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Proust - A La Recherche du Temps Perdu - Le Côté de Guermantes - Deuxième partie - v1
Depuis longtemps déjà dans ces
courses du matin, selon ce que j'avais à faire, fût-ce acheter le plus
insignifiant journal, je choisissais le chemin le plus direct, sans
regret s'il était en dehors du parcours habituel que suivaient les
promenades de la duchesse et, s'il en faisait au contraire partie, sans
scrupules et sans dissimulation parce qu'il ne me paraissait plus le
chemin défendu où j'arrachais à une ingrate la faveur de la voir malgré
elle. Mais je n'avais pas songé que ma guérison, en me donnant à l'égard
de Mme de Guermantes une attitude normale, accomplirait parallèlement la
même oeuvre en ce qui la concernait et rendrait possible une amabilité,
une amitié qui ne m'importaient plus. Jusque-là les efforts du monde
entier ligués pour me rapprocher d'elle eussent expiré devant le mauvais
sort que jette un amour malheureux. Des fées plus puissantes que les
hommes ont décrété que, dans ces cas-là, rien ne pourra servir jusqu'au
jour où nous aurons dit sincèrement dans notre coeur la parole: «Je
n'aime plus. » J'en avais voulu à Saint-Loup de ne m'avoir pas mené chez
sa tante. Mais pas plus que n'importe qui, il n'était capable de briser
un enchantement. Tandis que j'aimais Mme de Guermantes, les marques de
gentillesse que je recevais des autres, les compliments, me faisaient de
la peine, non seulement parce que cela ne venait pas d'elle, mais parce
qu'elle ne les apprenait pas. Or, les eût-elle sus que cela n'eût été
d'aucune utilité. Même dans les détails d'une affection, une absence,
le refus d'un dîner, une rigueur involontaire, inconsciente, servent
plus que tous les cosmétiques et les plus beaux habits. Il y aurait des
parvenus, si on enseignait dans ce sens l'art de parvenir.
Au moment où elle traversait le salon où j'étais assis, la pensée pleine
du souvenir des amis que je ne connaissais pas et qu'elle allait
peut-être retrouver tout à l'heure dans une autre soirée, Mme de
Guermantes m'aperçut sur ma bergère, véritable indifférent qui ne
cherchais qu'à être aimable, alors que, tandis que j'aimais, j'avais
tant essayé de prendre, sans y réussir, l'air d'indifférence; elle
obliqua, vint à moi et retrouvant le sourire du soir de l'Opéra-Comique
et que le sentiment pénible d'être aimée par quelqu'un qu'elle n'aimait
pas n'effaçait plus:
--Non, ne vous dérangez pas, vous permettez que je m'asseye un instant à
côté de vous? me dit-elle en relevant gracieusement son immense jupe qui
sans cela eût occupé la bergère dans son entier.
Plus grande que moi et accrue encore de tout le volume de sa robe,
j'étais presque effleuré par son admirable bras nu autour duquel un
duvet imperceptible et innombrable faisait fumer perpétuellement comme
une vapeur dorée, et par la torsade blonde de ses cheveux qui
m'envoyaient leur odeur. N'ayant guère de place, elle ne pouvait se
tourner facilement vers moi et, obligée de regarder plutôt devant elle
que de mon côté, prenait une expression rêveuse et douce, comme dans un
portrait.
--Avez-vous des nouvelles de Robert? me dit-elle.
Mme de Villeparisis passa à ce moment-là.
--Eh bien! vous arrivez à une jolie heure, monsieur, pour une fois qu'on
vous voit.
Et remarquant que je parlais avec sa nièce, supposant peut-être que nous
étions plus liés qu'elle ne savait:
--Mais je ne veux pas déranger votre conversation avec Oriane,
ajouta-t-elle (car les bons offices de l'entremetteuse font partie des
devoirs d'une maîtresse de maison). Vous ne voulez pas venir dîner
mercredi avec elle?
C'était le jour où je devais dîner avec Mme de Stermaria, je refusai.
--Et samedi?
Ma mère revenant le samedi ou le dimanche, c'eût été peu gentil de ne
pas rester tous les soirs à dîner avec elle; je refusai donc encore.
--Ah! vous n'êtes pas un homme facile à avoir chez soi.
--Pourquoi ne venez-vous jamais me voir? me dit Mme de Guermantes quand
Mme de Villeparisis se fut éloignée pour féliciter les artistes et
remettre à la diva un bouquet de roses dont la main qui l'offrait
faisait seule tout le prix, car il n'avait coûté que vingt francs.
(C'était du reste son prix maximum quand on n'avait chanté qu'une fois.
Celles qui prêtaient leur concours à toutes les matinées et soirées
recevaient des roses peintes par la marquise. )
--C'est ennuyeux de ne jamais se voir que chez les autres. Puisque vous
ne voulez pas dîner avec moi chez ma tante, pourquoi ne viendriez-vous
pas dîner chez moi?
Certaines personnes, étant restées le plus longtemps possible, sous des
prétextes quelconques, mais qui sortaient enfin, voyant la duchesse
assise pour causer avec un jeune homme, sur un meuble si étroit qu'on
n'y pouvait tenir que deux, pensèrent qu'on les avait mal renseignées,
que c'était la duchesse, non le duc, qui demandait la séparation, à
cause de moi. Puis elles se hâtèrent de répandre cette nouvelle. J'étais
plus à même que personne d'en connaître la fausseté. Mais j'étais
surpris que, dans ces périodes difficiles où s'effectue une séparation
non encore consommée, la duchesse, au lieu de s'isoler, invitât
justement quelqu'un qu'elle connaissait aussi peu. J'eus le soupçon que
le duc avait été seul à ne pas vouloir qu'elle me reçût et que,
maintenant qu'il la quittait, elle ne voyait plus d'obstacles à
s'entourer des gens qui lui plaisaient.
