Les travaux du pe`re parri-
cide ont toujours e?
cide ont toujours e?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
-
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? 300 A1TILA.
gorie qu'on croit entrevoir dans ces personnages refroidit l'inte? -
re^t dramatique qu'ils pourraient inspirer. Cet inte? re^t ne? anmoins
se rele`ve admirablement dans plusieurs sce`nes de la pie`ce,
mais surtout lorsque Attila, apre`s avoir de? faitles troupes de
l'empereur Valentinien, marche a` Rome, et rencontre sur sa
route le pape Le? on, porte? sur un brancard, et pre? ce? de? de la
pompe sacerdotale.
Le? on le somme, au nom de Dieu, de ne pas entrer dans la
ville e? ternelle. Attila ressent tout a` coup une terreur religieuse
jusqu'alors e? trange`re a` son a^me. Il croit voir dans le ciel saint
Pierre qui, l'e? pe? e nue, lui de? fend d'avancer. Cette sce`ne est le
sujet d'un admirable tableau de Raphae? l. D'un co^te? , le plus
grand calme re`gne sur la figure du vieillard sans de? fense, en-
toure? par d'autres vieillards qui se confient, comme lui, a` la
protection de Dieu ; et de l'autre , l'effroi se peint sur la redou-
table figure du roi des Huns; son cheval me^me se cabre a` l'e? -
clat de la lumie`re ce? leste, et les guerriers de l'invincible baissent
les yeux devant les cheveux blancs du saint homme, qui passe
sans crainte au milieu d'eux.
Les paroles du poete expriment tre`s-bien la sublime inten-
tion du peintre; le discours de Le? on est une hymne inspire? e;
et la manie`re dont la conversion du guerrier du Nord est in-
dique? e , me semble aussi vraiment belle. Attila, les yeux tour-
ne? s vers le ciel, et contemplant l'apparition qu'il croit voir,
appelle E? de? con, l'un des chefs de son arme? e, et lui dit:
<< E? de? con, n'aperc? ois-tu pas la` haut un ge? ant terrible? ne l'a-
<< perc? ois-tu pas la`, au-dessus de la place me^me ou` le vieillard
<< s'est fait voir a` la clarte? du soleil?
E? DE? CON.
<< Je ne vois que des corbeaux qui se pre? cipitent en troupe sur
<< les morts qui vont leur servir de pa^ture. ATTILA.
<< Non, c'est un fanto^me; c'est peut-e^tre l'image de celui qui
<< peut seul absoudre ou condamner. Le vieillard ne l'a-t-il
<< pas pre? dit? Voila` ce ge? ant dont la te^te est dans le ciel et dont
les pieds touchent la terre; il menace de ses flammes la
<< place ou` nous sommes; il est la` devant nous , immobile; il
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? ATTILA. 301
<< dirige contre moi, comme un juge, son e? pe? e flamboyante.
E? DE? CON.
<< Ces flammes , ce sont les feux du ciel qui dorent dans ce
<< moment les coupoles des temples de Rome. ATTILA.
<< Oui, c'est un temple d'or, orne? de perles, qu'il porte sur
<< sa te^te blanchie; d'une main il tient l'e? pe? e flamboyante, et
<< de l'autre deux clefs d'airain, entoure? es de fleurs et de
<< rayons; deux clefs que le ge? ant a rec? ues sans doute des mains
<< de Wodan, pour ouvrir ou fermer les portes de Walhalla' >>
De`s cet intant, la religion chre? tienne agit sur l'a^me d'Attila,
malgre? les croyances de ses ance^tres, et il ordonne a` son ar-
me? e de s'e? loigner de Rome.
On voudrait que la trage? die fini^t la`, et il y aurait de? ja` bien as-
sez de beaute? s pour plusieurs pie`ces bien ordonne? es; mais il
arrive un cinquie`me acte, pendant lequel Le? on, qui est un pape
beaucoup trop initie? dans la the? orie mystique de l'amour, con-
-duit la princesse Honoria dans le camp d'Attila, la nuit me^me
ou` Hildegondel'e? pouse et l'assassine. Le pape, qui sait d'avance
cet e? ve? nement, le pre? dit sans l'empe^cher, parce qu'il faut que
le sort d'Attila s'accomplisse. Honoria et le pape Le? on prient
pour Attila sur le the? a^tre. La pie`ce finit par un alleluia, et,
s'e? levant vers le ciel comme un encens de poe? sie, elle s'e? vapore
au lieu de se terminer.
