avec la
plus grande force, que nulle exception ne peut e^tre admise dans
le code du devoir. En effet, quand on s'appuie des circonstances
nour justifia une action immorale, sur quel principe pourrait-on se fonder pour s'arre^tera` telle ou telle borne? Les passions
naturelles les plus impe? tueuses ne seraient-elles pas encore
plus aise? ment justifie? es par les calculs de la raison, si l'on ad-
mettait l'inte? re^t public ou particulier comme une excuse de 11<<<<
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Quand, a` l'e? poque la plus sanglante de la re? volution, on a
voulu autoriser tous les crimes, on a nomme? le gouvernement
comite? de salut public; c'e? tait mettre en lumie`re cette maxime
rec? ue : Que le salut du peuple est la supre^me loi. La supre^me loi,
c'est la justice. -- Quand il serait prouve? qu'on servirait les m-
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? DE LA MORALE. 475
te? re^ts terrestres d'un peuple par une bassesse ou par une injus-
tice , on serait e? galement vil ou criminel en la commettant; car
l'inte? grite? des principes de la morale importe plus que lesinte? re? ts
des peuples. L'individu et la socie? te? sont responsables, avant
tout, de l'he? ritage ce? leste qui doit e^tre transmis aux ge? ne? rations
successives de la race humaine. Il faut que la fierte? , la ge? ne? -
rosite? , l'e? quite? , tous les sentiments magnanimes enfin , soient
sauve? s, a` nos de? pens d'abord, et me^me aux de? pens des autres,
puisque les autres doivent, comme nous, s'immoler a` ces sen-
timents.
L'injustice sacrifie toujours une portion quelconque de la so-
cie? te? a` l'autre. Jusqu'a` quel calcul arithme? tique ce sacrifice est-
il commande? ? La majorite? peut-elle disposer de la minorite? , si
l'une l'emporte a`peine de quelques voix sur l'autre? Les mem-
bres d'une me^me famille, une compagnie de ne? gociants, les nobles, les eccle? siastiques, quelque nombreux qu'ils soient,
n'ont pas le droit de dire que tout doit ce? der a` leur inte? re^t; mais
quand une re? union quelconque, fu^t-elle aussi peu conside? rable
que celle des Romains dans leur origine; quand cette re? union,
dis-je, s'appelle une nation, tout lui serait permis pour se faire
du bien! Le mot de nation serait alors synonyme de celui de le? -
gion, que s'attribue le de? mon dans l'E? vangile; ne? anmoins,il
n'y a pas plus de motif pour sacrifier le devoir a` une nation qu'a`
toute autre collection d'hommes.
Ce n'est pas le nombre des individus qui constitue leur impor-
tance en morale. Lorsqu'un innocent meurt sur l'e? chafaud, des
ge? ne? rations entie`res s'occupent de son malheur, tandis que des
milliers d'hommes pe? rissent dans une bataille sans qu'on s'in-
forme de leur sort. D'ou` vient cette prodigieuse diffe? rence que
mettent tous les hommes entre l'injustice commise envers un seul
et la mort de plusieurs? c'est a` cause de l'importance que tous
attachent a` la loi morale; elle est mille fois plus que la vie physi-
que dans l'univers, et dans l'a^me de chacun de nous, qui est
aussi un univers.
Si l'on ne fait de la morale qu'un calcul de prudence et de sa-
gesse, une e? conomie de me? nage, il y a presque de l'e? nergie a`
n'en pas vouloir. Une sorte de ridicule s'attache aux hommesd'E? -
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? 470 DE LA MOHALE.
tat qui conservent encore ce qu'on appelle des maximes roma-
nesques, la fide? lite? dans les engagements, le respect pour les
droits individuels, etc. On pardonne ces scrupules aux particu-
liers , qui sont bien les mai^tres d'e^tre dupes a` leurs propres de? -
pens; mais quand il s'agit de ceux qui disposent du destin des
peuples, il y aurait des circonstances ou` l'on pourrait les bla^mer
d'e^tre justes, et leur faire un tort de la loyaute? ; car si la morale
prive? e est fonde? e sur l'inte? re^t personnel, a` plus forte raison la
morale publique doit-elle l'e^tre sur l'inte? re^t national, et cette
morale, suivant l'occasion, pourrait faire un devoir des plus
grands forfaits, tant il est facile de conduire a` l'absurde celui qui
s'e? carte des simples bases dela ve? rite? . Rousseau a dit qu'il n'e? -
tait pas permis a` une nation d'acheter la re? volution la plus de? -
sirable par le sang d'un innocent; ces simples paroles renfer-
ment ce qu'il y a de vrai, de sacre? , de divin dans la destine? e de
l'homme.
