de nos jours,
Schelling
ta^che d'e?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
de l'a^me l'univers entier.
Tout ce qui peut e^tre conc?
u ,
tout ce qui peut e^tre imagine? vient d'elle; c'est d'apre`s ce sys-
te`me qu'il a e? te? soupc? onne? d'incre? dulite? . On lui entendait dire
que, dans la lec? on suivante, il allait cre? er DIEU, et l'on e? tait,
avec raison, scandalise? de cette expression. Ce qu'elle signifiait,
c'est qu'il allait montrer comment l'ide? e de la Divinite? naissait et
se de? veloppait dans l'a^me de l'homme. Le me? rite principal de
la philosophie de Fichte, c'est la force incroyable d'attention
qu'elle suppose. Car il ne se contente pas de tout rapporter a`
l'existence inte? rieure de l'homme, au MOI qui sert de base a`
tout; mais il distingue encore dans ce MOI celui qui est passa-
ger, et celui qui est durable. En effet, quand on re? fle? chit sur
les ope? rations de l'entendement, on croit assister soi-me^me a` sa
pense? e, on croit la voir passer comme l'onde, tandis que la
portion de soi qui la contemple est immuable. 11 arrive souvent a`
ceux qui re? unissent un caracte`re passionne? a` un esprit observa-
teur, de se regarder souffrir, et de sentir en eux-me^mes un e^tre
supe? rieur a` sa propre peine, qui la voit, et tour a` tour la bla^me
ou la plaint.
Il s'ope`re des changements continuels en nous, par les circons-
tances exte? rieures de notre vie, et ne? anmoins nous avons tou-
jours le sentiment de notre identite? . Qu'est-ce donc qui atteste
cette identite? , si ce n'est le MOI toujours le me^me, qui voit passer
devant son tribunal le MOI modifie? par les impressions exte? -
rieures?
C'est a` cette a^me ine? branlable, te? moin de l'a^me mobile, que
Fichte attribue le don de l'immortalite? et la puissance de cre? er,
ou, pour traduire plus exactement,de rayonner en elle-me^me
l'image de l'univers. Ce syste`me, qui fait tout reposer sur le
sommet de notre existence, et place la pyramide sur la pointe,
est singulie`rement difficile a` suivre. Il de? pouille les ide? es des
couleurs qui servent si bien a` les faire comprendre; et les beaux-
arts, la poe? sie, la contemplation de la nature, disparaissent
dans ces abstractions , sans me? lange d'imagination ni de sensi-
bilite? .
Fichte ne conside`re le monde exte? rieur que comme une borne
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? DES PHILOSOPHE: ALLEMANDS. 437
de notre existence, sur laquelle la pense? e travaille. Dans son
syste`me, cette borne est cre? e? e par l'a^me elle-me^me, dont l'acti-
vite? constante s'exerce sur le tissu qu'elle a forme? . Ce que Fichte
a e? crit sur le MOI me? taphysique ressemble un peu au re? veil de
la statue de Pygmalion, qui, touchant alternativement elle-me^me et la pierre sur laquelle elle e? tait place? e, dit tour a` tour:
-- C'est moi, et ce n'est pas moi. --Mais quand, en prenant la
main de Pygmalion, elle s'e? crie: -- C'est encore moi! -- il s'agit
de? ja` d'un sentiment qui de? passe de beaucoup la sphe`re des ide? es
abstraites. L'ide? alisme de? pouille? du sentiment a ne? anmoins l'a-
vantage d'exciter au plus haut degre? l'activite? de l'esprit; mais
la nature et l'amour perdent tout leur charme parce syste`me;
car si les objets que nous voyons et les e^tres que nous aimons ne
sont rien que l'oeuvre de nos ide? es, c'est l'homme lui-me^me
qu'on peut conside? rer alors comme le grand ce? libataire des
mondes.
