rimentale; elle a
travesti
la
pense?
pense?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
hathitrust.
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? NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 451
compense? , qu'elle produit sur nous une impression morale, c'est
parce qu'elle de? veloppe dans notre a^me l'indignation contre le
coupable, et l'enthousiasme pour l'homme vertueux.
Les Allemands ne conside`rent point, ainsi qu'on le fait d'or-
dinaire, l'imitation de la nature comme le principal objet de l'art;
c'estla beaute? ide? ale qui leur parai^t le principe de tous les chefs-d'oeuvre, et leur the? orie poe? tique est, a` cet e? gard, tout a` fait d'ac-
cord avecleur philosophie. L'impression qu'on rec? oit par les beaux-arts n'a pas le moindre rapport avec le plaisir que fait e? prouver
une imitation quelconque; l'homme a dans son a^me des senti-
ments inne? s que les objets re? els ne satisferont jamais, et c'est a`
ces sentiments que l'imagination des peintres et des poetes sait
donner une forme et une vie. Le premier des arts, la musique,
qu'imite-t-il? De tous les dons de la Divinite? cependant, c'est le
plus magnifique, car il semble, pour ainsi dire,superflu. Le so-
leil nous e? claire, nous respirons l'air d'un ciel serein, toutes les
beaute? s de la nature servent en quelque fac? on a` l'homme: la mu-
sique seule est d'une noble inutilite? , et c'est pour cela qu'elle
nous e? meut si profonde? ment; plus elle est loin de tout but, plus
elle se rapproche de cette source intime de nos pense? es que l'ap-
plication a` un objet quelconque resserre dans son cours. La the? orie litte? raire des Allemands diffe`re de toutes les autres,
en ce qu'elle n'assujettit point les e? crivains a` des usages ni a` des
restrictions tyranniques. C'est une the? orie toute cre? atrice, c'est
une philosophie des beaux-arts qui, loin de les contraindre,
cherche, comme Prome? the? e, a` de? rober le feu du ciel pour en
faire don aux poe`tes. Home`re, le Dante, Shakespeare, me dira-t-on, savaient-ils rien de tout cela? ont-ils eu besoin de cette
me? taphysique pour e^tre de grands e? crivains? Sans doute la na-
ture n'a point attendu la philosophie, ce qui se re? duit a` dire que
lefait a pre? ce? de? l'observation du fait; mais, puisque nous som-
mes arrive? s a` l'e? poque des the? ories, ne faut-il pas au moins se
garder de celles qui peuvent e? touffer le talent?
Il faut avouer cependant qu'il re? sulte assez souvent quelques
inconve? nients essentiels de ces syste`mes de philosophie applique? s a` la litte? rature; les lecteurs allemands, accoutume? s a` lire Kant,
Fichte, etc. , conside`rent un moindre degre? d'obscurite? comme
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? 452 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
la clarte? me^me, et les e? crivains ne donnent pas toujours aux ou-
vrages de l'art cette lucidite? frappante qui leur est si ne? cessaire.
On peut, on doit me^me exiger une attention soutenue, quand il
s'agit d'ide? es abstraites; mais les e? motions sont involontaires.
Il ne peut e^tre question dans les jouissances des arts, ni de com-
plaisance, ni d'effort, ni de re? flexion, il s'agit la` de plaisir et non
de raisonnement; l'esprit philosophique peut re? clamer l'examen,
mais le talent poe? tique doit commander l'entrai^nement.
Les ide? es inge? nieuses qui de? rivent des the? ories font illusion sur
la ve? ritable nature du talent. On prouve spirituellement que telle
ou telle pie`ce n'a pas du^ plaire, et cependant elle plai^t, et l'on se
met alors a` me? priser ceux qui l'aiment. On prouve aussi que telle
pie`ce, compose? e d'apre`s tels principes, doit inte? resser, et cepen-
dant quand on veut qu'elle soit joue? e, quand on lui dit le`ve-toi et
marche, la pie`ce ne va pas, et il faut donc encore me? priser
ceux qui ne s'amusent point d'un ouvrage compose? selon les lois
de l'ide? al et du re? el. On a tort presque toujours quand on bla^me
le jugement du public dans les arts, car l'impression populaire
est plus philosophique encore que la philosophie me^me; et quand
les combinaisons de l'homme instruit ne s'accordent pas avec
cette impression, ce n'est point parce que ces combinaisons sont
trop profondes, mais pluto^t parce qu'elles ne le sont pas assez.
