diatement sur ces notions, parce que c'est dans cel-
les-la` seulement que la certitude peut exister.
les-la` seulement que la certitude peut exister.
Madame de Stael - De l'Allegmagne
cessairement, lui dit celui qui les enseignait, que
Votre Altesse se donne la peine d'e? tudier pour savoir; car il n'y
a point de route royale en mathe? matiques. -- Le public franc? ais,
qui a tant de raisons de se croire un prince, permettra bien qu'on
lui dise qu'il n'y a point de route royale en me? taphysique, et
que, pour arrivera la conception d'une the? orie quelconque, il
faut passer par les interme? diaires qui ont conduit l'auteur lui-me^me aux re? sultats qu'il pre? sente.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 417
La philosophie mate? rialiste livrait l'entendement humain a` l'empire des objets exte? rieurs, la morale a` l'inte? re^t personnel,
et re? duisait le beau a` n'e^tre que l'agre? able. Kant voulut re? tablir
les ve? rite? s primitives et l'activite? spontane? e dans l'a^me, la cons-
cience dans la morale, et l'ide? al dans les arts. Examinons main-
tenant de quelle manie`re il a atteint ces diffe? rents buts.
A l'e? poque ou` parut la Critique de la Raison pure, il n'exis-
tait que deux syste`mes sur l'entendement humain parmi les
penseurs: l'un, celui de Locke, attribuait toutes nos ide? es a`
nos sensations; l'autre, celui de Descartes et de Leibnitz, s'at-
tachait a` de? montrer la spiritualite? et l'activite? de l'a^me, le libre
arbitre, enfin toute la doctrine ide? aliste; mais ces deux philoso-
phes appuyaient la doctrine sur des preuves purement spe? cu-
latives. J'ai expose? , dans le chapitre pre? ce? dent, les inconve? nients
qui re? sultent de ces efforts d'abstraction, qui arre^tent, pour
ainsi dire , notre sang dans nos veines, afin que les faculte? s in-
tellectuelles re`gnent seules en nous. La me? thode alge? brique
applique? e a` des objets qu'on ne peut saisir par le raisonnement
seul, ne laisse aucune trace durable dans l'esprit. Pendant
qu'on lit ces e? crits sur les hautes conceptions philosophiques,
on croit les comprendre, on croit les croire, mais les arguments
qui ont paru les plus convaincants e? chappent biento^t au souve-
nir.
L'homme, lasse? de ces efforts , se borne-t-il a` ne rien con-
nai^tre que par les sens: tout sera douleur pour son a^me. Aura-
t-il l'ide? e de l'immortalite? , quand les avant-coureurs de la des-
truction sont si profonde? ment grave? s sur le visage des mortels,
et que la nature vivante tombe sans cesse en poussie`re? Lorsque
tous les sens parlent de mourir, quel faible espoir nous entre-
tiendrait de renai^tre? Si l'on ne consultait que les sensations,
quelle ide? e se ferait-on de la bonte? supre^me? Tant de douleurs
se disputent notre vie, tant d'objets hideux de? shonorent la na-
ture, que la cre? ature infortune? e maudit cent fois l'existence,
avant qu'une dernie`re convulsion la lui ravisse. L'homme, au
contraire, rejette-t-il le te? moignage des sens : comment se gui-
dera-t-il sur cette terre? et s'il n'en croyait qu'eux cependant,
quel enthousiasme, quelle morale, quelle religion re? sisteraient
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 418 KANT.
aux assauts re? ite? re? s que leur livreraient tour a` tour la douleur et
le plaisir?
La re? flexion errait dans cette incertitude immense, lorsque
Kant essaya de tracer les limites des deux empires, des sens et
de l'a^me, de la nature exte? rieure et de lanature intellectuelle.
La puissance de me? ditation et la sagesse avec laquelle il marqua
ces limites, n'avaient peut-e^tre point eu d'exemple avant lui; il
ne s'e? gara point dans de nouveaux syste`mes sur la cre? ation de
l'univers; il reconnut les bornes que les myste`res e? ternels im-
posent a` l'esprit humain; et ce qui sera nouveau peut-e^tre pour
ceux qui n'ont fait qu'entendre parler de Kant, c'est qu'il n'y a
point eu de philosophe plus oppose? , sous plusieurs rapports , a`
la me? taphysique; il ne s'est rendu si profond dans cette science
que pour employer les moyens me^mes qu'elle donne a` de? mon-
trer son insuffisance. On dirait que, nouveau Curtius, il s'est jete?
dans le gouffre de l'abstraction pour le combler.
