Nous nous
sentions
Hommes!
Rimbaud - Poesie Completes
Messire Belzebuth tire par la cravate
Ses petits pantins noirs grimacant sur le ciel,
Et, leur claquant au front un revers de savate,
Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noel!
Et les pantins choques enlacent leurs bras greles:
Comme des orgues noirs, les poitrines a jour
Que serraient autrefois les gentes damoiselles,
Se heurtent longuement dans un hideux amour.
Hurrah! les gais danseurs, qui n'avez plus de panse!
On peut cabrioler, les treteaux sont si longs!
Hop! qu'on ne sache plus si c'est bataille ou danse!
Belzebuth enrage racle ses violons!
O durs talons, jamais on n'use sa sandale!
Presque tous ont quitte la chemise de peau:
Le reste est peu genant et se voit sans scandale.
Sur les cranes, la neige applique un blanc chapeau:
Le corbeau fait panache a ces tetes felees,
Un morceau de chair tremble a leur maigre menton:
On dirait, tournoyant dans les sombres melees,
Des preux, raides, heurtant armures de carton.
Hurrah! la bise siffle au grand bal des squelettes!
Le gibet noir mugit comme un orgue de fer!
Les loups vont repondant des forets violettes:
A l'horizon, le ciel est d'un rouge d'enfer. . .
Hola, secouez-moi ces capitans funebres
Qui defilent, sournois, de leurs gros doigts casses
Un chapelet d'amour sur leurs pales vertebres:
Ce n'est pas un monstier ici, les trepasses!
Oh! voila qu'au milieu de la danse macabre
Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou
Emporte par l'elan, comme un cheval se cabre:
Et, se sentant encor la corde raide au cou,
Crispe ses petits doigts sur son femur qui craque
Avec des cris pareils a des ricanements,
Et, comme un baladin rentre dans la baraque,
Rebondit dans le bal au chant des ossements.
Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.
ROMAN
I
On n'est pas serieux, quand on a dix-sept ans.
--Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Ces cafes tapageurs aux lustres eclatants!
--On va sous les tilleuls verts de la promenade,
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin!
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupiere;
Le vent charge de bruits,--la ville n'est pas loin,--
A des parfums de vigne et des parfums de biere. . .
II
--Voila qu'on apercoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadre d'une petite branche,
Pique d'une mauvaise etoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche. . .
Nuit de juin! Dix-sept ans! --On se laisse griser.
La seve est du champagne et vous monte a la tete. . .
On divague; on se sent aux levres un baiser
Qui palpite la, comme une petite bete. . .
III
Le coeur fou Robinsonne a travers les romans,
--Lorsque, dans la clarte d'un pale reverbere,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux-col effrayant de son pere. . .
Et, comme elle vous trouve immensement naif,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif. . .
--Sur vos levres alors meurent les cavatines. . .
IV
Vous etes amoureux. Loue jusqu'au moi d'aout.
Vous etes amoureux. --Vos sonnets la font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous etes mauvais gout.
--Puis l'adoree, un soir, a daigne vous ecrire. . . !
--Ce soir-la, . . . --vous rentrez aux cafes eclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade. . .
--On n'est pas serieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
23 septembre 1870.
RAGES DE CESARS
L'Homme pale, le long des pelouses fleuries,
Chemine, en habit noir, et le cigare aux dents:
L'Homme pale repense aux fleurs des Tuileries
--Et parfois son oeil terne a des regards ardents. . . !
Car l'Empereur est saoul de ses vingt ans d'orgie!
Il s'etait dit: <<Je vais souffler la Liberte
Bien delicatement, ainsi qu'une bougie! >>
La Liberte revit! Il se sent ereinte!
Il est pris. --Oh! quel nom sur ses levres muettes
Tressaille? Quel regret incapable le mord?
On ne le saura pas. L'Empereur a l'oeil mort.
Il repense peut-etre au Compere en lunettes. . .
--Et regarde filer de son cigare en feu,
Comme aux soirs de Saint-Cloud, un fin nuage bleu
LE MAL
Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu;
Qu'ecarlates ou verts, pres du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu;
Tandis qu'une folie epouvantable, broie
Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant;
--Pauvres morts! dans l'ete, dans l'herbe, dans ta joie,
Nature! o toi qui fis ces hommes saintement! . . . --
--Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassees
Des autels, a l'encens, aux grands calices d'or;
Qui dans le bercement des hosannah s'endort,
Et se reveille, quand des meres, ramassees
Dans l'angoisse et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lie dans leur mouchoir!
