e qu'il porte un
flambeau
lu-
mineux: il rappelle les Israe?
mineux: il rappelle les Israe?
Madame de Stael - De l'Allegmagne
ter-
nel; et les choses les plus positives appartiennent autant, sous
de certains rapports, a` cet infini et a` cet e? ternel, que le senti-
ment et l'imagination.
De cette application du sentiment de l'infini aux beaux-arts,
doit nai^tre l'ide? al, c'est-a`-dire le beau, conside? re? , non pas comme
la re? union et l'imitation de ce qu'il y a de mieux dans la nature,
mais comme l'image re? alise? e de ce que notre a^me se repre? sente.
Les philosophes mate? rialistes jugent le beau sous le rapport de
l'impression agre? able qu'il cause, et le placent ainsi dans l'em-
pire des sensations; les philosophes spiritualistes, qui rappor-
tent tout a` la raison, voient dans le beau le parfait, et lui trou-
vent quelque analogie avec l'utile et le bon, qui sont les premiers
degre? s du parfait. Kant a rejete? l'une et l'autre explication.
Le beau, conside? re? seulement comme l'agre? able, serait ren-
ferme? dans la sphe`re des sensations, et soumis par conse? quent a`
la diffe? rence des gou^ts; il ne pourrait me? riter cet assentiment
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? -126 - KANT.
universel qui est le ve? ritable caracte`re de la beaute? . Le beau,
de? fini comme la perfection, exigerait une sorte de jugement
pareil a` celui qui fonde l'estime : l'enthousiasme que le beau
doit inspirer ne tient ni aux sensations, ni au jugement; c'est une
disposition inne? e, comme le sentiment du devoir et les notions
ne? cessaires de l'entendement, et nous reconnaissons la beaute?
quand nous la voyons, parce qu'elle est l'image exte? rieure de
l'ide? al, dont le type est dans notre intelligence. La diversite? des
gou^ts peuts'appliquer a` ce qui est agre? able, caries sensations sont
la source de ce genre de plaisir; mais tous les hommes doivent
admirer ce qui est beau, soit dans les arts, soit dans la nature,
parce qu'ils ont dans leur a^me des sentiments d'origine ce? leste
que la beaute? re? veille, et dont elle les fait jouir.
Kant passe de la the? orie du beau a` celle du sublime, et cette
seconde partie de sa Critique du Jugement est plus remarquable
encore que la premie`re : il fait consister le sublime dans la liberte?
morale, aux prises avec le destin ou avec la nature. La puissance
sans bornes nous e? pouvante, la grandeur nous accable, toutefois
nous e? chappons par la vigueur de la volonte? au sentiment de
notre faiblesse physique. Le pouvoir du destin et l'immensite? de
la nature sont dans une opposition infinie avec la mise? rable de? -
pendance de la cre? ature sur la terre; mais une e? tincelle du feu
sacre? dans notre sein triomphe de l'univers, puisqu'il suffit de
cette e? tincelle pour re? sister a` ce que toutes les forces du monde
pourraient exiger de nous.
Le premier effet du sublime est d'accabler l'homme; etle se-
cond , de le relever. Quand nous contemplons l'orage qui soule`ve
les flots de la mer, et semble menacer et la terre et le ciel, l'ef-
froi s'empare d'abord de nous a` cet aspect, bien qu'aucun
danger personnel ne puisse alors nous atteindre; mais quand
les nuages s'amoncellent, quand toute la fureur de la nature se
manifeste, l'homme se sent une e? nergie inte? rieure qui peut
l'affranchir de toutes les craintes, par la volonte? ou parla re? si-
guation , par l'exercice ou par l'abdication de sa liberte? morale;
et cette conscience de lui-me^me le ranime et l'encourage.
Quand on nous raconte une action ge? ne? reuse, quand on nous
apprend que des hommes ont supporte? des douleurs inoui? es,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? KAfiT. 427
pour rester fide`les a` leur opinion, jusque dans ses moindres
nuances, d'abord l'image des supplices qu'ils ont soufferts con-
fond notre pense? e; mais, par degre? s, nous reprenons des forces,
et la sympathie que nous nous sentons avec la grandeur d'a^me ,
nous fait espe? rer que nous aussi nous saurions triompher des
mise? rables sensations de cette vie, pour rester vrais, nobles et
fiers, jusqu'a` notre dernier jour.