Ne? anmoins il vaut infiniment mieux, ce me semble, pour la
litte? rature d'un pays, que sa poe? tique soit fonde? e sur des ide? es
philosophiques, me^me un peu abstraites, que sur de simples re`-
gles exte? rieures; car ces re`gles ne sont que des barrie`res pour
empe^cher les enfants de tomber.
L'imitation des anciens a pris chez les Allemands une direction
tout autre que dans le reste de l'Europe. Le caracte`re conscien-
cieux dont ils ne se de? partent jamais les a conduits a` ne point me^-
ler ensemble le ge? nie moderne avec le ge? nie antique; ils traitent
a` quelques e? gards les fictions comme de la ve? rite? , car ils trou-
vent le moyen d'y porter du scrupule; ils appliquent aussi cette
me^me disposition a` la connaissance exacte et profonde des monu-
ments qui nous restent des temps passe? s. En Allemagne, l'e? tude
de l'antiquite? , comme celle des sciences et de la philosophie,
re? unit les branches divise? es de l'esprit humain.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 453
Ileyne embrasse tout ce qui se rapporte a` la litte? rature, a` l'his-
toire et aux beaux-arts avec une e? tonnante perspicacite? . Wolf tire
des observations les plus fines, les inductions les plus hardies, et, ne se soumettant en rien a` l'autorite? , il juge par lui-me^me l'au-
thenticite? des e? crits des Grecs et leur valeur. On peut voir dans
un dernier e? crit de M. Ch. deVillers, que j'ai de? ja` nomme? avec
la haute estime qu'il me? rite, quels travaux immenses l'on publie
chaque anne? e, en Allemagne, sur les auteurs classiques. Les Al-
lemands se croient appele? s en toutes choses au ro^le de contempla-
teurs, et l'on dirait qu'ils ne sont pas de leur sie`cle, tant leurs
re? flexions et leur inte? re^t se tournent vers une autre e? poque du
monde.
Il se peut que le meilleur temps pour la poe? sie ait e? te? celui de
l'ignorance, et que la jeunesse du genre humain soit passe? e pour
toujours; cependant on croit sentir dans les e? crits des Allemands
une jeunesse nouvelle, celle qui nai^t du noble choix qu'on peut
faire apre`s avoir tout connu. L'a^ge des lumie`res a son innocence
aussi bien que l'a^ge d'or; et si dans l'enfance du genre humain
on n'en croit que son a^me, lorsqu'on atout appris, on revient a`
ne plus se confier qu'en elle.
CHAPITRE X.
Influence de la nouvelle philosophie sur les sciences.
11 n'est pas douteux que la philosophie ide? aliste ne porte au
recueillement, et que, disposantl'esprit a` se replier sur lui-me^me,
elle n'augmente sa pe? ne? tration et sa persistance dans les travaux
intellectuels. Mais cette philosophie est-elle e? galement favorable
aux sciences, qui consistent dans l'observation dela nature? C'est
a` l'examen de cette question que les re? flexions suivantes sont des-
tine? es.
On a ge? ne? ralement attribue? les progre`s des sciences, dans le
dernier sie`cle, a` la philosophie expe? rimentale; et, comme l'ob-
servation sert en effet beaucoup dans cette carrie`re, on s'est cru
d'autant plus certain d'atteindre aux ve? rite? s scientifiques, qu'on
accordait plus d'importance aux objets exte? rieurs; cependant la
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? 454 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
patrie de Keppler et de Leibnitz n'est pas a` de? daigner pour la
science. Les principales de? couvertes modernes, la poudre, l'im-
primerie, ont e? te? faites par les Allemands, et ne? anmoins la ten-
dance des esprits, en Allemagne, a toujours e? te? vers l'ide? alisme.
Bacon a compare? la philosophie spe? culative a` l'alouette qui
s'e? le`ve jusqu'aux cieux , et redescend sans rien rapporter de sa
course, et la philosophie expe? rimentale, au faucon qui s'e? le`ve
aussi haut, mais revient avec sa proie.
