le`ve jusqu'a` l'intelli-
gence supre^me se retrouve dans le ge?
gence supre^me se retrouve dans le ge?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
La me? taphysique de Locke n'a eu d'autre effet sur les esprits,
eu Angleterre, que de ternir un peu leur originalite? naturelle;
quand me^me elle desse? cherait la source des grandes pense? es
philosophiques,elle ne saurait de? truire le sentiment religieux,
qui sait si bien y supple? er; mais cette me? taphysique rec? ue dans
le reste de l'Europe, l'Allemagne excepte? e, a e? te? l'une des prin-
cipales causes de l'immoralite? dont on s'est fait une the? orie,
pour en mieux assurer la pratique.
Locke s'est particulie`rement attache? a` prouver qu'il n'y avait
rien d'inne? dans l'a^me: il avait raison, puisqu'il me^lait toujours
au sens du mot ide? e un de? veloppement acquis par l'expe? rience;
les ide? es ainsi conc? ues sont le re? sultat des objets qui les exci-
tent, des comparaisons qui les rassemblent, et du langage qui
en facilite la combinaison. Mais il n'en est pas de me^me des
sentiments, ni des dispositions, ni des faculte? s qui constituent
les lois del'entendement humain, comme l'attraction et l'im-
pulsion constituent celles de la nature physique.
Une chose vraiment digne de remarque, ce sont les arguments
dont Locke a e? te? oblige? de se servir pour prouver que tout ce
qui e? tait dans l'a^me nous venait parles sensations. Si ces ar-
guments conduisaient a` la ve? rite? , sans doute il faudrait sunnon-
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? 3! )2 DE LA PHILOSOPHIE ANGLAISE.
1er la re? pugnance morale qu'ils inspirent; mais on peut croire
en ge? ne? ral a` cette re? pugnance, comme a` un signe infaillible de
ce que l'on doit e? viter. Locke voulaitde? montrer que la conscience
du bien et du mal n'e? tait pas inne? e dans l'homme, et qu'il ne
connaissait le juste et l'injuste, comme le rouge et le bleu, que par
l'expe? rience; il a recherche? avec soin, pour parvenir a` ce but,
tous les pays ou` les coutumes et les lois mettaient des crimes en
honneur; ceux ou` l'on se faisait un devoir de tuer son ennemi,
de me? priser le mariage, de faire mourir son pe`re quand il e? tait
vieux. Il recueille attentivement tout ce que les voyageurs ont
raconte? des cruaute? s passe? es en usage. Qu'est-ce donc qu'un
syste`me qui inspire a` un homme aussi vertueux que Locke de
l'avidite? pour de tels faits?
Que ces faits soient tristes ou non, pourra-t-on dire, l'impor-
tant est de savoir s'ils sont vrais. --Ils peuvent e^tre vrais, mais
que signifient-ils? Ne savons-nous pas, d'apre`s notre propre
expe? rience, que les circonstances, c est-a`-dire les objets exte? -
rieurs, influent sur notre manie`re d'interpre? ter nos devoirs?
Agrandissez ces circonstances, et vous y trouverez la cause des
erreurs des peuples; mais y a-t-il des peuples ou des hommes
qui nient qu'il y ait des devoirs? A-t-on jamais pre? tendu qu'au-
cune signification n'e? tait attache? e a` l'ide? e du juste et de l'injuste?
L'explication qu'on en donne peut e^tre diverse, mais la con-
viction du principe est partout la me^me; et c'est dans cette con-
viction que consiste l'empreinte primitive qu'on retrouve dans
tous les humains.
Quand le sauvage tue son pe`re, lorsqu'il est vieux, il croit
lui rendre un service; il ne le fait pas pour son propre inte? re^t,
mais pour celui de son pe`re : l'action qu'il commet est horrible,
et cependant il n'est pas pour cela de? pourvu de conscience;
et de ce qu'il manque de lumie`res, il ne s'ensuit pas qu'il
manque de vertus. Les sensations, c'est-a`-dire, les objets ex-
te? rieurs dont il est environne? l'aveuglent; le sentiment intime
qui constitue la haine du vice et le respect pour la vertu n'existe
pas moins en lui, quoique l'expe? rience l'ait trompe? sur la manie`re dont ce sentiment doit se manifester dans la vie.