Au reste, personne ne saurait de? finir ce qui est, pour ainsi
dire, au sommet de notre existence; noussommes trop e? leve? s
a` l'e? gardde nous-me^mes,pour nous comprendre, dit saint Au-
gustin. Il serait bien pauvre en imagination, celui qui croirait
pouvoir e? puiser la contemplation de la plus simple fleur; com-
ment donc parviendrait-on a` connai^tre tout ce que renferme
l'ide? e du sublime?
Je ne me flatte assure? ment pas d'avoir pu rendre compte, en
quelques pages, d'un syste`me qui occupe, depuis vingt ans,
toutes les te^tes pensantes de l'Allemagne; mais j'espe`re en avoir
dit assez pour indiquer l'esprit ge? ne? ral de la philosophie de
Kant, et pour pouvoir expliquer dans les chapitres suivants l'in-
fluence qu'elle a exerce? e sur la litte? rature, les sciences et la
morale.
Pour bien concilier la philosophie expe? rimentale avec la phi-
losophie ide? aliste, Kant n'a point soumis l'une a` l'autre, mais il
a su donner a` chacune des deux se? pare? ment un nouveau degre?
de force. L'Allemagne e? tait menace? e de cette doctrme aride, qui
conside? rait tout enthousiasme comme une erreur, et rangeait
au nombre des pre? juge? s les sentiments consolateurs de l'exis-
tence. Ce fut une satisfaction vive pour des hommes a` la fois si
philosophes et si poe`tes , si capables d'e? tude et d'exaltation, de
voir toutes les belles affections de l'a^me de? fendues avec la ri-
gueur des raisonnements les plus abstraits. La force de l'esprit
ne peut jamais e^tre longtemps ne? gative, c'est-a`-dire, consister
principalement dans ce qu'on ne croit pas, dans ce qu'on ne
comprend pas, dans ce qu'on de? daigne. Il faut une philosophie
de croyance, d'enthousiasme; une philosophie qui confirme par
la raison ce que le sentiment nous re? ve`le. Les adversaires de Kant l'ont accuse? de n'avoir fait que re? pe? -
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 428 KANT.
ter les arguments des anciens ide? alistes; ils ont pre? tendu que
la doctrine du philosophe allemand n'e? tait qu'un ancien syste`me
dans un langage nouveau. Ce reproche n'est pas fonde? . Il y a
non-seulement des ide? es nouvelles, mais un caracte`re particulier
dans la doctrine de Kant.
Elle se ressent de la philosophie du dix-huitie`me sie`cle, quoi-
qu'elle soit destine? e a` la re? futer, parce qu'il est dans la nature
de l'homme d'entrer toujours en composition avec l'esprit de
son temps, lors me^me qu'il veut le combattre. La philosophie
de Platonest plus poe? tique que celle de Kant, la philosophie de
Malebranche plus religieuse; mais le grand me? rite du philoso-
phe allemand a e? te? de relever la dignite? morale, en donnant pour
base a` toutce qu'il y a de beau dans le coeur une the? orie forte-
ment raisonne? e. L'opposition qu'on a voulu mettre entre la rai-
son et le sentiment, conduit ne? cessairement la raison a` l'e? goi? sme
et le sentiment a` la folie; mais Kant, qui semblait appele? a`
conclure toutes les grandes alliances intellectuelles, a fait de
l'a^me un seul foyer ou` toutes les faculte? s sont d'accord entre
elles.
La partie pole? mique des ouvrages de Kant, celle dans laquelle
il attaque la philosophie mate? rialiste, serait a` elle seule un chef-d'oeuvre. Cette philosophie a jete? dans les esprits de si profon-
des racines, il en est re? sulte? tant d'irre? ligion etd'e? goi? sme, qu'on
devrait encore regarder comme les bienfaiteurs de leur pays ceux
qui n'auraient fait que combattre ce syste`me, et raviver les pen-
se? es de Platon, do Descartes et de Leibnitz : mais la philoso-
phie de la nouvelle e? cole allemande contient une foule d'ide? es
qui lui sont propres; elle est fonde? e sur d'immenses connais-
sances scientifiques, qui se sont accrues chaque jour, et sur une
me? thode de raisonnement singulie`rement abstraite et logique;
car, bien que Kant bla^me l'emploi deces raisonnements dans
l'examen des ve? rite? s hors ducercle de l'expe? rience, il montre
dans ses e? crits une force de te^te en me? taphysique, qui le
place sous ce rapport au premier rang des penseurs.
On ne saurait nier que le style de Kant, dans sa Critique
de la Raison pure, ne me? rite presque tous les reproches que
ses adversaires lui ont faits. Il s'est servi d'une terminologie
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? KANT. ? 429
tre`s-difficile a` comprendre, et du ne? ologisme le plus fatigant.
