par des detours dans une
maison dont la fene^tre donnait sur cette place; le vent agitait
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maison dont la fene^tre donnait sur cette place; le vent agitait
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Madame de Stael - De l'Allegmagne
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? 250 I. E COMTE D F. CiSIONT.
me^me aupre`s de sa victime; il veut dire quelque chose pour son
excuse, alors me^me que ce qu'il dit ne peut persuader ni lui-
me^me ui personne. Peut-e^tre aucun homme n'est-il capable d'a-
border le crime sans subterfuge ; aussi la ve? ritable moralite? des
ouvrages dramatiques ne consiste-t-elle pas dans la justice poe? -
tique dont l'auteur dispose a` son gre? , et que l'histoire a si sou-
vent de? mentie, mais dans l'art de peindre le vice et la vertu de
manie`re a` inspirer la haine pour l'un et l'amour pour l'autre. A peine le bruit de l'arrestation du comte d'Egmont est-il
re? pandu dans Bruxelles, qu'on sait qu'il va pe? rir. Personne ne
s'attend plus a` la justice, ses partisans e? pouvante? s n'osent
plus dire un mot pour sa de? fense; biento^t le soupc? on se? pare
ceux qu'un me^me inte? re^t re? unit. Une apparente soumission nai^t
de l'effroi que chacun inspire, en le ressentant a` son tour, et la
terreur que tous font e? prouver a` tous, cette la^chete? populaire
qui succe`de si vite a` l'exaltation, est admirablement peinte dans
cette circonstance.
La seule Clara, cette jeune fille timide , qui ne sortait jamais
de sa maison, vient sur la place publique de Bruxelles, rassem-
ble par ses cris les citoyens disperse? s, et leur rappelle leur en-
thousiasme pour Egmont, leur serment de mourir pour lui;
tous ceux qui l'entendent fre? missent. <<Jeune fille, lui dit un
<< citoyen de Bruxelles, ne parle pas d'Egmont ; son nom donne
<< la mort. >> -- << Moi, s'e? crie Clara, je ne prononcerais pas son
<< nom! ne l'avez-vous pas tous invoque? mille fois? n'est-il pas
e? crit en tout lieu? n'ai je pas vu les e? toiles du ciel me^me en
<< former les lettres brillantes? Moi, ne pas le nommer! Que
<< faites-vous, hommes honne^tes? votre esprit est-il trouble? , vo-
? ? tre raison perdue? Ne me regardez donc pas avec cet air in-
<<quiet et craintif, ne baissez donc pas les yeux avec effroi:
<< ce que je demande , c'est ce que vous de? sirez; ma voix n'est-
<< elle pas la voix de votre coeur? qui de vous, cette nuit me^me,
<< ne se prosternera pas devant Dieu pour lui demander la vie
"d'Egmont? Interrogez-vous 1 un l'autre; qui de-vous, dans
<< sa maison, ne dira pas : la liberte? d'Egmont ou la mort?
UN CITOYEN DE BRUXELLES.
<< Dieu nous pre? serve de vous e? couter plus longtemps! il en
<< re? sulterait quelque malheur.
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? LE COMTE D'EGMONT. 207
CLARA.
<<Restez, restez! ne vous e? loignez point, parce que je parle
<< de celui au-devant duquel vous vous pressiez avec tant d'ar-
<< ileur, quand la rumeur publique annoncait son arrive? e, quand
chacun s'e? criait : Egmont vient, il vient. Alors Iss habitants
<< des rues par lesquelles il i^levait passer s'estimaient heureux:
<< de`s qu'on entendait les pas de son cheval, chacun abandon-
<<nait son travail pour courir a` sa rencontre, et le rayon
qui partait de son regard colorait d'espe? rance et de joie vos vi-
<<sages abattus. Quelques-uns d'entre vous portaient leurs en-
<< fantssur le seuil de la porte, et les e? levant dans leurs bras,
<< s'e? criaient :_ Voyez, c'est le grand Egmont, c'est lui, lui
qui vous vaudra des temps plus heureux que ceux qu'ont sup-
, porte? s vos pauvres pe`res. _ Vos enfants vous demanderont
<< ce que sont devenus ces temps que vous leur avez promis? Eh
<< quoi! nous perdons nos moments en paroles, vous e^tes oisifs,
<< vous le trahissez! >> -- Brackenbourg. l'ami de Clara, la con-
jure de s'en-aller-- << Que dira votre me`re? >> s'e? criet-il.