Il faut reconnai^tre cependant deux grands avantages de la
doctrine de Fichte: l'un, sa morale stoi? que, qui n'admet aucune
excuse; car tout venant du MOI , c'est a` ce MOI seul a` re? pondre
de l'usage qu'il fait de sa volonte? : l'autre, un exercice dela
pense? e tellement fort et subtil en me^me temps, que celui qui a
bien compris ce syste`me, du^t-il ne pas l'adopter, aurait acquis
une puissance d'attention et une sagacite? d'analyse qu'il pourrait
ensuite appliquer en se jouant a` tout autre genre d'e? tude. De quelque manie`re qu'on juge l'utilite? de la me? taphysique,
on ne peut nier qu'elle ne soit la gymnastique de l'esprit. On
impose aux enfants divers genres de lutte dans leurs premie`res
anne? es, quoiqu'ils ne soient point appele? s a` se battre un jourde cette manie`re. On peut dire avec ve? rite? que l'e? tude de la me? -
taphysique ide? aliste est presque un moyen su^r de de? velopper les
faculte? s morales de ceux qui s'y livrent. La pense? e re? side, comme
tout ce qui est pre? cieux, au fond de nous-me^mes; car a` la super-
ficie, il n'y a rien que de la sottise ou de l'insipidite? . Mais quand
on oblige de bonne heure les hommes a` creuser dans leur re? -
flexion, a` tout voir dans leur a^me, ils y puisent une force et une
since? rite? de jugement qui ne se perdent jamais.
Fichte est dans les ide? es abstraites une te^te mathe? matique
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 43S DES PHILOSOPHES ALLEHAM>S.
comme E"ler ou la Grange. Il me? prise singulie`rement toutes
les expressions un peu substantielles: l'existence est de? ja` un
mot trop prononce? pour lui. L'e^tre, le principe, l'essence, sont
a` peine des paroles assez e? the? re? es pour indiquer les subtiles
nuances de ses opinions. On dirait qu'il craint le contact des
choses re? elles, et qu'il tend toujours a` y e? chapper. A force de le
lire ou de s'entretenir avec lui, l'on perd la conscience de ce
monde, et l'on a besoin, comme les ombres que nous peint
Home`re, de rappeler en soi les souvenirs de la vie.
Le mate? rialisme absorbe l'a^me en la de? gradant; l'ide? alisme
de Fichte,a` force de l'exalter, la se? pare de la nature. Dans l'un
et l'autre extre^me, le sentiment, qui est la ve? ritable beaute? de
l'existence, n'a point le rang qu'il me? rite.
Schelling a bien plus de connaissance de la nature et des
beaux-arts que Fichte; et son imagination pleine de vie ne sau-
rait se contenter des ide? es abstraites; mais, de me^me que Fichte,
il a pour but de re? duire l'existence a` un seul principe. Il traite
avec un profond de? dain tous les philosophes qui en admettent
deux; et il ne veut accorder le nom de philosophie qu'au sys-
te`me dans lequel tout s'enchai^ne, et qui explique tout. Certaine-
ment il a raison d'affirmer que celui-la` serait le meilleur, mais
ou` est-il? Schelling pre? tend que rien n'est plus absurde que cette
expression commune? ment rec? ue: la philosophie de Platon, la
philosophie d'Aristote. Dirait-on la ge? ome? trie d'Euler, la ge? ome? -
trie de la Grange? Il n'y a qu'une philosophie, selon l'opinion de
Schelling, ou il n'y en a point. Certes, si l'on n'entendait par
philosophie que le mot de l'e? nigme de l'univers, on pourrait dire
avec ve? rite? qu'il n'y a point de philosophie.
Le syste`me de Kant parut insuffisant a` Schelling comme a`
Fichte, parce qu'il reconnai^t deux natures, deux sources de nos
ide? es, les objets exte? rieurs et les faculte? s de l'a^me. Mais pour
arriver a` cette unite? tant de? sire? e, pour se de? barrasser de cette
double vie physique et morale, qui de? plai^t tant aux partisans des
ide? es absolues, Schelling rapporte tout a` la nature, tandis queFichte fait tout ressortir de l'a^me. Fichte ne voit dans la nature
que l'oppose? de l'a^me: elle n'est a` ses yeux qu'une limite ou
qu'une chai^ne, dont il faut travailler sans cesse a` se de? gager. Le
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? DES PHILOSOPHES ALLEMANDS. 439
syste`me de Schelling repose et charme davantage l'imagination, ne? anmoins il rentre ne? cessairement dans celui de Spinosa ; mais,
au lieu de faire descendre l'a^me jusqu'a` la matie`re, comme cela
s'est pratique?
de nos jours, Schelling ta^che d'e? lever la matie`re
jusqu'a` l'a^me; et quoique sa the? orie de? pende en entier de la na-
ture physique, elle est cependant tre`s-ide? aliste dans le fond, et
plus encore dans la forme.