OPHELIE
I
Sur l'onde calme et noire ou dorment les etoiles,
La blanche Ophelia flotte comme un grand lys,
Flotte tres lentement, couchee en ses longs voiles. . .
--On entend dans les bois de lointains hallalis. . .
Voici plus de mille ans que la triste Ophelie
Passe, fantome blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance a la brise du soir.
Le vent baise ses seins et deploie en corolle
Ses longs voiles berces mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son epaule,
Sur son grand front reveur s'inclinent les roseaux.
Les nenuphars froisses soupirent autour d'elle;
Elle eveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'ou s'echappe un petit frisson d'aile.
--Un chant mysterieux tombe des astres d'or.
II
O pale Ophelia! belle comme la neige,
Oui, tu mourus, enfant, par un fleuve emporte!
--C'est que les vents tombant des grands monts de Norwege
T'avaient parle tout bas de l'apre liberte!
C'est qu'un souffle inconnu, fouettant ta chevelure,
A ton esprit reveur portait d'etranges bruits;
Que ton coeur entendait la voix de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits!
C'est que la voix des mers, comme un immense rale,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pale,
Un pauvre fou s'assit, muet, a tes genoux!
Ciel! Amour! Liberte! Quel reve, o pauvre Follet
Tu te fondais a lui comme une neige au feu.
Tes grandes visions etranglaient ta parole:
--Un Infini terrible effara ton oeil bleu!
III
--Et le Poete dit qu'aux rayons des etoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchee en ses longs voiles,
La blanche Ophelia flotter, comme un grand lys.
LE CHATIMENT DE TARTUFE
Tisonnant, tisonnant son coeur amoureux sous
Sa chaste robe noire, heureux, la main gantee,
Un jour qu'il s'en allait, effroyablement doux,
Jaune, bavant la foi de sa bouche edentee,
Un jour qu'il s'en allait, <<Oremus>>,--un Mechant
Le prit rudement par son oreille benoite
Et lui jeta des mots affreux, en arrachant
Sa chaste robe noire autour de sa peau moite!
Chatiment! . . . Ses habits etaient deboutonnes,
Et le long chapelet des peches pardonnes
S'egrenant dans son coeur, Saint Tartufe etait pale! . . .
Donc, il se confessait, priait, avec un rale!
L'homme se contenta d'emporter ses rabats. . .
--Peuh! Tartufe etait nu du haut jusques en bas!
A LA MUSIQUE
_Place de la Gare, a Charleville. _
Sur la place taillee en mesquines pelouses,
Square ou tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu'etranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs betises jalouses.
Un orchestre guerrier, au milieu du jardin,
Balance ses schakos dans la Valse des fifres:
On voit, aux premiers rangs, parader le gandin,
Les notaires montrent leurs breloques a chiffres:
Des rentiers a lorgnons soulignent tous les couacs;
Les gros bureaux bouffis trainent leurs grosses dames,
Aupres desquelles vont, officieux cornacs,
Celles dont les volants ont des airs de reclames;
Sur les bancs verts, des clubs d'epiciers retraites
Qui tisonnent le sable avec leur canne a pomme,
Fort serieusement discutent des traites,
Puis prisent en argent, mieux que monsieur Prud'homme!
Etalant sur un banc les rondeurs de ses reins,
Un bourgeois bienheureux, a bedaine flamande,
Savoure, s'abimant en des reves divins,
La musique francaise et la pipe allemande!
Au bord des gazons frais ricanent les voyous;
Et, rendus amoureux par le chant des trombones,
Tres naifs, et fumant des roses, des pioupious
Caressent les bebes pour enjoler les bonnes. . .
--Moi, je suis, debraille comme un etudiant,
Sous les marronniers verts les alertes fillettes:
Elles le savent bien, et tournent en riant,
Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscretes.
Je ne dis pas un mot: je regarde toujours
La chair de leurs cous blancs brodes de meches folles;
Je suis, sous leur corsage et les freles atours,
Le dos divin apres la courbe des epaules. . .
Je cherche la bottine. . . et je vais jusqu'aux bas;
Je reconstruis le corps, brule de belles fievres.
Elles me trouvent drole et se parlent tout bas. . .
--Et je sens les baisers qui me viennent aux levres. . .