Locke avait combattu victorieusement la doctrine des ide? es
inne? es dans l'homme, parce qu'il a toujours repre? sente? les ide? es
comme faisant partie des connaissances expe? rimentales. L'exa-
men de la raison pure, c'est-a`-dire des faculte? s primitives dont
l'intelligence se compose, ne fixa pas son attention. Leibnitz,
comme nous l'avons dit plus haut, prononc? a cet axiome subli-
me: << Il n'y a rien dans l'intelligence qui ne vienne par les sens,
si ce n'est l'intelligence elle-me^me. >> Kant a reconnu, de
me^me que Locke, qu'il n'y a point d'ide? es inne? es, mais il s'est
propose? de pe? ne? trer dans le sens de l'axiome de Leibnitz, en
examinant quelles sont les lois et les sentiments qui constituent
l'essence de l'a^me humaine, inde? pendamment de toute expe? -
rience. La Critique de la Raison pure s'attache a` montrer en
quoi consistent ces lois, et quels sont les objets sur lesquels elles
peuvent s'exercer.
Le scepticisme, auquel le mate? rialisme conduit presque tou-
jours, e? tait porte? s! loin, que Hume avait fini par e? branler la base
du raisonnement me^me, en cherchant des arguments contre
l'axiome << qu'il n'y a point d'effet sans cause. >> Ettelle est l'insta-
bilite? de la nature humaine, quand on ne place pas au centre de
l'a^me le principe de toute conviction, que l'incre? dulite? , qui com-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? KANT. 419
menee par attaquer l'existence du monde moral, arrive a` de? faire
aussi le monde mate? riel, dont elle s'e? tait d'abord servie pour ren-
verser l'autre.
Kant voulait savoir si la certitude absolue e? tait possible a` l'es-
prit humain , et il ne la trouva que dans les notions ne? cessaires,
c'est-a`-dire, dans toutes les lois de notre entendement, dont la
nature est telle que nous ne puissions rien concevoir autrement
que ces lois ne nous le repre? sentent.
Au premier rang des formes impe? ratives de notre esprit, sont
l'espace et le temps. Kant de? montre que toutes nos perceptions
sont soumises a` ces deux formes; il en conclut qu'elles sont en
nous et non pas dans les objets,et qu'a` cet e? gard , c'est notre en-
tendement qui donne des lois a` la nature exte? rieure, au lieu d'en
recevoir d'elle. La ge? ome? trie, qui mesure l'espace, et l'arith-
me? tique, qui divise le temps, sont des sciences d'une e? vidence
comple`te, parce qu'elles reposent sur les notions ne? cessaires de
notre esprit.
Les ve? rite? s acquises par l'expe? rience n'emportent jamais avec
elles cette certitude absolue ; quand on dit: Le soleil se le`ve cha-
que jour, tous les hommes sont mortels, etc. , l'imagination
pourrait se figurer une exception a` ces ve? rite? s, que l'expe? rience
seulefait conside? rer comme indubitables; mais l'imagination elle-me^me ne saurait rien supposer hors de l'espace et du temps; et
l'on ne peut conside? rer comme un re? sultat de l'habitude, c'est-a`-
dire, de la re? pe? tition constante des me^mes phe? nome`nes, ces for-
mes de notre pense? e que nous imposons aux choses; les sensa-
tions peuvent e^tre douteuses, mais le prisme a` travers lequel nous
les recevons est immuable.
A cette intuition primitive de l'espace et du temps, il faut ajou-
ter ou pluto^t donner pour base les principes du raisonnement,
sans lesquels nous ne pouvons rien comprendre, et qui sont les
lois de notre intelligence; la liaison des causes et des effets, l'u-
nite? , la pluralite? , la totalite? , la possibilite? , la re? alite? , la ne? ces-
site? , etc. '. Kant les conside`re e? galement comme des notions
ne? cessaires, et il n'e? le`ve au rang des sciences que celles qui sont
1 Kant donne le nom de cate? gorie aux diverses notions ne? cessaire>> de l'en-
tendement dont il pre? sente le tableau.