L'ide? al et le re? el tiennent, dans son langage, la place de l'in-
telligence et de la matie`re, de l'imagination et de l'expe? rience;
et c'est dans la re? union de ces deux puissances en une harmouie
oomple`te que consiste, selon lui, le principe unique et absolu
de l'univers organise? . Cette harmonie, dont les deux po^les et le
centre sont l'image, et qui est renferme? e dans le nombre trois,
de tout temps si myste? rieux, fournit a` Schelling les applications
les plus inge? nieuses. Il croit la retrouver dans les beaux-arts
comme dans la nature, et ses ouvrages sur les sciences physiques
sont estime? s me^me des savants, qui ne conside`rent que les faits
et les re? sultats. Enfin, dans l'examen de l'a^me, il cherche a`
de? montrer comment les sensations et les conceptions intellec-
tuelles se confondent dans le sentiment qui re? unit ce qu'il y a
d'involontaire et de re? fle? chi dans les unes et dans les autres, et
contient ainsi tout le myste`re de la vie.
Ce qui inte? resse surtout dans ces syste`mes, ce sont leurs de? ve-
loppements. La base premie`re de la pre? tendue explication du
monde est e? galement vraie comme e? galement fausse dans la
plupart des the? ories, car toutes sont comprises dans l'immense
pense? e qu'elles veulent embrasser; mais dansl'application aux
chosesde ce monde , ces the? ories sont tre`s-spirituelles, et re? -
paudeut souvent de grandes lumie`res sur plusieurs objets en par-
ticulier.
Schelling s'approche beaucoup, on ne saurait le nier, des
philosophes appele? s panthe? istes, c'est-a`-dire, de ceux qui ac-
cordent a` la nature les attributs dela Divinite? . Mais ce qui le
distingue, c'est l'e? tonnante sagacite? avec laquelle il a su rallier
a` sa doctrine les sciences et les arts ; il instruit, il donne a` penser
dans chacune de ses observations, et la profondeur de son es-
prit e? tonne, surtout quand il ne pre? tend pas l'appliquer au secret
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? 440 DES PHILOSOPHES ALLEMANDS.
de l'univers; car aucun homme ne peut atteindre a` un genre de
supe? riorite? qui ne saurait exister entre des e^tres de la me^me es-
pe`ce, a` quelque distance qu'ils soient l'un de l'autre.
Pour conserver des ide? es religieuses au milieu de l'apothe? ose
de la nature, l'e? cole de Schelling suppose que l'individu pe? rit
en nous, mais que les qualite? s intimes que nous posse? dons
rentrent dans le grand tout de la cre? ation e? ternelle. Cette im-
mortalite? -la` ressemble terriblement a` la mort; car la mort
physique elle-me^me n'est autre chose que la nature universelle
qui se ressaisit des dons qu'elle avait faits a` l'individu. Schelling tire de son syste`me des conclusions tre`s-nobles sur
la ne? cessite? de cultiver dans notre a^me les qualite? s immortelles,
celles qui sont en relation avec l'univers, etde me? priseren nous-me^mes tout ce qui ne tient qu'a` nos circonstances. Mais les affec-
tions du coeur et la conscience elle-me^me ne sont-elles pas atta-
che? es aux rapports de cette vie ? Nous e? prouvons dansla plupart des
situations deux mouvements tout a` fait distincts, celui qui nous
unit a` l'ordre ge? ne? ral, et celui qui nous rame`ne a` nos inte? re^ts particuliers; le sentiment du devoir, et la personnalite? . Le plus
noble de ces deux mouvements, c'est l'universel. Mais c'est pre? ci-
se? ment parce que nous avons un instinct conservateur de l'exis-
tence, qu'il est beau dela sacrifier; c'est parce que nous sommes
des e^tres concentre? s en nous-me^mes, que notre attraction vers
l'ensembleest ge? ne? reuse; enfm , c'est parce que nous subsistons
individuellement et se? pare? ment que nous pouvons nous choisir
et nous aimer les uns et les autres : que serait donc cette immor-
talite? abstraite qui nous de? pouillerait de nos souvenirs les plus
chers comme de modifications accidentelles?
Voulez-vous, disent-ils en Allemagne, ressusciter avec toutes
vos circonstances actuelles, renai^tre baron ou marquis? -- Non
sans doute; mais qui ne voudrait pas renai^tre fille et me`re, et
comment serait-on soi si l'on ne ressentait plus les me^mes ami-
tie? s! Les vagues ide? es de re? union avec la nature de? truisent a` la
longue l'empire de la religion sur les a^mes, car la religion s'a-
dresse a` chacun de nous en particulier. La Providence nous
prote? ge dans tous les de? tails de notre sort. Le christianisme se
proportionne a` tous les esprits, et re? pond comme un confident
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? DES PHILOSOPHES ALLEMANDS. 441
aux besoinsindividuels de notre coeur. Le panthe? isme, au con-
traire , c'est-a`-dire la nature divinise? e, a` force d'inspirer de la
religion pour tout, la disperse sur l'univers, et ne la concentre
point en nous-me^mes.
