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les cimes des pins grincent en se heurtant
Et l'on entend aussi se lamenter l'autan
Et du fleuve prochain a grand'voix triomphales
Les elfes rire au vent ou corner aux rafales
Attys Attys Attys charmant et debraille
C'est ton nom qu'en la nuit les elfes ont raille
Parce qu'un de tes pins s'abat au vent gothique
La foret fuit au loin comme une armee antique
Dont les lances o pins s'agitent au tournant
Les           eteints meditent maintenant
Comme les vierges les vieillards et les poetes
Et ne s'eveilleront au pas de nul venant
Ni quand sur leurs pigeons fondront les gypaetes


LUL DE FALTENIN

A Louis de Gonzague Frick

Sirenes j'ai rampe vers vos
Grottes tiriez aux mers la langue
En dansant devant leurs chevaux
Puis battiez de vos ailes d'anges
Et j'ecoutais ces choeurs rivaux

Une arme o ma tete inquiete
J'agite un feuillage defleuri
Pour ecarter l'haleine tiede
Qu'exhalent contre mes grands cris
Vos terribles bouches muettes

Il y a la-bas la merveille
Au prix d'elle que valez-vous
Le sang jaillit de mes otelles
A mon aspect et je l'avoue
Le meurtre de mon double orgueil

Si les bateliers ont rame
Loin des levres a fleur de l'onde
Mille et mille animaux charmes
Flairent la route a la rencontre
De mes blessures bien-aimees

Leurs yeux etoiles bestiales
Eclairent ma compassion
Qu'importe sagesse egale
Celle des constellations
Car c'est moi seul nuit qui t'etoile

Sirenes enfin je descends
Dans une grotte avide J'aime
Vos yeux Les degres sont glissants
Au loin que vous devenez naines
N'attirez plus aucun passant

Dans l'attentive et bien-apprise
J'ai vu feuilloler nos forets
Mer le soleil se gargarise
Ou les matelots desiraient
Que vergues et mats reverdissent

Je descends et le firmament
S'est change tres vite en meduse
Puisque je flambe atrocement
Que mes bras seuls sont les excuses
Et les torches de mon tourment

Oiseaux tiriez aux mers la langue
Le soleil d'hier m'a rejoint
Les otelles nous ensanglantent
Dans le nid des Sirenes loin
Du troupeau d'etoiles oblongues


LA TZIGANE

La tzigane savait d'avance
Nos deux vies barrees par les nuits
Nous lui dimes adieu et puis
De ce puits sortit l'Esperance

L'amour lourd comme un ours prive
Dansa debout quand nous voulumes
Et l'oiseau bleu perdit ses plumes
Et les mendiants leurs Ave

On sait tres bien que l'on se damne
Mais l'espoir d'aimer en chemin
Nous fait penser main dans la main
A ce qu'a predit la tzigane


L'ERMITE

A Felix Feneon

Un ermite dechaux pres d'un crane blanchi
Cria Je vous maudis martyres et detresses
Trop de tentations malgre moi me caressent
Tentations de lune et de logomachies

Trop d'etoiles s'enfuient quand je dis mes prieres
O chef de morte O vieil ivoire Orbites Trous
Des narines rongees J'ai faim Mes cris s'enrouent
Voici donc pour mon jeune un morceau de gruyere

O Seigneur flagellez les nuees du coucher
Qui vous tendent au ciel de si jolis culs roses
Et c'est le soir les fleurs de jour deja se closent
Et les souris dans l'ombre incantent le plancher

Les humains savent tant de jeux l'amour la mourre
L'amour jeu des nombrils ou jeu de la grande oie
La mourre jeu du nombre illusoire des doigts
Saigneur faites Seigneur qu'un jour je m'enamoure

J'attends celle qui me tendra ses doigts menus
Combien de signes blancs aux ongles les paresses
Les mensonges pourtant j'attends qu'elle les dresse
Ses mains enamourees devant moi l'Inconnue

