es humbles font couler doucement
<< nos pleurs; mais il y a du poison dans l'orgueil, et l'homme
<< devient insense?
<< nos pleurs; mais il y a du poison dans l'orgueil, et l'homme
<< devient insense?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
Quand la victime est la`, dans le cercueil, a` qui s'adresser s'il
n'y a pas de communication avec elle, si Dieu lui-me^me ne fait
pas entendre aux morts les pleurs des vivants , si le souverain
me? diateur des hommes ne dit pas a` la douleur: --C'en est
assez; -- au repentir : --Vous e^tes pardonne? ? -- Oncroit que
le principal avantage de la religion est de re? veiller les remords;
mais c'est aussi bien souvent a` les apaiser qu'elle sert. Il est des
a^mes dans lesquelles re`gne le passe? ; il en est que les regrets
de? chirent comme une active mort, et sur lesquelles le souvenir
s'acharne comme un vautour; c'est pour elles que la religion est
un soulagement du remords.
Une ide? e toujours la me^me, et reve^tant cependant mille for-
mes diverses, fatigue tout a` la fois par son agitation et par sa
monotonie. Les beaux-arts, qui redoublent la puissance de l'i-
magination, accroissent avec elle la vivacite? de la douleur. La
nature elle-me^me importune, quand l'a^me n'est plus en harmo-
nie avec elle; son calme, qu'on trouvait doux, irrite comme
l'indiffe? rence; les merveilles de l'univers s'obscurcissent a` nos
. regards: tout semble apparition, me^me au milieu de l'e? clat du
jour. La nuit inquie`te, comme si l'obscurite? rece? lait quelque
secret de nos maux, et le soleil resplendissant semble insulter
au deuil du coeur. Ou` fuir tant de souffrances? Est-ce dans la
mort? Mais l'anxie? te? du malheur fait douter que le repos soit
dans la tombe, et le de? sespoir est pour les athe? es me^me comme
une re? ve? lation te? ne? breuse de l'e? ternite? des peines. Que ferions-nous alors, que ferions-nous, o^ mou Dieu ! si nous ne pouvions
nous jeter dans votre sein paternel? Celui qui, le premier, ap-
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? 552 DE LA DOULEUR.
pela Dieu notre pe`re, en savait plus sur le coeur humain que
les plus profonds penseurs du sie`cle. Il n'est pas vrai que la religion re? tre? cisse l'esprit; il l'est en-
core moins que la se? ve? rite? des principes religieux soit a` craindre,
. le ne connais qu'une se? ve? rite? redoutable pour les a^mes sensibles,
c'est celle des gens du monde; ce sont eux qui ne conc? oivent
rien, qui n'excusent rien de ce qui est involontaire ; ils se sont
fait un coeur humain a` leur gre? , pour le juger a` leur aise. On
pourrait leur adresser ce qu'on disait a` messieurs de Port-Royal,
qui, d'ailleurs, me? ritaient beaucoup d'admiration : << Il vous
<< est facile de comprendre l'homme que vous avez cre? e? ; mais
<< celui qui est, vous ne le connaissez pas. >>
La plupart des gens du monde sont accoutume? s a` faire de
certains dilemmes sur toutes les situations malheureuses de la
vie, afin de se de? barrasser le plus to^t qu'il est possible de la pitie?
qu'elles exigent d'eux. Il n'y a que deux partis a` prendre, di-
sent-ils : il faut qu'on soit tout un ou tout autre; iljaut sup-
porter ce qu'on ne peut empe^cher ; il faut se consoler de ce qui est irre? vocable. Ou bien, qui veut le but, veut les moyens; il
faut tout faire pour conserver ce dont on ne peut se passer,
etc. , etc. , et mille autres axiomes de ce genre qui ont tous la forme
de proverbes, et qui sont en effet le code de la sagesse vulgaire.
Mais quel rapport y a-t-il entre ces axiomes et les angoisses du
coeur? Tout cela sert tre`s-bien dans les affaires communes de la
vie; mais comment appliquer de telsconseils aux peines morales?
Elles varient toutes selon les individus ; et se composent de mille
circonstances diverses, inconnues a` tout autre qu'a` notre ami le
plus intime, s'il en est un qui sache s'identifier avec nous. Cha-
que caracte`re est presque un monde nouveau pour qui sait ob-
server avec finesse, et je ne connais dans la science du coeur
humain aucune ide? e ge? ne? rale qui s'applique comple? tement aux
exemples particuliers.