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? 420 KANT.
fonde? es imme?
diatement sur ces notions, parce que c'est dans cel-
les-la` seulement que la certitude peut exister. Les formes du rai-
sonnement n'ont de re? sultat que quand on les applique au jugement des objets exte? rieurs; et, dans cette application, elles sont
sujettes a` l'erreur: mais elles n'en sont pas moins ne? cessaires en
elles-me^mes; c'est-a`-dire que nous ne pouvons nous en de? partir
dans aucune de nos pense? es; il nous est impossible de nous rien
figurer hors des relations de causes et d'effets, de possibilite? , de
quantite? , etc. ; et ces notions sont aussi inhe? rentes a` notre con-
ception que l'espace et le temps. Nous n'apercevons rien qu'a` tra-
vers les lois immuables de notre manie`re de raisonner; donc ces
lois aussi sont en nous-me^mes, et non au dehors de nous.
On appelle, dans la philosophie allemande, ide? es subjectives
celles qui naissent de la naturede notre intelligence et de ses fa-
culte? s et ide? es, objectives toutes celles qui sont excite? es par les
sensations. Quelle que soit la de? nomination qu'on adopte a` cet
e? gard, il me semble que l'examen de notre esprit s'accorde avec
la pense? e dominante de Kant, c'est-a`-dire, la distinction qu'il
e? tablit entre les formes de notre entendement et les objets que
nous connaissons d'apre`s ces formes; et, soit qu'il s'en tienne aux
conceptions abstraites, soit qu'il en appelle, dans la religion et
dans la morale, aux sentiments qu'il conside`re aussi comme in-
de? pendants de l'expe? rience, rien n'est plus lumineux que la ligne
de de? marcation qu'il trace entre ce qui nous vient parles sensa-
tions , et ce qui tient a` l'action spontane? e de notre a^me.
Quelques mots de la doctrine de Kant ayant e? te? mal interpre? -
te? s, on a pre? tendu qu'il croyait aux connaissances a` priori, c'est-
a`-dire , a` celles qui seraient grave? es dans notre esprit avant que
nous les eussions apprises. D'autres philosophes allemands,
plus rapproche? s du syste`me de Platon , ont en effet pense? que le
type du monde e? tait dans l'esprit humain, et que l'homme ne
pourrait concevoir l'univers s'il n'en avait pas l'image inne? e en lui-me^me; mais il n'est pas question de cette doctrine dans Kant:
il re? duit les sciences intellectuelles a` trois, la logique, la me? taphy-
sique et les mathe? matiques. La logique n'enseigne rien par elle-
me^me; mais comme elle repose sur les lois de notre entendement,
elle est incontestable dans ses principes, abstraitement conside? -
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? KAJiT. 421
re? s; cette science ne peut conduire a` la ve? rite? que dans son ap-
plication aux ide? es et aux choses; ses principes sont inne? s, son
application est expe? rimentale. Quant a` la me? taphysique, Kant nie
son existence, puisqu'il pre? tend que le raisonnement ne peut
avoir lieu que dans la sphe`re de l'expe? rience. Les mathe? matiques
seules lui paraissent de? pendre imme? diatement de la notion de
l'espace et du temps, c'est-a`-dire, des lois de notre entendement,
ante? rieures a` l'expe? rience. Il cherche a` prouver que les mathe? -
matiques ne sont pointune simpleanalyse, mais une science syn-
the? tique, positive, cre? atrice et certaine par elle-me^me, sans qu'on
ait besoin de recourir a` l'expe? rience pour s'assurer de sa ve? rite? .
On peut e? tudier dans le livre de Kant les arguments sur lesquels
il appuie cette manie`re de voir; mais au moins est-il vrai qu'il n'y
a point d'homme plus oppose? a` ce qu'on appelle la philosophie
des re^veurs, et qu'il aurait pluto^t du penchant pour une fac? on de
penser se`che et didactique, quoique sa doctrine ait pour objet de
relever l'espe`ce humaine, de? grade? e par la philosophie mate? rialiste.
Loin de rejeter l'expe? rience, Kant conside`re l'oeuvre de la vie
comme n'e? tant autre chose que l'action de nos faculte? s inne? es sur
les connaissances qui nous viennent du dehors. Il croit que l'ex-
pe? rience ne serait qu'un chaos sans les lois de l'entendement,
mais que les lois de l'entendement n'ont pour objet que les e? le? -
ments donne? s par l'expe? rience. Il s'ensuit qu'au-dela` de ses limi-
tes la me? taphysique elle-me^me ne peut rien nous apprendre, et
que c'est au sentiment que l'on doit attribuer la prescience et la
conviction de tout ce qui sort du monde visible.