CLARA.
<< Penses-tu que je sois une enfant ou une insense? e? Non, il
<< faut qu'ils m'entendent. E? coutez-moi, citoyens : je vois que
<< vous e^tes trouble? s, et que vous ne pouvez vous-me^mes vous
<< reconnai^tre a` travers les dangers qui vous menacent; laissez-
<< moi porter vos regards sur le passe? , he? las! le passe? d'hier.
Songez a` l'avenir; pouvez-vous vivre, vous laissera-t-ou vivre ,
<< s'il pe? rit. C'est avec lui que s'e? teint le dernier souffle de vptre
<< liberte? . Que n'e? tait-il pas pour vous! Pour qui s'est-il donc
expose? a` des pe? rils sans nombre? Ses blessures, il les a rec? ues
<< pour vous; cette grande ame, tout entie`re occupe? e de vous,
<< est maintenant renferme? e dans un cachot, et les pie? ges du
<< meurtre l'environnent; il pense a` vous, il espe`re peut-e^tre en
<< vous. 11 a besoin pour la premie`re fois de vos secours, lui qui
jusqu'a` ce jour n'a fait que vous combler de ses dons.
UN CITOYEN DE RRUXELLES (a` Rrackenbowg).
<< E? loignez-la ; elle nous afflige.
CLARA.
<< Eh quoi ! je n'ai point de force, point de bras habiles aux
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? J58 LE COMTE D EGMOINT.
<< armes comme les vo^tres; mais j'ai ce qui vous manque, le
<< courage et le me? pris du pe? ril : ne puis-je donc pas vous pe? ne? -
<< trer de mon a^me ? Je veux aller au milieu de vous; un e? tendard
<< sans de? fense a rallie? souvent une noble arme? e; mon esprit
sera comme une flamme en avant de vos pas; l'enthousiasme,
<< l'amour, re? uniront enfin ce peuple chancelant et disperse? . <<
Brackenbourg avertit Clara que l'on aperc? oit non loin d'eux
des soldats espagnols qui pourraient l'entendre. -- << Mon amie ,
<< lui dit-il, voyez dans quel lieu nous sommes. >>
CLARA.
<< Dans quel lieu! sous le ciel, dont la vou^te magnifique seni-
<< blait s'incliner avec complaisance sur la te^te d'Egmont quand
<< il paraissait. Conduisez-moi dans sa prison, vous connaissez
<< la route du vieux cha^teau ; guidez mes pas, je vous suivrai. >>
-- Brackenbourg entrai^ne Clara chez elle, et sort de nouveau
pour s'informer du comte d'Egmont: il revient; et Clara, dont
la dernie`re re? solution est prise, exige qu'il lui raconte ce qu'il
a pu savoir. -- << Est-il condamne? ? s'e? crie-t-elle.
BRACKENBOURG.
<< Il l'est, je n'en puis douter.
CLARA.
<< Vit-il encore?
RRACKENROURG.
? , Oui.
CLARA.
<< Et comment peux-tu me l'assurer? la tyrannie tue dans la
<< nuit l'homme ge? ne? reux, et cache son sang aux yeux de tous.
<< Ce peuple accable? repose, et re^ve qu'il le sauvera ; et, pendant
<< ce temps, son a^me indigne? e a de? ja` quitte? ce monde. 11 n'est
plus, ne me trompe pas; il n'est plus.
BRACKENBOURG.
<< Non, je vous le re? pe`te, he? las! il vit, parce que les Espagnols
"destinent au peuple qu'ils veulent opprimer un effrayant spec-
"tacle qui doit briser tous les coeurs ou` respire encore la liberte? .
