religieuse, c'est le
sacrifice
de nous-me^mes; ainsi donc
elle e?
elle e?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
montrer que ce sentiment est la
condition ne? cessaire de notre e^tre moral, la ve? rite? qui a pre? ce? de?
toutes celles dont on acquiert la connaissance par la vie. Peut-on nier que la conscience n'ait bien plus de dignite? quand on la
croit une puissance inne? e, que quand on voit en elle une faculte?
acquise, comme toutes les autres, par l'expe? rience et l'habitude?
et c'est en cela surtout que la me? taphysique ide? aliste exerce une
grande influence sur la conduite morale de l'homme: elle attri-
bue la me^me force primitive a` la notion du devoir qu'a` celle de
l'espace et du temps , et les conside? rant toutes deux comme in-
he? rentes a` notre nature, elle n'admet pas plus de doute sur l'une
que sur l'autre.
Toute estime pour soi-me^me et pour les autres doit e^tre fon-
de? e sur les rapports qui existent entre les actions et la loi du
devoir; cette loi ne tient en rien au besoin du bonheur; au
contraire, elle est souvent appele? e a` le combattre. Kant va plus
loin encore; il affirme que le premier effet du pouvoir de la
vertu est de causer une noble peine par les sacrifices qu'elle
exige.
La destination de l'homme sur cette terre n'est pas le bonheur,
mais le perfectionnement. C'est en vainque, par un jeu pue? ril,
on dirait que le perfectionnement est le bonheur; nous sentons
clairement la diffe? rence qui existe entre les jouissances et les
sacrifices; et si le langage voulait adopter les me^mes termes pour
des ide? es si peu semblables, le jugement naturel ne s'y laisserait
pas tromper.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE LA MORALE. 483
On a beaucoup dit que la nature humaine tendait au bonheur:
c'est la` son instinct involontaire; mais son instinct re? fle? chi,
c'est la vertu. En donnant a` l'homme tre`s-peu d'influence sur
son propre bonheur, et des moyens sans nombre de se perfec-
tionner, l'intention du Cre? ateur n'a pas e? te? sans doute que l'ob-
jet de notre vie fu^t un but presque impossible. -- Consacrez
toutes vos forces a` vous rendre heureux, mode? rez votre carac-
te`re, si vous le pouvez, de manie`re que vous n'e? prouviez pas
ces vagues de? sirs auxquels rien ne peutsuffire, et, malgre? toute
cette sage combinaison de l'e? goi? sme, vous serez malade, vous
serez ruine? , vous serez emprisonne? , et tout l'e? difice de vos soins
pour vous-me^me sera renverse? .
L'on re? pond a` cela: --Je serai si circonspect que je n'aurai
point d'ennemis. -- Soit, vous n'aurez point a` vous reprocher de
ge? ne? reuses imprudences; mais on a vu quelquefois les moins
courageux perse? cute? s. --Je me? nagerai si bien ma fortune, que
je la conserverai. -- Je le crois; mais il y a des de? sastres uni-
versels , qui n'e? pargnent pas me^me ceux qui ont eu pour prin-
cipe de ne jamais s'exposer pour les autres, et la maladie et les
accidents de toute espe`ce disposent de notre sort malgre? nous.
Comment donc le but de notre liberte? morale serait-il le bonheur
de cette courte vie, que le hasard, la souffrance, la vieillesse et
la mort mettent hors de notre puissance? Il n'en est pas de me^me
du perfectionnement; chaque jour, chaque heure, chaque mi-
nute peut y contribuer ; tous les e? ve? nements heureux et malheu-
reux y servent e? galement, et cette oeuvre de? pend en entier de
nous, quelle que soit notre situation sur la terre.
La morale de Kant et de Fichte est tre`s-analogue a` celle des
stoi? ciens; cependant, les stoi? ciens accordaient davantage a` l'em-
pire des qualite? s naturelles; l'orgueil romain se retrouve dans
leur manie`re de juger l'homme. Les Kantiens croient a` l'action
ne? cessaire et continuelle de la volonte? contre les mauvais pen-
chants. Ils ne tole`rent point les exceptions dans l'obe? issance au
devoir, et rejettent toutes les excuses qui pourraient les mo-
tiver.