Ce syste`me a eu dans tous les temps beaucoup de partisans
parmi les philosophes. La pense? e tend toujoursa` se ge? ne? raliser de
plus en plus, et l'on prend quelquefois pour une ide? e nouvelle
ce travail de l'esprit qui s'en va toujours o^tant ses homes. Ou
croit parvenir a` comprendre l'univers comme l'espace, en ren-
versant toujours les barrie`res, en reculant les difficulte? s sans les
re? soudre, et l'on n'approche pas davantage ainsi de l'infini. Le sentiment seul nous le re? ve`le sans nous l'expliquer.
Ce qui est vraiment admirable dans la philosophie allemande,
c'est l'examen qu'elle nous fait faire de nous-me^mes; elle re-
monte jusqu'a` l'origine dela volonte? , jusqu'a` cette source in-
connue du fleuve de notre vie ; et c'est la` que, pe? ne? trant dans les
secrets les plus intimes de la douleur et de la foi, elle nous e? claire
etnous affermit. Mais tous les syste`mes qui aspirent a` l'explication
de l'univers ne peuvent gue`re e^tre analyse? s clairement paraucuue
parole : les mots ne sont pas propres a` ce genre d'ide? es, et il en
re? sulte que, pour les y faire servir, on re? pand sur toutes choses
l'obscurite? qui pre? ce? da la cre? ation, mais non la lumie`re qui l'a
suivie. Les expressions scientifiques prodigue? es sur un sujet au-
quel tout le monde croit avoir des droits re? voltent l'amour-pro-
pre. Ces e? crits si difficiles a` comprendre pre^tent, quelque se? -
rieux qu'on soit, a` la plaisanterie, car il y a toujours des me? -
prises dans les te? ne`bres. L'on se plai^t a` re? duire a` quelques asser-
tions principales et faciles a` combattre, cette foule de nuances et
de restrictions qui paraissent toutes sacre? es a` l'auteur, mais que
biento^t les profanes oublient ou confondent.
Les Orientaux ont e? te? de tout temps ide? alistes, et l'Asie ne
ressemble en rien au midi de l'Europe. L'exce`s de la chaleur
porte dans l'Orient a` la contemplation, comme l'exce`s du froid
dans le Nord. Les syste`mes religieux de l'Inde sont tre`s-me? lan-
coliques, et tre`s-spiritualistes, tandis que les peuples du midi de
l'Europe ont toujours eu du penchant pour un paganisme assez
mate? riel. Les savants anglais qui ont voyage? dans l'Inde ont
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? 442 DES PHILOSOPHES ALLEMANDS.
fait de profondes recherches sur l'Asie : et des Allemands, qui
n'avaient pas, comme les princes de la mer, les occasions de
s'instruire parleurs propres yeux, sont arrive? s, avec l'unique
secours de l'e? tude, a` des de? couvertes tre`s-inte? ressantes sur la
religion, la litte? rature et les langues des nations asiatiques; ils
sont porte? s a` croire, d'apre`s plusieurs indices, que des lumie`res
surnaturelles ont e? claire? jadis les peuples de ces contre? es, et
qu'il en est reste? des traces ineffac? ables. La philosophie des In-
diens ne peut e^tre bien comprise que parles ide? alistes allemands:
les rapports d'opinion les aident a` la concevoir.
Fre? de? ric Schlegel, non content de savoir presque toutes les
langues de l'Europe, a consacre? des travaux inoui? s a` la connais-
sance de ce pays, berceau du monde. L'ouvrage qu'il vient de
publier sur la langue et la philosophie des Indiens, contient
des vues profondes et des connaissances positives qui doivent
fixer l'attention des hommes e? claire? s de l'Europe. Il croit, et
plusieurs philosophes, au nombre desquels il faut compter
Bailly, ont soutenu la me^me opinion, qu'un peuple primitifa
occupe? quelques parties de la terre, et particulie`rement l'Asie,
dans une e? poque ante? rieure a` tous les documents de l'histoire.
Fre? de? ric Schlegel trouve des traces de ce peuple dans la culture
intellectuelle des nations et dans la formation des langues. Il
remarque une ressemblance extraordinaire entre les ide? es prin-
cipales , et me^me les mots qui les expriment chez plusieurs peu-
ples du monde, alors me^me que, d'apre`s ce que nous connais-
sons de l'histoire, ils n'ont jamais eu de rapport entre eux.