Il vivait seul avec ses pense? es, et se persuadait qu'il fallait des
mots nouveaux pour des ide? es nouvelles, et cependant il y a des
paroles pour tout.
Dans les objets les plus clairs par eux-me^mes, Kant prend
souvent pour guide une me? taphysique fort obscure, et ce n'est
que dans les te? ne`bres de la pense?
e qu'il porte un flambeau lu-
mineux: il rappelle les Israe? lites, qui avaient pour guide une
colonne de feu pendant la nuit, et une colonne ne? buleuse pen-
dant le jour.
Personne en France ne se serait donne? la peine d'e? tudier des
ouvrages aussi he? risse? s de difficulte? s que ceux de Kant, mais il
avait affaire a` des lecteurs patients et perse? ve? rants. Ce n'e? tait pas
sans doute une raison pour en abuser; peut-e^tre toutefois n'au-
rait-il pas creuse? si profonde? ment dans la science de l'entende-
ment humain, s'il avait mis plus d'importance aux expressions
dont il se servait pour l'expliquer. Les philosophes anciens ont
toujours divise? leur doctrine en deux parties distinctes, celle
qu'ils re? servaient pour les initie? s, et celle qu'ils professaient en
public. La manie`re d'e? crire de Kant est tout a` fait diffe? rente,
lorsqu'il s'agit de sa the? orie, ou de l'application de cette the? orie.
Dans ses traite? s de me? taphysique, il prend les mots comme
des chiffres, et leur donne la valeur qu'il veut, sans s'embarras-
ser de celle qu'ils tiennent de l'usage. C'est, ce me semble, une
grande erreur; car l'attention du lecteur s'e? puise a` comprendre
le langage avant d'arriver aux ide? es, et le connu ne sert jamais
d'e? chelon pour parvenir a` l'inconnu. Il faut ne? anmoins rendre a` Kant la justice qu'il me? rite me^me
comme e? crivain, quand il renonce a` son langage scientifique.
En parlant des arts, et surtout de la morale, son style est pres-
que toujours parfaitement clair, e? nergique et simple. Combien
sa doctrine parai^t alors admirable! comme il exprime le senti-
ment du beau et l'amour du devoir! avec quelle force il les se? -
pare tous les deux de tout calcul d'inte? re^t ou d'utilite? ! comme il
ennoblit les actions par leur source, et non par leur succe`s! en-
fin , quelle grandeur morale ne sait-il pas donner a` l'homme,
soit qu'il l'examine en lui-me^me, soit qu'il le conside`re dans ses
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 430 'DES PHILOSOPHES ALLEMANDS
rapports exte? rieurs; l'homme, cet exile? du ciel, ce prison-
nier de la terre, si grand comme exile? , si mise? rable comme
captif!
On pourrait extraire des e? crits de Kant une foule d'ide? es bril-
lantes sur tous les sujets, et peut-e^tre me^me est-ce de cette doc-
trine seule qu'il est possible de tirer maintenant des aperc? us in-
ge? nieux et nouveaux; car le point de vue mate? rialiste en toutes
choses n'offre plus rien d'inte? ressant ni d'original. Le piquant
des plaisanteries contre ce qui est se? rieux, noble et divin , est
use? , et l'on ne rendra de? sormais quelque jeunesse a` la race hu-
maine , qu'en retournant a` la religion par la philosophie, et au
sentiment par la raison.
CHAPITRE VII.
Des philosophes les plus ce? le`bres de l'Allemagne, avant et apre? s Kant.
L'esprit philosophique, par sa nature, ne saurait e^tre ge? ne? ra-
lement re? pandu dans aucun pays. Cependant il y a en Allemagne
une telle tendance vers la re? flexion, que la nation allemande
peut e^tre conside? re? e comme la nation me? taphysique par excel-
lence. Elle renferme tant d'hommes en e? tat de comprendre les
questions les plus abstraites, que le public me^me y prend inte? -
re^t aux arguments employe? s dans ce genre de discussions.