L'opinion de Kant sur la ve? racite? en est un exemple; il la
conside`re avec raison comme la base de toute morale. Quand le
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 484 DE LA MORALE.
fils de Dieu s'est appele? le Ver)>>e, ou la Parole, peut-e^tre vou-
lait-il honorer ainsi dans le langage l'admirable faculte? de re? ve? ler
ce qu'on pense. Kant a porte? le respect pour la ve? rite? jusqu'au
point de ne pas permettre qu'on la trahi^t, lors me^me qu'un
sce? le? rat viendrait vous demander si votre ami qu'il poursuit est
cache? dans votre maison. Il pre? tend qu'il ne faut jamais se per-
mettre dans aucune circonstance particulie`re ce qui ne saurait
e^tre admis comme loi ge? ne? rale; mais, dans cette occasion, il
oublie qu'on pourrait faire une loi ge? ne? rale de ne sacrifier la
ve? rite? qu'a` une autre vertu; car, de`s que l'inte? re^t personnel
est e? carte? d'une question, les sophismes ne sont plus a` crain-
dre, et la conscience prononce sur toutes choses avec e? quite? .
La the? orie de Kant, en morale, est se? ve`re et quelquefois se`che,
parce qu'elle exclut la sensibilite? . Il la regarde comme un reflet
des sensations, et comme devant conduire aux passions, dans
lesquelles il entre toujours de l'e? goi? sme; c'est a` cause de cela
qu'il n'admet pas cette sensibilite? pour guide, et qu'il place la
morale sous la sauvegarde de principes immuables. Il n'est rien
deplus se? ve`re que cette doctrine; mais il y aune se? ve? rite? qui
attendrit, alors me^me que les mouvements du coeur lui sont
suspects, et qu'elle essaye de les bannir tous: quelque rigoureux
que soit un moraliste, quand c'est a` la conscience qu'il s'adresse,
il est su^r de nous e? mouvoir. Celui qui dit a` l'homme : --Trou-
vez tout en vous-me^me, -- fait toujours nai^tre dans l'a^me quel-
que chose de grand qui tient encore a` la sensibilite? me^me dont
il exige le sacrifice. Il faut distinguer, en e? tudiant la philosophie
de Kant, le sentiment de la sensibilite? ; il admet l'un comme
juge des ve? rite? s philosophiques; il conside`re l'autre comme
devant e^tre soumise a` la conscience. Le sentiment et la cons-
cience sont employe? s dans ses e? crits comme des termes presque
synonymes; mais la sensibilite? se rapproche davantage de la
sphe`re des e? motions, et par conse? quent des passions qu'elles
font nai^tre.
On ne saurait se lasser d'admirer les e? crits de Kant, dans
lesquels la supre^me loi du devoir est consacre? e; quelle chaleur
vraie, quelle e? loquence anime? e, dans un sujet ou` d'ordinaire il
ne s'agit que de re? primer! On se sent pe? ne? tre? d'un profond res-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE LA MOHALE. '(85
pect pour l'auste? rite? d'un vieillard philosophe, constamment
soumis a` cet invincible pouvoir de la vertu, sans autre empire
que la conscience, sans autres armes que les remords, sans
autres tre? sors a` distribuer que les jouissances inte? rieures de
l'a^me; jouissances dont on ne peut me^me donner l'espoir
pour motif, puisqu'on ne les comprend qu'apre`s les avoir e? prou-
ve? es.
Parmi les philosophes allemands, des hommes non moins
vertueux que Kant, et qui se rapprochent davantage de la reli-
gion parleurs penchants, ont attribue? au sentiment religieux
l'origine de la loi morale. Ce sentiment ne saurait e^tre de la na-
ture de ceux qui peuvent devenir une passion. Se? ne`que en a
de? peint le calme et la profondeur, quand il a dit: Dans le sein
de f homme vertueux, je ne sais quel Dieu, mais il habite un
Dieu.
Kant a pre? tendu que c'e? tait alte? rer la purete? de? sinte? resse? e de
la morale, que de donner pour buta` nos actions la perspective
d'une vie future; plusieurs e? crivains allemands l'ont parfaitement
re? fute? a`cet e? gard; en effet, l'immortalite? ce? leste n'a nul rapport
avec les peines et les re? compenses que l'on conc? oit sur cette
terre; le sentiment qui nous fait aspirer a` l'immortalite? , est
aussi de? sinte? resse? que celui qui nous ferait trouver notre bonheur
dans le de? vouement a` celui des autres; car les pre? mices de la fe? -
licite?
religieuse, c'est le sacrifice de nous-me^mes; ainsi donc
elle e? carte ne? cessairement toute espe`ce d'e? goi? sme.
