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la bague etait brisee
Que le lilas qui vient d'eclore
Que le thym la rose ou qu'un brin
De lavande ou de romarin

Les musiciens s'en etant alles
Nous continuames la promenade

Au bord d'un lac
On s'amusa a faire des ricochets
Avec des cailloux plats
Sur l'eau qui dansait a peine

Des barques etaient amarrees
Dans un havre
On les detacha
Apres que toute la troupe se fut embarquee
Et           morts ramaient
Avec autant de vigueur que les vivants

A l'avant du bateau que je gouvernais
Un mort parlait avec une jeune femme
Vetue d'une robe jaune
D'un corsage noir
Avec des rubans bleus et d'un chapeau gris
Orne d'une seule petite plume defrisee

Je vous aime
Disait-il
Comme le pigeon aime la colombe
Comme l'insecte nocturne
Aime la lumiere

Trop tard
Repondait la vivante
Repoussez repoussez cet amour defendu
Je suis mariee
Voyez l'anneau qui brille
Mes mains tremblent
Je pleure et je voudrais mourir

Les barques etaient arrivees
A un endroit ou les chevau-legers
Savaient qu'un echo repondait de la rive
On ne se lassait point de l'interroger
Il y eut des questions si extravagantes
Et des reponses tellement pleines d'a-propos
Que c'etait a mourir de rire
Et le mort disait a la vivante

Nous serions si heureux ensemble
Sur nous l'eau se refermera
Mais vous pleurez et vos mains tremblent
Aucun de nous ne reviendra

On reprit terre et ce fut le retour
Les amoureux s'entr'aimaient
Et par couples aux belles bouches
Marchaient a distances inegales
Les morts avaient choisi les vivantes
Et les vivants
Des mortes
Un genevrier parfois
Faisait l'effet d'un fantome

Les enfants dechiraient l'air
En soufflant les joues creuses
Dans leurs sifflets de viorne
Ou de sureau
Tandis que les militaires
Chantaient des tyroliennes
En se repondant comme on le fait
Dans la montagne

Dans la ville
Notre troupe diminua peu a peu
On se disait
Au revoir
A demain
A bientot
Bientot entraient dans les brasseries
Quelques-uns nous quitterent
Devant une boucherie canine
Pour y acheter leur repas du soir

Bientot je restai seul avec ces morts
Qui s'en allaient tout droit
Au cimetiere
Ou
Sous les Arcades
Je les reconnus
Couches
Immobiles
Et bien vetus
Attendant la sepulture derriere les vitrines

Ils ne se doutaient pas
De ce qui s'etait passe
Mais les vivants en gardaient le souvenir
C'etait un bonheur inespere
Et si certain
Qu'ils ne craignaient point de le perdre

Ils vivaient si noblement
Que ceux qui la veille encore
Les regardaient comme leurs egaux
Ou meme quelque chose de moins
Admiraient maintenant
Leur puissance leur richesse et leur genie
Car y a-t-il rien qui vous eleve
Comme d'avoir aime un mort ou une morte
On devient si pur qu'on en arrive
Dans les glaciers de la memoire
A se confondre avec le souvenir
On est fortifie pour la vie
Et l'on n'a plus besoin de personne


CLOTILDE

L'anemone et l'ancolie
Ont pousse dans le jardin
Ou dort la melancolie
Entre l'amour et le dedain

Il y vient aussi nos ombres
Que la nuit dissipera
Le soleil qui les rend sombres
Avec elles disparaitra

Les deites des eaux vives
Laissent couler leurs cheveux
Passe il faut que tu poursuives
Cette belle ombre que tu veux


CORTEGE

A M.