Deux minutes auparavant j'eusse été stupéfait si on m'avait dit que Mme
de Guermantes allait me demander d'aller la voir, encore plus de venir
dîner. J'avais beau savoir que le salon Guermantes ne pouvait pas
présenter les particularités que j'avais extraites de ce nom, le fait
qu'il m'avait été interdit d'y pénétrer, en m'obligeant à lui donner le
même genre d'existence qu'aux salons dont nous avons lu la description
dans un roman, ou vu l'image dans un rêve, me le faisait, même quand
j'étais certain qu'il était pareil à tous les autres, imaginer tout
différent; entre moi et lui il y avait la barrière où finit le réel.
Dîner chez les Guermantes, c'était comme entreprendre un voyage
longtemps désiré, faire passer un désir de ma tête devant mes yeux et
lier connaissance avec un songe. Du moins eussé-je pu croire qu'il
s'agissait d'un de ces dîners auxquels les maîtres de maison invitent
quelqu'un en disant: «Venez, il n'y aura _absolument_ que nous»,
feignant d'attribuer au paria la crainte qu'ils éprouvent de le voir
mêlé à leurs autres amis, et cherchant même à transformer en un enviable
privilège réservé aux seuls intimes la quarantaine de l'exclu, malgré
lui sauvage et favorisé. Je sentis, au contraire, que Mme de Guermantes
avait le désir de me faire goûter à ce qu'elle avait de plus agréable
quand elle me dit, mettant d'ailleurs devant mes yeux comme la beauté
violâtre d'une arrivée chez la tante de Fabrice et le miracle d'une
présentation au comte Mosca:
--Vendredi vous ne seriez pas libre, en petit comité? Ce serait gentil.
Il y aura la princesse de Parme qui est charmante; d'abord je ne vous
inviterais pas si ce n'était pas pour rencontrer des gens agréables.
Désertée dans les milieux mondains intermédiaires qui sont livrés à un
mouvement perpétuel d'ascension, la famille joue au contraire un rôle
important dans les milieux immobiles comme la petite bourgeoisie et
comme l'aristocratie princière, qui ne peut chercher à s'élever puisque,
au-dessus d'elle, à son point de vue spécial, il n'y a rien. L'amitié
que me témoignaient «la tante Villeparisis» et Robert avait peut-être
fait de moi pour Mme de Guermantes et ses amis, vivant toujours sur
eux-mêmes et dans une même coterie, l'objet d'une attention curieuse que
je ne soupçonnais pas.
Elle avait de ces parents-là une connaissance familiale, quotidienne,
vulgaire, fort différente de ce que nous imaginons, et dans laquelle, si
nous nous y trouvons compris, loin que nos actions en soient expulsées
comme le grain de poussière de l'oeil ou la goutte d'eau de la
trachée-artère, elles peuvent rester gravées, être commentées, racontées
encore des années après que nous les avons oubliées nous-mêmes, dans le
palais où nous sommes étonnés de les retrouver comme une lettre de nous
dans une précieuse collection d'autographes.
De simples gens élégants peuvent défendre leur porte trop envahie. Mais
celle des Guermantes ne l'était pas. Un étranger n'avait presque jamais
l'occasion de passer devant elle. Pour une fois que la duchesse s'en
voyait désigner un, elle ne songeait pas à se préoccuper de la valeur
mondaine qu'il apporterait, puisque c'était chose qu'elle conférait et
ne pouvait recevoir. Elle ne pensait qu'à ses qualités réelles, Mme de
Villeparisis et Saint-Loup lui avaient dit que j'en possédais. Et sans
doute ne les eût-elle pas crus, si elle n'avait remarqué qu'ils ne
pouvaient jamais arriver à me faire venir quand ils le voulaient, donc
que je ne tenais pas au monde, ce qui semblait à la duchesse le signe
qu'un étranger faisait partie des «gens agréables».
Il fallait voir, parlant de femmes qu'elle n'aimait guère, comme elle
changeait de visage aussitôt si on nommait, à propos de l'une, par
exemple sa belle-soeur. «Oh! elle est charmante», disait-elle d'un air
de finesse et de certitude. La seule raison qu'elle en donnât était que
cette dame avait refusé d'être présentée à la marquise de Chaussegros et
à la princesse de Silistrie. Elle n'ajoutait pas que cette dame avait
refusé de lui être présentée à elle-même, duchesse de Guermantes. Cela
avait eu lieu pourtant, et depuis ce jour, l'esprit de la duchesse
travaillait sur ce qui pouvait bien se passer chez la dame si difficile
à connaître. Elle mourait d'envie d'être reçue chez elle. Les gens du
monde ont tellement l'habitude qu'on les recherche que qui les fuit leur
semble un phénix et accapare leur attention.
Le motif véritable de m'inviter était-il, dans l'esprit de Mme de
Guermantes (depuis que je ne l'aimais plus), que je ne recherchais pas
ses parents quoique étant recherché d'eux? Je ne sais. En tout cas,
s'étant décidée à m'inviter, elle voulait me faire les honneurs de ce
qu'elle avait de meilleur chez elle, et éloigner ceux de ses amis qui
auraient pu m'empêcher de revenir, ceux qu'elle savait ennuyeux. Je
n'avais pas su à quoi attribuer le changement de route de la duchesse
quand je l'avais vue dévier de sa marche stellaire, venir s'asseoir à
côté de moi et m'inviter à dîner, effet de causes ignorées, faute de
sens spécial qui nous renseigne à cet égard. Nous nous figurons les
gens que nous connaissons à peine--comme moi la duchesse--comme ne
pensant à nous que dans les rares moments où ils nous voient. Or, cet
oubli idéal où nous nous figurons qu'ils nous tiennent est absolument
arbitraire. De sorte que, pendant que dans le silence de la solitude
pareil à celui d'une belle nuit nous nous imaginons les différentes
reines de la société poursuivant leur route dans le ciel à une distance
infinie, nous ne pouvons nous défendre d'un sursaut de malaise ou de
plaisir s'il nous tombe de là-haut, comme un aérolithe portant gravé
notre nom, que nous croyions inconnu dans Vénus ou Cassiopée, une
invitation à dîner ou un méchant potin.