Chaque homme d'esprit a sa manie`re de voir a` lui, sur les
questions philosophiques. Les e? crivains du second et du troisie`me
ordre en Allemagne, ont encore des connaissances assez appro-
fondies pour e^tre chefs ailleurs. Les rivaux se hai? ssent dans ce
pays comme dans tout autre, mais aucun n'oserait se pre? senter au
combat, sans avoir prouve? , par des e? tudes solides, l'amour since`re
de la science dont il s'occupe. Il ne suffit pas d'aimer le succe`s,
il faut le me? riter pour e^tre admis seulement a` concourir. Les Al-
lemands, si indulgents quand il s'agit de ce qui peut manquer a`
la forme d'un ouvrage, sont impitoyables sur sa valeur re? elle,
et quand ils aperc? oivent quelque chose de superficiel dans l'esprit,
dans l'a^me ou dans le savoir d'un e? crivain, ils ta^chent d'emprun-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? DES PHILOSOPHES ALLEMANDS. 43|
ter la plaisanterie franc? aise elle-me^me, pour tourner en ridicule
ce qui est frivole.
Je me suis propose? de donner dans ce chapitre un aperc? u ra-
pide des principales opinions des philosophes ce? le`bres, avant et
apre`s Kant; on ne pourrait pas bien juger la marche qu'ont sui-
vie ses successeurs, si l'on ne retournait pas en arrie`re, pour se
repre? senter l'e? tat des esprits au moment ou` la doctrine Kan-
tienne se re? pandit en Allemagne: elle combattait a` la fois le sys-
te`me de Locke, comme tendant au mate? rialisme, et l'e? cofe` de
Leibuitz, comme ayant tout re? duit a` l'abstraction.
Les pense? es de Leibnitz e? taient hautes, mais ses disciples,
Wolf a` leur te^te, les commente`rent avec des formes logiques et
me? taphysiques. Leibnitz avait dit que les notions qui nous vien-
nent par les sens sont confuses, et que celles qui appartiennent
aux perceptions imme? diates de l'a^me sont les seules claires :sans
doute il voulait indiquer par la` que les ve? rite? s invisibles sont
plus certaines et plus en harmonie avec notre e^tre moral, que
tout ce que nous apprenons par le te? moignage des sens. Wolf et
ses disciples en tire`rent pour conse? quence qu'il fallait re? duire en
ide? es abstraites tout ce qui peut occuper notre esprit. Kant re-
porta l'inte? re^t et la chaleur dans cet ide? alisme sans vie : il fit a`
l'expe? rience une juste part, comme aux faculte? s inne? es, et l'art
avec lequel il appliqua sa the? orie a`tout ce qui inte? resse les hom-
mes , a` la morale, a` la poe? sie et aux beaux-arts, en e? tendit l'in-
fluence.
Trois hommes principaux, Lessing, Hemsterhuis et Jacobi,
pre? ce? de`rent Kant dans la carrie`re philosophique. Ils n'avaient
point une e? cole, puisqu'ils ne fondaient pas un syste`me; mais
ils commence`rent l'attaque contre la doctrine des mate? rialistes.
Lessing est celui des trois dont les opinions a` cet e? gard e? taient
les moins de? cide? es; toutefois il avait trop d'e? tendue dans l'es-
prit pour se renfermer dans le cercle borne? qu'on peut se tracer
si facilement, en renonc? ant aux ve? rite? s les plus hautes. La toute-
puissante pole? mique de Lessing re? veillait le doute sur les ques-
tions les plus importantes, et portait a` faire de nouvelles recher-
ches en tout genre. Lessing lui-me^me ne peut e^tre conside? re? ni
comme mate? rialiste, ni comme ide? aliste; mais le besoin d'exa-
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? ? 132 DES PHILOSOPHES ALLEMANDS.
miner et d'e? tudier pour connai^tre, e? tait le mobile de son exis-
tence. << Si le Tout-Puissant, disait-il, tenait dans une main la
<< ve? rite? , et dans l'autre la recherche de la ve? rite? , c'est la re-
<<cherche que je lui demanderais par pre? fe? rence. >>
Lessing n'e? tait point orthodoxe en religion. Le christianisme
ne lui e? tait point ne? cessaire comme sentiment, et toutefois il
savait l'admirer philosophiquement. Il comprenait ses rapports
avec le coeur humain, et c'est toujours d'un point de vue uni-
versel qu'il conside`re toutes les opinions. Rien d'intole? rant,
rien d'exclusif ne se trouve dans ses e? crits. Quand on se place
au centre des ide? es, on a toujours de la bonne foi, de la pro-
fondeur et de l'e? tendue. Ce qui est injuste, vaniteux et borne? ,
vient du besoin de tout rapporter a` quelques aperc? us partiels
qu'on s'est approprie? s, et dont on se fait un objet d'amour-propre.
nel; et les choses les plus positives appartiennent autant, sous
de certains rapports, a` cet infini et a` cet e? ternel, que le senti-
ment et l'imagination.
