, et la
couronne
semble planer encore sur la
te^te de celui qu'on en de?
te^te de celui qu'on en de?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
franc?
aise
a donne? a` la marche des pie`ces de the? a^tre un mouvement ra-
pide tre`s-agre? able; mais elle nuit a` la beaute? de l'art quand elle
exige des succe`s instantane? s aux de? pens de l'impression ge? ne? rale.
A co^te? de cette impatience qui ne tole`re aucun retard, il y a
une patience singulie`re pour tout ce que la convenance exige; et
quand un ennui quelconque est dans l'e? tiquette des arts, ces
me^mes Franc? ais, qu'irritait la moindre lenteur, supportent tout
ce qu'on veut par respect pour l'usage. Par exemple, les expo-
sitions en re? cit sont indispensables dans les trage? dies franc? aises;
et certainement elles ont beaucoup moins d'inte? re^t que les expo-
sitions en action. On ditque des spectateurs italiens crie`rent une
fois, pendant le re? cit d'une bataille, qu'on leva^t la toile du
fond, pour qu'ils vissent la bataille elle-me^me. On a tre`s-sou-
vent ce de? sir dans nos trage? dies, on voudrait assister a` ce qu'on
nous raconte. L'auteur du Walstein franc? ais a e? te? oblige? de foudre
Le vent qui ge? missait a` travers les valle? es
Agitait lentement uos tentes e? branle? es.
Les astres, a` regret perc? ant l'obscurite? ,
Versaient sur nos drapeaux une pa^le clarte? .
i^Jue de mortels, me dis-je, a` ma voix obe? issent!
Qu'avec empressement sous mon onlre ils fle? chissent!
Ils ont, sur mes succe? s, place? tout leur espoir.
Mais, si le sort jaloux m'arrachait le pouvoir,
Que biento^t je verrais s'e? vanouir leur ze? le!
lin esl-il un du moins qui me restat fiile? le!
Ah! Ml en est un seul, je t'invoque, o^ des! in!
Daigne me l'Indiquer par un signe certain.
WALSTEIM, par M. Benjamin Constant ile IMn'O. pie.
Acte H, sce? ne 1", p. 43.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? ET MAHIE STUART. 211
dans sa pie`ce l'exposition qui se fait d'une manie`re si originale
par le prologue du camp. La dignite? des premie`res sce`nes s'ac-
corde parfaitement avec le ton imposant d'une trage? die fran-
c? aise: mais il y a un genre de mouvement dans l'irre? gularite?
allemande, auquel on ne peut jamais supple? er.
On a reproche? aussi a` l'auteur franc? ais le double inte? re^t qu'ins-
pirent l'amour d'Alfred (Piccolomini) pour The? cla, et la cons-
piration de Walstein. En France, on veut qu'une pie`ce soit toute
d'amour ou toutede politique, on n'aime pas le me? lange des sujets;
etdepuis quelque temps surtout, quand il s'agit des affaires d'E? tat,
on ne peut concevoir comment il resterait dans l'a^me place
pour une autre pense? e. Ne? anmoins le grand tableau de la cons-
piration de Walstein n'est complet que par les malheurs me^mes
qui en re? sultent pour sa famille; il importe de nous rappeler
combien les e? ve? nements publics peuvent de? chirer les affections
prive? es; et cette manie`re de pre? senter la politique comme un
monde a` part dont les sentiments sont bannis, est immorale,
dure et sans effet dramatique.
Une circonstance de de? tail a e? te? bla^me? e dans la pie`ce fran-
c? aise. Personne n'a nie? que les adieux d'Alfred (Max Piccolo-
mini) , en quittant Walstein et The? cla, ne fussent de la plus
grande beaute? ; mais on s'est scandalise? de ce qu'on faisait en-
tendre, a` cette occasion, de la musique dans une trage? die : il
est assure? ment tre`s-facile de la supprimer; mais pourquoi donc se refuser a` l'effet qu'elle produit? Lorsqu'on entend cette mu-
sique militaire qui appelle au combat, le spectateur partage l'e? -
motion qu'elle doit causer aux amants, menace? s de ne plus se
revoir: la musique fait ressortir la situation; un art nouveau
redouble l'impression qu'un autre art a pre? pare? e; les sons et les
paroles e? branlent tour a` tour notre imagination et notre coeur.