Peut-être parfois, quand, à l'imitation des princes persans qui, au dire
du _Livre d'Esther_, se faisaient lire les registres où étaient inscrits
les noms de ceux de leurs sujets qui leur avaient témoigné du zèle, Mme
de Guermantes consultait la liste des gens bien intentionnés, elle
s'était dit de moi: «Un à qui nous demanderons de venir dîner. » Mais
d'autres pensées l'avaient distraite
_(De soins tumultueux un prince environné
Vers de nouveaux objets est sans cesse entraîné)_
jusqu'au moment où elle m'avait aperçu seul comme Mardochée à la porte
du palais; et ma vue ayant rafraîchi sa mémoire elle voulait, tel
Assuérus, me combler de ses dons.
Cependant je dois dire qu'une surprise d'un genre opposé allait suivre
celle que j'avais eue au moment où Mme de Guermantes m'avait invité.
Cette première surprise, comme j'avais trouvé plus modeste de ma part et
plus reconnaissant de ne pas la dissimuler et d'exprimer au contraire
avec exagération ce qu'elle avait de joyeux, Mme de Guermantes, qui se
disposait à partir pour une dernière soirée, venait de me dire, presque
comme une justification, et par peur que je ne susse pas bien qui elle
était, pour avoir l'air si étonné d'être invité chez elle: «Vous savez
que je suis la tante de Robert de Saint-Loup qui vous aime beaucoup, et
du reste nous nous sommes déjà vus ici. » En répondant que je le savais,
j'ajoutai que je connaissais aussi M. de Charlus, lequel «avait été très
bon pour moi à Balbec et à Paris». Mme de Guermantes parut étonnée et
ses regards semblèrent se reporter, comme pour une vérification, à une
page déjà plus ancienne du livre intérieur. «Comment! vous connaissez
Palamède? » Ce prénom prenait dans la bouche de Mme de Guermantes une
grande douceur à cause de la simplicité involontaire avec laquelle elle
parlait d'un homme si brillant, mais qui n'était pour elle que son
beau-frère et le cousin avec lequel elle avait été élevée. Et dans le
gris confus qu'était pour moi la vie de la duchesse de Guermantes, ce
nom de Palamède mettait comme la clarté des longues journées d'été où
elle avait joué avec lui, jeune fille, à Guermantes, au jardin. De plus,
dans cette partie depuis longtemps écoulée de leur vie, Oriane de
Guermantes et son cousin Palamède avaient été fort différents de ce
qu'ils étaient devenus depuis; M. de Charlus notamment, tout entier
livré à des goûts d'art qu'il avait si bien refrénés par la suite que je
fus stupéfait d'apprendre que c'était par lui qu'avait été peint
l'immense éventail d'iris jaunes et noirs que déployait en ce moment la
duchesse. Elle eût pu aussi me montrer une petite sonatine qu'il avait
autrefois composée pour elle. J'ignorais absolument que le baron eût
tous ces talents dont il ne parlait jamais. Disons en passant que M. de
Charlus n'était pas enchanté que dans sa famille on l'appelât Palamède.
Pour Mémé, on eût pu comprendre encore que cela ne lui plût pas. Ces
stupides abréviations sont un signe de l'incompréhension que
l'aristocratie a de sa propre poésie (le judaïsme a d'ailleurs la même
puisqu'un neveu de Lady Rufus Israël, qui s'appelait Moïse, était
couramment appelé dans le monde: «Momo») en même temps que de sa
préoccupation de ne pas avoir l'air d'attacher d'importance à ce qui est
aristocratique. Or, M. de Charlus avait sur ce point plus d'imagination
poétique et plus d'orgueil exhibé. Mais la raison qui lui faisait peu
goûter Mémé n'était pas celle-là puisqu'elle s'étendait aussi au beau
prénom de Palamède. La vérité est que se jugeant, se sachant d'une
famille princière, il aurait voulu que son frère et sa belle-soeur
disent de lui: «Charlus», comme la reine Marie-Amélie ou le duc
d'Orléans pouvaient dire de leurs fils, petits-fils, neveux et frères:
«Joinville, Nemours, Chartres, Paris».
--Quel cachottier que ce Mémé, s'écria-t-elle. Nous lui avons parlé
longuement de vous, il nous a dit qu'il serait très heureux de faire
votre connaissance, absolument comme s'il ne vous avait jamais vu.
Avouez qu'il est drôle! et, ce qui n'est pas très gentil de ma part à
dire d'un beau-frère que j'adore et dont j'admire la rare valeur, par
moments un peu fou.
Je fus très frappé de ce mot appliqué à M. de Charlus et je me dis que
cette demi-folie expliquait peut-être certaines choses, par exemple
qu'il eût paru si enchanté du projet de demander à Bloch de battre sa
propre mère. Je m'avisai que non seulement par les choses qu'il disait,
mais par la manière dont il les disait, M. de Charlus était un peu fou.
La première fois qu'on entend un avocat ou un acteur, on est surpris de
leur ton tellement différent de la conversation. Mais comme on se rend
compte que tout le monde trouve cela tout naturel, on ne dit rien aux
autres, on ne se dit rien à soi-même, on se contente d'apprécier le
degré de talent. Tout au plus pense-t-on d'un acteur du
Théâtre-Français: «Pourquoi au lieu de laisser retomber son bras levé
l'a-t-il fait descendre par petites saccades coupées de repos, pendant
au moins dix minutes? » ou d'un Labori: «Pourquoi, dès qu'il a ouvert la
bouche, a-t-il émis ces sons tragiques, inattendus, pour dire la chose
la plus simple? » Mais comme tout le monde admet cela _a priori_, on
n'est pas choqué. De même, en y réfléchissant, on se disait que M. de
Charlus parlait de soi avec emphase, sur un ton qui n'était nullement
celui du débit ordinaire. Il semblait qu'on eût dû à toute minute lui
dire: «Mais pourquoi criez-vous si fort? pourquoi êtes-vous si
insolent? » Seulement tout le monde semblait bien avoir admis tacitement
que c'était bien ainsi. Et on entrait dans la ronde qui lui faisait fête
pendant qu'il pérorait. Mais certainement à de certains moments un
étranger eût cru entendre crier un dément.