De cette application du sentiment de l'infini aux beaux-arts,
doit nai^tre l'ide? al, c'est-a`-dire le beau, conside? re? , non pas comme
la re? union et l'imitation de ce qu'il y a de mieux dans la nature,
mais comme l'image re? alise? e de ce que notre a^me se repre? sente.
Les philosophes mate? rialistes jugent le beau sous le rapport de
l'impression agre? able qu'il cause, et le placent ainsi dans l'em-
pire des sensations; les philosophes spiritualistes, qui rappor-
tent tout a` la raison, voient dans le beau le parfait, et lui trou-
vent quelque analogie avec l'utile et le bon, qui sont les premiers
degre? s du parfait. Kant a rejete? l'une et l'autre explication.
Le beau, conside? re? seulement comme l'agre? able, serait ren-
ferme? dans la sphe`re des sensations, et soumis par conse? quent a`
la diffe? rence des gou^ts; il ne pourrait me? riter cet assentiment
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? -126 - KANT.
universel qui est le ve? ritable caracte`re de la beaute? . Le beau,
de? fini comme la perfection, exigerait une sorte de jugement
pareil a` celui qui fonde l'estime : l'enthousiasme que le beau
doit inspirer ne tient ni aux sensations, ni au jugement; c'est une
disposition inne? e, comme le sentiment du devoir et les notions
ne? cessaires de l'entendement, et nous reconnaissons la beaute?
quand nous la voyons, parce qu'elle est l'image exte? rieure de
l'ide? al, dont le type est dans notre intelligence. La diversite? des
gou^ts peuts'appliquer a` ce qui est agre? able, caries sensations sont
la source de ce genre de plaisir; mais tous les hommes doivent
admirer ce qui est beau, soit dans les arts, soit dans la nature,
parce qu'ils ont dans leur a^me des sentiments d'origine ce? leste
que la beaute? re? veille, et dont elle les fait jouir.
Kant passe de la the? orie du beau a` celle du sublime, et cette
seconde partie de sa Critique du Jugement est plus remarquable
encore que la premie`re : il fait consister le sublime dans la liberte?
morale, aux prises avec le destin ou avec la nature. La puissance
sans bornes nous e? pouvante, la grandeur nous accable, toutefois
nous e? chappons par la vigueur de la volonte? au sentiment de
notre faiblesse physique. Le pouvoir du destin et l'immensite? de
la nature sont dans une opposition infinie avec la mise? rable de? -
pendance de la cre? ature sur la terre; mais une e? tincelle du feu
sacre? dans notre sein triomphe de l'univers, puisqu'il suffit de
cette e? tincelle pour re? sister a` ce que toutes les forces du monde
pourraient exiger de nous.
Le premier effet du sublime est d'accabler l'homme; etle se-
cond , de le relever. Quand nous contemplons l'orage qui soule`ve
les flots de la mer, et semble menacer et la terre et le ciel, l'ef-
froi s'empare d'abord de nous a` cet aspect, bien qu'aucun
danger personnel ne puisse alors nous atteindre; mais quand
les nuages s'amoncellent, quand toute la fureur de la nature se
manifeste, l'homme se sent une e? nergie inte? rieure qui peut
l'affranchir de toutes les craintes, par la volonte? ou parla re? si-
guation , par l'exercice ou par l'abdication de sa liberte? morale;
et cette conscience de lui-me^me le ranime et l'encourage.
Quand on nous raconte une action ge? ne? reuse, quand on nous
apprend que des hommes ont supporte? des douleurs inoui? es,
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? KAfiT. 427
pour rester fide`les a` leur opinion, jusque dans ses moindres
nuances, d'abord l'image des supplices qu'ils ont soufferts con-
fond notre pense? e; mais, par degre? s, nous reprenons des forces,
et la sympathie que nous nous sentons avec la grandeur d'a^me ,
nous fait espe? rer que nous aussi nous saurions triompher des
mise? rables sensations de cette vie, pour rester vrais, nobles et
fiers, jusqu'a` notre dernier jour.
Au reste, personne ne saurait de? finir ce qui est, pour ainsi
dire, au sommet de notre existence; noussommes trop e? leve? s
a` l'e? gardde nous-me^mes,pour nous comprendre, dit saint Au-
gustin. Il serait bien pauvre en imagination, celui qui croirait
pouvoir e? puiser la contemplation de la plus simple fleur; com-
ment donc parviendrait-on a` connai^tre tout ce que renferme
l'ide? e du sublime?