CLARA.
<< Tu peux parler maintenant : moi aussi j'entendrai tranquil-
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? LE COMTE D'EGMONT. 559
ma sentence de mort; je m'approche de? ja` iIe la re? giou
'des bienheureux; de? ja` la consolation me vient de cette contre? e
de paix : parle.
RRACKF. IN ROURG.
<< Les bruits qui circulent et la garde double? e m'ont fait soup-
<< conter qu'on pre? parait cette nuit sur la place publique quelque
<< chose de redoutable. Je suis arrive?
par des detours dans une
maison dont la fene^tre donnait sur cette place; le vent agitait
? les flambeaux qu'un cercle nombreux de soldats espagnols _'
, portaient dans leurs mains; <<t, comme je m'efforc? ais de re- -
<<carder a` travers cette lueur incertaine, j'apercois en fre? mis-
<< sant un e? chafaud e? leve? ; plusieurs e? taient occupe? s a` couvrir les
planches d'un drap noir, et de? ja` les marches de l'escalier e? taient
, reve^tuesdece deuil fune`bre; on eu^t dit qu'on ce? le? brait la eon-
<< se? cration d'un sacrifice horrible. Un crucifix blanc, qui brillait
? pendant la nuit comme de l'argent, e? tait place? sur l'un des ro-
,te? s de l'e? chafaud. La terrible certitude e? tait la` devant mes yeux;
<<mais les flambeaux par degre? s s'e? teignirent; biento^t tous les
objets disparurent, et l'oeuvre criminelle de la nuit rentra dans
<< le sein des te? ne`bres. >>
Le fils du duc d'Albe de? couvre qu'on s'est servi de lui pour
perdre Egmont; il veut le sauver a` tout prix; Egmont ne lui de-
mande qu'un service, c'est de prote? ger Clara quand il ne sera
plus; mais on apprend qu'elle s'est donne? la mort pour ne pas survivre a` celui qu'elle aime. Egmont pe? rit, et l'amer ressenti-
ment de Ferdinand contre son pe`re est la punition du duc d'Albe,
qui, dit-on, n'aima rien sur la terre que ce fiis.
H me semble qu'avec quelques changements il serait possible
d'adapter ce plan a` la forme franc? aise, . l'ai passe? sous silence
quelques sce`nes qu'on ne pourrait point introduire sur notre
the? a^tre. D'abord celle qui commence la trage? die: des soldats
d'Egmont et des bourgeois de Bruxelles s'entretiennent entre eux de ses exploits; ils racontent, dans un dialogue naturel et
piquant, les principales actions de sa vie, et font sentir dans
leur langage et leurs re? cits la haute confiance qu'il leur inspire.
C'est ainsi que Shakespeare pre? pare l'entre? e de Jules-Ce? sar, et le
camp de Walstein est compose? dans le me^me but. Mais nous ne
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? 260 LE COMTE D'EGMOINT.
supporterions pas en France le me? lange du ton populaire avec la
dignite? tragique, et c'est ce qui donne souvent de la monotonie
a` nos trage? dies du second ordre. Les mots pompeux et les situa-
tions toujours he? roi? ques sont ne? cessairement en petit nombre:
d'ailleurs l'attendrissement pe? ne`tre rarement jusqu'au fond
de l'a^me, quand on ne captive pas l'imagination par des de? tails
simples, mais vrais, qui donnent de la vie aux moindres circons-
tances.
Clara est repre? sente? e au milieu d'un inte? rieur singulie`rement
bourgeois, sa me`re est tre`s-vulgaire; celui qui doit l'e? pousera pour elle un sentiment passionne? , mais on n'aime pas a` se
repre? senter Egmont comme le rival d'un homme du peuple;
tout ce qui entoure Clara sert, il est vrai, a` relever la purete? de
sou a^me; ne? anmoins on n'admettrait pas en France dans l'art
dramatique l'un des principes de l'art pittoresque, l'ombre qui
fait ressortir la lumie`re. Comme on voit l'une et l'autre simulta-
ne? ment dans un tableau, on rec? oit tout a` la fois l'effet de toutes
deux; il n'en est pas ainsi dans une pie`ce de the? a^tre, ou` l'action
est successive; la sce`ne qui blesse n'est pas tole? re? e, en conside? ra-
tion du reflet avantageux qu'elle doit jeter surla sce`ne suivante;
et l'on exige que l'opposition consiste dans des beaute? s diffe? ren-
tes, mais qui soient toujours des beaute? s.