Fre? de? ric Schlegel n'admet point dans ses e?
tout ce qui peut e^tre imagine? vient d'elle; c'est d'apre`s ce sys-
te`me qu'il a e? te? soupc? onne? d'incre? dulite? . On lui entendait dire
que, dans la lec? on suivante, il allait cre? er DIEU, et l'on e? tait,
avec raison, scandalise? de cette expression. Ce qu'elle signifiait,
c'est qu'il allait montrer comment l'ide? e de la Divinite? naissait et
se de? veloppait dans l'a^me de l'homme. Le me? rite principal de
la philosophie de Fichte, c'est la force incroyable d'attention
qu'elle suppose. Car il ne se contente pas de tout rapporter a`
l'existence inte? rieure de l'homme, au MOI qui sert de base a`
tout; mais il distingue encore dans ce MOI celui qui est passa-
ger, et celui qui est durable. En effet, quand on re? fle? chit sur
les ope? rations de l'entendement, on croit assister soi-me^me a` sa
pense? e, on croit la voir passer comme l'onde, tandis que la
portion de soi qui la contemple est immuable. 11 arrive souvent a`
ceux qui re? unissent un caracte`re passionne? a` un esprit observa-
teur, de se regarder souffrir, et de sentir en eux-me^mes un e^tre
supe? rieur a` sa propre peine, qui la voit, et tour a` tour la bla^me
ou la plaint.
Il s'ope`re des changements continuels en nous, par les circons-
tances exte? rieures de notre vie, et ne? anmoins nous avons tou-
jours le sentiment de notre identite? . Qu'est-ce donc qui atteste
cette identite? , si ce n'est le MOI toujours le me^me, qui voit passer
devant son tribunal le MOI modifie? par les impressions exte? -
rieures?
C'est a` cette a^me ine? branlable, te? moin de l'a^me mobile, que
Fichte attribue le don de l'immortalite? et la puissance de cre? er,
ou, pour traduire plus exactement,de rayonner en elle-me^me
l'image de l'univers. Ce syste`me, qui fait tout reposer sur le
sommet de notre existence, et place la pyramide sur la pointe,
est singulie`rement difficile a` suivre. Il de? pouille les ide? es des
couleurs qui servent si bien a` les faire comprendre; et les beaux-
arts, la poe? sie, la contemplation de la nature, disparaissent
dans ces abstractions , sans me? lange d'imagination ni de sensi-
bilite? .
Fichte ne conside`re le monde exte? rieur que comme une borne
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de notre existence, sur laquelle la pense? e travaille. Dans son
syste`me, cette borne est cre? e? e par l'a^me elle-me^me, dont l'acti-
vite? constante s'exerce sur le tissu qu'elle a forme? . Ce que Fichte
a e? crit sur le MOI me? taphysique ressemble un peu au re? veil de
la statue de Pygmalion, qui, touchant alternativement elle-me^me et la pierre sur laquelle elle e? tait place? e, dit tour a` tour:
-- C'est moi, et ce n'est pas moi. --Mais quand, en prenant la
main de Pygmalion, elle s'e? crie: -- C'est encore moi! -- il s'agit
de? ja` d'un sentiment qui de? passe de beaucoup la sphe`re des ide? es
abstraites. L'ide? alisme de? pouille? du sentiment a ne? anmoins l'a-
vantage d'exciter au plus haut degre? l'activite? de l'esprit; mais
la nature et l'amour perdent tout leur charme parce syste`me;
car si les objets que nous voyons et les e^tres que nous aimons ne
sont rien que l'oeuvre de nos ide? es, c'est l'homme lui-me^me
qu'on peut conside? rer alors comme le grand ce? libataire des
mondes.