Deux sce`nes aussi tout a` fait nouvelles sur notre the? a^tre ont
excite? l'e? tonnement des lecteurs franc? ais: lorsque Alfred (Max)
s'est fait tuer, The? cla demande a` l'officier saxon qui en apporte
la nouvelle v tous les de? tails de cette horrible mort; et quand
elle a rassasie? son a^me de douleur, elle annonce la re? solution
qu'elle a prise d'aller vivre et mourir pre`s du tombeau de son
amant. Chaque expression, chaque mot, dans ces deux sce`nes,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 2 I 2 WALSTEIN
est d'une sensibilite? profonde; mais on a pre? tendu que l'inte? re^t
dramatique ne pouvait plus exister quand il n'y a plus d'incerti-
tude. En France, on se ha^te, en tout genre, d'en finir avec l'ir-
re? parable. Les Allemands, au contraire, sont plus curieux de
ce que les personnages e? prouvent, que de ce qui leur arrive;
ils ne craignent point de s'arre^ter sur une situation termine? e
comme e? ve? nement, mais qui subsiste encore comme souffrance.
Il faut plus de poe? sie, plus de sensibilite? , plus de justesse dans
les expressions, pour e? mouvoir dans le repos de l'action, que
lorsqu'elle excite une anxie? te? toujours croissante: on remarque
a` peine les paroles, quand les faits nous tiennent en suspens;
mais lorsque tout se tait, excepte? la douleur, quand il n'y a plus
de changement au dehors, et que l'inte? re^t s'attache seulement
a` ce qui se passe dans l'a^me, une nuance d'affectation, un mot
hors de place frapperait comme un son faux dans un air sim-
ple et me? lancolique. Rien n'e? chappe alors par le bruit, et tout
s'adresse directement au coeur.
Enfin la critique la plus universellement re? pe? te? e contre le
Walstein francais, c'est que le caracte`re de Walstein lui-me^me
est superstitieux, incertain, irre? solu, et ne s'accorde pas avec le
mode`le he? roi? que admis pour ce genre de ro^le. Les Franc? ais se
privent d'une source infinie d'effets et d'e? motions , en re? duisant
les caracte`res tragiques, comme les notes de musique ou les
couleurs du prisme, a` quelques traits saillants, toujours les
me^mes; chaque personnage doit se conformer a` l'un des princi-
paux types reconnus. On dirait que chez nous la logique est le
fondement des arts, et cette nature ondoyante dont parle Mon-
taigne est bannie de nos trage? dies; on n'y admet que des sen-
timents tout bons ou tout mauvais, et cependant il n'y a rien
qui ne soit me? lange? dans l'a^me humaine.
On raisonne en France sur un personnage tragique comme sur
un ministre d'E? tat, et l'on se plaint de ce qu'il fait ou de ce
qu'il ne fait pas, comme si l'on tenait une gazette a` la main
pour le juger. Les inconse? quences des passions sont permises sur
le the? a^tre franc? ais, mais non pas les inconse? quences des carac-
te`res. La passion e? tant connue plus ou moins de tous les coeurs,
on s'attend a` ses e? garements, et l'on peut, en quelque sorte,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? ET MARIE STUART. 213
Oxcr d'avance ses contradictions me^mes; mais le caracte`re atoujours quelque chose d'inattendu, qu'on ne peut renfermer
dans aucune re`gle. Tanto^t il se dirige vers son but, tanto^t il s'en e? loigne. Quand on a dit d'un personnage en France: << Il ne sait
pas ce qu'il veut, >> on ne s'y inte? resse plus; tandis que c'est
pre? cise? ment l'homme qui ne sait pas ce qu'il veut dans lequel
la nature se montre avec une force et une inde? pendance vraiment
tragiques.
Les personnages de Shakespeare font e? prouver plusieurs fois
dans la me^me pie`ce des impressions tout a` fait diffe? rentes aux
spectateurs. Richard II, dans les trois premiers actes de la tra-
ge? die de ce nom, inspirede l'aversion et du me? pris; mais quand le
malheur l'atteint, quand on le force a` ce? der son tro^ne a` son en-
nemi, au milieu du parlement, sa situation et son courage ar-
rachent des larmes. On aime cette noblesse royale qui reparai^t dans l'adversite?
, et la couronne semble planer encore sur la
te^te de celui qu'on en de? pouille. Il suffit a` Shakespeare de quel-
ques paroles pour disposer de l'a^me des auditeurs, et les faire
passer de la haine a` la pitie? . Les diversite? s sans nombre du coeur
humain renouvellent sans cesse la source ou` le talent peut
puiser.