Le langage de la religion peut seul convenir a` toutes les situa-
tions et a` toutes les manie`res de sentir! En lisant les re^veries de
J. -J. Rousseau , cet e? loquent tableau d'un e^tre en proie a` une
imagination plus forte que lui, je me suis demande? comment un
homme d'esprit forme? par le monde, et un solitaire religieux,
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? DE LA DOULEUR. 553
auraient essaye? de consoler Rousseau? Il se serait plaint d'e^tre
hai? et perse? cute? ; il se serait dit l'objet de l'envie universelle, et
la victime d'une conjuration qui s'e? tendait depuis le peuple jus-
qu'aux rois; il aurait pre? tendu que tous ses amis l'avaient trahi,
et que les services me^mes qu'on lui rendait e? taient des pie? ges:
qu'aurait alors re? pondu a` toutes ces plaintes l'homme d'esprit
forme? parla socie? te? ? << Vous vous exage? rez singulie`rement, aurait-il dit, l'effet que
<< vous croyez produire ; vous e^tes sans doute un homme fort dis-
<< tingue? , mais comme chacun de nous a pourtant des affaires et
me^me des ide? es a` soi, un livre ne remplit pas toutes les te^tes,
<< l'e? ve? nement de la guerre ou de la paix, et me^me de moindres
<< inte? re^ts, mais qui nous concernent personnellement, nous
occupent beaucoup plus qu'un e? crivain, quelque ce? le`bre qu'il
puisse e^tre. On vous a exile? , il est vrai, mais tous les pays
<< doivent e^tre e? gaux a` un philosophe comme vous; et a` quoi ser-
<< viraient donc la morale et la religion, que vous de? veloppez si
bien dans vos e? crits, si vous ne saviez pas supporter les revers
<< qui vous ont atteint ? Sans doute quelques personnes vous en-
<< vient, parmi vos confre`res les hommes de lettres; mais cela
<< ne peut s'e? tendre aux classes de la socie? te? qui s'embarrassent
<< fort peu de la litte? rature; d'ailleurs, si la ce? le? brite? vous impor-
<< tune re? ellement, rien de si facile que d'y e? chapper. N'e? crivez
<< plus; au bout de peu d'anne? es, on vous oubliera, et vous
serez aussi tranquille que si vous n'aviez jamais rien publie? .
Vous dites que vos amis vous tendent des pie? ges, en faisant
semblant ile vous rendre service. D'abord n'est-il pas possible
qu'il y ait une le? ge`re nuance d'exaltation romanesque dans
<< votre manie`re de juger vos relations personnelles? 11 faut vo-
<< tre belleimagination pour composer la Nouvelle He? loi? se; mais
<< un peu de raison est ne? cessaire dans les affaires d'ici bas, et
<< quand on le veut bien, on voit les choses telles qu'elles sont.
Si pourtant vos amis vous trompent, il faut rompre avec eux;
<< mais vous seriez bien insense? de vous en affliger; car, de deux
<< choses l'une, ou` ils sont dignes de votre estime, et dans ce cas
vous auriez tort de les soupc? onner; ou si vos soupcons sont
47
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? 554 ? "? ? LA DOULEUR.
<< bien fonde? s, vous ne devez pas alors regretter de tels amis. >>
Apre`s avoir e? coute? ce dilemme, J. -J. Rousseau aurait bien
pu prendre un troisie`me parti, celui de se jeter dans la rivie`re.
Mais que lui aurait dit le solitaire religieux?
<< Mon fils, je ne connais pas le monde, et j'ignore s'il est vrai
<< qu'on vous y veuille du mal; mais s'il en e? tait ainsi, vous
<< auriez cela de commun avec tous les bons qui cependant ont
<< pardonne? a` leurs ennemis; car Je? sus-Christ etSocrate, le
Dieu et l'homme en ont donne? l'exemple. Il faut que les pas-
<<sions haineuses existent ici-bas pour que l'e? preuve des justes
soit accomplie. Sainte The? re`se a dit des me? chants : -- Les
i malheureux! ils n'aiment pas; et cependant les me? chants
<< vivent aussi, pour qu'ils aient le temps de se repentir.
<< Vous avez rec? u du ciel des dons admirables; s'ils vous ont
<< servi a` faire aimer ce qui est bon, n'avez-vous pas de? ja` joui
<< d'avoir e? te? un soldat de la ve? rite? sur la terre? Si vous avez
<< attendri les coeurs par une e? loquence entrai^nante, vous ob-
<<tiendrez pour vous quelques-unes des larmes que vous avez
fait couler. Vous avez des ennemis pre`s de vous, mais des
amis au loin, parmi les solitaires qui vous lisent, et vous
<< avez console? des infortune? s mieux que nous ne pouvons vous
<< consoler vous-me^me. Que n'ai-je votre talent, pour me faire
entendre de vous! C'est une belle chose que le talent, mon
fils; les hommes cherchent souvent a` le de? nigrer; ils vous di-
<< seul a` tort que nous le condamnons au nom de Dieu : cela n'est
pas vrai. C'est une e? motion-divine que celle qui inspire l'e? lo-
<< quence, et si vous n'en avez point abuse? , sachez supporter
<< l'envie, car une telle supe? riorite? vaut bien les peines qu'elle
<< peut faire e? prouver.