--Mais vous êtes sûr que vous ne confondez pas, que vous parlez bien de
mon beau-frère Palamède? ajouta la duchesse avec une légère impertinence
qui se greffait chez elle sur la simplicité.
Je répondis que j'étais absolument sûr et qu'il fallait que M. de
Charlus eût mal entendu mon nom.
--Eh bien! je vous quitte, me dit comme à regret Mme de Guermantes. Il
faut que j'aille une seconde chez la princesse de Ligne. Vous n'y allez
pas? Non, vous n'aimez pas le monde? Vous avez bien raison, c'est
assommant. Si je n'étais pas obligée! Mais c'est ma cousine, ce ne
serait pas gentil. Je regrette égoïstement, pour moi, parce que
j'aurais pu vous conduire, même vous ramener. Alors je vous dis au
revoir et je me réjouis pour mercredi.
Que M. de Charlus eût rougi de moi devant M. d'Argencourt, passe encore.
Mais qu'à sa propre belle-soeur, et qui avait une si haute idée de lui,
il niât me connaître, fait si naturel puisque je connaissais à la fois
sa tante et son neveu, c'est ce que je ne pouvais comprendre.
Je terminerai ceci en disant qu'à un certain point de vue il y avait
chez Mme de Guermantes une véritable grandeur qui consistait à effacer
entièrement tout ce que d'autres n'eussent qu'incomplètement oublié.
Elle ne m'eût jamais rencontré la harcelant, la suivant, la pistant,
dans ses promenades matinales, elle n'eût jamais répondu à mon salut
quotidien avec une impatience excédée, elle n'eût jamais envoyé promener
Saint-Loup quand il l'avait suppliée de m'inviter, qu'elle n'aurait pas
pu avoir avec moi des façons plus noblement et naturellement aimables.
Non seulement elle ne s'attardait pas à des explications
rétrospectives, à des demi-mots, à des sourires ambigus, à des
sous-entendus, non seulement elle avait dans son affabilité actuelle,
sans retours en arrière, sans réticences, quelque chose d'aussi
fièrement rectiligne que sa majestueuse stature, mais les griefs qu'elle
avait pu ressentir contre quelqu'un dans le passé étaient si entièrement
réduits en cendres, ces cendres étaient elles-mêmes rejetées si loin de
sa mémoire ou tout au moins de sa manière d'être, qu'à regarder son
visage chaque fois qu'elle avait à traiter par la plus belle des
simplifications ce qui chez tant d'autres eût été prétexte à des restes
de froideur, à des récriminations, on avait l'impression d'une sorte de
purification.
Mais si j'étais surpris de la modification qui s'était opérée en elle à
mon égard, combien je l'étais plus d'en trouver en moi une tellement
plus grande au sien. N'y avait-il pas eu un moment où je ne reprenais
vie et force que si j'avais, échafaudant toujours de nouveaux projets,
cherché quelqu'un qui me ferait recevoir par elle et, après ce premier
bonheur, en procurerait bien d'autres à mon coeur de plus en plus
exigeant? C'était l'impossibilité de rien trouver qui m'avait fait
partir à Doncières voir Robert de Saint-Loup. Et maintenant, c'était
bien par les conséquences dérivant d'une lettre de lui que j'étais
agité, mais à cause de Mme de Stermaria et non de Mme de Guermantes.
Ajoutons, pour en finir avec cette soirée, qu'il s'y passa un fait,
démenti quelques jours après, qui ne laissa pas de m'étonner, me
brouilla pour quelque temps avec Bloch, et qui constitue en soi une de
ces curieuses contradictions dont on va trouver l'explication à la fin
de ce volume[1] (Sodome I). Donc, chez Mme de Villeparisis, Bloch ne
cessa de me vanter l'air d'amabilité de M. de Charlus, lequel Charlus,
quand il le rencontrait dans la rue, le regardait dans les yeux comme
s'il le connaissait, avait envie de le connaître, savait très bien qui
il était. J'en souris d'abord, Bloch s'étant exprimé avec tant de
violence à Balbec sur le compte du même M. de Charlus. Et je pensai
simplement que Bloch, à l'instar de son père pour Bergotte, connaissait
le baron «sans le connaître». Et que ce qu'il prenait pour un regard
aimable était un regard distrait. Mais enfin Bloch vint à tant de
précisions, et sembla si certain qu'à deux ou trois reprises M. de
Charlus avait voulu l'aborder, que, me rappelant que j'avais parlé de
mon camarade au baron, lequel m'avait justement, en revenant d'une
visite chez Mme de Villeparisis, posé sur lui diverses questions, je fis
la supposition que Bloch ne mentait pas, que M. de Charlus avait appris
son nom, qu'il était mon ami, etc. . . . Aussi quelque temps après, au
théâtre, je demandai à M. de Charlus de lui présenter Bloch, et sur son
acquiescement allai le chercher. Mais dès que M. de Charlus l'aperçut,
un étonnement aussitôt réprimé se peignit sur sa figure où il fut
remplacé par une étincelante fureur. Non seulement il ne tendit pas la
main à Bloch, mais chaque fois que celui-ci lui adressa la parole il lui
répondit de l'air le plus insolent, d'une voix irritée et blessante. De
sorte que Bloch, qui, à ce qu'il disait, n'avait eu jusque-là du baron
que des sourires, crut que je l'avais non pas recommandé mais desservi,
pendant le court entretien où, sachant le goût de M. de Charlus pour les
protocoles, je lui avais parlé de mon camarade avant de l'amener à lui.
Bloch nous quitta, éreinté comme qui a voulu monter un cheval tout le
temps prêt à prendre le mors aux dents, ou nager contre des vagues qui
vous rejettent sans cesse sur le galet, et ne me reparla pas de six
mois.