La versification de Werner est pleine des admirables secrets
de l'harmonie, et l'on ne saurait donner en franc? ais l'ide? e de
son talent a` cet e? gard. Je me souviens, entre autres, dans une
de ses trage? dies tire? es de l'histoire de Pologne, de l'effet mer-
veilleux d'un choeur de jeunes ombres qui apparaissent dans les
airs: le poe`te sait changer l'allemand en une langue molle et
douce, que ces ombres fatigue? es et de? sinte? resse? es articulent
avecdes sons a` demi forme? s; tous les mots qu'elles prononcent,
toutes les rimes des vers sont, pour ainsi dire, vaporeuses. Le
sens aussi des paroles est admirablement adapte? a` la situation';
*'lles peignent si bien un froid repos, un terne regard! on y est le paradis des Scandinaves.
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? 302 I-K V1MGT-QUATRE FEVRIF. li.
entend le retentissement lointain de la vie ; et le pa^le reflet des
impressions efface? es jette sur toute la nature comme un voile
de nuages.
S'il y a dans les pie`ces de Werner des ombres qui ont ve? cu,
on y trouve aussi quelquefois des personnages fantastiques qui
semblent n'avoir pas encore rec? u l'existence terrestre. Dans le
prologue de Tarare de Beaumarchais, un ge? nie demande a` ces
e^tres imaginaires s'ils veulent nai^tre; et l'un d'entre eux re? -
pond: --Je ne m'y sens aucun empressement. --Cette spiri-
tuelle re? ponse pourrait s'appliquer a` la plupart de ces figures
alle? goriques qu'on voudrait introduire sur le the? a^tre allemand.
Werner a compose? sur les Templiers une pie`ce en deux volu-
mes, les Fils de la Valle? e, d'un grand inte? re^t pour ceux qui
sont initie? s dans la doctrine des ordres secrets ; car c'est pluto^t
l'esprit de ces ordres que la couleur historique qui s'y fait remar-
quer. Le poete cherche a` rattacher les Francs-Mac? ons aux Tem-
pliers, et s'applique a` faire voir que les me^mes traditions et le
me^me esprit se sont toujours conserve? s parmi eux. L'imagina-
tion de Werner se plai^t singulie`rement a` ces associations, qui
ont l'air de quelque chose de surnaturel, parce qu'elles multi-
plient d'une fac? on extraordinaire la force de chacun, en donnant
a` tous une tendance semblable. Cette pie`ce, ou ce poeme des
Fils de la Valle? e, a produit une grande sensation en Allemagne;
je doute qu'il obti^nt autant de succe`s parmi nous. Une autre composition de Werner, tre`s-digne de remarque,
c'est celle qui a pour sujet l'introduction du christianisme en
Prusse et en Livonie. Ce roman dramatique est intitule? , la
Croix sur la Baltique. Il y re`gne un sentiment tre`s-vif de ce
qui caracte? rise le Nord : la pe^che de l'ambre, les montagnes he? -
risse? es de glace, l'a^prete? du climat, l'action rapide de la belle
saison , l'hostilite? de la nature, la rudesse que cette lutte doit
inspirer a` l'homme; l'on reconnai^t dans ces tableaux un poe`te
qui a puise? dans ses propres sensations ce qu'il exprime et ce
qu'il de? crit.
J'ai vu jouer, sur un the? a^tre de socie? te? , une pie`ce de la com-
position de Werner, intitule? e le fingt-Quatre fe? vrier, pie`ce
sur laquelle les opinions doivent e^tre tre`s-partage? es. L'auteur
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? LE VINGT-QUATRE FEVBIER. 303
suppose que, dans les solitudes de la Suisse, il y avait une fa-
mille de paysans qui s'e? tait rendue coupable des plus grands cri-
mes, et quela male? diction paternelle poursuivait de pe`re en fils.
La troisie`me ge? ne? ration maudite pre? sente le spectacle d'un
homme qui a e? te? la cause de la mort de son pe`re en l'outrageant;
le fils de ce malheureux a, dans son enfance, tue? sa propre
soeur par un jeu cruel, mais sans savoir ce qu'il faisait. Apre`s
cet affreux e? ve? nement, il a disparu.
Les travaux du pe`re parri-
cide ont toujours e? te? frappe? s de malheur depuis ce temps; ses
champs sont devenus ste? riles, ses bestiaux ont pe? ri, la pauvrete?
laplus horrible l'accable; ses cre? anciers le menacent de s'em-
parer de sa cabane, et de le jeter dans une prison; sa femme va
se trouver seule, errante au milieu des neiges des Alpes. Tout a`
coup arrive le fils, absent depuis vingt anne? es. Des sentiments
doux et religieux l'animent; il est plein de repentir, quoique
son intention n'ait pas e? te? coupable. Il revient chez son pe`re;
et, ne pouvant en e^tre reconnu, il veut d'abord lui cacher son
nom, pour gagner son affection avant de se dire son fils; mais
le pe`re devient avide et jaloux, dans sa mise`re, de l'argent que
porte avec lui cet ho^te, qui lui parai^t un e? tranger vagabond et
suspect ? , et, quand l'heure de minuit sonne, le vingt-quatre fe? -
vrier, anniversaire de la male? diction paternelle dont la famille
entie`re est frappe? e, il plonge un couteau dans le sein de son fils.