Pre? fe? rer les autres a` soi quand la vertu le commande, c'est pre? -
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? DE LA PHILOSOPHIE ANGLAISE. 193
rise? ment ce qui fait l'essence du beau moral, et cet admirable
instinct de l'a^me, adversaire de l'instinct physique, est inhe? rent
a` notre nature; s'il pouvait e^tre acquis, il pourrait aussi se per-
dre; mais il est immuable, parce qu'il est inne? . Il est possible
de faire le mal en croyant faire le bien; il est possible de se
rendre coupable en le sachant et le voulant; mais il ne l'est pas
d'admettre comme ve? rite? une chose contradictoire, la justice de
l'injustice.
L'indiffe? rence au bien et au mal est le re? sultat ordinaire d'une
civilisation, pour ainsi dire, pe? trifie? e, et cette indiffe? rence est
un beaucoup plus grand argument contre la conscience inne? e
que les grossie`res erreurs des sauvages; mais les hommes les
plus sceptiques, s'ils sont opprime? s sous quelques rapports, en
appellent a` la justice, comme s'ils y avaient cru toute leur vie;
et lorsqu'ils sont saisis par une affection vive et qu'on la tyran-
nise, ils invoquent le sentiment de l'e? quite? avec autant de force
que les moralistes les plus auste`res. De`s qu'une flamme quel-
conque, celle de l'indignation ou celle de l'amour, s'empare de
notre a^me, elle fait reparai^tre en nous les caracte`res sacre? s des
lois e? ternelles.
Si le hasard de la naissance et de l'e? ducation de? cidait de la
moralite? d'un homme, comment pourrait-on l'accuser de sesactions? Si tout ce qui compose notre volonte? nous vient des
objets exte? rieurs, chacun peut en appeler a` des relations parti -culie`res pour motiver toute sa conduite; et souvent ces relations
diffe`rent autant entre les habitants d'un me^me pays qu'entre
un Asiatique et un Europe? en. Si donc la circonstance devait
e^tre la divinite? des mortels, il serait simple que chaque homme
eu^t une morale qui lui fu^t propre, ou pluto^t une absence de
morale a` son usage; et pour interdire le mal que les sensations
pourraient conseiller, il n'y aurait de bonne raison a` opposer
que la force publique quile punirait; or, si la force publique
commandait l'injustice, la question se trouverait re? solue :tou-
tes les sensations feraient nai^tre toutes les ide? es, qui conduiraient
a` la plus comple`te de? pravation.
Les preuves de la spiritualite? de l'a^me ne peuvent se trouver
dans l'empire des sens, le monde visible est abandonne? a` cet
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? 394 DE LA PHILOSOPHIE ANGLAISE.
empire; mais le monde invisible ne saurait y e^tre soumis; et si
l'on n'admet pas des ide? es spontane? es, si la pense? e et le sentiment de? pendent en entier des sensations, comment l'a^me, dans
une telle servitude, serait-elle immate? rielle? Et si, comme per-
sonne ne le nie, la plupart des faits transmis par les sens sont
sujets a` l'erreur, qu'est-ce qu'un e^tre moral qui n'agit que lors-
qu'il est excite? par des objets exte? rieurs, et par des objets me^me
dont les apparences sont souvent fausses?
Un philosophe franc? ais a dit, en se servantde l'expression
la plus rebutante, que lapense? e n'e? tait autre chose qu'un pro-
duit mate? riel du cerveau. Cette de? plorable de? finition est le
re? sultat le plus naturel de la me? taphysique qui attribue a` nos
sensations l'origine de toutes nos ide? es. On a raison, si c'est
ainsi, de se moquer de ce qui est intellectuel, et de trouver
incompre? hensible tout ce qui n'est pas palpable. Si notre a^me
n'est qu'une matie`re subtile mise en mouvement par d'autres
e? le? ments plus ou moins grossiers, aupre`s desquels me^me elle
a le de? savantage d'e^tre passive : si nos impressions et nos sou-
venirs ne sont que les vibrations prolonge? es d'un instrument
dont le hasard a joue? , il n'y a que des fibres dans notre cerveau,
que des forces physiques dans le monde, et tout peut s'expliquer
d'apre`s les lois qui les re? gissent. Il reste bien encore quelques
petites difficulte? s sur l'origine des choses et le but de notre exis-
tence, mais on a bien simplifie? la question, et la raison con-
seille de supprimer en nous-me^mes tous les de? sirs et toutes les
espe? rances que le ge? nie, l'amour et la religion font concevoir;
car l'homme ne serait alors qu'une me? canique de plus, dans le
grand me? canisme de l'univers: ses faculte? s ne seraient que des
rouages, sa morale un calcul, et son culte le succe`s.