Il faut reconnai^tre cependant deux grands avantages de la
doctrine de Fichte: l'un, sa morale stoi? que, qui n'admet aucune
excuse; car tout venant du MOI , c'est a` ce MOI seul a` re? pondre
de l'usage qu'il fait de sa volonte? : l'autre, un exercice dela
pense? e tellement fort et subtil en me^me temps, que celui qui a
bien compris ce syste`me, du^t-il ne pas l'adopter, aurait acquis
une puissance d'attention et une sagacite? d'analyse qu'il pourrait
ensuite appliquer en se jouant a` tout autre genre d'e? tude. De quelque manie`re qu'on juge l'utilite? de la me? taphysique,
on ne peut nier qu'elle ne soit la gymnastique de l'esprit. On
impose aux enfants divers genres de lutte dans leurs premie`res
anne? es, quoiqu'ils ne soient point appele? s a` se battre un jourde cette manie`re. On peut dire avec ve? rite? que l'e? tude de la me? -
taphysique ide? aliste est presque un moyen su^r de de? velopper les
faculte? s morales de ceux qui s'y livrent. La pense? e re? side, comme
tout ce qui est pre? cieux, au fond de nous-me^mes; car a` la super-
ficie, il n'y a rien que de la sottise ou de l'insipidite? . Mais quand
on oblige de bonne heure les hommes a` creuser dans leur re? -
flexion, a` tout voir dans leur a^me, ils y puisent une force et une
since? rite? de jugement qui ne se perdent jamais.
Fichte est dans les ide? es abstraites une te^te mathe? matique
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 43S DES PHILOSOPHES ALLEHAM>S.
comme E"ler ou la Grange. Il me? prise singulie`rement toutes
les expressions un peu substantielles: l'existence est de? ja` un
mot trop prononce? pour lui. L'e^tre, le principe, l'essence, sont
a` peine des paroles assez e? the? re? es pour indiquer les subtiles
nuances de ses opinions. On dirait qu'il craint le contact des
choses re? elles, et qu'il tend toujours a` y e? chapper. A force de le
lire ou de s'entretenir avec lui, l'on perd la conscience de ce
monde, et l'on a besoin, comme les ombres que nous peint
Home`re, de rappeler en soi les souvenirs de la vie.
Le mate? rialisme absorbe l'a^me en la de? gradant; l'ide? alisme
de Fichte,a` force de l'exalter, la se? pare de la nature. Dans l'un
et l'autre extre^me, le sentiment, qui est la ve? ritable beaute? de
l'existence, n'a point le rang qu'il me? rite.
Schelling a bien plus de connaissance de la nature et des
beaux-arts que Fichte; et son imagination pleine de vie ne sau-
rait se contenter des ide? es abstraites; mais, de me^me que Fichte,
il a pour but de re? duire l'existence a` un seul principe. Il traite
avec un profond de? dain tous les philosophes qui en admettent
deux; et il ne veut accorder le nom de philosophie qu'au sys-
te`me dans lequel tout s'enchai^ne, et qui explique tout. Certaine-
ment il a raison d'affirmer que celui-la` serait le meilleur, mais
ou` est-il? Schelling pre? tend que rien n'est plus absurde que cette
expression commune? ment rec? ue: la philosophie de Platon, la
philosophie d'Aristote. Dirait-on la ge? ome? trie d'Euler, la ge? ome? -
trie de la Grange? Il n'y a qu'une philosophie, selon l'opinion de
Schelling, ou il n'y en a point. Certes, si l'on n'entendait par
philosophie que le mot de l'e? nigme de l'univers, on pourrait dire
avec ve? rite? qu'il n'y a point de philosophie.
Le syste`me de Kant parut insuffisant a` Schelling comme a`
Fichte, parce qu'il reconnai^t deux natures, deux sources de nos
ide? es, les objets exte? rieurs et les faculte? s de l'a^me. Mais pour
arriver a` cette unite? tant de? sire? e, pour se de? barrasser de cette
double vie physique et morale, qui de? plai^t tant aux partisans des
ide? es absolues, Schelling rapporte tout a` la nature, tandis queFichte fait tout ressortir de l'a^me. Fichte ne voit dans la nature
que l'oppose? de l'a^me: elle n'est a` ses yeux qu'une limite ou
qu'une chai^ne, dont il faut travailler sans cesse a` se de? gager. Le
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syste`me de Schelling repose et charme davantage l'imagination, ne? anmoins il rentre ne? cessairement dans celui de Spinosa ; mais,
au lieu de faire descendre l'a^me jusqu'a` la matie`re, comme cela
s'est pratique?
de nos jours, Schelling ta^che d'e? lever la matie`re
jusqu'a` l'a^me; et quoique sa the? orie de? pende en entier de la na-
ture physique, elle est cependant tre`s-ide? aliste dans le fond, et
plus encore dans la forme.