LE FORGERON
_Palais des Tuileries, vers le 10 aout 92. _
Le bras sur un marteau gigantesque, effrayant
D'ivresse et de grandeur, le front vaste, riant
Comme un clairon d'airain, avec toute sa bouche,
Et prenant ce gros-la dans son regard farouche,
Le Forgeron parlait a Louis Seize, un jour
Que le Peuple etait la, se tordant tout autour,
Et sur les lambris d'or trainant sa veste sale.
Or le bon roi, debout sur son ventre, etait pale,
Pale comme un vaincu qu'on prend pour le gibet,
Et, soumis comme un chien, jamais ne regimbait,
Car ce maraud de forge aux enormes epaules
Lui disait de vieux mots et des choses si droles,
Que cela l'empoignait au front, comme cela!
<<Or, tu sais bien, Monsieur, nous chantions tra la la
Et nous piquions les boeufs vers les sillons des autres:
Le Chanoine au soleil filait des patenotres
Sur des chapelets clairs grenes de pieces d'or.
Le Seigneur, a cheval, passait, sonnant du cor
Et l'un avec la hart, l'autre avec la cravache
Nous fouillaient. --Hebetes comme des yeux de vache,
Nos yeux ne pleuraient plus; nous allions, nous allions
Et quand nous avions mis le pays en sillons,
Quand nous avions laissee dans cette terre noire
Un peu de notre chair. . . nous avions un pourboire:
On nous faisait flamber nos taudis dans la nuit,
Nos petits y faisaient un gateau fort bien cuit.
. . . <<Oh! je ne me plains pas. Je te dis mes betises,
C'est entre nous. J'admets que tu me contredises,
Or, n'est-ce pas joyeux de voir, au mois de juin
Dans les granges entrer des voitures de foin
Enormes? De sentir l'odeur de ce qui pousse,
Des vergers quand il pleut un peu, de l'herbe rousse?
De voir des bles, des bles, des epis pleins de grain,
De penser que cela prepare bien du pain. . .
Oh! plus fort, on irait, au fourneau qu'il s'allume,
Chanter joyeusement en martelant l'enclume,
Si l'on etait certain de pouvoir prendre un peu,
Etant homme, a la fin! de ce que donne Dieu!
<<Mais voila, c'est toujours la meme vieille histoire! . . .
Mais je sais, maintenant! Moi je ne peux plus croire,
Quand j'ai deux bonnes mains, mon front et mon marteau
Qu'un homme vienne la, dague sur le manteau,
Et me dise: Mon gars, ensemence ma terre;
Que l'on arrive encor, quand ce serait la guerre,
De prendre mon garcon comme cela, chez moi!
--Moi, je serais un homme, et toi, tu serais roi,
Tu me dirais: Je veux! . . . --Tu vois bien, c'est stupide.
Tu crois que j'aime voir ta baraque splendide,
Tes officiers dores, tes mille chenapans,
Tes palsembleu batards tournant comme des paons:
Ils ont rempli ton nid de l'odeur de nos filles
Et de petits billets pour nous mettre aux Bastilles
Et nous dirons: C'est bien; les pauvres a genoux!
Nous dorerons ton Louvre en donnant nos gros sous!
Et tu te souleras, tu feras belle fete.
--Et ces Messieurs riront, les reins sur notre tete!
<<Non. Ces saletes-la datent de nos papas!
Oh! Le Peuple n'est plus une putain. Trois pas
Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussiere.
Cette bete suait du sang a chaque pierre
Et c'etait degoutant, la Bastille debout
Avec ses murs lepreux qui nous racontaient tout
Et, toujours, nous tenaient enfermes dans leur ombre!
--Citoyen! citoyen! c'etait le passe sombre
Qui croulait, qui ralait, quand nous primes la tour
Nous avions quelque chose au coeur comme l'amour.
Nous avions embrasse nos fils sur nos poitrines.
Et, comme des chevaux, en soufflant des narines
Nous allions, fiers et forts, et ca nous battait la. . .
Nous marchions au soleil, front haut; comme cela,
Dans Paris! On venait devant nos vestes sales.
Enfin!
Nous nous sentions Hommes! Nous etions pales
Sire, nous etions souls de terribles espoirs:
Et quand nous fumes la, devant les donjons noirs,
Agitant nos clairons et nos feuilles de chene,
Les piques a la main; nous n'eumes pas de haine,
--Nous nous sentions si forts, nous voulions etre doux!
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
<<Et depuis ce jour-la, nous sommes comme fous!
Le tas des ouvriers a monte dans la rue,
Et ces maudits s'en vont, foule toujours accrue
De sombres revenants, aux portes des richards.