Je ne me flatte assure? ment pas d'avoir pu rendre compte, en
quelques pages, d'un syste`me qui occupe, depuis vingt ans,
toutes les te^tes pensantes de l'Allemagne; mais j'espe`re en avoir
dit assez pour indiquer l'esprit ge? ne? ral de la philosophie de
Kant, et pour pouvoir expliquer dans les chapitres suivants l'in-
fluence qu'elle a exerce? e sur la litte? rature, les sciences et la
morale.
Pour bien concilier la philosophie expe? rimentale avec la phi-
losophie ide? aliste, Kant n'a point soumis l'une a` l'autre, mais il
a su donner a` chacune des deux se? pare? ment un nouveau degre?
de force. L'Allemagne e? tait menace? e de cette doctrme aride, qui
conside? rait tout enthousiasme comme une erreur, et rangeait
au nombre des pre? juge? s les sentiments consolateurs de l'exis-
tence. Ce fut une satisfaction vive pour des hommes a` la fois si
philosophes et si poe`tes , si capables d'e? tude et d'exaltation, de
voir toutes les belles affections de l'a^me de? fendues avec la ri-
gueur des raisonnements les plus abstraits. La force de l'esprit
ne peut jamais e^tre longtemps ne? gative, c'est-a`-dire, consister
principalement dans ce qu'on ne croit pas, dans ce qu'on ne
comprend pas, dans ce qu'on de? daigne. Il faut une philosophie
de croyance, d'enthousiasme; une philosophie qui confirme par
la raison ce que le sentiment nous re? ve`le. Les adversaires de Kant l'ont accuse? de n'avoir fait que re? pe? -
? ? Generated for (University of Chicago) on 2014-12-22 00:49 GMT / http://hdl. handle. net/2027/hvd. hwnks5 Public Domain, Google-digitized / http://www. hathitrust. org/access_use#pd-google
? 428 KANT.
ter les arguments des anciens ide? alistes; ils ont pre? tendu que
la doctrine du philosophe allemand n'e? tait qu'un ancien syste`me
dans un langage nouveau. Ce reproche n'est pas fonde? . Il y a
non-seulement des ide? es nouvelles, mais un caracte`re particulier
dans la doctrine de Kant.
Elle se ressent de la philosophie du dix-huitie`me sie`cle, quoi-
qu'elle soit destine? e a` la re? futer, parce qu'il est dans la nature
de l'homme d'entrer toujours en composition avec l'esprit de
son temps, lors me^me qu'il veut le combattre. La philosophie
de Platonest plus poe? tique que celle de Kant, la philosophie de
Malebranche plus religieuse; mais le grand me? rite du philoso-
phe allemand a e? te? de relever la dignite? morale, en donnant pour
base a` toutce qu'il y a de beau dans le coeur une the? orie forte-
ment raisonne? e. L'opposition qu'on a voulu mettre entre la rai-
son et le sentiment, conduit ne? cessairement la raison a` l'e? goi? sme
et le sentiment a` la folie; mais Kant, qui semblait appele? a`
conclure toutes les grandes alliances intellectuelles, a fait de
l'a^me un seul foyer ou` toutes les faculte? s sont d'accord entre
elles.
La partie pole? mique des ouvrages de Kant, celle dans laquelle
il attaque la philosophie mate? rialiste, serait a` elle seule un chef-d'oeuvre. Cette philosophie a jete? dans les esprits de si profon-
des racines, il en est re? sulte? tant d'irre? ligion etd'e? goi? sme, qu'on
devrait encore regarder comme les bienfaiteurs de leur pays ceux
qui n'auraient fait que combattre ce syste`me, et raviver les pen-
se? es de Platon, do Descartes et de Leibnitz : mais la philoso-
phie de la nouvelle e? cole allemande contient une foule d'ide? es
qui lui sont propres; elle est fonde? e sur d'immenses connais-
sances scientifiques, qui se sont accrues chaque jour, et sur une
me? thode de raisonnement singulie`rement abstraite et logique;
car, bien que Kant bla^me l'emploi deces raisonnements dans
l'examen des ve? rite? s hors ducercle de l'expe? rience, il montre
dans ses e? crits une force de te^te en me? taphysique, qui le
place sous ce rapport au premier rang des penseurs.