<< Ne? anmoins, mon fils, je le crains, l'orgueil se me^le a` vos
<< peines, et voila` ce qui leur donne de l'amertume; car toutes
l'les douleurs qui sont reste?
es humbles font couler doucement
<< nos pleurs; mais il y a du poison dans l'orgueil, et l'homme
<< devient insense? quand il s'y livre : c'est un ennemi qui se fait
son chevalier, pour mieux le perdre.
<< Le ge? nie ne doit servir qu'a` manifester la bonte? supre^me de
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? DE LA DOULEUR. 555
<< l'a^me. Il y a beaucoup de gens qui ont cette bonte? sans le talent
de l'exprimer; remerciez Dieu de qui vous tenez le charme de
ces paroles faites pour enchanter l'imagination des hommes.
Mais ne soyez fier que du sentiment qui vous les dicte. Tout
s'apaisera pour vous dans la vie, si vous restez toujours reli-
<< gieusement bon; les me? chants me^mes se hissent de faire du
? mal, leur propre venin les e? puise; et puis Dieu n'est-il pas la`
pour avoir soin du passereau qui tombe, et du coeur de l'homme
qui souffre?
<< Vous dites que vos amis veulent vous trahir; prenez garde
<< de les accuser injustement: malheur a` celui qui aurait re-
<<pousse? une affection ve? ritable, car ce sont les anges du ciel
qui nous l'envoient; ils se sont re? serve? cette part dans le destin
de l'homme! Ne permettez pas a` votre imagination de vous
e? garer; il faut la laisser planer dans les re? gions des nuages;
<< mais il n'y a que le coeur pour juger un autre coeur; et vous
seriez bien coupable si vous me? connaissiez une amitie? since`re:
car la beaute? de l'a^me consiste dans sa ge? ne? reuse confiance, et
la prudence humaine est figure? e par un serpent.
<< Il se peut toutefois qu'en expiation de quelques e? garements
<< dont vos grandes faculte? s ont e? te? la cause, vous soyez condamne?
<< sur cette terre a` boire la coupe empoisonne? e de la trahison
d'un ami. S'il en est ainsi, je vous plains , la Divinite? me^me
vous a plaint en vous punissant : mais ne vous re? voltez pas
contre ses coups; aimez encore, bien qu'aimer ait de? chire? vo-
<<tre coeur. Dans la solitude la plus profonde, dans l'isolement
le plus cruel, il ne faut pas laisser tarir en soi la source des
affections de? voue? es. Pendant longtemps on ne croit pas que
Dieu puisse e^tre aime? comme on aime ses semblables. Une voix
qui nous re? pond , des regards qui se confondent avec les no^-
- tres, paraissent pleins de vie, tandis que le ciel immense se
<< tait : mais par degre? s l'a^me s'e? le`ve jusqu'a` sentir son Dieu pre`s
<< d'elle comme un ami.
<< Mon fils, il faut prier comme on aime, en me^lant la prie`re
<< a` toutes nos pense? es: il faut prier, car alors on n'est plus seul;
<< et quand la re? signation descendra doucement en vous, tournez
vos regards vers la nature : on dirait que chacun y retrouve le
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? 556 DES PHILOSOPHES THE? OSOPHES.
<< passe? de sa vie, quand il n'en existe plus de traces parmi les
<< hommes. Re^vez a` vos chagrins comme a` vos plaisirs, en con-
<< templaut ces nuages tanto^t sombres et tanto^t brillants, que le
vent fait disparai^tre; et soit que la mort vous ait ravi vos amis,
<< soit que la vie, plus cruelle encore, ait de? chire? vos liens avec
<< eux, vous apercevrez dans les e? toiles leur image divinise? e; ils
<< vous apparai^tront tels que vous les reverrez un jour. >>
CHAPITRE VII.
Des Philosophes religieux appelt's The? osophes.
Lorsque j'ai rendu compte de la philosophie moderne des Al-
lemands, j'ai essaye? de tracer une ligne de de? marcation entre
celle qui s'attache a` pe? ne? trer les secrets de l'univers, et celle qui
se borne a` l'examen de la nature de notre a^me. La me^me distinc-
tion se fait remarquer parmi les e? crivains religieux : les uns, dont
j'ai de? ja` parle? dans les chapitres pre? ce? dents, s'en sont tenus a`
l'influence de la religion sur notre coeur; les autres, tels que Ja-
cob Boehme, en Allemagne, Saint-Martin, en France, et bien
d'autres encore, ont cru trouver dans la re? ve? lation du christia-
nisme, des paroles myste? rieuses qui pouvaient servir a` de? voiler
les lois de la cre? ation. Il faut en convenir, quand on commence
a` penser, il est difficile de s'arre^ter, et soit que la re? flexion con-
duise au scepticisme, soit qu'elle me`ne a` la foi la plus univer-
selle, on est souvent tente? de passer des heures entie`res, comme
les faquirs, a` se demander ce que c'est que la vie. Loin de de? -
daigner ceux qui sont ainsi de? vore? s par la contemplation, on ne
peut s'empe^cher de les conside? rer comme les ve? ritables seigneurs
de l'espe`ce humaine, aupre`s desquels ceux qui existent sans re? -
fle? chir ne sont que des serfs attache? s a` la gle`be. Mais comment
peut-on se flatter de donner quelque consistance a` ces pense? es ,
qui, semblables aux e? clairs, replongent dans les te? ne`bres, apre`s
avoir un moment jete? sur les objets d'incertaines lueurs.
