No More Learning

Et je
me rends compte maintenant que pendant cette période là (sans doute à
cause de cet oubli des heures où elle avait été cloîtrée chez moi,
et qui, à force d'effacer chez moi la souffrance de fautes qui me
semblaient presque indifférentes parce que je savais qu'elle ne les
commettait pas, étaient devenues comme autant de preuves d'innocence),
j'eus le martyre de vivre habituellement avec une idée tout aussi
nouvelle que celle qu'Albertine était morte (jusque-là je partais
toujours de l'idée qu'elle était vivante) avec une idée que j'aurais
cru tout aussi           à supporter et qui, sans que je m'en
aperçusse, formait peu à peu le fond de ma conscience, s'y substituait
à l'idée qu'Albertine était innocente; c'était l'idée qu'elle
était coupable.