Lorsqu'on veut se servir du raisonnement seul pour e? tablir
les ve? rite? s religieuses, c'est un instrument pliable en tous sens,
qui peut e? galement les de? fendre et les attaquer, parce qu'on ne
saurait, a` cet e? gard, trouver aucun point d'appui dans l'expe? -
rience. Kant place sur deux lignes paralle`les les arguments pour
et contre la liberte? de l'homme, l'immortalite? de l'a^me , la du-
re? e passage`re ou e? ternelle du monde; et c'est au sentiment
qu'il en appelle pour faire pencher la balance, car les preuves
me? taphysiques lui paraissaient en e? gale force de part et d'autre1.
1 Ces arguments oppose? s sur les grandes questions me? taphysiques sont ap-
pele? s anlinnmii? s dans le livre de Kant.
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? 422 KANT.
Peut-e^tre a-t-il eu tort de pousser jusque-la` le scepticisme du
raisonnement; mais c'est pour ane? antir plus su^rement ce scepti-
cisme, en e? cartant de'certaines questions lesdiscussions abstrai-
tes qui l'ont fait nai^tre.
1 11 serait injuste de soupc? onner la pie? te? since`re de Kant, parce
qu'il a soutenu qu'il y avait parite? entre les raisonnements pour
et contre, dans les grandes questions de la me? taphysique trans-
cendante. Il me semble, au contraire, qu'il y a de la candeur
dans cet aveu. Un si petit nombre d'esprits sont en e? tat de
comprendre de tels raisonnements , et ceux qui en sont capa-
bles ont une telle tendance a` se combattre les uns les autres,
que c'est rendre un grand service a` la foi religieuse, que de ban-
nir la me? taphysique de toutes les questions qui tiennent a` l'exis-
tence de Dieu, au libre arbitre, a` l'origine du bien et du mal.
Quelques personnes respectables ont dit qu'il ne faut ne? gliger
aucune arme, et que les arguments me? taphysiques aussi doi-
vent e^tre employe? s pour persuader ceux sur qui ils ont de l'em-
pire; mais ces arguments conduisent a` la discussion, et la dis-
cussion , au doute, sur quelque sujet que ce soit. Les belles e? poques de l'espe`ce humaine, dans tous les temps,
ont e? te? celles ou` des ve? rite? s d'un certain ordre n'e? taient jamais
conteste? es, ni par des e? crits, ni par des discours. Les passions
pouvaient entrai^ner a` des actes coupables, mais nul ne re? vo-
quait en doute la religion me^me a` laquelle il n'obe? issait pas. Les
sophismes de tout genre, abus d'une certaine philosophie, ont
de? truit, dans divers pays et dans diffe? rents sie`cles, cette noble
fermete? de croyance, source du de? vouement he? roi? que. N'est-ce
donc pas une belle ide? e a` un philosophe, que d'interdire a` la
science me^me qu'il professe l'entre? e du sanctuaire, et d'employer
toute la force de l'abstraction a` prouver qu'il y a des re? gions dont
elle doit e^tre bannie?
Des despotes et des fanatiques ont essaye? de de? fendre a` la
raison humaine l'examen de certains sujets, et toujours la rai-
son s'est affranchie de ces injustes entraves. Mais les bornes
qu'elle s'impose a` elle-me^me, loin de l'asservir, lui donnent
une nouvelle force, celle qui re? sulte toujours de l'autorite? des
lois librement consenties par ceux qui s'y soumettent.
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? KAiYT. 423
Un sourd-muet, avant d'avoir e? te? e? leve? par l'abbe? Sicard,
pourrait avoir une certitude intime de l'existence dela Divinite? .
Beaucoup d'hommes sont aussi loin des penseurs profonds que
les sourds-muets le sont des autres hommes, et cependant ils
n'en sont pas moins susceptibles d'e? prouver, pour ainsi dire,
en eux-me^mes, les ve? rite? s primitives, parce que ces ve? rite? s sont
du ressort du sentiment.
Les me? decins, dans l'e? tude physiquede l'homme, reconnaissent
le principe qui l'anime, et cependant nul ne sait ce que c'est que
la vie; et, si l'on se mettait a` raisonner, on pourrait tre`s-bien,
comme l'ont fait quelques philosophes grecs, prouver aux hom-
mes qu'ils ne vivent pas. Il en est de me^me de Dieu, de la cons-
cience, du libre arbitre. Il faut y croire, parce qu'on les sent:
tout argument sera toujours d'un ordre infe? rieur a` ce fait.