Quelque effort qu'on fasse, il faut en revenir a` reconnai^tre
que la religion est le ve? ritable fondement dela morale; c'est
l'objet sensible et re? el au dedans de nous, qui peut seul de? tour-
ner nos regards des objets exte? rieurs. Si la pie? te? ne causait pas
des e? motions sublimes, qui sacrifierait me^me des plaisirs , quel-
que vulgaires qu'ils fussent, a` la froide dignite? de la raison? 11
faut commencer l'histoire intime de l'homme par la religion ou
par la sensation, car il n'y a de vivant que l'une ou l'autre. La
morale fonde? e sur l'inte? re^t personnel serait aussi e? vidente qu'une
ve? rite? mathe? matique, qu'elle n'en exercerait pas plus d'empire
sur les passions, qui foulent aux pieds tous les calculs; il n'y a
qu'un sentiment qui puisse triompher d'un sentiment, la nature 4l.
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? 486 DE L4 MORALE.
violente ne saurait e^tre domine? e que par la nature exalte? e. Le
raisonnement, dans de pareils cas, ressemble au mai^tre d'e? colede La Fontaine; personne ne l'e? coute, et tout le monde crie au
secours.
Jacobi, comme je le montrerai dans l'analyse de ses ouvra-
ges, a combattu les arguments dont Kant se sert pour ne pas ad-
mettre le sentiment religieux comme base de la morale. Il croit,
au contraire, que la Divinite? se re? ve`le a` chaque homme en par-
ticulier, comme elle s'est re? ve? le? e au genre humain, lorsque les
prie`res et les oeuvres ont pre? pare? le coeur a` la comprendre. Un autre philosophe affirme que l'immortalite? commence de? ja` sur
cette terre, pour celui qui de? sire et qui sent en lui-me^me le gou^t
des choses e? ternelles; un autre, que la nature fait entendre la
volonte? de Dieu a` l'homme, et qu'il y a dans l'univers une voix
ge? missante et captive, qui l'invite a`de? livrer le monde et lui-
me^me, en combattant le principe du mal sous toutes ses appa-
rences funestes. Ces divers syste`mes tiennent a` l'imagination de
chaque e? crivain, et sont adopte? s par ceux qui sympathisent avec
lui; mais la direction ge? ne? rale de ces opinions est toujours la
me^me: affranchir l'a^me de l'influence des objets exte? rieurs, pla-
cer l'empire de nous en nous-me^mes, et donner a` cet empire le
devoir pour loi, et pour espe? rance une autre vie.
Sans doute, les vrais chre? tiens ont enseigne? de tout temps la
me^me doctrine: mais ce qui distingue la nouvelle e? cole alle-
mande, c'est de re? unir a` tous ces sentiments, dont on voulait
faire le partage des simples et des ignorants, la plus haute phi-
losophie et les connaissances les plus positives. Le sie`cle orgueil-
leux e? tait venu nous dire que le raisonnement et les sciences
de? truisaient toutes les perspectives de l'imagination, toutes les
terreurs de la conscience, toutes les croyances du coeur, et l'on
rougissait de la moitie? de son e^tre de? clare? e faible et presque in-
sense? e; mais ils sont arrive? s ces hommes qui, a` force de penser,
ont trouve? la the? orie de toutes les impressions naturelles; et, loin
de vouloir les e? touffer, ils nous ont fait de? couvrir la noble source
dont elles sortent. Les moralistes allemands ont releve? le senti-
ment et l'enthousiasme des de? dains d'une raison tyrannique,
qui comptait comme richesse tout ce qu'elle avait ane? anti, et
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? DE L. 4 MOHALE SCIENTIFIQUE. 467
mettait sur le lit de Procruste l'homme et la nature, afin d'en
retrancher ce que la philosophie mate? rialiste ne pouvait com-
prendre!
CHAPITRE XV.
De la morale scientifique.
On a voulu tout de? montrer, depuis que le gou^t des sciences
exactes s'est empare? des esprits ; et le calcul des probabilite? s
permettant de soumettre l'incertain me^me a` des re`gles, l'on s'est
flatte? de re? soudre mathe? matiquement toutes les difficulte? s que
pre? sentaient les questions les plus de? licates, et de faire ainsi re? -
gner l'alge`bre sur l'univers. Des philosophes, en Allemagne, ont
aussi pre? tendu donner a` la morale les avantages d'une science ri-
goureusement prouve? e dans ses principes comme dans ses con-
se? quences, et qui n'admet ni objection ni exception, de`s qu'on
en adopte la premie`re base. Kant et Fichte ont essaye? ce travail
me? taphysique, et Schleiermacher, le traducteur de Platon, et
l'auteur de plusieurs discours sur la religion, dont nous parle-
rons dans la section suivante, a publie? un livre tre`s-profond sur
l'examen des diverses morales , conside? re? es comme science. Il
voudrait en trouver une dont tous les raisonnements fussent
parfaitement enchai^ne? s, dont le principe conti^nt toutes les con-
se? quences, et dont chaque conse? quence fit reparai^tre le principe;
mais, jusqu'a` pre? sent, il ne semble pas que ce but puisse e^tre
atteint.