[Footnote 1: Dans l'édition originale «Sodome et Gomorrhe I» se
trouvait compris dans le même volume que cette 2e partie du Côté de
Guermantes, ce qui explique la phrase et la parenthèse. Mais, dans cette
édition in-octavo, le titre de Sodome est reporté au volume suivant. ]
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courses du matin, selon ce que j'avais à faire, fût-ce acheter le plus
insignifiant journal, je choisissais le chemin le plus direct, sans
regret s'il était en dehors du parcours habituel que suivaient les
promenades de la duchesse et, s'il en faisait au contraire partie, sans
scrupules et sans dissimulation parce qu'il ne me paraissait plus le
chemin défendu où j'arrachais à une ingrate la faveur de la voir malgré
elle. Mais je n'avais pas songé que ma guérison, en me donnant à l'égard
de Mme de Guermantes une attitude normale, accomplirait parallèlement la
même oeuvre en ce qui la concernait et rendrait possible une amabilité,
une amitié qui ne m'importaient plus. Jusque-là les efforts du monde
entier ligués pour me rapprocher d'elle eussent expiré devant le mauvais
sort que jette un amour malheureux. Des fées plus puissantes que les
hommes ont décrété que, dans ces cas-là, rien ne pourra servir jusqu'au
jour où nous aurons dit sincèrement dans notre coeur la parole: «Je
n'aime plus. » J'en avais voulu à Saint-Loup de ne m'avoir pas mené chez
sa tante. Mais pas plus que n'importe qui, il n'était capable de briser
un enchantement. Tandis que j'aimais Mme de Guermantes, les marques de
gentillesse que je recevais des autres, les compliments, me faisaient de
la peine, non seulement parce que cela ne venait pas d'elle, mais parce
qu'elle ne les apprenait pas. Or, les eût-elle sus que cela n'eût été
d'aucune utilité. Même dans les détails d'une affection, une absence,
le refus d'un dîner, une rigueur involontaire, inconsciente, servent
plus que tous les cosmétiques et les plus beaux habits. Il y aurait des
parvenus, si on enseignait dans ce sens l'art de parvenir.
Au moment où elle traversait le salon où j'étais assis, la pensée pleine
du souvenir des amis que je ne connaissais pas et qu'elle allait
peut-être retrouver tout à l'heure dans une autre soirée, Mme de
Guermantes m'aperçut sur ma bergère, véritable indifférent qui ne
cherchais qu'à être aimable, alors que, tandis que j'aimais, j'avais
tant essayé de prendre, sans y réussir, l'air d'indifférence; elle
obliqua, vint à moi et retrouvant le sourire du soir de l'Opéra-Comique
et que le sentiment pénible d'être aimée par quelqu'un qu'elle n'aimait
pas n'effaçait plus:
--Non, ne vous dérangez pas, vous permettez que je m'asseye un instant à
côté de vous? me dit-elle en relevant gracieusement son immense jupe qui
sans cela eût occupé la bergère dans son entier.
Plus grande que moi et accrue encore de tout le volume de sa robe,
j'étais presque effleuré par son admirable bras nu autour duquel un
duvet imperceptible et innombrable faisait fumer perpétuellement comme
une vapeur dorée, et par la torsade blonde de ses cheveux qui
m'envoyaient leur odeur. N'ayant guère de place, elle ne pouvait se
tourner facilement vers moi et, obligée de regarder plutôt devant elle
que de mon côté, prenait une expression rêveuse et douce, comme dans un
portrait.
--Avez-vous des nouvelles de Robert? me dit-elle.
Mme de Villeparisis passa à ce moment-là.
--Eh bien! vous arrivez à une jolie heure, monsieur, pour une fois qu'on
vous voit.
Et remarquant que je parlais avec sa nièce, supposant peut-être que nous
étions plus liés qu'elle ne savait:
--Mais je ne veux pas déranger votre conversation avec Oriane,
ajouta-t-elle (car les bons offices de l'entremetteuse font partie des
devoirs d'une maîtresse de maison). Vous ne voulez pas venir dîner
mercredi avec elle?
C'était le jour où je devais dîner avec Mme de Stermaria, je refusai.
--Et samedi?
Ma mère revenant le samedi ou le dimanche, c'eût été peu gentil de ne
pas rester tous les soirs à dîner avec elle; je refusai donc encore.
--Ah! vous n'êtes pas un homme facile à avoir chez soi.
--Pourquoi ne venez-vous jamais me voir? me dit Mme de Guermantes quand
Mme de Villeparisis se fut éloignée pour féliciter les artistes et
remettre à la diva un bouquet de roses dont la main qui l'offrait
faisait seule tout le prix, car il n'avait coûté que vingt francs.
(C'était du reste son prix maximum quand on n'avait chanté qu'une fois.
Celles qui prêtaient leur concours à toutes les matinées et soirées
recevaient des roses peintes par la marquise. )
--C'est ennuyeux de ne jamais se voir que chez les autres. Puisque vous
ne voulez pas dîner avec moi chez ma tante, pourquoi ne viendriez-vous
pas dîner chez moi?
Certaines personnes, étant restées le plus longtemps possible, sous des
prétextes quelconques, mais qui sortaient enfin, voyant la duchesse
assise pour causer avec un jeune homme, sur un meuble si étroit qu'on
n'y pouvait tenir que deux, pensèrent qu'on les avait mal renseignées,
que c'était la duchesse, non le duc, qui demandait la séparation, à
cause de moi. Puis elles se hâtèrent de répandre cette nouvelle. J'étais
plus à même que personne d'en connaître la fausseté. Mais j'étais
surpris que, dans ces périodes difficiles où s'effectue une séparation
non encore consommée, la duchesse, au lieu de s'isoler, invitât
justement quelqu'un qu'elle connaissait aussi peu. J'eus le soupçon que
le duc avait été seul à ne pas vouloir qu'elle me reçût et que,
maintenant qu'il la quittait, elle ne voyait plus d'obstacles à
s'entourer des gens qui lui plaisaient.