On ne saurait nier que le style de Kant, dans sa Critique
de la Raison pure, ne me? rite presque tous les reproches que
ses adversaires lui ont faits. Il s'est servi d'une terminologie
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? KANT. ? 429
tre`s-difficile a` comprendre, et du ne? ologisme le plus fatigant.
Il vivait seul avec ses pense? es, et se persuadait qu'il fallait des
mots nouveaux pour des ide? es nouvelles, et cependant il y a des
paroles pour tout.
Dans les objets les plus clairs par eux-me^mes, Kant prend
souvent pour guide une me? taphysique fort obscure, et ce n'est
que dans les te? ne`bres de la pense?
e qu'il porte un flambeau lu-
mineux: il rappelle les Israe? lites, qui avaient pour guide une
colonne de feu pendant la nuit, et une colonne ne? buleuse pen-
dant le jour.
Personne en France ne se serait donne? la peine d'e? tudier des
ouvrages aussi he? risse? s de difficulte? s que ceux de Kant, mais il
avait affaire a` des lecteurs patients et perse? ve? rants. Ce n'e? tait pas
sans doute une raison pour en abuser; peut-e^tre toutefois n'au-
rait-il pas creuse? si profonde? ment dans la science de l'entende-
ment humain, s'il avait mis plus d'importance aux expressions
dont il se servait pour l'expliquer. Les philosophes anciens ont
toujours divise? leur doctrine en deux parties distinctes, celle
qu'ils re? servaient pour les initie? s, et celle qu'ils professaient en
public. La manie`re d'e? crire de Kant est tout a` fait diffe? rente,
lorsqu'il s'agit de sa the? orie, ou de l'application de cette the? orie.
Dans ses traite? s de me? taphysique, il prend les mots comme
des chiffres, et leur donne la valeur qu'il veut, sans s'embarras-
ser de celle qu'ils tiennent de l'usage. C'est, ce me semble, une
grande erreur; car l'attention du lecteur s'e? puise a` comprendre
le langage avant d'arriver aux ide? es, et le connu ne sert jamais
d'e? chelon pour parvenir a` l'inconnu. Il faut ne? anmoins rendre a` Kant la justice qu'il me? rite me^me
comme e? crivain, quand il renonce a` son langage scientifique.
En parlant des arts, et surtout de la morale, son style est pres-
que toujours parfaitement clair, e? nergique et simple. Combien
sa doctrine parai^t alors admirable! comme il exprime le senti-
ment du beau et l'amour du devoir! avec quelle force il les se? -
pare tous les deux de tout calcul d'inte? re^t ou d'utilite? ! comme il
ennoblit les actions par leur source, et non par leur succe`s! en-
fin , quelle grandeur morale ne sait-il pas donner a` l'homme,
soit qu'il l'examine en lui-me^me, soit qu'il le conside`re dans ses
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? 430 'DES PHILOSOPHES ALLEMANDS
rapports exte? rieurs; l'homme, cet exile? du ciel, ce prison-
nier de la terre, si grand comme exile? , si mise? rable comme
captif!
On pourrait extraire des e? crits de Kant une foule d'ide? es bril-
lantes sur tous les sujets, et peut-e^tre me^me est-ce de cette doc-
trine seule qu'il est possible de tirer maintenant des aperc? us in-
ge? nieux et nouveaux; car le point de vue mate? rialiste en toutes
choses n'offre plus rien d'inte? ressant ni d'original. Le piquant
des plaisanteries contre ce qui est se? rieux, noble et divin , est
use? , et l'on ne rendra de? sormais quelque jeunesse a` la race hu-
maine , qu'en retournant a` la religion par la philosophie, et au
sentiment par la raison.
CHAPITRE VII.
Des philosophes les plus ce? le`bres de l'Allemagne, avant et apre? s Kant.
L'esprit philosophique, par sa nature, ne saurait e^tre ge? ne? ra-
lement re? pandu dans aucun pays. Cependant il y a en Allemagne
une telle tendance vers la re? flexion, que la nation allemande
peut e^tre conside? re? e comme la nation me? taphysique par excel-
lence. Elle renferme tant d'hommes en e? tat de comprendre les
questions les plus abstraites, que le public me^me y prend inte? -
re^t aux arguments employe? s dans ce genre de discussions.