Dans la re? alite? , pourra-t-on dire, les hommes sont inconse? -
quents et bizarres, et souvent les plus belles qualite? s se me^lent a` de mise? rables de? fauts; mais de tels caracte`res ne conviennent
pas au the? a^tre; l'art dramatique exigeant la rapidite? de l'action ,
l'ou ne peut, dans ce cadre, peindre les hommes que par des
traits forts et des circonstances frappantes. Mais s'ensuit-il ce-
pendant qu'il faille se borner a` ces personnages tranche? s dans le
mal et dans le bien, qui sont comme les e? le? ments invariables de
la plupart de nos trage? dies? Quelle influence le the? a^tre pourrait-il
exercer sur la moralite? des spectateurs, si l'on ne leur faisait
voir qu'une nature de convention? Il est vrai que sur ce terrain
factice la vertu triomphe toujours, et le vice est toujours puni;
mais comment cela s'appliquerait-il jamais a` ce qui se passe dans
la vie, puisque les hommes qu'on montre sur la sce`ne ne sont
pas les hommes tels qu'ils sont?
H serait curieux devoir repre? senter la pie`ce de Walstein sur
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 214 \VALSTEIJi
notre the? a^tre; et si l'auteur franc? ais ne s'e? tait pas si rigoureu-
sement asservi a` la re? gularite? franc? aise, ce serait plus curieux
encore : mais, pour bien juger des innovations, il faudrait por-
ter dans les arts une jeunesse d'a^me qui chercha^t des plaisirs
nouveaux. S'en tenir aux chefs-d'oeuvre anciens est un excellent
re? gime pour le gou^t, mais non pour le talent: il faut des impres-
sions inattendues pour l'exciter; les ouvrages que nous savons
par coeur de`s l'enfance se changent en habitudes, et n'e? branlent
plus fortement notre imagination.
Marie Stuart est, ce me semble, de toutes les trage? dies alle-
mandes la plus pathe? tique et la mieux conc? ue. Le sort de cette
reine, qui commenc? a sa vie par tant de prospe? rite? s, qui perdit
son bonheur par tant de fautes, et que dix-neuf ans de prison
conduisirent a` l'e? chafaud, cause autant de terreur et de pitie?
qu'OEdipe , Oreste ou Niobe? ; mais la beaute? me^me de cette his-
toire, si favorable au ge? nie, e? craserait la me? diocrite? .
La sce`ne s'ouvre dans le cha^teau de Fotheringay, ou` Marie
Stuart est renferme? e. Dix-neuf ans de prison se sont de? ja` pas-
se? s, et le tribunal institue? par E? lisabeth est au moment de pro-
noncer sur le sort de l'infortune? e reine d'E? cosse. La nourrice
de Marie se plaint au commandant de la forteresse des traite-
ments qu'il fait endurer a` sa prisonnie`re. Le commandant, vi-
vement attache? a` la reine E? lisabeth , parle de Marie avec une
se? ve? rite? cruelle: on voit que c'est un honne^te homme, mais qui
juge Marie comme ses ennemis l'ont juge? e: il annonce sa mort
prochaine, et cette mort lui parai^t juste, parce qu'il croit qu'elle
a conspire? contre E? lisabeth.
J'ai de? ja` eu l'occasion de parler, a` propos de Walsteiii, du
grand avantage des expositions en mouvement. On a essaye? les
prologues, les choeurs, les confidents, tous les moyens possibles,
pour expliquer sans ennuyer; et il me semble que le mieux c'est
d'entrer d'abord dans l'action, et de faire connai^tre le principal
personnage par l'effet qu'il produit sur ceux qui l'environnent.
C'est apprendre au spectateur de quel point de vue il doit regar-
der ce qui va se passer devant lui; c'est le lui apprendre sans le
lui dire : car un seul mot qui parai^t prononce? pour le public ,
Jans une pie`ce de the? a^tre , en de? truit l'illusion. Quand Marie
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? KT MARIE STUABT. 215
Stuart arrive, on est de? ja` curieux et e? mu; on la connai^t, non
par un portrait, mais par son influence sur ses amis et sur ses
ennemis. Ce n'est plus un re? cit qu'on e? coute, c'est un e? ve? ne-
ment dont on est devenu contemporain.
Le caracte`re de Marie Stuart est admirablement bien soutenu,
et ne cesse point d'inte? resser pendant toute la pie`ce. Faible,
passionne? e, orgueilleuse de sa figure, et repentante de sa vie,
on l'aime et on la bla^me. Ses remords et ses fautes font pitie? . De
toutes parts on aperc? oit l'empire de son admirable beaute? , si
renomme? e dans son temps. Un homme qui veut la sauver ose
lui avouer qu'il ne se de? voue pour elle que par enthousiasme
pour ses charmes. E? lisabeth en est jalouse; enfin , l'amant d'E? -
lisabeth , Leicester, est devenu amoureux de Marie, et lui a
promis en secret son appui. L'attrait et l'envie que fait nai^tre la
gra^ce enchanteresse de l'infortune? e rendent sa mort mille fois
plus touchante.