Deux minutes auparavant j'eusse été stupéfait si on m'avait dit que Mme
de Guermantes allait me demander d'aller la voir, encore plus de venir
dîner. J'avais beau savoir que le salon Guermantes ne pouvait pas
présenter les particularités que j'avais extraites de ce nom, le fait
qu'il m'avait été interdit d'y pénétrer, en m'obligeant à lui donner le
même genre d'existence qu'aux salons dont nous avons lu la description
dans un roman, ou vu l'image dans un rêve, me le faisait, même quand
j'étais certain qu'il était pareil à tous les autres, imaginer tout
différent; entre moi et lui il y avait la barrière où finit le réel.
Dîner chez les Guermantes, c'était comme entreprendre un voyage
longtemps désiré, faire passer un désir de ma tête devant mes yeux et
lier connaissance avec un songe. Du moins eussé-je pu croire qu'il
s'agissait d'un de ces dîners auxquels les maîtres de maison invitent
quelqu'un en disant: «Venez, il n'y aura _absolument_ que nous»,
feignant d'attribuer au paria la crainte qu'ils éprouvent de le voir
mêlé à leurs autres amis, et cherchant même à transformer en un enviable
privilège réservé aux seuls intimes la quarantaine de l'exclu, malgré
lui sauvage et favorisé. Je sentis, au contraire, que Mme de Guermantes
avait le désir de me faire goûter à ce qu'elle avait de plus agréable
quand elle me dit, mettant d'ailleurs devant mes yeux comme la beauté
violâtre d'une arrivée chez la tante de Fabrice et le miracle d'une
présentation au comte Mosca:
--Vendredi vous ne seriez pas libre, en petit comité? Ce serait gentil.
Il y aura la princesse de Parme qui est charmante; d'abord je ne vous
inviterais pas si ce n'était pas pour rencontrer des gens agréables.
Désertée dans les milieux mondains intermédiaires qui sont livrés à un
mouvement perpétuel d'ascension, la famille joue au contraire un rôle
important dans les milieux immobiles comme la petite bourgeoisie et
comme l'aristocratie princière, qui ne peut chercher à s'élever puisque,
au-dessus d'elle, à son point de vue spécial, il n'y a rien. L'amitié
que me témoignaient «la tante Villeparisis» et Robert avait peut-être
fait de moi pour Mme de Guermantes et ses amis, vivant toujours sur
eux-mêmes et dans une même coterie, l'objet d'une attention curieuse que
je ne soupçonnais pas.
Elle avait de ces parents-là une connaissance familiale, quotidienne,
vulgaire, fort différente de ce que nous imaginons, et dans laquelle, si
nous nous y trouvons compris, loin que nos actions en soient expulsées
comme le grain de poussière de l'oeil ou la goutte d'eau de la
trachée-artère, elles peuvent rester gravées, être commentées, racontées
encore des années après que nous les avons oubliées nous-mêmes, dans le
palais où nous sommes étonnés de les retrouver comme une lettre de nous
dans une précieuse collection d'autographes.
De simples gens élégants peuvent défendre leur porte trop envahie. Mais
celle des Guermantes ne l'était pas. Un étranger n'avait presque jamais
l'occasion de passer devant elle. Pour une fois que la duchesse s'en
voyait désigner un, elle ne songeait pas à se préoccuper de la valeur
mondaine qu'il apporterait, puisque c'était chose qu'elle conférait et
ne pouvait recevoir. Elle ne pensait qu'à ses qualités réelles, Mme de
Villeparisis et Saint-Loup lui avaient dit que j'en possédais. Et sans
doute ne les eût-elle pas crus, si elle n'avait remarqué qu'ils ne
pouvaient jamais arriver à me faire venir quand ils le voulaient, donc
que je ne tenais pas au monde, ce qui semblait à la duchesse le signe
qu'un étranger faisait partie des «gens agréables».
Il fallait voir, parlant de femmes qu'elle n'aimait guère, comme elle
changeait de visage aussitôt si on nommait, à propos de l'une, par
exemple sa belle-soeur. «Oh! elle est charmante», disait-elle d'un air
de finesse et de certitude. La seule raison qu'elle en donnât était que
cette dame avait refusé d'être présentée à la marquise de Chaussegros et
à la princesse de Silistrie. Elle n'ajoutait pas que cette dame avait
refusé de lui être présentée à elle-même, duchesse de Guermantes. Cela
avait eu lieu pourtant, et depuis ce jour, l'esprit de la duchesse
travaillait sur ce qui pouvait bien se passer chez la dame si difficile
à connaître. Elle mourait d'envie d'être reçue chez elle. Les gens du
monde ont tellement l'habitude qu'on les recherche que qui les fuit leur
semble un phénix et accapare leur attention.
Le motif véritable de m'inviter était-il, dans l'esprit de Mme de
Guermantes (depuis que je ne l'aimais plus), que je ne recherchais pas
ses parents quoique étant recherché d'eux? Je ne sais. En tout cas,
s'étant décidée à m'inviter, elle voulait me faire les honneurs de ce
qu'elle avait de meilleur chez elle, et éloigner ceux de ses amis qui
auraient pu m'empêcher de revenir, ceux qu'elle savait ennuyeux. Je
n'avais pas su à quoi attribuer le changement de route de la duchesse
quand je l'avais vue dévier de sa marche stellaire, venir s'asseoir à
côté de moi et m'inviter à dîner, effet de causes ignorées, faute de
sens spécial qui nous renseigne à cet égard. Nous nous figurons les
gens que nous connaissons à peine--comme moi la duchesse--comme ne
pensant à nous que dans les rares moments où ils nous voient. Or, cet
oubli idéal où nous nous figurons qu'ils nous tiennent est absolument
arbitraire. De sorte que, pendant que dans le silence de la solitude
pareil à celui d'une belle nuit nous nous imaginons les différentes
reines de la société poursuivant leur route dans le ciel à une distance
infinie, nous ne pouvons nous défendre d'un sursaut de malaise ou de
plaisir s'il nous tombe de là-haut, comme un aérolithe portant gravé
notre nom, que nous croyions inconnu dans Vénus ou Cassiopée, une
invitation à dîner ou un méchant potin.