L'anatomie ne peut s'exercer sur un corps vivant sans le de? -
truire; l'analyse, en s'essayant sur des ve? rite?
Votre Altesse se donne la peine d'e? tudier pour savoir; car il n'y
a point de route royale en mathe? matiques. -- Le public franc? ais,
qui a tant de raisons de se croire un prince, permettra bien qu'on
lui dise qu'il n'y a point de route royale en me? taphysique, et
que, pour arrivera la conception d'une the? orie quelconque, il
faut passer par les interme? diaires qui ont conduit l'auteur lui-me^me aux re? sultats qu'il pre? sente.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 417
La philosophie mate? rialiste livrait l'entendement humain a` l'empire des objets exte? rieurs, la morale a` l'inte? re^t personnel,
et re? duisait le beau a` n'e^tre que l'agre? able. Kant voulut re? tablir
les ve? rite? s primitives et l'activite? spontane? e dans l'a^me, la cons-
cience dans la morale, et l'ide? al dans les arts. Examinons main-
tenant de quelle manie`re il a atteint ces diffe? rents buts.
A l'e? poque ou` parut la Critique de la Raison pure, il n'exis-
tait que deux syste`mes sur l'entendement humain parmi les
penseurs: l'un, celui de Locke, attribuait toutes nos ide? es a`
nos sensations; l'autre, celui de Descartes et de Leibnitz, s'at-
tachait a` de? montrer la spiritualite? et l'activite? de l'a^me, le libre
arbitre, enfin toute la doctrine ide? aliste; mais ces deux philoso-
phes appuyaient la doctrine sur des preuves purement spe? cu-
latives. J'ai expose? , dans le chapitre pre? ce? dent, les inconve? nients
qui re? sultent de ces efforts d'abstraction, qui arre^tent, pour
ainsi dire , notre sang dans nos veines, afin que les faculte? s in-
tellectuelles re`gnent seules en nous. La me? thode alge? brique
applique? e a` des objets qu'on ne peut saisir par le raisonnement
seul, ne laisse aucune trace durable dans l'esprit. Pendant
qu'on lit ces e? crits sur les hautes conceptions philosophiques,
on croit les comprendre, on croit les croire, mais les arguments
qui ont paru les plus convaincants e? chappent biento^t au souve-
nir.
L'homme, lasse? de ces efforts , se borne-t-il a` ne rien con-
nai^tre que par les sens: tout sera douleur pour son a^me. Aura-
t-il l'ide? e de l'immortalite? , quand les avant-coureurs de la des-
truction sont si profonde? ment grave? s sur le visage des mortels,
et que la nature vivante tombe sans cesse en poussie`re? Lorsque
tous les sens parlent de mourir, quel faible espoir nous entre-
tiendrait de renai^tre? Si l'on ne consultait que les sensations,
quelle ide? e se ferait-on de la bonte? supre^me? Tant de douleurs
se disputent notre vie, tant d'objets hideux de? shonorent la na-
ture, que la cre? ature infortune? e maudit cent fois l'existence,
avant qu'une dernie`re convulsion la lui ravisse. L'homme, au
contraire, rejette-t-il le te? moignage des sens : comment se gui-
dera-t-il sur cette terre? et s'il n'en croyait qu'eux cependant,
quel enthousiasme, quelle morale, quelle religion re? sisteraient
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 418 KANT.
aux assauts re? ite? re? s que leur livreraient tour a` tour la douleur et
le plaisir?
La re? flexion errait dans cette incertitude immense, lorsque
Kant essaya de tracer les limites des deux empires, des sens et
de l'a^me, de la nature exte? rieure et de lanature intellectuelle.
La puissance de me? ditation et la sagesse avec laquelle il marqua
ces limites, n'avaient peut-e^tre point eu d'exemple avant lui; il
ne s'e? gara point dans de nouveaux syste`mes sur la cre? ation de
l'univers; il reconnut les bornes que les myste`res e? ternels im-
posent a` l'esprit humain; et ce qui sera nouveau peut-e^tre pour
ceux qui n'ont fait qu'entendre parler de Kant, c'est qu'il n'y a
point eu de philosophe plus oppose? , sous plusieurs rapports , a`
la me? taphysique; il ne s'est rendu si profond dans cette science
que pour employer les moyens me^mes qu'elle donne a` de? mon-
trer son insuffisance. On dirait que, nouveau Curtius, il s'est jete?
dans le gouffre de l'abstraction pour le combler.