Il peut e^tre inte? ressant, toutefois, d'indiquer la direction
principale des syste`mes des the? osophes, c'est-a`-dire des philo-
sophes religieux, qui n'ont cesse? d'exister en Allemagne depuis
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? DES PHILOSOPHES THEOSOPHES. 557
re? tablissement ilu christianisme, et surtout depuis la renais-
sance des lettres. La plupart des philosophes grecs ont fonde? le
syste`me du monde sur l'action des e? le? ments; et si l'on en excepte
Pythagore et Platon, qui tenaient de l'Orient leur tendance a`
l'ide? alisme, les penseurs de l'antiquite? expliquent tous l'orga-
nisation de l'univers par des lois physiques. Le christianisme,
en allumant la vie inte? rieure dans le sein de l'homme, devait
exciter les esprits a` s'exage? rer le pouvoir de l'a^me sur le corps;
les abus auxquels les doctrines les plus pures sont sujettes ont
amene? les visions, la magie blanche ( c'est a`dire celle qui attri-
bue a` la volonte? de l'homme, sans l'intervention des esprits in-
fernaux, la possibilite? d'agir sur les e? le? ments ), toutes les re^ve-
ries bizarres enfin qui naissent de la conviction que l'a^me est plus forte que la nature. Les secrets d'alchimistes, de magne? tiseurs et
d'illumine? s, s'appuient presque tous sur cet ascendant de la volonte? , qu'ils portent beaucoup trop loin, mais qui tient de quel-
que manie`re ne? anmoins a` la grandeur morale de l'homme.
Non-seulement le christianisme, en affirmant la spiritualite? de l'a^me, a porte? les esprits a` croire a` la puissance illimite? e dela
foi religieuse ou philosophique, mais la re? ve? lation a paru a` quel-
ques hommes un miracle continuel qui pouvait se renouveler
pour chacun d'eux , et quelques-uns ont cru since`rement qu'une
divination surnaturelle leur e? tait accorde? e, et qu'il se manifes-
tait en eux des ve? rite? s dont ils e? taient pluto^t les te? moins que les
inventeurs. Le plus fameux de ces philosophes religieux, c'est
Jacob Boehme, un cordonnier allemand, qui vivait au commen-
cement du dix-septie`me sie`cle; il a fait tant de bruit dans son
temps, que Charles 1er envoya un homme expre`s a` Gorlitz, lieu
de sa demeure, pour e? tudier son livre et le rapporter en Angle-
terre. Quelques-uns de ses e? crits ont e? te? traduits en franc? ais par
M. de Saint-Martin : ils sont tre`s-difficiles a` comprendre; cepen-
dant l'on ne peut s'empe^cher de s'e? tonner qu'un homme sans culture d'esprit ait e? te? si loin dans la contemplation de la nature. Il la conside`re en ge? ne? ral comme un emble`me des princi-
paux dogmes du christianisme; partout il croit voir dans les
phe? nome`nes du monde les traces de la chute de l'homme et de
sa re? ge? ne? ration, les effets du principe de la cole`re et de celui d>>
47.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:50 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 558 DES PHILOSOPHES THE? OSOPHES.
la mise? ricorde; et tandis que les philosophes grecs ta^chaient
d'expliquer le monde par le me? lange des e? le? ments de l'air, de
l'eau et du feu, Jacob Boehme n'admet que la combinaison des
forces morales, et s'appuie sur des passages de l'E? vangile pour
interpre? ter l'univers.
De quelque manie`re que l'on conside`re ces singuliers e? crits
qui, depuis deux cents ans, ont toujours trouve? des lecteurs, ou
pluto^t des adeptes, on ne peut s'empe^cher de remarquer les
deux routes oppose? es que suivent, pour arriver a` la ve? rite? , les
philosophes spiritualistes, et les philosophes mate? rialistes. Les
uns croient que c'est en se de? robant a` toutes les impressions du
dehors, et en se plongeant dans l'extase de la pense? e, qu'on
peut deviner la-nature; les autres pre?