Celui-ci re? ve`le, en expirant, son secreta` l'homme doublement
coupable, assassin de son pe`re et de son enfant, et le mise? rable
va se livrer au tribunal qui doit le condamner.
Ces situations sont terribles-, elles produisent, on ne saurait
le nier, un grand effet; cependant on admire bien plus la cou-
leur poe? tique de cette pie`ce, et la gradation des motifs tire? s des
passions, que le sujet sur lequel elle est fonde? e. Transporter la destine? e funeste de la famille des Atrides chez
des hommes du peuple, c'est trop rapprocher des spectateurs
le tableau des crimes. L'e? clat du rang et la distance des sie`cles
donnent a` la sce? le? ratesse elle-me^me un genre de grandeur qui
s'accorde mieux avec l'ide? al des arts; mais quand vous voyez le
couteau au lieu du poignard; quand le site, les moeurs, les
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? 30'f. LE VINGT-QUATRE FE? VRIER.
personnages , peuvent se rencontrer sous vos yeux, vous avez
peur comme dans une chambre noire; mais ce n'est pas la` le
noble effroi qu'une trage? die doit causer.
Cependant, cette puissance de la male? diction paternelle, qui
semble repre? senter la Providence sur la terre, remue l'a^me for-
tement. La fatalite? des anciens est un caprice du destin ; mais la
fatalite? , dans le christianisme, est une ve? rite? morale sous une
forme effrayante. Quand l'homme ne ce`de pas au remords, l'a-
gitation me^me que ce remords lui fait e? prouver le pre? cipite dans
de nouveaux crimes; la conscience repousse? e se change en un
fanto^me qui trouble la raison.
La femme du paysan criminel est poursuivie par le souvenir
d'une romance qui raconte un parricide; et seule, pendant son
sommeil, elle ne peut s'empe^cher de la re? pe? ter a` demi-voix,
comme ces pense? es confuses et involontaires dont le retour fu-
neste semble un pre? sage intime du sort.
La description des Alpes et de leur solitude est de la plus
grande beaute? ; la demeure du coupable, la chaumie`re ou` se
passe la sce`ne, est loin de toute habitation; la cloche d'aucune
e? glise ne s'y fait entendre, et l'heure n'y est annonce? e que par
la pendule rustique, dernier meuble dont la pauvrete? n'a pu se
re? soudre a` se se? parer: le son monotone de cette pendule, dans
le fond de ces montagnes ou` le bruit de la vie n'arrive plus,
produit un fre? missement singulier. On se demande pourquoi du
temps dans ce lieu; pourquoi la division des heures, quand nul
inte? re^t ne les varie: et quand celle du crime se fait entendre,
on se rappelle cette belle ide? e d'un missionnaire qui supposait
que, dans l'enfer, les damne? s demandaient sans cesse : --Quelle
heure est-il? et qu'on leur re? pondait : -- L'e? ternite? .
On a reproche? a` Werner de mettre dans ses trage? dies des si-
tuations qui pre^tent aux beaute? s lyriques pluto^t qu'au de? velop-
pement des passions the? a^trales. On peut l'accuser d'un de? faut
contraire, dans la pie`ce du yingl-Quatre fe? vrier. Le sujet de
cette pie`ce, et les moeurs qu'elle repre? sente, sont trop rappro-
che? s de la ve? rite? , et d'une ve? rite? atroce, qui ne devrait point en-
trer dans le cercle des beaux-arts. Ils sont place? s entre le ciel et
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? PIE`CES DU THE? A^TRE ALLEMAND. 30. ',
la terre; et le beau talent de Werner quelquefois s'e? le`ve au-des-
sus, quelquefois descend au-dessous de la re? gion dans laquelle
les fictions doivent rester.
CHAPITRE XXV.
Diverses pie`ces du the? a^tre allemand et danois.