Elle aime Leicester. Cette femme malheureuse e? prouve encore
le sentiment qui a de? ja` plus d'une fois re? pandu tant d'amertume
sur son sort. Sa beaute? , presque surnaturelle, semble la cause
et l'excuse de cette ivresse habituelle du coeur, fatalite? de sa vie.
Le caracte`re d'E? lisabeth excite l'attention d'une manie`re bien
diffe? rente; c'est une peinture toute nouvelle que celle d'une
femme tyran. Les petitesses des femmes en ge? ne? ral, leur vanite? ,
leur de? sir de plaire, tout ce qui leur vient de l'esclavage , enfin,
sert au despotisme dans Elisabeth ; et la dissimulation qui nai^t
dela faiblesse est l'un des instruments de son pouvoir absolu.
Sans doute tous les tyrans sont dissimule? s. Il faut tromper les
hommes pour les asservir; on leur doit, au moins dans ce cas,
la politesse du mensonge. Mais ce qui caracte? rise Elisabeth, c'est
le de? sir de plaire uni a` la volonte? la plus despotique, et tout
ce qu'il y a de plus fin dans l'amour-propre d'une femme, ma-
nifeste? par les actes les plus violents de l'autorite? souveraine.
Les courtisans aussi ont avec une reine un genre de bassesse
qui tient de la galanterie. Ils veulent se persuader qu'ils l'aiment,
pour lui obe? ir plus noblement, et cacher la crainte servile d'un
sujet sous le servage d'un chevalier.
Elisabeth e? tait une femme d'un grand ge? nie, l'e? clat de son
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? 210 WALSTEIN
re`gue en fuit foi : toutefois, dans une trage? die ou` la mort de
Marie est repre? sente? e, on ne peut voir E? lisabeth que comme la
rivale qui fait assassiner sa prisonnie`re; et le crime qu'elle com-
met est trop atroce pour ne pas effacer tout le bien qu'on pour-
rait dire de son ge? nie politique. Ce serait peut-e^tre une perfec-
tion de plus dans Schiller, que d'avoir eu l'art de rendre Elisa-
beth moins odieuse, sans diminuer l'inte? re^t pour Marie Stuart:
car il y a plus de vrai talent dans les contrastes nuance? s que
dans les oppositions extre^mes, et la figure principale elle-me^me
gagne a` ce qu'aucun des personnages du tableau dramatique
ne lui soit sacrifie? .
Leicester conjure E? lisabeth de voir Marie; il lui propose de
s'arre^ter, au milieu d'une chasse, dans le jardin du cha^teau de
Fotheringay, et de permettre a` Marie de s'y promener. E? lisabeth
y consent, et le troisie`me acte commence par la joie touchante
de Marie, en respirant l'air libre apre`s dix-neuf ans de prison:
tous les dangers qu'elle court ont disparu a` ses yeux; en vain
sa nourrice cherche a` les lui rappeler pour mode? rer ses transports,
Marie a tout oublie? en retrouvant le soleil et la nature. Elle res-
sent le bonheur de l'enfance a` l'aspect, nouveau pour elle, des
fleurs, des arbres, des oiseaux; et l'ineffable impression de ces
merveilles exte? rieures, quand on en a e? te? longtemps se? pare? ,. se
peint dans l'e? motion enivrante de l'infortune? e prisonnie`re.
Le souvenir de la France vient la charmer. Elle charge les nua-
ges que le vent du Nord semble pousser vers cette heureuse patrie
de son choix, elle les charge de porter a` ses amis ses regrets et
ses de? sirs: << Allez, leur dit-elle, vous, mes seuls messagers,
l'air libre vous appartient; vous n'e^tes pas les sujets d'E? Iisa-
<< beth. >> Elle aperc? oit dans le lointain un pe^cheur qui con-
duit une fre^le barque, et de? ja` elle se flatte qu'il pourra la sau-
ver: tout lui semble espe? rance quand elle a revu le ciel.
Elle ne sait point encore qu'on l'a laisse? e sortirafin qu'E? lisa-
beth pu^t la rencontrer; elle entend la musique de la chasse, et
les plaisirs de sa jeunesse se retracent a` son imagination en l'e? -
coutant. Elle voudrait monter un cheval fougueux, parcourir,
avec la rapidite? de l'e? clair, les valle? es et les montagnes; le sen-
timent du bonheur se re? veille en elle, sans nulle raison, sans
?
a donne? a` la marche des pie`ces de the? a^tre un mouvement ra-
pide tre`s-agre? able; mais elle nuit a` la beaute? de l'art quand elle
exige des succe`s instantane? s aux de? pens de l'impression ge? ne? rale.