Locke, croyant du fond de son a^me a` l'existence de Dieu,
e? tablit sa conviction, sans s'en apercevoir, sur des raisonnements
qui sortent tous de la sphe`re de l'expe? rience: il affirme qu'il y
a un principe e? ternel, une cause primitive de toutes les autres
causes; il entre ainsi dans la sphe`re de l'infini, et l'infini est
par dela` toute expe? rience : mais Locke avait en me^me temps
une telle peur que l'ide? e de Dieu ne pu^t passer pour inne? e dans
l'homme; il lui paraissait si absurde que le Cre? ateur eu^t daigne? ,
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? DE LA PHILOSOPHIE ANGLAISE. 395
comme un grand peintre, graver son nom sur le tableau de
notre a^me, qu'il s'est attache? a` de? couvrir dans tous les re? cits
des voyageurs quelques peuples qui n'eussent aucune croyance
religieuse. On peut, je crois, l'affirmer hardiment, ces peuples
n'existent pas. Le mouvement qui nous e?
le`ve jusqu'a` l'intelli-
gence supre^me se retrouve dans le ge? nie de Newton comme
dans l'a^me du pauvre sauvage de? vot envers la pierre sur laquelle
il s'est repose? . Nul homme ne s'en est tenu au monde exte? rieur,
tel qu'il est, et tous se sont senti au fond du coeur, dans une
e? poque quelconque de leur vie, un inde? finissable attrait pour
quelque chose de surnaturel; mais comment se peut-il qu'un
e^tre aussi religieux que Locke s'attache a` changer les caracte`res
primitifs de la foi en une connaissance accidentelle que le sort
peut nous ravir ou nous accorder? Je le re? pe`te, la tendance d'une
doctrine quelconque doit toujours e^tre compte? e pour beaucoup
dans le jugement que nous portons sur la ve? rite? de cette doc-
trine; car, en the? orie, le bon et le vrai sont inse? parables.
Tout ce qui est invisible parle a` l'homme de commencement
et de fin, de de? cadence et de destruction. Une e? tincelle divine
est seule en nous l'indice de l'immortalite? . De quelle sensation
vient-elle? Toutes les sensations la combattent, et cependant
elle triomphe de toutes. Quoi! dira-ton, les causes finales, les
merveilles de l'univers, la splendeur des cieux qui frappe nos
regards, ne nous attestent-elles pas la magnificence et la bonte?
du Cre? ateur? Le livre de la nature est contradictoire, l'on y
voit les emble`mes du bien et du mal presque en e? gale propor-
tion; et il en est ainsi pour que l'homme puisse exercer sa liberte?
entre des probabilite? s oppose? es, entre des craintes et des espe? -
rances a` peu pre`s de me^me force. Le ciel e? toile? nous apparai^t
comme les parvis de la Divinite? ; mais tous les maux et tous les
vices des hommes obscurcissent ces feux ce? lestes. Une seule
voix sans parole, mais non pas sans harmonie, sans force, mais
irre? sistible , proclame un Dieu au fond de notre coeur: tout ce
qui est vraiment beau dans l'homme nai^t de ce qu'il e? prouve
inte? rieurement et spontane? ment : toute action he? roi? que est ins-
pire? e par la liberte? morale; l'acte de se de? vouer a` la volonte?
divine, cet acte que toutes les sensations combattent et que
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? 396 DE LA PHILOSOPHIE ANGLAISE.
l'enthousiasme seul inspire, est si noble et si pur, que les anges
eux-me^mes, vertueux par nature et sans obstacle, pourraient
l'enviera l'homme.
La me? taphysique qui de? place le centre de la vie, en suppo-
sant que son impulsion vient du dehors, de? pouille l'homme de
sa liberte? , etse de? truit elle-me^me; car il n'y a plus de nature
spirituelle, de`s qu'on l'unit tellement a` la nature physique,
que ce n'est plus que par respect humain qu'on les distingue
encore : cette me? taphysique n'est conse? quente que lorsqu'on en
fait de? river, comme en France, le mate? rialisme fonde? sur les
sensations, et la morale fonde? e sur l'inte? re^t. La the? orie abs-
traite de ce syste`me est ne? e en Angleterre; mais aucune de ses
conse? quences n'y a e? te? admise. En France, on n'a pas eu l'hon-
neur de la de? couverte, mais bien celui de l'application. En
Allemagne, depuis Leibnitz,ou a combattu le syste`me etles
conse? quences : et certes il est digne des hommes e? claire? s et re-
ligieux de tous les pays, d'examiner si des principes dont les
re? sultats sont si funestes doivent e^tre conside? re? s comme des ve? -
rite? s incontestables.