Les ouvrages dramatiques de Kotzebue sont traduits dans
plusieurs langues. Il serait donc superflu de s'occuper a` les faire
connai^tre. Je dirai seulement qu'aucun juge impartial ne peut lui
refuser une intelligence parfaite des effets du the? a^tre : Les deux
Fre`res, Misanthropie et Repentir, lesHusntes, lesCroise? s, Hugo
Gratins, Jeanne de Montfaucon, la mort de Rolla, etc. , exci-
tent l'inte? re^t le plus vif, partout ou` ces pie`ces sont joue? es. Toute-
fois, il faut avouer que Kotzebue ne sait donnera` ses person-
nages , ni la couleur des sie`cles dans lesquels ils ont ve? cu, ni les traits nationaux, ni le caracte`re que l'histoire leur assigne.
Ces personnages, a` quelque pays, a` quelque sie`cle qu'ils appar-
tiennent, se montrent toujours contemporains et compatriotes:
ils ont les me^mes opinions philosophiques, les me^mes moeurs
modernes, et, soit qu'il s'agisse d'un homme de nos jours ou
de la fille du Soleil, l'onne voit jamais dans ces pie`ces qu'un ta-
bleau naturel et pathe? tique du temps pre? sent. Si le talent the? a^-
tral de Kotzebue, unique en Allemagne, pouvait e^tre re? uni avec
le don de peindre les caracte`res tels que l'histoire nous les trans-
met, et si son style poe? tique s'e? levait a` la hauteur des situa-
tions dont il est l'inge? nieux inventeur, le succe`s de ses pie`ces se-
rait aussi durable qu'il est brillant.
Au reste, rien n'est si rare que de trouver dans le me^me
homme les deux faculte? s qui constituent un grand auteur dramatique : l'habilete? dans son me? tier, si l'on peut s'exprimer
ainsi, et le ge? nie dont le point de vue est universel : ce proble`me
est la difficulte? de la nature humaine tout entie`re; et l'on peut
toujours remarquer quels sont, parmi les hommes, ceux en qui
le talent de la conception ou celui de l'exe? cution domine; ceux
qui sont en relation avec tous les temps, ou particulie`rement
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? 306 PIE`CES DO THE? A^TRE ALLEMAND.
propres au leur; cependant, c'est dans la re? union des qualite? s
oppose? es que consistent les phe? nome`nes en tout genre.
La plupart des pie`ces de Kotzebue renferment quelques situa-
tions d'une grande beaute? . Dans les Hussites, lorsque Procope,
successeur de Ziska, met le sie? ge devant Naumbourg, les ma-
gistrats prennent la re? solution d'envoyer tous les enfants de la
ville au camp ennemi, pour demander la gra^ce des habitants.
Ces pauvres enfants doivent aller seuls implorer les fanatiques
soldats, qui n'e? pargnaient ni le sexe ni l'a^ge. Le bourgmestre
offre le premier ses quatre fils, dont le plus a^ge? a douze ans,
pour cette expe? dition pe? rilleuse. La me`re demande qu'au moins
il y en ait un qui reste aupre`s d'elle; le pe`re a l'air d'y consentir,
et il se met a` rappeler successivement les de? fauts de chacun de
ses enfants, afin que la me`re de? clare quels sont ceux qui lui ins-
pirent le moins d'inte? re^t; mais chaque fois qu'il commence a`
en bla^mer un, la me`re assure que c'est celui de tous qu'elle
pre? fe`re, et l'infortune? e est enfin oblige? e de convenir que le cruel
choix est impossible, et qu'il vaut mieux que tous partagent le
me^me sort.
Au second acte, on voit le camp des Hussites : tous ces sol-
dats, dontla figure est si menac? ante, reposent sous leurs tentes.
Un le? ger bruit excite leur attention; ils aperc? oivent dans la plaine
une foule d'enfants qui marchent en troupe, une branche de
che^ne a` la main; ils ne peuvent concevoir ce que cela signifie;
et, prenant leurs lances, ils se placent a` l'entre? e du camp
pour en de? fendre l'approche. Les enfants avancent sans crainte
au-devant des lances, et les Hussites reculent toujours involon-
tairement, irrite? s d'e^tre attendris, et ne comprenant pas eux-me^mes ce qu'ils e? prouvent. Procope sort de sa tente; il se fait
amener le bourgmestre, qui avait suivi de loin les enfants, et
lui ordonne de de? signer ses fils. Le bourgmestre s'y refuse; les
soldats de Procope le saisissent, et, dans cet instant, les quatre
enfants sortent de la foule et se pre? cipitent dans les bras de leur
pe`re. -- Tu les connais tous a` pre? sent, dit le bourgmestre a` Procope : ils se sont nomme? s eux-me^mes. -- La pie`ce finit heu-
reusement, et le troisie`me acte se passe tout en fe? licitations;
mais le second acte est du plus grand inte? re^t tlfe? a`tral.
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? PIECES DU THEATIIE ALLEMAND. 307
Des sce`nes de roman font tout le me?