A co^te? de cette impatience qui ne tole`re aucun retard, il y a
une patience singulie`re pour tout ce que la convenance exige; et
quand un ennui quelconque est dans l'e? tiquette des arts, ces
me^mes Franc? ais, qu'irritait la moindre lenteur, supportent tout
ce qu'on veut par respect pour l'usage. Par exemple, les expo-
sitions en re? cit sont indispensables dans les trage? dies franc? aises;
et certainement elles ont beaucoup moins d'inte? re^t que les expo-
sitions en action. On ditque des spectateurs italiens crie`rent une
fois, pendant le re? cit d'une bataille, qu'on leva^t la toile du
fond, pour qu'ils vissent la bataille elle-me^me. On a tre`s-sou-
vent ce de? sir dans nos trage? dies, on voudrait assister a` ce qu'on
nous raconte. L'auteur du Walstein franc? ais a e? te? oblige? de foudre
Le vent qui ge? missait a` travers les valle? es
Agitait lentement uos tentes e? branle? es.
Les astres, a` regret perc? ant l'obscurite? ,
Versaient sur nos drapeaux une pa^le clarte? .
i^Jue de mortels, me dis-je, a` ma voix obe? issent!
Qu'avec empressement sous mon onlre ils fle? chissent!
Ils ont, sur mes succe? s, place? tout leur espoir.
Mais, si le sort jaloux m'arrachait le pouvoir,
Que biento^t je verrais s'e? vanouir leur ze? le!
lin esl-il un du moins qui me restat fiile? le!
Ah! Ml en est un seul, je t'invoque, o^ des! in!
Daigne me l'Indiquer par un signe certain.
WALSTEIM, par M. Benjamin Constant ile IMn'O. pie.
Acte H, sce? ne 1", p. 43.
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? ET MAHIE STUART. 211
dans sa pie`ce l'exposition qui se fait d'une manie`re si originale
par le prologue du camp. La dignite? des premie`res sce`nes s'ac-
corde parfaitement avec le ton imposant d'une trage? die fran-
c? aise: mais il y a un genre de mouvement dans l'irre? gularite?
allemande, auquel on ne peut jamais supple? er.
On a reproche? aussi a` l'auteur franc? ais le double inte? re^t qu'ins-
pirent l'amour d'Alfred (Piccolomini) pour The? cla, et la cons-
piration de Walstein. En France, on veut qu'une pie`ce soit toute
d'amour ou toutede politique, on n'aime pas le me? lange des sujets;
etdepuis quelque temps surtout, quand il s'agit des affaires d'E? tat,
on ne peut concevoir comment il resterait dans l'a^me place
pour une autre pense? e. Ne? anmoins le grand tableau de la cons-
piration de Walstein n'est complet que par les malheurs me^mes
qui en re? sultent pour sa famille; il importe de nous rappeler
combien les e? ve? nements publics peuvent de? chirer les affections
prive? es; et cette manie`re de pre? senter la politique comme un
monde a` part dont les sentiments sont bannis, est immorale,
dure et sans effet dramatique.
Une circonstance de de? tail a e? te? bla^me? e dans la pie`ce fran-
c? aise. Personne n'a nie? que les adieux d'Alfred (Max Piccolo-
mini) , en quittant Walstein et The? cla, ne fussent de la plus
grande beaute? ; mais on s'est scandalise? de ce qu'on faisait en-
tendre, a` cette occasion, de la musique dans une trage? die : il
est assure? ment tre`s-facile de la supprimer; mais pourquoi donc se refuser a` l'effet qu'elle produit? Lorsqu'on entend cette mu-
sique militaire qui appelle au combat, le spectateur partage l'e? -
motion qu'elle doit causer aux amants, menace? s de ne plus se
revoir: la musique fait ressortir la situation; un art nouveau
redouble l'impression qu'un autre art a pre? pare? e; les sons et les
paroles e? branlent tour a` tour notre imagination et notre coeur.