Peut-e^tre que de nos jours Bacon eu^t senti les inconve? nients de la philosophie purement expe?
rimentale; elle a travesti la
pense? e en sensation, la morale en inte? re^t personnel, et la nature
en me? canisme, car elletendait a` rabaisser toutes choses. Les Al-
lemands ont combattu son influence dans les sciences physiques,
comme dans un ordre plus releve? , et, tout en soumettant la na-
ture a` l'observation, ils conside`rent ses phe? nome`nes en ge? ne? ral
d'une manie`re vaste et anime? e; c'est toujours une pre? somption
en faveur d'une opinion, que son empire sur l'imagination, car
tout annonce que le beau est aussi le vrai, dans la sublime con-
ception de l'univers.
La philosophie nouvelle a de? ja` exerce? sous plusieurs rapports
son influence sur les sciences physiques en Allemagne; d'abord,
le me^me esprit d'universalite? que j'ai remarque? dans les litte? ra-
teurs etles philosophes, se retrouve aussi dans les savants. Hum-
boldt raconte en observateur exact les voyages dont il a brave? les
dangers en chevalier valeureux, et ses e? crits inte? ressent e? gale-
ment les physiciens et les poetes. Schelling, Bader, Schubert, etc. ,
ont publie? des ouvrages dans lesquels les sciences sont pre? sente? es sous un point de vue qui captive la re? flexion et l'imagina-
tion: et longtemps avant que les me? taphysiciens modernes eus-
sent existe? , Keppler et Haller avaient su tout a` la fois observer
et deviner la nature.
L'attrait de la socie? te? est si grand en France, qu'elle ne permet
a` personne de donner beaucoup de temps au travail. Il est donc
naturel qu'on n'ait point de confiance dans ceux qui veulent re? u-
nir plusieurs genres d'e? tudes. Mais dans un pays ou` la vie entie`re
d'un homme peut e^tre livre? e a` la me? ditation, on a raison d'en-
? ? ourager la multiplicite? des connaissances; on se donne ensuite
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? NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 455
exclusivement a` celle de toutes que l'on pre? fe`re; mais il est peut-e^tre impossible de comprendre a` fond une science sans s'e^tre oc-
cupe? de toutes. Sir Humphry Davy, maintenant le premier chi-
miste de l'Angleterre, cultive les lettres avec autant de gou^t que
de succe`s. La litte? rature re? pand des lumie`res sur les sciences,
comme les sciences sur la litte? rature; et la connexion qui existe
entre tous les objets de la nature doit avoir lieu de me^me dans les
ide? es de l'homme.
L'universalite? des connaissances conduit ne? cessairement au
de? sir de trouver les lois ge? ne? rales de l'ordre physique. Les Alle-
mandsdescendent de la the? orie a` l'expe? rience, tandis que les
Franc? ais remontent de l'expe? rience a` la the? orie. Les Franc? ais,
en litte? rature, reprochentaux Allemands de n'avoir que desbeau-
te? s de de? tail, et de ne pas s'entendre a` la composition d'un ou-
vrage, lies Allemands reprochent aux Franc? ais de ne conside? rer
que les faits particuliers dans les sciences, et de ne pas les ral-
lier a` un syste`me; c'est en cela principalement que consiste la
diffe? rence entre les savants allemands et les savants francais.
En effet, s'il e? tait possible de de? couvrir les principes qui re? -
gisseDt cet univers, il vaudrait certainement mieux partir de
cette source pour e? tudier tout ce qui en de? rive; mais on ne sait
gue`re rien de l'ensemble en toutes choses qu'a` l'aide des de? tails,
et la nature n'est pour l'homme que les feuilles e? parses de la
Sibylle, dont nul, jusqu'a` ce jour, n'a pu faire un livre. Ne? an-
moins les savants allemands, qui sont en me^me temps philoso-
phes, re? pandent un inte? re^t prodigieux sur la contemplation des
phe? nome`nes de ce monde: ils n'interrogent point la nature au
hasard, d'apre`s le cours accidentel des expe? riences; mais ils pre? -
disent par la pense? e ce que l'observation doit confirmer.
Deux grandes vues ge? ne? rales leur servent de guide dans l'e? -
tude des sciences: l'une, que l'univers est fait sur le mode`le de
l'a^me humaine; et l'autre, que l'analogie de chaque partie de
l'univers avec l'ensemble est telle que la me^me ide? e se re? fle? chit
constamment du tout dans chaque partie, et de chaque partie
dans le tout.