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? 300 A1TILA.
gorie qu'on croit entrevoir dans ces personnages refroidit l'inte? -
re^t dramatique qu'ils pourraient inspirer. Cet inte? re^t ne? anmoins
se rele`ve admirablement dans plusieurs sce`nes de la pie`ce,
mais surtout lorsque Attila, apre`s avoir de? faitles troupes de
l'empereur Valentinien, marche a` Rome, et rencontre sur sa
route le pape Le? on, porte? sur un brancard, et pre? ce? de? de la
pompe sacerdotale.
Le? on le somme, au nom de Dieu, de ne pas entrer dans la
ville e? ternelle. Attila ressent tout a` coup une terreur religieuse
jusqu'alors e? trange`re a` son a^me. Il croit voir dans le ciel saint
Pierre qui, l'e? pe? e nue, lui de? fend d'avancer. Cette sce`ne est le
sujet d'un admirable tableau de Raphae? l. D'un co^te? , le plus
grand calme re`gne sur la figure du vieillard sans de? fense, en-
toure? par d'autres vieillards qui se confient, comme lui, a` la
protection de Dieu ; et de l'autre , l'effroi se peint sur la redou-
table figure du roi des Huns; son cheval me^me se cabre a` l'e? -
clat de la lumie`re ce? leste, et les guerriers de l'invincible baissent
les yeux devant les cheveux blancs du saint homme, qui passe
sans crainte au milieu d'eux.
Les paroles du poete expriment tre`s-bien la sublime inten-
tion du peintre; le discours de Le? on est une hymne inspire? e;
et la manie`re dont la conversion du guerrier du Nord est in-
dique? e , me semble aussi vraiment belle. Attila, les yeux tour-
ne? s vers le ciel, et contemplant l'apparition qu'il croit voir,
appelle E? de? con, l'un des chefs de son arme? e, et lui dit:
<< E? de? con, n'aperc? ois-tu pas la` haut un ge? ant terrible? ne l'a-
<< perc? ois-tu pas la`, au-dessus de la place me^me ou` le vieillard
<< s'est fait voir a` la clarte? du soleil?
E? DE? CON.
<< Je ne vois que des corbeaux qui se pre? cipitent en troupe sur
<< les morts qui vont leur servir de pa^ture. ATTILA.
<< Non, c'est un fanto^me; c'est peut-e^tre l'image de celui qui
<< peut seul absoudre ou condamner. Le vieillard ne l'a-t-il
<< pas pre? dit? Voila` ce ge? ant dont la te^te est dans le ciel et dont
les pieds touchent la terre; il menace de ses flammes la
<< place ou` nous sommes; il est la` devant nous , immobile; il
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? ATTILA. 301
<< dirige contre moi, comme un juge, son e? pe? e flamboyante.
E? DE? CON.
<< Ces flammes , ce sont les feux du ciel qui dorent dans ce
<< moment les coupoles des temples de Rome. ATTILA.
<< Oui, c'est un temple d'or, orne? de perles, qu'il porte sur
<< sa te^te blanchie; d'une main il tient l'e? pe? e flamboyante, et
<< de l'autre deux clefs d'airain, entoure? es de fleurs et de
<< rayons; deux clefs que le ge? ant a rec? ues sans doute des mains
<< de Wodan, pour ouvrir ou fermer les portes de Walhalla' >>
De`s cet intant, la religion chre? tienne agit sur l'a^me d'Attila,
malgre? les croyances de ses ance^tres, et il ordonne a` son ar-
me? e de s'e? loigner de Rome.
On voudrait que la trage? die fini^t la`, et il y aurait de? ja` bien as-
sez de beaute? s pour plusieurs pie`ces bien ordonne? es; mais il
arrive un cinquie`me acte, pendant lequel Le? on, qui est un pape
beaucoup trop initie? dans la the? orie mystique de l'amour, con-
-duit la princesse Honoria dans le camp d'Attila, la nuit me^me
ou` Hildegondel'e? pouse et l'assassine. Le pape, qui sait d'avance
cet e? ve? nement, le pre? dit sans l'empe^cher, parce qu'il faut que
le sort d'Attila s'accomplisse. Honoria et le pape Le? on prient
pour Attila sur le the? a^tre. La pie`ce finit par un alleluia, et,
s'e? levant vers le ciel comme un encens de poe? sie, elle s'e? vapore
au lieu de se terminer.