Peut-être parfois, quand, à l'imitation des princes persans qui, au dire
du _Livre d'Esther_, se faisaient lire les registres où étaient inscrits
les noms de ceux de leurs sujets qui leur avaient témoigné du zèle, Mme
de Guermantes consultait la liste des gens bien intentionnés, elle
s'était dit de moi: «Un à qui nous demanderons de venir dîner. » Mais
d'autres pensées l'avaient distraite
_(De soins tumultueux un prince environné
Vers de nouveaux objets est sans cesse entraîné)_
jusqu'au moment où elle m'avait aperçu seul comme Mardochée à la porte
du palais; et ma vue ayant rafraîchi sa mémoire elle voulait, tel
Assuérus, me combler de ses dons.
Cependant je dois dire qu'une surprise d'un genre opposé allait suivre
celle que j'avais eue au moment où Mme de Guermantes m'avait invité.
Cette première surprise, comme j'avais trouvé plus modeste de ma part et
plus reconnaissant de ne pas la dissimuler et d'exprimer au contraire
avec exagération ce qu'elle avait de joyeux, Mme de Guermantes, qui se
disposait à partir pour une dernière soirée, venait de me dire, presque
comme une justification, et par peur que je ne susse pas bien qui elle
était, pour avoir l'air si étonné d'être invité chez elle: «Vous savez
que je suis la tante de Robert de Saint-Loup qui vous aime beaucoup, et
du reste nous nous sommes déjà vus ici. » En répondant que je le savais,
j'ajoutai que je connaissais aussi M. de Charlus, lequel «avait été très
bon pour moi à Balbec et à Paris». Mme de Guermantes parut étonnée et
ses regards semblèrent se reporter, comme pour une vérification, à une
page déjà plus ancienne du livre intérieur. «Comment! vous connaissez
Palamède? » Ce prénom prenait dans la bouche de Mme de Guermantes une
grande douceur à cause de la simplicité involontaire avec laquelle elle
parlait d'un homme si brillant, mais qui n'était pour elle que son
beau-frère et le cousin avec lequel elle avait été élevée. Et dans le
gris confus qu'était pour moi la vie de la duchesse de Guermantes, ce
nom de Palamède mettait comme la clarté des longues journées d'été où
elle avait joué avec lui, jeune fille, à Guermantes, au jardin. De plus,
dans cette partie depuis longtemps écoulée de leur vie, Oriane de
Guermantes et son cousin Palamède avaient été fort différents de ce
qu'ils étaient devenus depuis; M. de Charlus notamment, tout entier
livré à des goûts d'art qu'il avait si bien refrénés par la suite que je
fus stupéfait d'apprendre que c'était par lui qu'avait été peint
l'immense éventail d'iris jaunes et noirs que déployait en ce moment la
duchesse. Elle eût pu aussi me montrer une petite sonatine qu'il avait
autrefois composée pour elle. J'ignorais absolument que le baron eût
tous ces talents dont il ne parlait jamais. Disons en passant que M. de
Charlus n'était pas enchanté que dans sa famille on l'appelât Palamède.
Pour Mémé, on eût pu comprendre encore que cela ne lui plût pas. Ces
stupides abréviations sont un signe de l'incompréhension que
l'aristocratie a de sa propre poésie (le judaïsme a d'ailleurs la même
puisqu'un neveu de Lady Rufus Israël, qui s'appelait Moïse, était
couramment appelé dans le monde: «Momo») en même temps que de sa
préoccupation de ne pas avoir l'air d'attacher d'importance à ce qui est
aristocratique. Or, M. de Charlus avait sur ce point plus d'imagination
poétique et plus d'orgueil exhibé. Mais la raison qui lui faisait peu
goûter Mémé n'était pas celle-là puisqu'elle s'étendait aussi au beau
prénom de Palamède. La vérité est que se jugeant, se sachant d'une
famille princière, il aurait voulu que son frère et sa belle-soeur
disent de lui: «Charlus», comme la reine Marie-Amélie ou le duc
d'Orléans pouvaient dire de leurs fils, petits-fils, neveux et frères:
«Joinville, Nemours, Chartres, Paris».
--Quel cachottier que ce Mémé, s'écria-t-elle. Nous lui avons parlé
longuement de vous, il nous a dit qu'il serait très heureux de faire
votre connaissance, absolument comme s'il ne vous avait jamais vu.
Avouez qu'il est drôle! et, ce qui n'est pas très gentil de ma part à
dire d'un beau-frère que j'adore et dont j'admire la rare valeur, par
moments un peu fou.
Je fus très frappé de ce mot appliqué à M. de Charlus et je me dis que
cette demi-folie expliquait peut-être certaines choses, par exemple
qu'il eût paru si enchanté du projet de demander à Bloch de battre sa
propre mère. Je m'avisai que non seulement par les choses qu'il disait,
mais par la manière dont il les disait, M. de Charlus était un peu fou.
La première fois qu'on entend un avocat ou un acteur, on est surpris de
leur ton tellement différent de la conversation. Mais comme on se rend
compte que tout le monde trouve cela tout naturel, on ne dit rien aux
autres, on ne se dit rien à soi-même, on se contente d'apprécier le
degré de talent. Tout au plus pense-t-on d'un acteur du
Théâtre-Français: «Pourquoi au lieu de laisser retomber son bras levé
l'a-t-il fait descendre par petites saccades coupées de repos, pendant
au moins dix minutes? » ou d'un Labori: «Pourquoi, dès qu'il a ouvert la
bouche, a-t-il émis ces sons tragiques, inattendus, pour dire la chose
la plus simple? » Mais comme tout le monde admet cela _a priori_, on
n'est pas choqué. De même, en y réfléchissant, on se disait que M. de
Charlus parlait de soi avec emphase, sur un ton qui n'était nullement
celui du débit ordinaire. Il semblait qu'on eût dû à toute minute lui
dire: «Mais pourquoi criez-vous si fort? pourquoi êtes-vous si
insolent? » Seulement tout le monde semblait bien avoir admis tacitement
que c'était bien ainsi. Et on entrait dans la ronde qui lui faisait fête
pendant qu'il pérorait. Mais certainement à de certains moments un
étranger eût cru entendre crier un dément.