C'est une belle conception que celle qui tend a` trouver la res-
semblance des lois de l'entendement humain avec celles de la na-
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? 456 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
lure, et conside`re le monde physique comme le relief du monde
moral. Si le me^me ge? nie e? tait capable de composer l'Iliade et de
sculpter comme Phidias, le Jupiter du sculpteur ressemblerait
au Jupiter du poete; pourquoi donc l'intelligence supre^me, qui
a forme? la nature et l'a^me, n'aurait-elle pas fait de l'une l'em-
ble`me de l'autre? Ce n'est point un vain jeu de l'imagination ,
que ces me? taphores continuelles qui servent a` comparer nos sen-
timents avec les phe? nome`nes exte? rieurs; la tristesse, avec le ciel
couvert de nuages; le calme, avec les rayons argente? s de la lune;
la cole`re, avec les flots agite? s par les vents : c'est la me^me pen-
se? e du Cre? ateur qui se traduit dans deux langages diffe? rents, et
l'un peut servir d'interpre`te a` l'autre. Presque tous les axiomes
de physique correspondent a`des maximes de morale. Cette espe`ce
de marche paralle`le qu'on aperc? oit entre le monde et l'intelli-
gence est l'indice d'un grand myste`re, et tous les esprits en se-
raient frappe? s, si l'on parvenait a` en tirer des de? couvertes posi-
tives; mais toutefois cette lueur encore incertaine porte bien loin
les regards. Les analogies des divers e? le? ments de la nature physique entre
eux servent a` constater la supre^me loi de la cre? ation, la
varie? te? dans l'unite? , et l'unite? dans la varie? te? . Qu'y a-t-il de plus
e? tonnant, par exemple, que le rapport des sons et des formes,
des sons et des couleurs? Un Allemand , Chladni, a fait nouvel-
lement l'expe? rience que les vibrations des sons mettent en mou-
vement des grains de sable re? unis sur un plateau de verre, de
telle manie`re que quand les tons sont purs, les grains de sable
se re? unissent en formes re? gulie`res, et quand les tons sont dis-
cordants, les grains de sable tracent sur le verre des figures sans
aucune syme? trie. L'aveugle-ne? Sanderson disait qu'il se repre? sen-
tait la couleur e? carlate comme le son de la trompette, et un sa-
vant a voulu faire un clavecin pour les yeux , qui pu^t imiter par
l'harmonie des couleurs le plaisir que cause la musique. Sans
cesse nous comparons la peinture a` la musique, et la musique
a` la peinture, parce que les e? motions que nous e? prouvons nous
re? ve`lent des analogies ou` l'observation froide ne verrait que
des diffe? rences. Chaque plante, chaque fleur contient le syste`me
entier de l'univers, un instant de vie rece`le en son sein l'e? ternite? ,
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? NOUVELLLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 457
le plus faible atome est un monde, et le monde peut-e^tre n'est
qu'un atome. Chaque portion de l'univers semble un miroir ou`
la cre? ation tout entie`re est repre? sente? e, et l'on ne sait ce qui ins-
pire le plus d'admiration, ou de la pense? e, toujours la me^me,
ou de la forme, toujours diverse.
On peut diviserles savants de l'Allemagne en deux classes, ceux
qui se vouent tout entiers a` l'observation, et ceux qui pre? tendent
a` l'honneur de pressentir les secrets de la nature. Parmi les pre-
miers , on doit citer d'abord Werner, qui a puise? dans la mine? -
ralogie la connaissance de la formation du globe et des e? poques
de son histoire; Herschell et Schroeter, qui font sans cesse des
de? couvertes nouvelles dans le pays des cieux; des astronomes
calculateurs tels que Zach et Bole; de grands chimistes tels que
Klaprothet Bucholz; dans la classe des physiciens philosophes,
il faut compter Schelling, Ritte? r, Bader, Steflens, etc. Les es-
prits les plus distingue? s de ces deux classes se rapprochent et s'en-
tendent, car les physiciens philosophes ne sauraient de? daigner
l'expe? rience, etles observateurs profonds ne se refusent point aux
re? sultats possibles des hautes contemplations.
De? ja` l'attraction et l'impulsion ont e? te? l'objetd'un examen nou-
veau, et l'on en a fait une application heureuse aux affinite? s chi-
miques. La lumie`re, conside? re? e comme un interme? diaire entre
la matie`re et l'esprit, a donne? lieu a` plusieurs aperc? us tre`s-phi-
losophiques. L'on parle avec estime d'un travail de Goethe sur
les couleurs. Enfin, de toutes parts en Allemagne, l'e? mulation est
excite?
? NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 451
compense? , qu'elle produit sur nous une impression morale, c'est
parce qu'elle de? veloppe dans notre a^me l'indignation contre le
coupable, et l'enthousiasme pour l'homme vertueux.
Les Allemands ne conside`rent point, ainsi qu'on le fait d'or-
dinaire, l'imitation de la nature comme le principal objet de l'art;
c'estla beaute? ide? ale qui leur parai^t le principe de tous les chefs-d'oeuvre, et leur the? orie poe? tique est, a` cet e? gard, tout a` fait d'ac-
cord avecleur philosophie. L'impression qu'on rec? oit par les beaux-arts n'a pas le moindre rapport avec le plaisir que fait e? prouver
une imitation quelconque; l'homme a dans son a^me des senti-
ments inne? s que les objets re? els ne satisferont jamais, et c'est a`
ces sentiments que l'imagination des peintres et des poetes sait
donner une forme et une vie. Le premier des arts, la musique,
qu'imite-t-il? De tous les dons de la Divinite? cependant, c'est le
plus magnifique, car il semble, pour ainsi dire,superflu. Le so-
leil nous e? claire, nous respirons l'air d'un ciel serein, toutes les
beaute? s de la nature servent en quelque fac? on a` l'homme: la mu-
sique seule est d'une noble inutilite? , et c'est pour cela qu'elle
nous e? meut si profonde? ment; plus elle est loin de tout but, plus
elle se rapproche de cette source intime de nos pense? es que l'ap-
plication a` un objet quelconque resserre dans son cours. La the? orie litte? raire des Allemands diffe`re de toutes les autres,
en ce qu'elle n'assujettit point les e? crivains a` des usages ni a` des
restrictions tyranniques. C'est une the? orie toute cre? atrice, c'est
une philosophie des beaux-arts qui, loin de les contraindre,
cherche, comme Prome? the? e, a` de? rober le feu du ciel pour en
faire don aux poe`tes. Home`re, le Dante, Shakespeare, me dira-t-on, savaient-ils rien de tout cela? ont-ils eu besoin de cette
me? taphysique pour e^tre de grands e? crivains? Sans doute la na-
ture n'a point attendu la philosophie, ce qui se re? duit a` dire que
lefait a pre? ce? de? l'observation du fait; mais, puisque nous som-
mes arrive? s a` l'e? poque des the? ories, ne faut-il pas au moins se
garder de celles qui peuvent e? touffer le talent?
Il faut avouer cependant qu'il re? sulte assez souvent quelques
inconve? nients essentiels de ces syste`mes de philosophie applique? s a` la litte? rature; les lecteurs allemands, accoutume? s a` lire Kant,
Fichte, etc. , conside`rent un moindre degre? d'obscurite? comme
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
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la clarte? me^me, et les e? crivains ne donnent pas toujours aux ou-
vrages de l'art cette lucidite? frappante qui leur est si ne? cessaire.
On peut, on doit me^me exiger une attention soutenue, quand il
s'agit d'ide? es abstraites; mais les e? motions sont involontaires.
Il ne peut e^tre question dans les jouissances des arts, ni de com-
plaisance, ni d'effort, ni de re? flexion, il s'agit la` de plaisir et non
de raisonnement; l'esprit philosophique peut re? clamer l'examen,
mais le talent poe? tique doit commander l'entrai^nement.
Les ide? es inge? nieuses qui de? rivent des the? ories font illusion sur
la ve? ritable nature du talent. On prouve spirituellement que telle
ou telle pie`ce n'a pas du^ plaire, et cependant elle plai^t, et l'on se
met alors a` me? priser ceux qui l'aiment. On prouve aussi que telle
pie`ce, compose? e d'apre`s tels principes, doit inte? resser, et cepen-
dant quand on veut qu'elle soit joue? e, quand on lui dit le`ve-toi et
marche, la pie`ce ne va pas, et il faut donc encore me? priser
ceux qui ne s'amusent point d'un ouvrage compose? selon les lois
de l'ide? al et du re? el. On a tort presque toujours quand on bla^me
le jugement du public dans les arts, car l'impression populaire
est plus philosophique encore que la philosophie me^me; et quand
les combinaisons de l'homme instruit ne s'accordent pas avec
cette impression, ce n'est point parce que ces combinaisons sont
trop profondes, mais pluto^t parce qu'elles ne le sont pas assez.