Locke avait combattu victorieusement la doctrine des ide? es
inne? es dans l'homme, parce qu'il a toujours repre? sente? les ide? es
comme faisant partie des connaissances expe? rimentales. L'exa-
men de la raison pure, c'est-a`-dire des faculte? s primitives dont
l'intelligence se compose, ne fixa pas son attention. Leibnitz,
comme nous l'avons dit plus haut, prononc? a cet axiome subli-
me: << Il n'y a rien dans l'intelligence qui ne vienne par les sens,
si ce n'est l'intelligence elle-me^me. >> Kant a reconnu, de
me^me que Locke, qu'il n'y a point d'ide? es inne? es, mais il s'est
propose? de pe? ne? trer dans le sens de l'axiome de Leibnitz, en
examinant quelles sont les lois et les sentiments qui constituent
l'essence de l'a^me humaine, inde? pendamment de toute expe? -
rience. La Critique de la Raison pure s'attache a` montrer en
quoi consistent ces lois, et quels sont les objets sur lesquels elles
peuvent s'exercer.
Le scepticisme, auquel le mate? rialisme conduit presque tou-
jours, e? tait porte? s! loin, que Hume avait fini par e? branler la base
du raisonnement me^me, en cherchant des arguments contre
l'axiome << qu'il n'y a point d'effet sans cause. >> Ettelle est l'insta-
bilite? de la nature humaine, quand on ne place pas au centre de
l'a^me le principe de toute conviction, que l'incre? dulite? , qui com-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? KANT. 419
menee par attaquer l'existence du monde moral, arrive a` de? faire
aussi le monde mate? riel, dont elle s'e? tait d'abord servie pour ren-
verser l'autre.
Kant voulait savoir si la certitude absolue e? tait possible a` l'es-
prit humain , et il ne la trouva que dans les notions ne? cessaires,
c'est-a`-dire, dans toutes les lois de notre entendement, dont la
nature est telle que nous ne puissions rien concevoir autrement
que ces lois ne nous le repre? sentent.
Au premier rang des formes impe? ratives de notre esprit, sont
l'espace et le temps. Kant de? montre que toutes nos perceptions
sont soumises a` ces deux formes; il en conclut qu'elles sont en
nous et non pas dans les objets,et qu'a` cet e? gard , c'est notre en-
tendement qui donne des lois a` la nature exte? rieure, au lieu d'en
recevoir d'elle. La ge? ome? trie, qui mesure l'espace, et l'arith-
me? tique, qui divise le temps, sont des sciences d'une e? vidence
comple`te, parce qu'elles reposent sur les notions ne? cessaires de
notre esprit.
Les ve? rite? s acquises par l'expe? rience n'emportent jamais avec
elles cette certitude absolue ; quand on dit: Le soleil se le`ve cha-
que jour, tous les hommes sont mortels, etc. , l'imagination
pourrait se figurer une exception a` ces ve? rite? s, que l'expe? rience
seulefait conside? rer comme indubitables; mais l'imagination elle-me^me ne saurait rien supposer hors de l'espace et du temps; et
l'on ne peut conside? rer comme un re? sultat de l'habitude, c'est-a`-
dire, de la re? pe? tition constante des me^mes phe? nome`nes, ces for-
mes de notre pense? e que nous imposons aux choses; les sensa-
tions peuvent e^tre douteuses, mais le prisme a` travers lequel nous
les recevons est immuable.
A cette intuition primitive de l'espace et du temps, il faut ajou-
ter ou pluto^t donner pour base les principes du raisonnement,
sans lesquels nous ne pouvons rien comprendre, et qui sont les
lois de notre intelligence; la liaison des causes et des effets, l'u-
nite? , la pluralite? , la totalite? , la possibilite? , la re? alite? , la ne? ces-
site? , etc. '. Kant les conside`re e? galement comme des notions
ne? cessaires, et il n'e? le`ve au rang des sciences que celles qui sont
1 Kant donne le nom de cate? gorie aux diverses notions ne? cessaire>> de l'en-
tendement dont il pre? sente le tableau.