Les anciens ont aussi voulu faire une science de la morale,
mais ils comprenaient dans cette science les lois et le gouverne-
ment; en effet, il est impossible de fixer d'avance tous les devoirs
de la vie, quand on ignore ce que la le? gislation et les moeurs
du pays ou` l'on est peuvent exiger; c'est d'apre`s ce point de vue
que Platon a imagine? sa re? publique. L'hommeentier y est con-
side? re? sous le rapport de la religion, de la politique et de la mo-
rale; mais, comme cette re? publique ne saurait exister, on ne peut
concevoir comment, au milieu des abus de la socie? te? humaine,
un code de morale, quel qu'il fu^t, pourrait se passer de l'inter-
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? 48>> DE LA MOBALE SCIENTIFIQUE,
pre? tatiou habituelle de la conscience. Les philosophes recher-
chent la forme scientifique en toutes choses; on dirait qu'ils se
flattent d'enchai^ner ainsi l'avenir, et de se soustraire entie`rement
au joug des circonstances; mais ce qui nous en affranchit, c'est
notre a^me, c'est la since? rite? de notre amour intime pour la vertu.
La science de la morale n'enseigne pas plus a` e^tre un honne^te
homme, dans toute la magnificence de ce mot, que la ge? ome? trie
a` dessiner, ni la poe? tique a` trouver des fictions heureuses.
Kant, qui avait reconnu la ne? cessite? du sentiment dans les
ve? rite? s me? taphysiques, a voulu s'en passer dans la morale, et il
n'a jamais pu e? tablir, d'une manie`re incontestable, qu'un grand
fait du coeur humain, c'est que la morale a le devoir et non l'in-
te? re^t pour base; mais, pour connai^tre le devoir, il faut en appe-
ler a` sa conscience et a` la religion. Kant, en e? cartant la religion
des motifs de la morale, ne pouvait voir dans la conscience qu'un
juge, et non une voix divine; aussi n'a-t-il cesse? de pre? sentera`
ce juge des questions e? pineuses; les solutions qu'il en a donne? es,
et qu'il croyait e? videntes, n'en ont pas moins e? te? attaque? es de
mille manie`res; car ce n'est jamais que par le sentiment qu'on
arrive a` l'unanimite? d'opinion parmi les hommes.
Quelques philosophes allemands ayant reconnu l'impossibilite?
de re? diger en lois toutes les affections qui composent notre e^tre,
et de faire une science, pour ainsi dire, de tous les mouvements
du coeur, se sont contente? s d'affirmer que la morale consistait
dans l'harmonie avec soi-me^me. Sans doute, quand on n'a pas
de remords, il est probable qu'on n'est pas criminel, et, quand
me^me on commettrait des fautes d'apre`s l'opinion des autres,
si d'apre`s la sienne on a fait son devoir, on n'est pas coupable;
mais il ne faut pas se fier cependant a` ce contentement de soi-
me^me, qui semble devoir e^tre la meilleure preuve de la vertu. Il
y a des hommes qui sont parvenus a` prendre leur orgueil pour
dela conscience; le fanatisme est, pour d'autres, un mobile
de? sinte? resse? qui justifie tout a` leurs propres yeux : enfin, l'ha-
bitude du crime donne a` de certains caracte`res un genre de force
qui les affranchit du repentir, au moins tant qu'ils ne sont pas
atteints par l'infortune. Il ne s'ensuit pas de cette impossibilite? de trouver une science
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? JACORI. 489
de la morale, ou des signes universels auxquels on puisse re-
connai^tre si ses pre? ceptes sont observe? s, qu'il n'y ait pas des de-
voirs positifs qui doivent nous servir de guides; mais comme il
y a dans la destine? e de l'homme ne? cessite? et liberte? , il faut que
dans sa conduite il y ait aussi l'inspiration et la re`gle; rien de
ce qui tient a` la vertu ne peut e^tre ni tout a` fait arbitraire, ni
tout a` fait fixe? : aussi, l'une des merveilles de la religion est-
elle de re? unir au me^me degre? l'e? lan de l'amour et la soumission
a` la loi; le coeur de l'homme est ainsi tout a` la fois satisfait et
dirige? .
