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La flexibilité physique essentielle aux Guermantes était
double; grâce à l'une,           en action, à tout moment, et si par
exemple un Guermantes mâle allait saluer une dame, il obtenait une
silhouette de lui-même, faite de l'équilibre instable de mouvements
asymétriques et nerveusement compensés, une jambe traînant un peu soit
exprès, soit parce qu'ayant été souvent cassée à la chasse elle
imprimait au torse, pour rattraper l'autre jambe, une déviation à
laquelle la remontée d'une épaule faisait contrepoids, pendant que le
monocle s'installait dans l'oeil, haussait un sourcil au même moment où
le toupet des cheveux s'abaissait pour le salut; l'autre flexibilité,
comme la forme de la vague, du vent ou du sillage que garde à jamais la
coquille ou le bateau, s'était pour ainsi dire stylisée en une sorte de
mobilité fixée, incurvant le nez busqué qui sous les yeux bleus à fleur
de tête, au-dessus des lèvres trop minces, d'où sortait, chez les
femmes, une voix rauque, rappelait l'origine fabuleuse enseignée au XVIe
siècle par le bon vouloir de généalogistes parasites et hellénisants à
cette race, ancienne sans doute, mais pas au point qu'ils prétendaient
quand ils lui donnaient pour origine la fécondation mythologique d'une
nymphe par un divin Oiseau.