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fonde? es imme?
diatement sur ces notions, parce que c'est dans cel-
les-la` seulement que la certitude peut exister. Les formes du rai-
sonnement n'ont de re? sultat que quand on les applique au jugement des objets exte? rieurs; et, dans cette application, elles sont
sujettes a` l'erreur: mais elles n'en sont pas moins ne? cessaires en
elles-me^mes; c'est-a`-dire que nous ne pouvons nous en de? partir
dans aucune de nos pense? es; il nous est impossible de nous rien
figurer hors des relations de causes et d'effets, de possibilite? , de
quantite? , etc. ; et ces notions sont aussi inhe? rentes a` notre con-
ception que l'espace et le temps. Nous n'apercevons rien qu'a` tra-
vers les lois immuables de notre manie`re de raisonner; donc ces
lois aussi sont en nous-me^mes, et non au dehors de nous.
On appelle, dans la philosophie allemande, ide? es subjectives
celles qui naissent de la naturede notre intelligence et de ses fa-
culte? s et ide? es, objectives toutes celles qui sont excite? es par les
sensations. Quelle que soit la de? nomination qu'on adopte a` cet
e? gard, il me semble que l'examen de notre esprit s'accorde avec
la pense? e dominante de Kant, c'est-a`-dire, la distinction qu'il
e? tablit entre les formes de notre entendement et les objets que
nous connaissons d'apre`s ces formes; et, soit qu'il s'en tienne aux
conceptions abstraites, soit qu'il en appelle, dans la religion et
dans la morale, aux sentiments qu'il conside`re aussi comme in-
de? pendants de l'expe? rience, rien n'est plus lumineux que la ligne
de de? marcation qu'il trace entre ce qui nous vient parles sensa-
tions , et ce qui tient a` l'action spontane? e de notre a^me.
Quelques mots de la doctrine de Kant ayant e? te? mal interpre? -
te? s, on a pre? tendu qu'il croyait aux connaissances a` priori, c'est-
a`-dire , a` celles qui seraient grave? es dans notre esprit avant que
nous les eussions apprises. D'autres philosophes allemands,
plus rapproche? s du syste`me de Platon , ont en effet pense? que le
type du monde e? tait dans l'esprit humain, et que l'homme ne
pourrait concevoir l'univers s'il n'en avait pas l'image inne? e en lui-me^me; mais il n'est pas question de cette doctrine dans Kant:
il re? duit les sciences intellectuelles a` trois, la logique, la me? taphy-
sique et les mathe? matiques. La logique n'enseigne rien par elle-
me^me; mais comme elle repose sur les lois de notre entendement,
elle est incontestable dans ses principes, abstraitement conside? -
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re? s; cette science ne peut conduire a` la ve? rite? que dans son ap-
plication aux ide? es et aux choses; ses principes sont inne? s, son
application est expe? rimentale. Quant a` la me? taphysique, Kant nie
son existence, puisqu'il pre? tend que le raisonnement ne peut
avoir lieu que dans la sphe`re de l'expe? rience. Les mathe? matiques
seules lui paraissent de? pendre imme? diatement de la notion de
l'espace et du temps, c'est-a`-dire, des lois de notre entendement,
ante? rieures a` l'expe? rience. Il cherche a` prouver que les mathe? -
matiques ne sont pointune simpleanalyse, mais une science syn-
the? tique, positive, cre? atrice et certaine par elle-me^me, sans qu'on
ait besoin de recourir a` l'expe? rience pour s'assurer de sa ve? rite? .
On peut e? tudier dans le livre de Kant les arguments sur lesquels
il appuie cette manie`re de voir; mais au moins est-il vrai qu'il n'y
a point d'homme plus oppose? a` ce qu'on appelle la philosophie
des re^veurs, et qu'il aurait pluto^t du penchant pour une fac? on de
penser se`che et didactique, quoique sa doctrine ait pour objet de
relever l'espe`ce humaine, de? grade? e par la philosophie mate? rialiste.
Loin de rejeter l'expe? rience, Kant conside`re l'oeuvre de la vie
comme n'e? tant autre chose que l'action de nos faculte? s inne? es sur
les connaissances qui nous viennent du dehors. Il croit que l'ex-
pe? rience ne serait qu'un chaos sans les lois de l'entendement,
mais que les lois de l'entendement n'ont pour objet que les e? le? -
ments donne? s par l'expe? rience. Il s'ensuit qu'au-dela` de ses limi-
tes la me? taphysique elle-me^me ne peut rien nous apprendre, et
que c'est au sentiment que l'on doit attribuer la prescience et la
conviction de tout ce qui sort du monde visible.