Je ne rendrai point compte ici de tous les syste`mes de mo-
rale scientifique qui ont e? te? publie?
condition ne? cessaire de notre e^tre moral, la ve? rite? qui a pre? ce? de?
toutes celles dont on acquiert la connaissance par la vie. Peut-on nier que la conscience n'ait bien plus de dignite? quand on la
croit une puissance inne? e, que quand on voit en elle une faculte?
acquise, comme toutes les autres, par l'expe? rience et l'habitude?
et c'est en cela surtout que la me? taphysique ide? aliste exerce une
grande influence sur la conduite morale de l'homme: elle attri-
bue la me^me force primitive a` la notion du devoir qu'a` celle de
l'espace et du temps , et les conside? rant toutes deux comme in-
he? rentes a` notre nature, elle n'admet pas plus de doute sur l'une
que sur l'autre.
Toute estime pour soi-me^me et pour les autres doit e^tre fon-
de? e sur les rapports qui existent entre les actions et la loi du
devoir; cette loi ne tient en rien au besoin du bonheur; au
contraire, elle est souvent appele? e a` le combattre. Kant va plus
loin encore; il affirme que le premier effet du pouvoir de la
vertu est de causer une noble peine par les sacrifices qu'elle
exige.
La destination de l'homme sur cette terre n'est pas le bonheur,
mais le perfectionnement. C'est en vainque, par un jeu pue? ril,
on dirait que le perfectionnement est le bonheur; nous sentons
clairement la diffe? rence qui existe entre les jouissances et les
sacrifices; et si le langage voulait adopter les me^mes termes pour
des ide? es si peu semblables, le jugement naturel ne s'y laisserait
pas tromper.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE LA MORALE. 483
On a beaucoup dit que la nature humaine tendait au bonheur:
c'est la` son instinct involontaire; mais son instinct re? fle? chi,
c'est la vertu. En donnant a` l'homme tre`s-peu d'influence sur
son propre bonheur, et des moyens sans nombre de se perfec-
tionner, l'intention du Cre? ateur n'a pas e? te? sans doute que l'ob-
jet de notre vie fu^t un but presque impossible. -- Consacrez
toutes vos forces a` vous rendre heureux, mode? rez votre carac-
te`re, si vous le pouvez, de manie`re que vous n'e? prouviez pas
ces vagues de? sirs auxquels rien ne peutsuffire, et, malgre? toute
cette sage combinaison de l'e? goi? sme, vous serez malade, vous
serez ruine? , vous serez emprisonne? , et tout l'e? difice de vos soins
pour vous-me^me sera renverse? .
L'on re? pond a` cela: --Je serai si circonspect que je n'aurai
point d'ennemis. -- Soit, vous n'aurez point a` vous reprocher de
ge? ne? reuses imprudences; mais on a vu quelquefois les moins
courageux perse? cute? s. --Je me? nagerai si bien ma fortune, que
je la conserverai. -- Je le crois; mais il y a des de? sastres uni-
versels , qui n'e? pargnent pas me^me ceux qui ont eu pour prin-
cipe de ne jamais s'exposer pour les autres, et la maladie et les
accidents de toute espe`ce disposent de notre sort malgre? nous.
Comment donc le but de notre liberte? morale serait-il le bonheur
de cette courte vie, que le hasard, la souffrance, la vieillesse et
la mort mettent hors de notre puissance? Il n'en est pas de me^me
du perfectionnement; chaque jour, chaque heure, chaque mi-
nute peut y contribuer ; tous les e? ve? nements heureux et malheu-
reux y servent e? galement, et cette oeuvre de? pend en entier de
nous, quelle que soit notre situation sur la terre.
La morale de Kant et de Fichte est tre`s-analogue a` celle des
stoi? ciens; cependant, les stoi? ciens accordaient davantage a` l'em-
pire des qualite? s naturelles; l'orgueil romain se retrouve dans
leur manie`re de juger l'homme. Les Kantiens croient a` l'action
ne? cessaire et continuelle de la volonte? contre les mauvais pen-
chants. Ils ne tole`rent point les exceptions dans l'obe? issance au
devoir, et rejettent toutes les excuses qui pourraient les mo-
tiver.