La versification de Werner est pleine des admirables secrets
de l'harmonie, et l'on ne saurait donner en franc? ais l'ide? e de
son talent a` cet e? gard. Je me souviens, entre autres, dans une
de ses trage? dies tire? es de l'histoire de Pologne, de l'effet mer-
veilleux d'un choeur de jeunes ombres qui apparaissent dans les
airs: le poe`te sait changer l'allemand en une langue molle et
douce, que ces ombres fatigue? es et de? sinte? resse? es articulent
avecdes sons a` demi forme? s; tous les mots qu'elles prononcent,
toutes les rimes des vers sont, pour ainsi dire, vaporeuses. Le
sens aussi des paroles est admirablement adapte? a` la situation';
*'lles peignent si bien un froid repos, un terne regard! on y est le paradis des Scandinaves.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 302 I-K V1MGT-QUATRE FEVRIF. li.
entend le retentissement lointain de la vie ; et le pa^le reflet des
impressions efface? es jette sur toute la nature comme un voile
de nuages.
S'il y a dans les pie`ces de Werner des ombres qui ont ve? cu,
on y trouve aussi quelquefois des personnages fantastiques qui
semblent n'avoir pas encore rec? u l'existence terrestre. Dans le
prologue de Tarare de Beaumarchais, un ge? nie demande a` ces
e^tres imaginaires s'ils veulent nai^tre; et l'un d'entre eux re? -
pond: --Je ne m'y sens aucun empressement. --Cette spiri-
tuelle re? ponse pourrait s'appliquer a` la plupart de ces figures
alle? goriques qu'on voudrait introduire sur le the? a^tre allemand.
Werner a compose? sur les Templiers une pie`ce en deux volu-
mes, les Fils de la Valle? e, d'un grand inte? re^t pour ceux qui
sont initie? s dans la doctrine des ordres secrets ; car c'est pluto^t
l'esprit de ces ordres que la couleur historique qui s'y fait remar-
quer. Le poete cherche a` rattacher les Francs-Mac? ons aux Tem-
pliers, et s'applique a` faire voir que les me^mes traditions et le
me^me esprit se sont toujours conserve? s parmi eux. L'imagina-
tion de Werner se plai^t singulie`rement a` ces associations, qui
ont l'air de quelque chose de surnaturel, parce qu'elles multi-
plient d'une fac? on extraordinaire la force de chacun, en donnant
a` tous une tendance semblable. Cette pie`ce, ou ce poeme des
Fils de la Valle? e, a produit une grande sensation en Allemagne;
je doute qu'il obti^nt autant de succe`s parmi nous. Une autre composition de Werner, tre`s-digne de remarque,
c'est celle qui a pour sujet l'introduction du christianisme en
Prusse et en Livonie. Ce roman dramatique est intitule? , la
Croix sur la Baltique. Il y re`gne un sentiment tre`s-vif de ce
qui caracte? rise le Nord : la pe^che de l'ambre, les montagnes he? -
risse? es de glace, l'a^prete? du climat, l'action rapide de la belle
saison , l'hostilite? de la nature, la rudesse que cette lutte doit
inspirer a` l'homme; l'on reconnai^t dans ces tableaux un poe`te
qui a puise? dans ses propres sensations ce qu'il exprime et ce
qu'il de? crit.
J'ai vu jouer, sur un the? a^tre de socie? te? , une pie`ce de la com-
position de Werner, intitule? e le fingt-Quatre fe? vrier, pie`ce
sur laquelle les opinions doivent e^tre tre`s-partage? es. L'auteur
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? LE VINGT-QUATRE FEVBIER. 303
suppose que, dans les solitudes de la Suisse, il y avait une fa-
mille de paysans qui s'e? tait rendue coupable des plus grands cri-
mes, et quela male? diction paternelle poursuivait de pe`re en fils.
La troisie`me ge? ne? ration maudite pre? sente le spectacle d'un
homme qui a e? te? la cause de la mort de son pe`re en l'outrageant;
le fils de ce malheureux a, dans son enfance, tue? sa propre
soeur par un jeu cruel, mais sans savoir ce qu'il faisait. Apre`s
cet affreux e? ve? nement, il a disparu.
Les travaux du pe`re parri-
cide ont toujours e? te? frappe? s de malheur depuis ce temps; ses
champs sont devenus ste? riles, ses bestiaux ont pe? ri, la pauvrete?
laplus horrible l'accable; ses cre? anciers le menacent de s'em-
parer de sa cabane, et de le jeter dans une prison; sa femme va
se trouver seule, errante au milieu des neiges des Alpes. Tout a`
coup arrive le fils, absent depuis vingt anne? es. Des sentiments
doux et religieux l'animent; il est plein de repentir, quoique
son intention n'ait pas e? te? coupable. Il revient chez son pe`re;
et, ne pouvant en e^tre reconnu, il veut d'abord lui cacher son
nom, pour gagner son affection avant de se dire son fils; mais
le pe`re devient avide et jaloux, dans sa mise`re, de l'argent que
porte avec lui cet ho^te, qui lui parai^t un e? tranger vagabond et
suspect ? , et, quand l'heure de minuit sonne, le vingt-quatre fe? -
vrier, anniversaire de la male? diction paternelle dont la famille
entie`re est frappe? e, il plonge un couteau dans le sein de son fils.