L'ide? al et le re? el tiennent, dans son langage, la place de l'in-
telligence et de la matie`re, de l'imagination et de l'expe? rience;
et c'est dans la re? union de ces deux puissances en une harmouie
oomple`te que consiste, selon lui, le principe unique et absolu
de l'univers organise? . Cette harmonie, dont les deux po^les et le
centre sont l'image, et qui est renferme? e dans le nombre trois,
de tout temps si myste? rieux, fournit a` Schelling les applications
les plus inge? nieuses. Il croit la retrouver dans les beaux-arts
comme dans la nature, et ses ouvrages sur les sciences physiques
sont estime? s me^me des savants, qui ne conside`rent que les faits
et les re? sultats. Enfin, dans l'examen de l'a^me, il cherche a`
de? montrer comment les sensations et les conceptions intellec-
tuelles se confondent dans le sentiment qui re? unit ce qu'il y a
d'involontaire et de re? fle? chi dans les unes et dans les autres, et
contient ainsi tout le myste`re de la vie.
Ce qui inte? resse surtout dans ces syste`mes, ce sont leurs de? ve-
loppements. La base premie`re de la pre? tendue explication du
monde est e? galement vraie comme e? galement fausse dans la
plupart des the? ories, car toutes sont comprises dans l'immense
pense? e qu'elles veulent embrasser; mais dansl'application aux
chosesde ce monde , ces the? ories sont tre`s-spirituelles, et re? -
paudeut souvent de grandes lumie`res sur plusieurs objets en par-
ticulier.
Schelling s'approche beaucoup, on ne saurait le nier, des
philosophes appele? s panthe? istes, c'est-a`-dire, de ceux qui ac-
cordent a` la nature les attributs dela Divinite? . Mais ce qui le
distingue, c'est l'e? tonnante sagacite? avec laquelle il a su rallier
a` sa doctrine les sciences et les arts ; il instruit, il donne a` penser
dans chacune de ses observations, et la profondeur de son es-
prit e? tonne, surtout quand il ne pre? tend pas l'appliquer au secret
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de l'univers; car aucun homme ne peut atteindre a` un genre de
supe? riorite? qui ne saurait exister entre des e^tres de la me^me es-
pe`ce, a` quelque distance qu'ils soient l'un de l'autre.
Pour conserver des ide? es religieuses au milieu de l'apothe? ose
de la nature, l'e? cole de Schelling suppose que l'individu pe? rit
en nous, mais que les qualite? s intimes que nous posse? dons
rentrent dans le grand tout de la cre? ation e? ternelle. Cette im-
mortalite? -la` ressemble terriblement a` la mort; car la mort
physique elle-me^me n'est autre chose que la nature universelle
qui se ressaisit des dons qu'elle avait faits a` l'individu. Schelling tire de son syste`me des conclusions tre`s-nobles sur
la ne? cessite? de cultiver dans notre a^me les qualite? s immortelles,
celles qui sont en relation avec l'univers, etde me? priseren nous-me^mes tout ce qui ne tient qu'a` nos circonstances. Mais les affec-
tions du coeur et la conscience elle-me^me ne sont-elles pas atta-
che? es aux rapports de cette vie ? Nous e? prouvons dansla plupart des
situations deux mouvements tout a` fait distincts, celui qui nous
unit a` l'ordre ge? ne? ral, et celui qui nous rame`ne a` nos inte? re^ts particuliers; le sentiment du devoir, et la personnalite? . Le plus
noble de ces deux mouvements, c'est l'universel. Mais c'est pre? ci-
se? ment parce que nous avons un instinct conservateur de l'exis-
tence, qu'il est beau dela sacrifier; c'est parce que nous sommes
des e^tres concentre? s en nous-me^mes, que notre attraction vers
l'ensembleest ge? ne? reuse; enfm , c'est parce que nous subsistons
individuellement et se? pare? ment que nous pouvons nous choisir
et nous aimer les uns et les autres : que serait donc cette immor-
talite? abstraite qui nous de? pouillerait de nos souvenirs les plus
chers comme de modifications accidentelles?
Voulez-vous, disent-ils en Allemagne, ressusciter avec toutes
vos circonstances actuelles, renai^tre baron ou marquis? -- Non
sans doute; mais qui ne voudrait pas renai^tre fille et me`re, et
comment serait-on soi si l'on ne ressentait plus les me^mes ami-
tie? s! Les vagues ide? es de re? union avec la nature de? truisent a` la
longue l'empire de la religion sur les a^mes, car la religion s'a-
dresse a` chacun de nous en particulier. La Providence nous
prote? ge dans tous les de? tails de notre sort. Le christianisme se
proportionne a` tous les esprits, et re? pond comme un confident
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aux besoinsindividuels de notre coeur. Le panthe? isme, au con-
traire , c'est-a`-dire la nature divinise? e, a` force d'inspirer de la
religion pour tout, la disperse sur l'univers, et ne la concentre
point en nous-me^mes.