L'opinion de Kant sur la ve? racite? en est un exemple; il la
conside`re avec raison comme la base de toute morale. Quand le
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 484 DE LA MORALE.
fils de Dieu s'est appele? le Ver)>>e, ou la Parole, peut-e^tre vou-
lait-il honorer ainsi dans le langage l'admirable faculte? de re? ve? ler
ce qu'on pense. Kant a porte? le respect pour la ve? rite? jusqu'au
point de ne pas permettre qu'on la trahi^t, lors me^me qu'un
sce? le? rat viendrait vous demander si votre ami qu'il poursuit est
cache? dans votre maison. Il pre? tend qu'il ne faut jamais se per-
mettre dans aucune circonstance particulie`re ce qui ne saurait
e^tre admis comme loi ge? ne? rale; mais, dans cette occasion, il
oublie qu'on pourrait faire une loi ge? ne? rale de ne sacrifier la
ve? rite? qu'a` une autre vertu; car, de`s que l'inte? re^t personnel
est e? carte? d'une question, les sophismes ne sont plus a` crain-
dre, et la conscience prononce sur toutes choses avec e? quite? .
La the? orie de Kant, en morale, est se? ve`re et quelquefois se`che,
parce qu'elle exclut la sensibilite? . Il la regarde comme un reflet
des sensations, et comme devant conduire aux passions, dans
lesquelles il entre toujours de l'e? goi? sme; c'est a` cause de cela
qu'il n'admet pas cette sensibilite? pour guide, et qu'il place la
morale sous la sauvegarde de principes immuables. Il n'est rien
deplus se? ve`re que cette doctrine; mais il y aune se? ve? rite? qui
attendrit, alors me^me que les mouvements du coeur lui sont
suspects, et qu'elle essaye de les bannir tous: quelque rigoureux
que soit un moraliste, quand c'est a` la conscience qu'il s'adresse,
il est su^r de nous e? mouvoir. Celui qui dit a` l'homme : --Trou-
vez tout en vous-me^me, -- fait toujours nai^tre dans l'a^me quel-
que chose de grand qui tient encore a` la sensibilite? me^me dont
il exige le sacrifice. Il faut distinguer, en e? tudiant la philosophie
de Kant, le sentiment de la sensibilite? ; il admet l'un comme
juge des ve? rite? s philosophiques; il conside`re l'autre comme
devant e^tre soumise a` la conscience. Le sentiment et la cons-
cience sont employe? s dans ses e? crits comme des termes presque
synonymes; mais la sensibilite? se rapproche davantage de la
sphe`re des e? motions, et par conse? quent des passions qu'elles
font nai^tre.
On ne saurait se lasser d'admirer les e? crits de Kant, dans
lesquels la supre^me loi du devoir est consacre? e; quelle chaleur
vraie, quelle e? loquence anime? e, dans un sujet ou` d'ordinaire il
ne s'agit que de re? primer! On se sent pe? ne? tre? d'un profond res-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DE LA MOHALE. '(85
pect pour l'auste? rite? d'un vieillard philosophe, constamment
soumis a` cet invincible pouvoir de la vertu, sans autre empire
que la conscience, sans autres armes que les remords, sans
autres tre? sors a` distribuer que les jouissances inte? rieures de
l'a^me; jouissances dont on ne peut me^me donner l'espoir
pour motif, puisqu'on ne les comprend qu'apre`s les avoir e? prou-
ve? es.
Parmi les philosophes allemands, des hommes non moins
vertueux que Kant, et qui se rapprochent davantage de la reli-
gion parleurs penchants, ont attribue? au sentiment religieux
l'origine de la loi morale. Ce sentiment ne saurait e^tre de la na-
ture de ceux qui peuvent devenir une passion. Se? ne`que en a
de? peint le calme et la profondeur, quand il a dit: Dans le sein
de f homme vertueux, je ne sais quel Dieu, mais il habite un
Dieu.
Kant a pre? tendu que c'e? tait alte? rer la purete? de? sinte? resse? e de
la morale, que de donner pour buta` nos actions la perspective
d'une vie future; plusieurs e? crivains allemands l'ont parfaitement
re? fute? a`cet e? gard; en effet, l'immortalite? ce? leste n'a nul rapport
avec les peines et les re? compenses que l'on conc? oit sur cette
terre; le sentiment qui nous fait aspirer a` l'immortalite? , est
aussi de? sinte? resse? que celui qui nous ferait trouver notre bonheur
dans le de? vouement a` celui des autres; car les pre? mices de la fe? -
licite?
religieuse, c'est le sacrifice de nous-me^mes; ainsi donc
elle e? carte ne? cessairement toute espe`ce d'e? goi? sme.