Ne? anmoins il vaut infiniment mieux, ce me semble, pour la
litte? rature d'un pays, que sa poe? tique soit fonde? e sur des ide? es
philosophiques, me^me un peu abstraites, que sur de simples re`-
gles exte? rieures; car ces re`gles ne sont que des barrie`res pour
empe^cher les enfants de tomber.
L'imitation des anciens a pris chez les Allemands une direction
tout autre que dans le reste de l'Europe. Le caracte`re conscien-
cieux dont ils ne se de? partent jamais les a conduits a` ne point me^-
ler ensemble le ge? nie moderne avec le ge? nie antique; ils traitent
a` quelques e? gards les fictions comme de la ve? rite? , car ils trou-
vent le moyen d'y porter du scrupule; ils appliquent aussi cette
me^me disposition a` la connaissance exacte et profonde des monu-
ments qui nous restent des temps passe? s. En Allemagne, l'e? tude
de l'antiquite? , comme celle des sciences et de la philosophie,
re? unit les branches divise? es de l'esprit humain.
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Ileyne embrasse tout ce qui se rapporte a` la litte? rature, a` l'his-
toire et aux beaux-arts avec une e? tonnante perspicacite? . Wolf tire
des observations les plus fines, les inductions les plus hardies, et, ne se soumettant en rien a` l'autorite? , il juge par lui-me^me l'au-
thenticite? des e? crits des Grecs et leur valeur. On peut voir dans
un dernier e? crit de M. Ch. deVillers, que j'ai de? ja` nomme? avec
la haute estime qu'il me? rite, quels travaux immenses l'on publie
chaque anne? e, en Allemagne, sur les auteurs classiques. Les Al-
lemands se croient appele? s en toutes choses au ro^le de contempla-
teurs, et l'on dirait qu'ils ne sont pas de leur sie`cle, tant leurs
re? flexions et leur inte? re^t se tournent vers une autre e? poque du
monde.
Il se peut que le meilleur temps pour la poe? sie ait e? te? celui de
l'ignorance, et que la jeunesse du genre humain soit passe? e pour
toujours; cependant on croit sentir dans les e? crits des Allemands
une jeunesse nouvelle, celle qui nai^t du noble choix qu'on peut
faire apre`s avoir tout connu. L'a^ge des lumie`res a son innocence
aussi bien que l'a^ge d'or; et si dans l'enfance du genre humain
on n'en croit que son a^me, lorsqu'on atout appris, on revient a`
ne plus se confier qu'en elle.
CHAPITRE X.
Influence de la nouvelle philosophie sur les sciences.
11 n'est pas douteux que la philosophie ide? aliste ne porte au
recueillement, et que, disposantl'esprit a` se replier sur lui-me^me,
elle n'augmente sa pe? ne? tration et sa persistance dans les travaux
intellectuels. Mais cette philosophie est-elle e? galement favorable
aux sciences, qui consistent dans l'observation dela nature? C'est
a` l'examen de cette question que les re? flexions suivantes sont des-
tine? es.
On a ge? ne? ralement attribue? les progre`s des sciences, dans le
dernier sie`cle, a` la philosophie expe? rimentale; et, comme l'ob-
servation sert en effet beaucoup dans cette carrie`re, on s'est cru
d'autant plus certain d'atteindre aux ve? rite? s scientifiques, qu'on
accordait plus d'importance aux objets exte? rieurs; cependant la
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patrie de Keppler et de Leibnitz n'est pas a` de? daigner pour la
science. Les principales de? couvertes modernes, la poudre, l'im-
primerie, ont e? te? faites par les Allemands, et ne? anmoins la ten-
dance des esprits, en Allemagne, a toujours e? te? vers l'ide? alisme.
Bacon a compare? la philosophie spe? culative a` l'alouette qui
s'e? le`ve jusqu'aux cieux , et redescend sans rien rapporter de sa
course, et la philosophie expe? rimentale, au faucon qui s'e? le`ve
aussi haut, mais revient avec sa proie.