Deux sce`nes aussi tout a` fait nouvelles sur notre the? a^tre ont
excite? l'e? tonnement des lecteurs franc? ais: lorsque Alfred (Max)
s'est fait tuer, The? cla demande a` l'officier saxon qui en apporte
la nouvelle v tous les de? tails de cette horrible mort; et quand
elle a rassasie? son a^me de douleur, elle annonce la re? solution
qu'elle a prise d'aller vivre et mourir pre`s du tombeau de son
amant. Chaque expression, chaque mot, dans ces deux sce`nes,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 2 I 2 WALSTEIN
est d'une sensibilite? profonde; mais on a pre? tendu que l'inte? re^t
dramatique ne pouvait plus exister quand il n'y a plus d'incerti-
tude. En France, on se ha^te, en tout genre, d'en finir avec l'ir-
re? parable. Les Allemands, au contraire, sont plus curieux de
ce que les personnages e? prouvent, que de ce qui leur arrive;
ils ne craignent point de s'arre^ter sur une situation termine? e
comme e? ve? nement, mais qui subsiste encore comme souffrance.
Il faut plus de poe? sie, plus de sensibilite? , plus de justesse dans
les expressions, pour e? mouvoir dans le repos de l'action, que
lorsqu'elle excite une anxie? te? toujours croissante: on remarque
a` peine les paroles, quand les faits nous tiennent en suspens;
mais lorsque tout se tait, excepte? la douleur, quand il n'y a plus
de changement au dehors, et que l'inte? re^t s'attache seulement
a` ce qui se passe dans l'a^me, une nuance d'affectation, un mot
hors de place frapperait comme un son faux dans un air sim-
ple et me? lancolique. Rien n'e? chappe alors par le bruit, et tout
s'adresse directement au coeur.
Enfin la critique la plus universellement re? pe? te? e contre le
Walstein francais, c'est que le caracte`re de Walstein lui-me^me
est superstitieux, incertain, irre? solu, et ne s'accorde pas avec le
mode`le he? roi? que admis pour ce genre de ro^le. Les Franc? ais se
privent d'une source infinie d'effets et d'e? motions , en re? duisant
les caracte`res tragiques, comme les notes de musique ou les
couleurs du prisme, a` quelques traits saillants, toujours les
me^mes; chaque personnage doit se conformer a` l'un des princi-
paux types reconnus. On dirait que chez nous la logique est le
fondement des arts, et cette nature ondoyante dont parle Mon-
taigne est bannie de nos trage? dies; on n'y admet que des sen-
timents tout bons ou tout mauvais, et cependant il n'y a rien
qui ne soit me? lange? dans l'a^me humaine.
On raisonne en France sur un personnage tragique comme sur
un ministre d'E? tat, et l'on se plaint de ce qu'il fait ou de ce
qu'il ne fait pas, comme si l'on tenait une gazette a` la main
pour le juger. Les inconse? quences des passions sont permises sur
le the? a^tre franc? ais, mais non pas les inconse? quences des carac-
te`res. La passion e? tant connue plus ou moins de tous les coeurs,
on s'attend a` ses e? garements, et l'on peut, en quelque sorte,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? ET MARIE STUART. 213
Oxcr d'avance ses contradictions me^mes; mais le caracte`re atoujours quelque chose d'inattendu, qu'on ne peut renfermer
dans aucune re`gle. Tanto^t il se dirige vers son but, tanto^t il s'en e? loigne. Quand on a dit d'un personnage en France: << Il ne sait
pas ce qu'il veut, >> on ne s'y inte? resse plus; tandis que c'est
pre? cise? ment l'homme qui ne sait pas ce qu'il veut dans lequel
la nature se montre avec une force et une inde? pendance vraiment
tragiques.
Les personnages de Shakespeare font e? prouver plusieurs fois
dans la me^me pie`ce des impressions tout a` fait diffe? rentes aux
spectateurs. Richard II, dans les trois premiers actes de la tra-
ge? die de ce nom, inspirede l'aversion et du me? pris; mais quand le
malheur l'atteint, quand on le force a` ce? der son tro^ne a` son en-
nemi, au milieu du parlement, sa situation et son courage ar-
rachent des larmes. On aime cette noblesse royale qui reparai^t dans l'adversite?
, et la couronne semble planer encore sur la
te^te de celui qu'on en de? pouille. Il suffit a` Shakespeare de quel-
ques paroles pour disposer de l'a^me des auditeurs, et les faire
passer de la haine a` la pitie? . Les diversite? s sans nombre du coeur
humain renouvellent sans cesse la source ou` le talent peut
puiser.