Quelque effort qu'on fasse, il faut en revenir a` reconnai^tre
que la religion est le ve? ritable fondement dela morale; c'est
l'objet sensible et re? el au dedans de nous, qui peut seul de? tour-
ner nos regards des objets exte? rieurs. Si la pie? te? ne causait pas
des e? motions sublimes, qui sacrifierait me^me des plaisirs , quel-
que vulgaires qu'ils fussent, a` la froide dignite? de la raison? 11
faut commencer l'histoire intime de l'homme par la religion ou
par la sensation, car il n'y a de vivant que l'une ou l'autre. La
morale fonde? e sur l'inte? re^t personnel serait aussi e? vidente qu'une
ve? rite? mathe? matique, qu'elle n'en exercerait pas plus d'empire
sur les passions, qui foulent aux pieds tous les calculs; il n'y a
qu'un sentiment qui puisse triompher d'un sentiment, la nature 4l.
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? 486 DE L4 MORALE.
violente ne saurait e^tre domine? e que par la nature exalte? e. Le
raisonnement, dans de pareils cas, ressemble au mai^tre d'e? colede La Fontaine; personne ne l'e? coute, et tout le monde crie au
secours.
Jacobi, comme je le montrerai dans l'analyse de ses ouvra-
ges, a combattu les arguments dont Kant se sert pour ne pas ad-
mettre le sentiment religieux comme base de la morale. Il croit,
au contraire, que la Divinite? se re? ve`le a` chaque homme en par-
ticulier, comme elle s'est re? ve? le? e au genre humain, lorsque les
prie`res et les oeuvres ont pre? pare? le coeur a` la comprendre. Un autre philosophe affirme que l'immortalite? commence de? ja` sur
cette terre, pour celui qui de? sire et qui sent en lui-me^me le gou^t
des choses e? ternelles; un autre, que la nature fait entendre la
volonte? de Dieu a` l'homme, et qu'il y a dans l'univers une voix
ge? missante et captive, qui l'invite a`de? livrer le monde et lui-
me^me, en combattant le principe du mal sous toutes ses appa-
rences funestes. Ces divers syste`mes tiennent a` l'imagination de
chaque e? crivain, et sont adopte? s par ceux qui sympathisent avec
lui; mais la direction ge? ne? rale de ces opinions est toujours la
me^me: affranchir l'a^me de l'influence des objets exte? rieurs, pla-
cer l'empire de nous en nous-me^mes, et donner a` cet empire le
devoir pour loi, et pour espe? rance une autre vie.
Sans doute, les vrais chre? tiens ont enseigne? de tout temps la
me^me doctrine: mais ce qui distingue la nouvelle e? cole alle-
mande, c'est de re? unir a` tous ces sentiments, dont on voulait
faire le partage des simples et des ignorants, la plus haute phi-
losophie et les connaissances les plus positives. Le sie`cle orgueil-
leux e? tait venu nous dire que le raisonnement et les sciences
de? truisaient toutes les perspectives de l'imagination, toutes les
terreurs de la conscience, toutes les croyances du coeur, et l'on
rougissait de la moitie? de son e^tre de? clare? e faible et presque in-
sense? e; mais ils sont arrive? s ces hommes qui, a` force de penser,
ont trouve? la the? orie de toutes les impressions naturelles; et, loin
de vouloir les e? touffer, ils nous ont fait de? couvrir la noble source
dont elles sortent. Les moralistes allemands ont releve? le senti-
ment et l'enthousiasme des de? dains d'une raison tyrannique,
qui comptait comme richesse tout ce qu'elle avait ane? anti, et
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? DE L. 4 MOHALE SCIENTIFIQUE. 467
mettait sur le lit de Procruste l'homme et la nature, afin d'en
retrancher ce que la philosophie mate? rialiste ne pouvait com-
prendre!
CHAPITRE XV.
De la morale scientifique.
On a voulu tout de? montrer, depuis que le gou^t des sciences
exactes s'est empare? des esprits ; et le calcul des probabilite? s
permettant de soumettre l'incertain me^me a` des re`gles, l'on s'est
flatte? de re? soudre mathe? matiquement toutes les difficulte? s que
pre? sentaient les questions les plus de? licates, et de faire ainsi re? -
gner l'alge`bre sur l'univers. Des philosophes, en Allemagne, ont
aussi pre? tendu donner a` la morale les avantages d'une science ri-
goureusement prouve? e dans ses principes comme dans ses con-
se? quences, et qui n'admet ni objection ni exception, de`s qu'on
en adopte la premie`re base. Kant et Fichte ont essaye? ce travail
me? taphysique, et Schleiermacher, le traducteur de Platon, et
l'auteur de plusieurs discours sur la religion, dont nous parle-
rons dans la section suivante, a publie? un livre tre`s-profond sur
l'examen des diverses morales , conside? re? es comme science. Il
voudrait en trouver une dont tous les raisonnements fussent
parfaitement enchai^ne? s, dont le principe conti^nt toutes les con-
se? quences, et dont chaque conse? quence fit reparai^tre le principe;
mais, jusqu'a` pre? sent, il ne semble pas que ce but puisse e^tre
atteint.