Ce syste`me a eu dans tous les temps beaucoup de partisans
parmi les philosophes. La pense? e tend toujoursa` se ge? ne? raliser de
plus en plus, et l'on prend quelquefois pour une ide? e nouvelle
ce travail de l'esprit qui s'en va toujours o^tant ses homes. Ou
croit parvenir a` comprendre l'univers comme l'espace, en ren-
versant toujours les barrie`res, en reculant les difficulte? s sans les
re? soudre, et l'on n'approche pas davantage ainsi de l'infini. Le sentiment seul nous le re? ve`le sans nous l'expliquer.
Ce qui est vraiment admirable dans la philosophie allemande,
c'est l'examen qu'elle nous fait faire de nous-me^mes; elle re-
monte jusqu'a` l'origine dela volonte? , jusqu'a` cette source in-
connue du fleuve de notre vie ; et c'est la` que, pe? ne? trant dans les
secrets les plus intimes de la douleur et de la foi, elle nous e? claire
etnous affermit. Mais tous les syste`mes qui aspirent a` l'explication
de l'univers ne peuvent gue`re e^tre analyse? s clairement paraucuue
parole : les mots ne sont pas propres a` ce genre d'ide? es, et il en
re? sulte que, pour les y faire servir, on re? pand sur toutes choses
l'obscurite? qui pre? ce? da la cre? ation, mais non la lumie`re qui l'a
suivie. Les expressions scientifiques prodigue? es sur un sujet au-
quel tout le monde croit avoir des droits re? voltent l'amour-pro-
pre. Ces e? crits si difficiles a` comprendre pre^tent, quelque se? -
rieux qu'on soit, a` la plaisanterie, car il y a toujours des me? -
prises dans les te? ne`bres. L'on se plai^t a` re? duire a` quelques asser-
tions principales et faciles a` combattre, cette foule de nuances et
de restrictions qui paraissent toutes sacre? es a` l'auteur, mais que
biento^t les profanes oublient ou confondent.
Les Orientaux ont e? te? de tout temps ide? alistes, et l'Asie ne
ressemble en rien au midi de l'Europe. L'exce`s de la chaleur
porte dans l'Orient a` la contemplation, comme l'exce`s du froid
dans le Nord. Les syste`mes religieux de l'Inde sont tre`s-me? lan-
coliques, et tre`s-spiritualistes, tandis que les peuples du midi de
l'Europe ont toujours eu du penchant pour un paganisme assez
mate? riel. Les savants anglais qui ont voyage? dans l'Inde ont
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fait de profondes recherches sur l'Asie : et des Allemands, qui
n'avaient pas, comme les princes de la mer, les occasions de
s'instruire parleurs propres yeux, sont arrive? s, avec l'unique
secours de l'e? tude, a` des de? couvertes tre`s-inte? ressantes sur la
religion, la litte? rature et les langues des nations asiatiques; ils
sont porte? s a` croire, d'apre`s plusieurs indices, que des lumie`res
surnaturelles ont e? claire? jadis les peuples de ces contre? es, et
qu'il en est reste? des traces ineffac? ables. La philosophie des In-
diens ne peut e^tre bien comprise que parles ide? alistes allemands:
les rapports d'opinion les aident a` la concevoir.
Fre? de? ric Schlegel, non content de savoir presque toutes les
langues de l'Europe, a consacre? des travaux inoui? s a` la connais-
sance de ce pays, berceau du monde. L'ouvrage qu'il vient de
publier sur la langue et la philosophie des Indiens, contient
des vues profondes et des connaissances positives qui doivent
fixer l'attention des hommes e? claire? s de l'Europe. Il croit, et
plusieurs philosophes, au nombre desquels il faut compter
Bailly, ont soutenu la me^me opinion, qu'un peuple primitifa
occupe? quelques parties de la terre, et particulie`rement l'Asie,
dans une e? poque ante? rieure a` tous les documents de l'histoire.
Fre? de? ric Schlegel trouve des traces de ce peuple dans la culture
intellectuelle des nations et dans la formation des langues. Il
remarque une ressemblance extraordinaire entre les ide? es prin-
cipales , et me^me les mots qui les expriment chez plusieurs peu-
ples du monde, alors me^me que, d'apre`s ce que nous connais-
sons de l'histoire, ils n'ont jamais eu de rapport entre eux.
Fre? de? ric Schlegel n'admet point dans ses e?