Peut-e^tre que de nos jours Bacon eu^t senti les inconve? nients de la philosophie purement expe?
rimentale; elle a travesti la
pense? e en sensation, la morale en inte? re^t personnel, et la nature
en me? canisme, car elletendait a` rabaisser toutes choses. Les Al-
lemands ont combattu son influence dans les sciences physiques,
comme dans un ordre plus releve? , et, tout en soumettant la na-
ture a` l'observation, ils conside`rent ses phe? nome`nes en ge? ne? ral
d'une manie`re vaste et anime? e; c'est toujours une pre? somption
en faveur d'une opinion, que son empire sur l'imagination, car
tout annonce que le beau est aussi le vrai, dans la sublime con-
ception de l'univers.
La philosophie nouvelle a de? ja` exerce? sous plusieurs rapports
son influence sur les sciences physiques en Allemagne; d'abord,
le me^me esprit d'universalite? que j'ai remarque? dans les litte? ra-
teurs etles philosophes, se retrouve aussi dans les savants. Hum-
boldt raconte en observateur exact les voyages dont il a brave? les
dangers en chevalier valeureux, et ses e? crits inte? ressent e? gale-
ment les physiciens et les poetes. Schelling, Bader, Schubert, etc. ,
ont publie? des ouvrages dans lesquels les sciences sont pre? sente? es sous un point de vue qui captive la re? flexion et l'imagina-
tion: et longtemps avant que les me? taphysiciens modernes eus-
sent existe? , Keppler et Haller avaient su tout a` la fois observer
et deviner la nature.
L'attrait de la socie? te? est si grand en France, qu'elle ne permet
a` personne de donner beaucoup de temps au travail. Il est donc
naturel qu'on n'ait point de confiance dans ceux qui veulent re? u-
nir plusieurs genres d'e? tudes. Mais dans un pays ou` la vie entie`re
d'un homme peut e^tre livre? e a` la me? ditation, on a raison d'en-
? ? ourager la multiplicite? des connaissances; on se donne ensuite
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? NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 455
exclusivement a` celle de toutes que l'on pre? fe`re; mais il est peut-e^tre impossible de comprendre a` fond une science sans s'e^tre oc-
cupe? de toutes. Sir Humphry Davy, maintenant le premier chi-
miste de l'Angleterre, cultive les lettres avec autant de gou^t que
de succe`s. La litte? rature re? pand des lumie`res sur les sciences,
comme les sciences sur la litte? rature; et la connexion qui existe
entre tous les objets de la nature doit avoir lieu de me^me dans les
ide? es de l'homme.
L'universalite? des connaissances conduit ne? cessairement au
de? sir de trouver les lois ge? ne? rales de l'ordre physique. Les Alle-
mandsdescendent de la the? orie a` l'expe? rience, tandis que les
Franc? ais remontent de l'expe? rience a` la the? orie. Les Franc? ais,
en litte? rature, reprochentaux Allemands de n'avoir que desbeau-
te? s de de? tail, et de ne pas s'entendre a` la composition d'un ou-
vrage, lies Allemands reprochent aux Franc? ais de ne conside? rer
que les faits particuliers dans les sciences, et de ne pas les ral-
lier a` un syste`me; c'est en cela principalement que consiste la
diffe? rence entre les savants allemands et les savants francais.
En effet, s'il e? tait possible de de? couvrir les principes qui re? -
gisseDt cet univers, il vaudrait certainement mieux partir de
cette source pour e? tudier tout ce qui en de? rive; mais on ne sait
gue`re rien de l'ensemble en toutes choses qu'a` l'aide des de? tails,
et la nature n'est pour l'homme que les feuilles e? parses de la
Sibylle, dont nul, jusqu'a` ce jour, n'a pu faire un livre. Ne? an-
moins les savants allemands, qui sont en me^me temps philoso-
phes, re? pandent un inte? re^t prodigieux sur la contemplation des
phe? nome`nes de ce monde: ils n'interrogent point la nature au
hasard, d'apre`s le cours accidentel des expe? riences; mais ils pre? -
disent par la pense? e ce que l'observation doit confirmer.
Deux grandes vues ge? ne? rales leur servent de guide dans l'e? -
tude des sciences: l'une, que l'univers est fait sur le mode`le de
l'a^me humaine; et l'autre, que l'analogie de chaque partie de
l'univers avec l'ensemble est telle que la me^me ide? e se re? fle? chit
constamment du tout dans chaque partie, et de chaque partie
dans le tout.