Dans la re? alite? , pourra-t-on dire, les hommes sont inconse? -
quents et bizarres, et souvent les plus belles qualite? s se me^lent a` de mise? rables de? fauts; mais de tels caracte`res ne conviennent
pas au the? a^tre; l'art dramatique exigeant la rapidite? de l'action ,
l'ou ne peut, dans ce cadre, peindre les hommes que par des
traits forts et des circonstances frappantes. Mais s'ensuit-il ce-
pendant qu'il faille se borner a` ces personnages tranche? s dans le
mal et dans le bien, qui sont comme les e? le? ments invariables de
la plupart de nos trage? dies? Quelle influence le the? a^tre pourrait-il
exercer sur la moralite? des spectateurs, si l'on ne leur faisait
voir qu'une nature de convention? Il est vrai que sur ce terrain
factice la vertu triomphe toujours, et le vice est toujours puni;
mais comment cela s'appliquerait-il jamais a` ce qui se passe dans
la vie, puisque les hommes qu'on montre sur la sce`ne ne sont
pas les hommes tels qu'ils sont?
H serait curieux devoir repre? senter la pie`ce de Walstein sur
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? 214 \VALSTEIJi
notre the? a^tre; et si l'auteur franc? ais ne s'e? tait pas si rigoureu-
sement asservi a` la re? gularite? franc? aise, ce serait plus curieux
encore : mais, pour bien juger des innovations, il faudrait por-
ter dans les arts une jeunesse d'a^me qui chercha^t des plaisirs
nouveaux. S'en tenir aux chefs-d'oeuvre anciens est un excellent
re? gime pour le gou^t, mais non pour le talent: il faut des impres-
sions inattendues pour l'exciter; les ouvrages que nous savons
par coeur de`s l'enfance se changent en habitudes, et n'e? branlent
plus fortement notre imagination.
Marie Stuart est, ce me semble, de toutes les trage? dies alle-
mandes la plus pathe? tique et la mieux conc? ue. Le sort de cette
reine, qui commenc? a sa vie par tant de prospe? rite? s, qui perdit
son bonheur par tant de fautes, et que dix-neuf ans de prison
conduisirent a` l'e? chafaud, cause autant de terreur et de pitie?
qu'OEdipe , Oreste ou Niobe? ; mais la beaute? me^me de cette his-
toire, si favorable au ge? nie, e? craserait la me? diocrite? .
La sce`ne s'ouvre dans le cha^teau de Fotheringay, ou` Marie
Stuart est renferme? e. Dix-neuf ans de prison se sont de? ja` pas-
se? s, et le tribunal institue? par E? lisabeth est au moment de pro-
noncer sur le sort de l'infortune? e reine d'E? cosse. La nourrice
de Marie se plaint au commandant de la forteresse des traite-
ments qu'il fait endurer a` sa prisonnie`re. Le commandant, vi-
vement attache? a` la reine E? lisabeth , parle de Marie avec une
se? ve? rite? cruelle: on voit que c'est un honne^te homme, mais qui
juge Marie comme ses ennemis l'ont juge? e: il annonce sa mort
prochaine, et cette mort lui parai^t juste, parce qu'il croit qu'elle
a conspire? contre E? lisabeth.
J'ai de? ja` eu l'occasion de parler, a` propos de Walsteiii, du
grand avantage des expositions en mouvement. On a essaye? les
prologues, les choeurs, les confidents, tous les moyens possibles,
pour expliquer sans ennuyer; et il me semble que le mieux c'est
d'entrer d'abord dans l'action, et de faire connai^tre le principal
personnage par l'effet qu'il produit sur ceux qui l'environnent.
C'est apprendre au spectateur de quel point de vue il doit regar-
der ce qui va se passer devant lui; c'est le lui apprendre sans le
lui dire : car un seul mot qui parai^t prononce? pour le public ,
Jans une pie`ce de the? a^tre , en de? truit l'illusion. Quand Marie
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? KT MARIE STUABT. 215
Stuart arrive, on est de? ja` curieux et e? mu; on la connai^t, non
par un portrait, mais par son influence sur ses amis et sur ses
ennemis. Ce n'est plus un re? cit qu'on e? coute, c'est un e? ve? ne-
ment dont on est devenu contemporain.
Le caracte`re de Marie Stuart est admirablement bien soutenu,
et ne cesse point d'inte? resser pendant toute la pie`ce. Faible,
passionne? e, orgueilleuse de sa figure, et repentante de sa vie,
on l'aime et on la bla^me. Ses remords et ses fautes font pitie? . De
toutes parts on aperc? oit l'empire de son admirable beaute? , si
renomme? e dans son temps. Un homme qui veut la sauver ose
lui avouer qu'il ne se de? voue pour elle que par enthousiasme
pour ses charmes. E? lisabeth en est jalouse; enfin , l'amant d'E? -
lisabeth , Leicester, est devenu amoureux de Marie, et lui a
promis en secret son appui. L'attrait et l'envie que fait nai^tre la
gra^ce enchanteresse de l'infortune? e rendent sa mort mille fois
plus touchante.