Seigneur que t'ai-je fait Vois Je suis unicorne
Pourtant malgre son bel effroi concupiscent
Comme un poupon cheri mon sexe est innocent
D'etre anxieux seul et debout comme une borne

Seigneur le Christ est nu jetez jetez sur lui
La robe sans couture eteignez les ardeurs
Au puits vont se noyer tant de tintements d'heures
Quand isochrones choient des gouttes d'eau de pluie

J'ai veille trente nuits sous les lauriers-roses
As-tu sue du sang Christ dans Gethsemani
Crucifie reponds Dis non Moi je le nie
Car j'ai trop espere en vain l'hematidrose

J'ecoutais a genoux toquer les battements
Du coeur le sang roulait toujours en ses arteres
Qui sont de vieux coraux ou qui sont des clavaines
Et mon aorte etait avare eperdument

Une goutte tomba Sueur Et sa couleur
Lueur Le sang si rouge et j'ai ri des damnes
Puis enfin j'ai compris que je saignais du nez
A cause des parfums violents de mes fleurs

Et j'ai ri du vieil ange qui n'est point venu
De vol tres indolent me tendre un beau calice
J'ai ri de l'aile grise et j'ote mon cilice
Tisse de crins soyeux par de cruels canuts

Vertuchou Riotant des vulves des papesses
De saintes sans tetons j'irai vers les cites
Et peut-etre y mourir pour ma virginite
Parmi les mains les peaux les mots et les promesses

Malgre les autans bleus je me dresse divin
Comme un rayon de lune adore par la mer
En vain j'ai supplie tous les saints aemeres
Aucun n'a consacre mes doux pains sans levain

Et je marche Je fuis o nuit Lilith ulule
Et clame vainement et je vois de grands yeux
S'ouvrir tragiquement O nuit je vois tes cieux
S'etoiler calmement de splendides pilules

Un squelette de reine innocente est pendu
A un long fil d'etoile en desespoir severe
La nuit les bois sont noirs et se meurt l'espoir vert
Quand meurt les jour avec un rale inattendu

Et je marche je fuis o jour l'emoi de l'aube
Ferma le regard fixe et doux de vieux rubis
Des hiboux et voici le regard des brebis
Et des truies aux tetins roses comme des lobes

Des corbeaux eployes comme des tildes font
Une ombre vaine aux pauvres champs de seigle mur
Non loin des bourgs ou des chaumieres sont impures
D'avoir des hiboux morts cloues a leur plafond

Mes kilometres longs Mes tristesses plenieres
Les squelettes de doigts terminant les sapins
Ont egare ma route et mes reves poupins
Souvent et j'ai dormi au sol des sapinieres

Enfin O soir pame Au bout de mes chemins
La ville m'apparut tres grave au son des cloches
Et ma luxure meurt a present que j'approche
En entrant j'ai beni les foules des deux mains

Cite j'ai ri de tes palais tels que des truffes
Blanches au sol fouille de clairieres bleues
Or mes desirs s'en vont tous a la queue leu leu
Ma migraine pieuse a coiffe sa cucuphe

Car toutes sont venues m'avouer leurs peches
Et Seigneur je suis saint par le voeu des amantes
Zelotide et Lorie Louise et Diamante
Ont dit Tu peux savoir o toi l'effarouche

Ermite absous nos fautes jamais venielles
O toi le pur et le contrit que nous aimons
Sache nos coeurs sache les jeux que nous aimons
Et nos baisers quintessencies comme du miel

Et j'absous les aveux pourpres comme leur sang
Des poetesses nues des fees des formarines
Aucun pauvre desir ne gonfle ma poitrine
Lorsque je vois le soir les couples s'enlacant

Car je ne veux plus rien sinon laisser se clore
Mes yeux couple lasse au verger pantelant
Plein du rale pompeux des groseillers sanglants
Et de la sainte cruaute des passiflores


AUTOMNE

Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux
Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Et s'en allant la-bas le paysan chantonne
Une chanson d'amour et d'infidelite
Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise

Oh!