Lorsqu'on veut se servir du raisonnement seul pour e? tablir
les ve? rite? s religieuses, c'est un instrument pliable en tous sens,
qui peut e? galement les de? fendre et les attaquer, parce qu'on ne
saurait, a` cet e? gard, trouver aucun point d'appui dans l'expe? -
rience. Kant place sur deux lignes paralle`les les arguments pour
et contre la liberte? de l'homme, l'immortalite? de l'a^me , la du-
re? e passage`re ou e? ternelle du monde; et c'est au sentiment
qu'il en appelle pour faire pencher la balance, car les preuves
me? taphysiques lui paraissaient en e? gale force de part et d'autre1.
1 Ces arguments oppose? s sur les grandes questions me? taphysiques sont ap-
pele? s anlinnmii? s dans le livre de Kant.
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Peut-e^tre a-t-il eu tort de pousser jusque-la` le scepticisme du
raisonnement; mais c'est pour ane? antir plus su^rement ce scepti-
cisme, en e? cartant de'certaines questions lesdiscussions abstrai-
tes qui l'ont fait nai^tre.
1 11 serait injuste de soupc? onner la pie? te? since`re de Kant, parce
qu'il a soutenu qu'il y avait parite? entre les raisonnements pour
et contre, dans les grandes questions de la me? taphysique trans-
cendante. Il me semble, au contraire, qu'il y a de la candeur
dans cet aveu. Un si petit nombre d'esprits sont en e? tat de
comprendre de tels raisonnements , et ceux qui en sont capa-
bles ont une telle tendance a` se combattre les uns les autres,
que c'est rendre un grand service a` la foi religieuse, que de ban-
nir la me? taphysique de toutes les questions qui tiennent a` l'exis-
tence de Dieu, au libre arbitre, a` l'origine du bien et du mal.
Quelques personnes respectables ont dit qu'il ne faut ne? gliger
aucune arme, et que les arguments me? taphysiques aussi doi-
vent e^tre employe? s pour persuader ceux sur qui ils ont de l'em-
pire; mais ces arguments conduisent a` la discussion, et la dis-
cussion , au doute, sur quelque sujet que ce soit. Les belles e? poques de l'espe`ce humaine, dans tous les temps,
ont e? te? celles ou` des ve? rite? s d'un certain ordre n'e? taient jamais
conteste? es, ni par des e? crits, ni par des discours. Les passions
pouvaient entrai^ner a` des actes coupables, mais nul ne re? vo-
quait en doute la religion me^me a` laquelle il n'obe? issait pas. Les
sophismes de tout genre, abus d'une certaine philosophie, ont
de? truit, dans divers pays et dans diffe? rents sie`cles, cette noble
fermete? de croyance, source du de? vouement he? roi? que. N'est-ce
donc pas une belle ide? e a` un philosophe, que d'interdire a` la
science me^me qu'il professe l'entre? e du sanctuaire, et d'employer
toute la force de l'abstraction a` prouver qu'il y a des re? gions dont
elle doit e^tre bannie?
Des despotes et des fanatiques ont essaye? de de? fendre a` la
raison humaine l'examen de certains sujets, et toujours la rai-
son s'est affranchie de ces injustes entraves. Mais les bornes
qu'elle s'impose a` elle-me^me, loin de l'asservir, lui donnent
une nouvelle force, celle qui re? sulte toujours de l'autorite? des
lois librement consenties par ceux qui s'y soumettent.
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Un sourd-muet, avant d'avoir e? te? e? leve? par l'abbe? Sicard,
pourrait avoir une certitude intime de l'existence dela Divinite? .
Beaucoup d'hommes sont aussi loin des penseurs profonds que
les sourds-muets le sont des autres hommes, et cependant ils
n'en sont pas moins susceptibles d'e? prouver, pour ainsi dire,
en eux-me^mes, les ve? rite? s primitives, parce que ces ve? rite? s sont
du ressort du sentiment.
Les me? decins, dans l'e? tude physiquede l'homme, reconnaissent
le principe qui l'anime, et cependant nul ne sait ce que c'est que
la vie; et, si l'on se mettait a` raisonner, on pourrait tre`s-bien,
comme l'ont fait quelques philosophes grecs, prouver aux hom-
mes qu'ils ne vivent pas. Il en est de me^me de Dieu, de la cons-
cience, du libre arbitre. Il faut y croire, parce qu'on les sent:
tout argument sera toujours d'un ordre infe? rieur a` ce fait.
L'anatomie ne peut s'exercer sur un corps vivant sans le de? -
truire; l'analyse, en s'essayant sur des ve? rite?