Les anciens ont aussi voulu faire une science de la morale,
mais ils comprenaient dans cette science les lois et le gouverne-
ment; en effet, il est impossible de fixer d'avance tous les devoirs
de la vie, quand on ignore ce que la le? gislation et les moeurs
du pays ou` l'on est peuvent exiger; c'est d'apre`s ce point de vue
que Platon a imagine? sa re? publique. L'hommeentier y est con-
side? re? sous le rapport de la religion, de la politique et de la mo-
rale; mais, comme cette re? publique ne saurait exister, on ne peut
concevoir comment, au milieu des abus de la socie? te? humaine,
un code de morale, quel qu'il fu^t, pourrait se passer de l'inter-
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? 48>> DE LA MOBALE SCIENTIFIQUE,
pre? tatiou habituelle de la conscience. Les philosophes recher-
chent la forme scientifique en toutes choses; on dirait qu'ils se
flattent d'enchai^ner ainsi l'avenir, et de se soustraire entie`rement
au joug des circonstances; mais ce qui nous en affranchit, c'est
notre a^me, c'est la since? rite? de notre amour intime pour la vertu.
La science de la morale n'enseigne pas plus a` e^tre un honne^te
homme, dans toute la magnificence de ce mot, que la ge? ome? trie
a` dessiner, ni la poe? tique a` trouver des fictions heureuses.
Kant, qui avait reconnu la ne? cessite? du sentiment dans les
ve? rite? s me? taphysiques, a voulu s'en passer dans la morale, et il
n'a jamais pu e? tablir, d'une manie`re incontestable, qu'un grand
fait du coeur humain, c'est que la morale a le devoir et non l'in-
te? re^t pour base; mais, pour connai^tre le devoir, il faut en appe-
ler a` sa conscience et a` la religion. Kant, en e? cartant la religion
des motifs de la morale, ne pouvait voir dans la conscience qu'un
juge, et non une voix divine; aussi n'a-t-il cesse? de pre? sentera`
ce juge des questions e? pineuses; les solutions qu'il en a donne? es,
et qu'il croyait e? videntes, n'en ont pas moins e? te? attaque? es de
mille manie`res; car ce n'est jamais que par le sentiment qu'on
arrive a` l'unanimite? d'opinion parmi les hommes.
Quelques philosophes allemands ayant reconnu l'impossibilite?
de re? diger en lois toutes les affections qui composent notre e^tre,
et de faire une science, pour ainsi dire, de tous les mouvements
du coeur, se sont contente? s d'affirmer que la morale consistait
dans l'harmonie avec soi-me^me. Sans doute, quand on n'a pas
de remords, il est probable qu'on n'est pas criminel, et, quand
me^me on commettrait des fautes d'apre`s l'opinion des autres,
si d'apre`s la sienne on a fait son devoir, on n'est pas coupable;
mais il ne faut pas se fier cependant a` ce contentement de soi-
me^me, qui semble devoir e^tre la meilleure preuve de la vertu. Il
y a des hommes qui sont parvenus a` prendre leur orgueil pour
dela conscience; le fanatisme est, pour d'autres, un mobile
de? sinte? resse? qui justifie tout a` leurs propres yeux : enfin, l'ha-
bitude du crime donne a` de certains caracte`res un genre de force
qui les affranchit du repentir, au moins tant qu'ils ne sont pas
atteints par l'infortune. Il ne s'ensuit pas de cette impossibilite? de trouver une science
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? JACORI. 489
de la morale, ou des signes universels auxquels on puisse re-
connai^tre si ses pre? ceptes sont observe? s, qu'il n'y ait pas des de-
voirs positifs qui doivent nous servir de guides; mais comme il
y a dans la destine? e de l'homme ne? cessite? et liberte? , il faut que
dans sa conduite il y ait aussi l'inspiration et la re`gle; rien de
ce qui tient a` la vertu ne peut e^tre ni tout a` fait arbitraire, ni
tout a` fait fixe? : aussi, l'une des merveilles de la religion est-
elle de re? unir au me^me degre? l'e? lan de l'amour et la soumission
a` la loi; le coeur de l'homme est ainsi tout a` la fois satisfait et
dirige? .
Je ne rendrai point compte ici de tous les syste`mes de mo-
rale scientifique qui ont e? te? publie?