Moi, je cours avec eux assommer les mouchards:
Et je vais dans Paris, noir, marteau sur l'epaule,
Farouche, a chaque coin balayant quelque drole,
Et, si tu me riais au nez, je te tuerais!
--Puis, tu peux y compter, tu te feras des frais
Avec tes hommes noirs, qui prennent nos requetes
Pour se les renvoyer comme sur des raquettes
Et, tout bas, les malins se disent; <<Qu'ils sont sots! >>
Pour mitonner des lois, coller de petits pots
Pleins de jolis decrets roses et de droguailles,
S'amuser a couper proprement quelques tailles,
Puis se boucher le nez quand nous marchons pres d'eux
--Nos doux representants qui nous trouvent crasseux!
Pour ne rien redouter, rien, que les baionnettes. . . ,
C'est tres bien. Foin de leur tabatiere a sornettes!
Nous en avons assez, la, de ces cerveaux plats
Et de ces ventres-dieux. Ah! ce sont la les plats
Que tu nous sers bourgeois, quand nous sommes feroces
Quand nous brisons deja les sceptres et les crosses! . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Il le prend par le bras, arrache le velours
Des rideaux, et lui montre en bas les larges cours
Ou fourmille, ou fourmille, ou se leve la foule,
La foule epouvantable avec des bruits de houle
Hurlant comme une chienne, hurlant comme une mer,
Avec ses batons forts et ses piques de fer,
Ses tambours, ses grands cris de halles et de bouges,
Tas sombre de haillons saignants de bonnets rouges;
L'Homme, par la fenetre ouverte, montre tout
Au roi pale, et suant qui chancelle debout,
Malade a regarder cela!
<<C'est la crapule,
Sire. Ca bave aux murs, ca monte, ca pullule:
--Puisqu'ils ne mangent pas, Sire, ce sont des gueux!
Je suis un forgeron: ma femme est avec eux,
Folle! Elle croit trouver du pain aux Tuileries!
--On ne veut pas de nous dans les boulangeries.
J'ai trois petits. Je suis crapule. --Je connais
Des vieilles qui s'en vont pleurant sous leurs bonnets
Parce qu'on leur a pris leur garcon ou leur fille:
C'est la crapule. --Un homme etait a la Bastille,
Un autre etait forcat: et, tous deux, citoyens
Honnetes. Liberes, ils sont comme des chiens:
On les insulte! Alors, ils ont la quelque chose
Qui leur fait mal, allez! C'est terrible, et c'est cause
Que, se sentant brises, que, se sentant damnes,
Ils sont la, maintenant, hurlant sous votre nez!
Crapule. --La dedans sont des filles, infames
Parce que,--vous saviez que c'est faible, les femmes,
Messeigneurs de la cour,--que ca veut toujours bien,
Vous avez crache sur l'ame, comme rien!
Vos belles, aujourd'hui, sont la. C'est la crapule.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
<<Oh! tous les malheureux, tous ceux dont le dos brule
Sous le soleil feroce, et qui vont, et qui vont,
Qui dans ce travail-la sentent crever leur front.
Chapeau bas, mes bourgeois! Oh! ceux-la sont les Hommes!
Nous sommes Ouvriers, Sire! Ouvriers! Nous sommes
Pour les grands temps nouveaux ou l'on voudra savoir,
Ou l'Homme forgera du matin jusqu'au soir,
Chasseur des grands effets, chasseur des grandes causes
Ou, lentement vainqueur, il domptera les choses
Et montera sur Tout, comme sur un cheval!
Oh! splendides lueurs des forges! Plus de mal,
Plus! --Ce qu'on ne sait pas, c'est peut-etre terrible:
Nous saurons! --Nos marteaux en main; passons au crible
Tout ce que nous savons: puis, Freres, en avant!
Nous faisons quelquefois ce grand reve emouvant
De vivre simplement, ardemment, sans rien dire
De mauvais, travaillant sous l'auguste sourire
D'une femme qu'on aime avec un noble amour:
Et l'on travaillerait fierement tout le jour,
Ecoutant le devoir comme un clairon qui sonne:
Et l'on se sentirait tres heureux: et personne
Oh! personne, surtout, ne vous ferait ployer!
On aurait un fusil au-dessus du foyer. . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Oh! mais l'air est tout plein d'une odeur de bataille!
Que te disais-je donc? Je suis de la canaille!
Il reste des mouchards et des accapareurs.
Nous sommes libres, nous! Nous avons des terreurs
Ou nous nous sentons grands, oh! si grands!