Celui-ci re? ve`le, en expirant, son secreta` l'homme doublement
coupable, assassin de son pe`re et de son enfant, et le mise? rable
va se livrer au tribunal qui doit le condamner.
Ces situations sont terribles-, elles produisent, on ne saurait
le nier, un grand effet; cependant on admire bien plus la cou-
leur poe? tique de cette pie`ce, et la gradation des motifs tire? s des
passions, que le sujet sur lequel elle est fonde? e. Transporter la destine? e funeste de la famille des Atrides chez
des hommes du peuple, c'est trop rapprocher des spectateurs
le tableau des crimes. L'e? clat du rang et la distance des sie`cles
donnent a` la sce? le? ratesse elle-me^me un genre de grandeur qui
s'accorde mieux avec l'ide? al des arts; mais quand vous voyez le
couteau au lieu du poignard; quand le site, les moeurs, les
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? 30'f. LE VINGT-QUATRE FE? VRIER.
personnages , peuvent se rencontrer sous vos yeux, vous avez
peur comme dans une chambre noire; mais ce n'est pas la` le
noble effroi qu'une trage? die doit causer.
Cependant, cette puissance de la male? diction paternelle, qui
semble repre? senter la Providence sur la terre, remue l'a^me for-
tement. La fatalite? des anciens est un caprice du destin ; mais la
fatalite? , dans le christianisme, est une ve? rite? morale sous une
forme effrayante. Quand l'homme ne ce`de pas au remords, l'a-
gitation me^me que ce remords lui fait e? prouver le pre? cipite dans
de nouveaux crimes; la conscience repousse? e se change en un
fanto^me qui trouble la raison.
La femme du paysan criminel est poursuivie par le souvenir
d'une romance qui raconte un parricide; et seule, pendant son
sommeil, elle ne peut s'empe^cher de la re? pe? ter a` demi-voix,
comme ces pense? es confuses et involontaires dont le retour fu-
neste semble un pre? sage intime du sort.
La description des Alpes et de leur solitude est de la plus
grande beaute? ; la demeure du coupable, la chaumie`re ou` se
passe la sce`ne, est loin de toute habitation; la cloche d'aucune
e? glise ne s'y fait entendre, et l'heure n'y est annonce? e que par
la pendule rustique, dernier meuble dont la pauvrete? n'a pu se
re? soudre a` se se? parer: le son monotone de cette pendule, dans
le fond de ces montagnes ou` le bruit de la vie n'arrive plus,
produit un fre? missement singulier. On se demande pourquoi du
temps dans ce lieu; pourquoi la division des heures, quand nul
inte? re^t ne les varie: et quand celle du crime se fait entendre,
on se rappelle cette belle ide? e d'un missionnaire qui supposait
que, dans l'enfer, les damne? s demandaient sans cesse : --Quelle
heure est-il? et qu'on leur re? pondait : -- L'e? ternite? .
On a reproche? a` Werner de mettre dans ses trage? dies des si-
tuations qui pre^tent aux beaute? s lyriques pluto^t qu'au de? velop-
pement des passions the? a^trales. On peut l'accuser d'un de? faut
contraire, dans la pie`ce du yingl-Quatre fe? vrier. Le sujet de
cette pie`ce, et les moeurs qu'elle repre? sente, sont trop rappro-
che? s de la ve? rite? , et d'une ve? rite? atroce, qui ne devrait point en-
trer dans le cercle des beaux-arts. Ils sont place? s entre le ciel et
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? PIE`CES DU THE? A^TRE ALLEMAND. 30. ',
la terre; et le beau talent de Werner quelquefois s'e? le`ve au-des-
sus, quelquefois descend au-dessous de la re? gion dans laquelle
les fictions doivent rester.
CHAPITRE XXV.
Diverses pie`ces du the? a^tre allemand et danois.