--Mais vous êtes sûr que vous ne confondez pas, que vous parlez bien de
mon beau-frère Palamède? ajouta la duchesse avec une légère impertinence
qui se greffait chez elle sur la simplicité.
Je répondis que j'étais absolument sûr et qu'il fallait que M. de
Charlus eût mal entendu mon nom.
--Eh bien! je vous quitte, me dit comme à regret Mme de Guermantes. Il
faut que j'aille une seconde chez la princesse de Ligne. Vous n'y allez
pas? Non, vous n'aimez pas le monde? Vous avez bien raison, c'est
assommant. Si je n'étais pas obligée! Mais c'est ma cousine, ce ne
serait pas gentil. Je regrette égoïstement, pour moi, parce que
j'aurais pu vous conduire, même vous ramener. Alors je vous dis au
revoir et je me réjouis pour mercredi.
Que M. de Charlus eût rougi de moi devant M. d'Argencourt, passe encore.
Mais qu'à sa propre belle-soeur, et qui avait une si haute idée de lui,
il niât me connaître, fait si naturel puisque je connaissais à la fois
sa tante et son neveu, c'est ce que je ne pouvais comprendre.
Je terminerai ceci en disant qu'à un certain point de vue il y avait
chez Mme de Guermantes une véritable grandeur qui consistait à effacer
entièrement tout ce que d'autres n'eussent qu'incomplètement oublié.
Elle ne m'eût jamais rencontré la harcelant, la suivant, la pistant,
dans ses promenades matinales, elle n'eût jamais répondu à mon salut
quotidien avec une impatience excédée, elle n'eût jamais envoyé promener
Saint-Loup quand il l'avait suppliée de m'inviter, qu'elle n'aurait pas
pu avoir avec moi des façons plus noblement et naturellement aimables.
Non seulement elle ne s'attardait pas à des explications
rétrospectives, à des demi-mots, à des sourires ambigus, à des
sous-entendus, non seulement elle avait dans son affabilité actuelle,
sans retours en arrière, sans réticences, quelque chose d'aussi
fièrement rectiligne que sa majestueuse stature, mais les griefs qu'elle
avait pu ressentir contre quelqu'un dans le passé étaient si entièrement
réduits en cendres, ces cendres étaient elles-mêmes rejetées si loin de
sa mémoire ou tout au moins de sa manière d'être, qu'à regarder son
visage chaque fois qu'elle avait à traiter par la plus belle des
simplifications ce qui chez tant d'autres eût été prétexte à des restes
de froideur, à des récriminations, on avait l'impression d'une sorte de
purification.
Mais si j'étais surpris de la modification qui s'était opérée en elle à
mon égard, combien je l'étais plus d'en trouver en moi une tellement
plus grande au sien. N'y avait-il pas eu un moment où je ne reprenais
vie et force que si j'avais, échafaudant toujours de nouveaux projets,
cherché quelqu'un qui me ferait recevoir par elle et, après ce premier
bonheur, en procurerait bien d'autres à mon coeur de plus en plus
exigeant? C'était l'impossibilité de rien trouver qui m'avait fait
partir à Doncières voir Robert de Saint-Loup. Et maintenant, c'était
bien par les conséquences dérivant d'une lettre de lui que j'étais
agité, mais à cause de Mme de Stermaria et non de Mme de Guermantes.
Ajoutons, pour en finir avec cette soirée, qu'il s'y passa un fait,
démenti quelques jours après, qui ne laissa pas de m'étonner, me
brouilla pour quelque temps avec Bloch, et qui constitue en soi une de
ces curieuses contradictions dont on va trouver l'explication à la fin
de ce volume[1] (Sodome I). Donc, chez Mme de Villeparisis, Bloch ne
cessa de me vanter l'air d'amabilité de M. de Charlus, lequel Charlus,
quand il le rencontrait dans la rue, le regardait dans les yeux comme
s'il le connaissait, avait envie de le connaître, savait très bien qui
il était. J'en souris d'abord, Bloch s'étant exprimé avec tant de
violence à Balbec sur le compte du même M. de Charlus. Et je pensai
simplement que Bloch, à l'instar de son père pour Bergotte, connaissait
le baron «sans le connaître». Et que ce qu'il prenait pour un regard
aimable était un regard distrait. Mais enfin Bloch vint à tant de
précisions, et sembla si certain qu'à deux ou trois reprises M. de
Charlus avait voulu l'aborder, que, me rappelant que j'avais parlé de
mon camarade au baron, lequel m'avait justement, en revenant d'une
visite chez Mme de Villeparisis, posé sur lui diverses questions, je fis
la supposition que Bloch ne mentait pas, que M. de Charlus avait appris
son nom, qu'il était mon ami, etc. . . . Aussi quelque temps après, au
théâtre, je demandai à M. de Charlus de lui présenter Bloch, et sur son
acquiescement allai le chercher. Mais dès que M. de Charlus l'aperçut,
un étonnement aussitôt réprimé se peignit sur sa figure où il fut
remplacé par une étincelante fureur. Non seulement il ne tendit pas la
main à Bloch, mais chaque fois que celui-ci lui adressa la parole il lui
répondit de l'air le plus insolent, d'une voix irritée et blessante. De
sorte que Bloch, qui, à ce qu'il disait, n'avait eu jusque-là du baron
que des sourires, crut que je l'avais non pas recommandé mais desservi,
pendant le court entretien où, sachant le goût de M. de Charlus pour les
protocoles, je lui avais parlé de mon camarade avant de l'amener à lui.
Bloch nous quitta, éreinté comme qui a voulu monter un cheval tout le
temps prêt à prendre le mors aux dents, ou nager contre des vagues qui
vous rejettent sans cesse sur le galet, et ne me reparla pas de six
mois.
[Footnote 1: Dans l'édition originale «Sodome et Gomorrhe I» se
trouvait compris dans le même volume que cette 2e partie du Côté de
Guermantes, ce qui explique la phrase et la parenthèse. Mais, dans cette
édition in-octavo, le titre de Sodome est reporté au volume suivant. ]
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