Elle aime Leicester. Cette femme malheureuse e? prouve encore
le sentiment qui a de? ja` plus d'une fois re? pandu tant d'amertume
sur son sort. Sa beaute? , presque surnaturelle, semble la cause
et l'excuse de cette ivresse habituelle du coeur, fatalite? de sa vie.
Le caracte`re d'E? lisabeth excite l'attention d'une manie`re bien
diffe? rente; c'est une peinture toute nouvelle que celle d'une
femme tyran. Les petitesses des femmes en ge? ne? ral, leur vanite? ,
leur de? sir de plaire, tout ce qui leur vient de l'esclavage , enfin,
sert au despotisme dans Elisabeth ; et la dissimulation qui nai^t
dela faiblesse est l'un des instruments de son pouvoir absolu.
Sans doute tous les tyrans sont dissimule? s. Il faut tromper les
hommes pour les asservir; on leur doit, au moins dans ce cas,
la politesse du mensonge. Mais ce qui caracte? rise Elisabeth, c'est
le de? sir de plaire uni a` la volonte? la plus despotique, et tout
ce qu'il y a de plus fin dans l'amour-propre d'une femme, ma-
nifeste? par les actes les plus violents de l'autorite? souveraine.
Les courtisans aussi ont avec une reine un genre de bassesse
qui tient de la galanterie. Ils veulent se persuader qu'ils l'aiment,
pour lui obe? ir plus noblement, et cacher la crainte servile d'un
sujet sous le servage d'un chevalier.
Elisabeth e? tait une femme d'un grand ge? nie, l'e? clat de son
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? 210 WALSTEIN
re`gue en fuit foi : toutefois, dans une trage? die ou` la mort de
Marie est repre? sente? e, on ne peut voir E? lisabeth que comme la
rivale qui fait assassiner sa prisonnie`re; et le crime qu'elle com-
met est trop atroce pour ne pas effacer tout le bien qu'on pour-
rait dire de son ge? nie politique. Ce serait peut-e^tre une perfec-
tion de plus dans Schiller, que d'avoir eu l'art de rendre Elisa-
beth moins odieuse, sans diminuer l'inte? re^t pour Marie Stuart:
car il y a plus de vrai talent dans les contrastes nuance? s que
dans les oppositions extre^mes, et la figure principale elle-me^me
gagne a` ce qu'aucun des personnages du tableau dramatique
ne lui soit sacrifie? .
Leicester conjure E? lisabeth de voir Marie; il lui propose de
s'arre^ter, au milieu d'une chasse, dans le jardin du cha^teau de
Fotheringay, et de permettre a` Marie de s'y promener. E? lisabeth
y consent, et le troisie`me acte commence par la joie touchante
de Marie, en respirant l'air libre apre`s dix-neuf ans de prison:
tous les dangers qu'elle court ont disparu a` ses yeux; en vain
sa nourrice cherche a` les lui rappeler pour mode? rer ses transports,
Marie a tout oublie? en retrouvant le soleil et la nature. Elle res-
sent le bonheur de l'enfance a` l'aspect, nouveau pour elle, des
fleurs, des arbres, des oiseaux; et l'ineffable impression de ces
merveilles exte? rieures, quand on en a e? te? longtemps se? pare? ,. se
peint dans l'e? motion enivrante de l'infortune? e prisonnie`re.
Le souvenir de la France vient la charmer. Elle charge les nua-
ges que le vent du Nord semble pousser vers cette heureuse patrie
de son choix, elle les charge de porter a` ses amis ses regrets et
ses de? sirs: << Allez, leur dit-elle, vous, mes seuls messagers,
l'air libre vous appartient; vous n'e^tes pas les sujets d'E? Iisa-
<< beth. >> Elle aperc? oit dans le lointain un pe^cheur qui con-
duit une fre^le barque, et de? ja` elle se flatte qu'il pourra la sau-
ver: tout lui semble espe? rance quand elle a revu le ciel.
Elle ne sait point encore qu'on l'a laisse? e sortirafin qu'E? lisa-
beth pu^t la rencontrer; elle entend la musique de la chasse, et
les plaisirs de sa jeunesse se retracent a` son imagination en l'e? -
coutant. Elle voudrait monter un cheval fougueux, parcourir,
avec la rapidite? de l'e? clair, les valle? es et les montagnes; le sen-
timent du bonheur se re? veille en elle, sans nulle raison, sans
?