Chaque homme d'esprit a sa manie`re de voir a` lui, sur les
questions philosophiques. Les e? crivains du second et du troisie`me
ordre en Allemagne, ont encore des connaissances assez appro-
fondies pour e^tre chefs ailleurs. Les rivaux se hai? ssent dans ce
pays comme dans tout autre, mais aucun n'oserait se pre? senter au
combat, sans avoir prouve? , par des e? tudes solides, l'amour since`re
de la science dont il s'occupe. Il ne suffit pas d'aimer le succe`s,
il faut le me? riter pour e^tre admis seulement a` concourir. Les Al-
lemands, si indulgents quand il s'agit de ce qui peut manquer a`
la forme d'un ouvrage, sont impitoyables sur sa valeur re? elle,
et quand ils aperc? oivent quelque chose de superficiel dans l'esprit,
dans l'a^me ou dans le savoir d'un e? crivain, ils ta^chent d'emprun-
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? DES PHILOSOPHES ALLEMANDS. 43|
ter la plaisanterie franc? aise elle-me^me, pour tourner en ridicule
ce qui est frivole.
Je me suis propose? de donner dans ce chapitre un aperc? u ra-
pide des principales opinions des philosophes ce? le`bres, avant et
apre`s Kant; on ne pourrait pas bien juger la marche qu'ont sui-
vie ses successeurs, si l'on ne retournait pas en arrie`re, pour se
repre? senter l'e? tat des esprits au moment ou` la doctrine Kan-
tienne se re? pandit en Allemagne: elle combattait a` la fois le sys-
te`me de Locke, comme tendant au mate? rialisme, et l'e? cofe` de
Leibuitz, comme ayant tout re? duit a` l'abstraction.
Les pense? es de Leibnitz e? taient hautes, mais ses disciples,
Wolf a` leur te^te, les commente`rent avec des formes logiques et
me? taphysiques. Leibnitz avait dit que les notions qui nous vien-
nent par les sens sont confuses, et que celles qui appartiennent
aux perceptions imme? diates de l'a^me sont les seules claires :sans
doute il voulait indiquer par la` que les ve? rite? s invisibles sont
plus certaines et plus en harmonie avec notre e^tre moral, que
tout ce que nous apprenons par le te? moignage des sens. Wolf et
ses disciples en tire`rent pour conse? quence qu'il fallait re? duire en
ide? es abstraites tout ce qui peut occuper notre esprit. Kant re-
porta l'inte? re^t et la chaleur dans cet ide? alisme sans vie : il fit a`
l'expe? rience une juste part, comme aux faculte? s inne? es, et l'art
avec lequel il appliqua sa the? orie a`tout ce qui inte? resse les hom-
mes , a` la morale, a` la poe? sie et aux beaux-arts, en e? tendit l'in-
fluence.
Trois hommes principaux, Lessing, Hemsterhuis et Jacobi,
pre? ce? de`rent Kant dans la carrie`re philosophique. Ils n'avaient
point une e? cole, puisqu'ils ne fondaient pas un syste`me; mais
ils commence`rent l'attaque contre la doctrine des mate? rialistes.
Lessing est celui des trois dont les opinions a` cet e? gard e? taient
les moins de? cide? es; toutefois il avait trop d'e? tendue dans l'es-
prit pour se renfermer dans le cercle borne? qu'on peut se tracer
si facilement, en renonc? ant aux ve? rite? s les plus hautes. La toute-
puissante pole? mique de Lessing re? veillait le doute sur les ques-
tions les plus importantes, et portait a` faire de nouvelles recher-
ches en tout genre. Lessing lui-me^me ne peut e^tre conside? re? ni
comme mate? rialiste, ni comme ide? aliste; mais le besoin d'exa-
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? ? 132 DES PHILOSOPHES ALLEMANDS.
miner et d'e? tudier pour connai^tre, e? tait le mobile de son exis-
tence. << Si le Tout-Puissant, disait-il, tenait dans une main la
<< ve? rite? , et dans l'autre la recherche de la ve? rite? , c'est la re-
<<cherche que je lui demanderais par pre? fe? rence. >>
Lessing n'e? tait point orthodoxe en religion. Le christianisme
ne lui e? tait point ne? cessaire comme sentiment, et toutefois il
savait l'admirer philosophiquement. Il comprenait ses rapports
avec le coeur humain, et c'est toujours d'un point de vue uni-
versel qu'il conside`re toutes les opinions. Rien d'intole? rant,
rien d'exclusif ne se trouve dans ses e? crits. Quand on se place
au centre des ide? es, on a toujours de la bonne foi, de la pro-
fondeur et de l'e? tendue. Ce qui est injuste, vaniteux et borne? ,
vient du besoin de tout rapporter a` quelques aperc? us partiels
qu'on s'est approprie? s, et dont on se fait un objet d'amour-propre.