Les ouvrages dramatiques de Kotzebue sont traduits dans
plusieurs langues. Il serait donc superflu de s'occuper a` les faire
connai^tre. Je dirai seulement qu'aucun juge impartial ne peut lui
refuser une intelligence parfaite des effets du the? a^tre : Les deux
Fre`res, Misanthropie et Repentir, lesHusntes, lesCroise? s, Hugo
Gratins, Jeanne de Montfaucon, la mort de Rolla, etc. , exci-
tent l'inte? re^t le plus vif, partout ou` ces pie`ces sont joue? es. Toute-
fois, il faut avouer que Kotzebue ne sait donnera` ses person-
nages , ni la couleur des sie`cles dans lesquels ils ont ve? cu, ni les traits nationaux, ni le caracte`re que l'histoire leur assigne.
Ces personnages, a` quelque pays, a` quelque sie`cle qu'ils appar-
tiennent, se montrent toujours contemporains et compatriotes:
ils ont les me^mes opinions philosophiques, les me^mes moeurs
modernes, et, soit qu'il s'agisse d'un homme de nos jours ou
de la fille du Soleil, l'onne voit jamais dans ces pie`ces qu'un ta-
bleau naturel et pathe? tique du temps pre? sent. Si le talent the? a^-
tral de Kotzebue, unique en Allemagne, pouvait e^tre re? uni avec
le don de peindre les caracte`res tels que l'histoire nous les trans-
met, et si son style poe? tique s'e? levait a` la hauteur des situa-
tions dont il est l'inge? nieux inventeur, le succe`s de ses pie`ces se-
rait aussi durable qu'il est brillant.
Au reste, rien n'est si rare que de trouver dans le me^me
homme les deux faculte? s qui constituent un grand auteur dramatique : l'habilete? dans son me? tier, si l'on peut s'exprimer
ainsi, et le ge? nie dont le point de vue est universel : ce proble`me
est la difficulte? de la nature humaine tout entie`re; et l'on peut
toujours remarquer quels sont, parmi les hommes, ceux en qui
le talent de la conception ou celui de l'exe? cution domine; ceux
qui sont en relation avec tous les temps, ou particulie`rement
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? 306 PIE`CES DO THE? A^TRE ALLEMAND.
propres au leur; cependant, c'est dans la re? union des qualite? s
oppose? es que consistent les phe? nome`nes en tout genre.
La plupart des pie`ces de Kotzebue renferment quelques situa-
tions d'une grande beaute? . Dans les Hussites, lorsque Procope,
successeur de Ziska, met le sie? ge devant Naumbourg, les ma-
gistrats prennent la re? solution d'envoyer tous les enfants de la
ville au camp ennemi, pour demander la gra^ce des habitants.
Ces pauvres enfants doivent aller seuls implorer les fanatiques
soldats, qui n'e? pargnaient ni le sexe ni l'a^ge. Le bourgmestre
offre le premier ses quatre fils, dont le plus a^ge? a douze ans,
pour cette expe? dition pe? rilleuse. La me`re demande qu'au moins
il y en ait un qui reste aupre`s d'elle; le pe`re a l'air d'y consentir,
et il se met a` rappeler successivement les de? fauts de chacun de
ses enfants, afin que la me`re de? clare quels sont ceux qui lui ins-
pirent le moins d'inte? re^t; mais chaque fois qu'il commence a`
en bla^mer un, la me`re assure que c'est celui de tous qu'elle
pre? fe`re, et l'infortune? e est enfin oblige? e de convenir que le cruel
choix est impossible, et qu'il vaut mieux que tous partagent le
me^me sort.
Au second acte, on voit le camp des Hussites : tous ces sol-
dats, dontla figure est si menac? ante, reposent sous leurs tentes.
Un le? ger bruit excite leur attention; ils aperc? oivent dans la plaine
une foule d'enfants qui marchent en troupe, une branche de
che^ne a` la main; ils ne peuvent concevoir ce que cela signifie;
et, prenant leurs lances, ils se placent a` l'entre? e du camp
pour en de? fendre l'approche. Les enfants avancent sans crainte
au-devant des lances, et les Hussites reculent toujours involon-
tairement, irrite? s d'e^tre attendris, et ne comprenant pas eux-me^mes ce qu'ils e? prouvent. Procope sort de sa tente; il se fait
amener le bourgmestre, qui avait suivi de loin les enfants, et
lui ordonne de de? signer ses fils. Le bourgmestre s'y refuse; les
soldats de Procope le saisissent, et, dans cet instant, les quatre
enfants sortent de la foule et se pre? cipitent dans les bras de leur
pe`re. -- Tu les connais tous a` pre? sent, dit le bourgmestre a` Procope : ils se sont nomme? s eux-me^mes. -- La pie`ce finit heu-
reusement, et le troisie`me acte se passe tout en fe? licitations;
mais le second acte est du plus grand inte? re^t tlfe? a`tral.
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? PIECES DU THEATIIE ALLEMAND. 307
Des sce`nes de roman font tout le me?