Ce n'est su^rement pas pour les avantages de cette vie, pour
assurer quelques jouissances de plus a` quelques jours d'existence,
et retarder un peu la mort de quelques mourants, que la cons-
cience et la religion nous ont e? te? donne? es. C'est pour que des
cre? atures en possession du libre arbitre choisissent cequi est juste,
eu sacritiant ce qui est profitable , pre? fe`rent l'avenir au pre? sent,
l'invisible au visible, et la dignite? de l'espe`ce humaine a` la con-
servation me^me des individus.
Les individus sont vertueux quand ils sacrifient leur inte? re^t
particulier a` l'inte? re^t ge? ne? ral; mais les gouvernements sont a` leur
tour des individus qui doivent immoler leurs avantages person-
nels a` laloidudevoir; si la morale des hommes d'E? tat n'e? tait fon-
de? eque sur le bien public, elle pourrait les conduire au crime, si
cen'est toujours, au moins quelquefois, et c'est assez d'une seule
exception justifie? e pour qu'il n'y ait plus de morale dans le monde;
car tous les principes vrais sont absolus : si deux et deux ne font
pas quatre, les plus profonds calculs de l'alge`bre sont absurdes;
s'il y adans la the? orie un seul cas ou` l'homme doive man-
quer a` son devoir, toutes les maximes philosophiques et reli-
gieuses sont renverse? es, et ce qui reste n'est plus que de la pru-
dence ou de l'hypocrisie.
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? DE LA MORALE. 477
Qu'il me soit permis de citer l'exemple de mon pe`re, puisqu'il
s'applique directement a` la question dont il s'agit. On a beau-
coup re? pe? te? que M. Neckerne connaissait pas les hommes, parce
qu'il s'e? tait refuse? dans plusieurs circonstances aux moyens de
corruption ou de violence dont on croyait les avantages certains.
J'ose dire que personne ne peut lire les ouvrages de M. Necker,
l'Histoire de la Re? volution de France, le Pouvoir exe? cutif dans
les grands E? tats, etc. , sans y trouver des vues lumineuses sur
le coeur humain; et je ne serai de? mentie par aucun de ceux qui
ont ve? cu dans l'intimite? de M. Necker, quand je dirai qu'il avait
a` se de? fendre, malgre? son admirable bonte? , d'un penchant assez
vif pour la moquerie, et d'une fac? on un peu se? ve`re dejuger la
me? diocrite? de l'esprit ou de l'a^me: ce qu'il a e? crit sur le Bonheur
des Sots suffit, ce me semble, pour le prouver. Enfin, comme
il joignait a` toutes ses autres qualite? s celle d'e^tre e? minemment un
homme d'esprit, personne ne le surpassait dans la connaissance
fine et profonde de ceux avec lesquels il avait quelque relation;
mais il s'e? tait de? cide? par un acte de sa conscience a` ne jamais re-
culer devant les conse? quences, quelles qu'elles fussent, d'une
re? solution commande? e par le devoir. On peut juger diversement
les e? ve? nements de la re? volution franc? aise; mais je crois impossi-
ble a` un observateur impartial de nier qu'un tel principe ge? ne? -
ralement adopte? n'eu^t sauve? la France des maux dont elle a ge? mi,
et, ce qui est pis encore, de l'exemple qu'elle a donne? .
Pendant les e? poques les plus funestes de la terreur , beaucoup
d'honne^tes gens ont accepte? des emplois dans l'administration,
et me^medans les tribunaux criminels, soit pour y faire du bien,
soit pour diminuer le mal qui s'y commettait; et tous s'ap-
puyaient sur un raisonnement assez ge? ne? ralement rec? u, c'est qu'ils
empe^chaient un sce? le? rat d'occuper la place qu'ils remplissaient,
et rendaient ainsi service aux opprime? s. Se permettre de mauvais
moyens pour un but que l'on croit bon, c'est une maxime de
conduite singulie`rement vicieuse dans son principe. Les hommes
ne savent rien de l'avenir, rien d'eux-me^mes pour demain; dans
chaque circonstance et dans tous les instants le devoir est impe? ra-
tif, les combinaisons de l'esprit sur les suites qu'on peut pre? voir
n'y doivent entrer pour rien.
?