Shaffsbury, Hutcheson , Smith, Reid, Dugaldt Stuart, etc. ,
ont e? tudie? les ope? rations de notre entendement avec une rare
sagacite? ; les ouvrages de Dugaldt Stuart en particulier contien-
nent une the? orie si parfaite des faculte? s intellectuelles, qu'on
peut la conside? rer, pour ainsi dire, comme l'histoire naturelle
de l'e^tre moral. Chaque individu doit y reconnai^tre une portion
quelconque de lui-me^me. Quelque opinion qu'on ait adopte? e
sur l'origine des ide? es, l'on ne saurait nier l'utilite? d'un travail
qui a pour but d'examiner leur marche et leur direction; mais
ce n'est point assez d'observer le de? veloppement de nos facul-
te? s, il faut remonter a` leur source, afin de se rendre compte de
la nature et de l'inde? pendance de la volonte? dans l'homme.
On ne saurait conside? rer comme une question oiseuse celle
qui s'attache a` connai^tre si l'a^me a la faculte? de sentir et de
penser par elle-me^me. C'est la question d'Hamlet, e^tre ou
n'e^tre pas.
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? DE LA PHILOSOPHIE FRANC? AISE. 397
CHAPITRE III.
De la philosophie franc? aise.
Descartes a e? te? pendant longtemps le chef de la philosophie
franc? aise; et si sa physique n'avait pas e? te? reconnue pour mau-
vaise, peut-e^tre sa me? taphysique aurait-elle conserve? un as-
cendant plus durable. Bossuet, Fe? nelon, Pascal, tous les
grands hommes du sie`cle de Louis XIV avaient adopte? l'ide? a-
lisme de Descartes: et ce syste`me s'accordait beaucoup mieux
avec le catholicisme que la philosophie purement expe? rimen-
tale; car il parai^t singulie`rement difficile de re? unir la foi aux
dogmes les plus mystiques avec l'empire souverain des sensa-
tions sur l'a^me.
Parmi les me? taphysiciens franc? ais qui ont professe? la doc-
trine de Locke, il faut compter au premier rang Condillac, que
son e? tat de pre^tre obligeait a` des me? nagements envers la reli-
gion, et Bonnet, qui, naturellement religieux, vivait a` Gene`ve,
dans un pays ou` les lumie`res et la pie? te? sont inse? parables. Ces
deux philosophes, Bonnet surtout, ont e? tabli des exceptions,
en faveur de la re? ve? lation; mais il me semble qu'une des cau-
ses de l'affaiblissement du respect pour la religion, c'est de l'a-
voir mise a` part de toutes les sciences, comme si la philosophie,
le raisonnement, enfin tout ce qui est estime? dans les affaires
terrestres, ne pouvait s'appliquer a` la religion: une ve? ne? ration
de? risoire l'e? carte de tous les inte? re^ts de la vie; c'est pour ainsi dire la reconduire hors du cercle de l'esprit humain a` force de
re? ve? rences. Dans tous les pays ou` re`gne une croyance religieuse,
elle est le centre des ide? es, et la philosophie consiste a` trouver
l'interpre? tation raisonne? e des ve? rite? s divines.
Lorsque Descartes e? crivit, la philosophie de Bacon n'avait
pas encore pe? ne? tre? en France, et l'on e? tait encore au me^me
point d'ignorance et de superstition scolastique qu'a` l'e? poque ou`
le grand penseur de l'Angleterre publia ses ouvrages. Il y a deux
manie`res de redresser les pre? juge? s des hommes : le recours a` l'ex-
pe? rience, et l'appel a` la re? flexion. Bacon prit le premier moyen, MADAME DE 6TAKL. 34
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 398 I>H LA PHILOSOPHIE FRANC? AISE.
Descartes le second; l'un rendit d'immenses services aux scien-
ces; l'autre a` la pense? e, qui est la source de toutes les sciences.
Bacon e? tait un homme d'un beaucoup plus grand ge? nie et
d'une instruction plus vaste encore que Descartes: il a su fon-
der sa philosophie dans le monde mate? riel; celle de Descartes
fut de? cre? dite? e parles savants,qui attaque`rent avec succe`s ses
opinions sur le syste`me du monde. Il pouvait raisonner juste
dans l'examen de l'a^me, et se tromper par rapport aux lois phy-
siques de l'univers; mais les jugements des hommes e? tant pres-
que tous fonde? s sur une aveugle et rapide confiance dans les
analogies, l'on a cru que celui qui observait si mal au dehors
ne s'entendait pas mieux a` ce qui se passe en dedans de nous-
me^mes. Descartes a dans sa manie`re d'e? crire, une simplicite?
pleine de bonhomie qui inspire de la confiance, et la force de
son ge?