C'est une belle conception que celle qui tend a` trouver la res-
semblance des lois de l'entendement humain avec celles de la na-
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? 456 NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.
lure, et conside`re le monde physique comme le relief du monde
moral. Si le me^me ge? nie e? tait capable de composer l'Iliade et de
sculpter comme Phidias, le Jupiter du sculpteur ressemblerait
au Jupiter du poete; pourquoi donc l'intelligence supre^me, qui
a forme? la nature et l'a^me, n'aurait-elle pas fait de l'une l'em-
ble`me de l'autre? Ce n'est point un vain jeu de l'imagination ,
que ces me? taphores continuelles qui servent a` comparer nos sen-
timents avec les phe? nome`nes exte? rieurs; la tristesse, avec le ciel
couvert de nuages; le calme, avec les rayons argente? s de la lune;
la cole`re, avec les flots agite? s par les vents : c'est la me^me pen-
se? e du Cre? ateur qui se traduit dans deux langages diffe? rents, et
l'un peut servir d'interpre`te a` l'autre. Presque tous les axiomes
de physique correspondent a`des maximes de morale. Cette espe`ce
de marche paralle`le qu'on aperc? oit entre le monde et l'intelli-
gence est l'indice d'un grand myste`re, et tous les esprits en se-
raient frappe? s, si l'on parvenait a` en tirer des de? couvertes posi-
tives; mais toutefois cette lueur encore incertaine porte bien loin
les regards. Les analogies des divers e? le? ments de la nature physique entre
eux servent a` constater la supre^me loi de la cre? ation, la
varie? te? dans l'unite? , et l'unite? dans la varie? te? . Qu'y a-t-il de plus
e? tonnant, par exemple, que le rapport des sons et des formes,
des sons et des couleurs? Un Allemand , Chladni, a fait nouvel-
lement l'expe? rience que les vibrations des sons mettent en mou-
vement des grains de sable re? unis sur un plateau de verre, de
telle manie`re que quand les tons sont purs, les grains de sable
se re? unissent en formes re? gulie`res, et quand les tons sont dis-
cordants, les grains de sable tracent sur le verre des figures sans
aucune syme? trie. L'aveugle-ne? Sanderson disait qu'il se repre? sen-
tait la couleur e? carlate comme le son de la trompette, et un sa-
vant a voulu faire un clavecin pour les yeux , qui pu^t imiter par
l'harmonie des couleurs le plaisir que cause la musique. Sans
cesse nous comparons la peinture a` la musique, et la musique
a` la peinture, parce que les e? motions que nous e? prouvons nous
re? ve`lent des analogies ou` l'observation froide ne verrait que
des diffe? rences. Chaque plante, chaque fleur contient le syste`me
entier de l'univers, un instant de vie rece`le en son sein l'e? ternite? ,
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? NOUVELLLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE. 457
le plus faible atome est un monde, et le monde peut-e^tre n'est
qu'un atome. Chaque portion de l'univers semble un miroir ou`
la cre? ation tout entie`re est repre? sente? e, et l'on ne sait ce qui ins-
pire le plus d'admiration, ou de la pense? e, toujours la me^me,
ou de la forme, toujours diverse.
On peut diviserles savants de l'Allemagne en deux classes, ceux
qui se vouent tout entiers a` l'observation, et ceux qui pre? tendent
a` l'honneur de pressentir les secrets de la nature. Parmi les pre-
miers , on doit citer d'abord Werner, qui a puise? dans la mine? -
ralogie la connaissance de la formation du globe et des e? poques
de son histoire; Herschell et Schroeter, qui font sans cesse des
de? couvertes nouvelles dans le pays des cieux; des astronomes
calculateurs tels que Zach et Bole; de grands chimistes tels que
Klaprothet Bucholz; dans la classe des physiciens philosophes,
il faut compter Schelling, Ritte? r, Bader, Steflens, etc. Les es-
prits les plus distingue? s de ces deux classes se rapprochent et s'en-
tendent, car les physiciens philosophes ne sauraient de? daigner
l'expe? rience, etles observateurs profonds ne se refusent point aux
re? sultats possibles des hautes contemplations.
De? ja` l'attraction et l'impulsion ont e? te? l'objetd'un examen nou-
veau, et l'on en a fait une application heureuse aux affinite? s chi-
miques. La lumie`re, conside? re? e comme un interme? diaire entre
la matie`re et l'esprit, a donne? lieu a` plusieurs aperc? us tre`s-phi-
losophiques. L'on parle avec estime d'un travail de Goethe sur
les couleurs. Enfin, de toutes parts en Allemagne, l'e? mulation est
excite?