La fin de la trage? die de Goethe n'est point en harmonie avec
l'ensemble; le comte d'Egmont s'endort quelques instants avant
demarcher a` l'e? chafaud; Clara, qui n'est plus, lui apparai^t pen-
dant son sommeil environne? e d'un e? clat ce? leste, et lui annonce
que la cause de la liberte? qu'il a servie doit triompher un jour:
ce de? nou^ment merveilleux ne peut convenir a` une pie`ce histo-
rique. Les Allemands, en ge? ne? ral, sont embarrasse? s lorsqu'il
s'agit de finir; et c'est surtout a` eux que pourrait s'appliquer ce
proverbe des Chinois: Quand on a dix pas a` faire, neuf est
la moitie? du chemin. L'esprit ne? cessaire pour terminer quoi que
ce soit exige une sorte d'habilete? et de mesure qui ne s'accorde
gue`re avec l'imagination vague et inde? finie que les Allemands
manifestent dans tous leurs ouvrages. D'ailleurs il faut de l'art,
et beaucoup d'art, pour trouver un de? nou^ment, car il y en a ra-
rement dans la vie; les faits s'enchai^nent les uns aux autres , et
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? EN TAUHIDE. 261
leurs conse? quences se perdent dans la suite des temps. La con-
naissance du the? a^tre seule apprend a` circonscrire l'e? ve? nement
principal, et a` faire concourir tous les accessoires au me^me but.
Mais combiner les effets semble presque aux Allemands de
l'hypocrisie, et le calcul leur parai^t inconciliable avec l'inspira-
tion.
Goethe est cependant de tous leurs e? crivains celui qui aurait
le plus de moyens pour accorder ensemble l'habilete? de l'esprit
avec son audace; mais il ne daigne pas se donner la peine de
me? nager les situations dramatiques de manie`re a` les rendre
the? a^trales. Quand elles sont belles en elles-me^mes, il ne s'em-
barrasse pas du reste. Le public allemand qu'il a pour specta-
teur a` Weimar, ne demande pas mieux que de l'attendre et de
le deviner; aussi patient, aussi intelligent que le choeur des
Grecs, au lieu d'exiger seulement qu'on l'amuse, comme le
font d'ordinaire les souverains, peuples ou rois, il se me^le lui-me^me de son plaisir, en analysant, en expliquant ce qui ne le
frappe pas d'abord; un tel public est lui-me^me artiste dans ses
jugements.
CHAPITRE XXII.
Iphige? nie en Tauride , Torquato Tasso , etc.
Ou donnait en Allemagne des drames bourgeois, des me? lo-
drames, des pie`ces a` grand spectacle, remplies de chevaux et
de chevalerie. Goethe voulut ramener la litte? rature a` la se? ve? rite?
de l'antique, et il composa son Iphige? nie en Tauride, qui est
le chef-d'oeuvre de la poe? sie classique chez les Allemands. Cette
trage? die rappelle le genre d'impression qu'on rec? oit en contem-
plant les statues grecques; l'action en est si imposante et si
tranquille, qu'alors me^me que la situation des personnages
change, il y a toujours en eux une sorte de dignite? qui fixe dans
le souvenir chaque moment comme durable.
Le sujet iTlphiye? nie en Tauride est si connu , qu'il e? tait dif-
ficile de le traiter d'une manie`re nouvelle ; Goethe y est parvenu
ne? anmoins, en donnant un caracte`re vraiment admirable a` sou
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? 562 IPU1GEN1R EN TAUHIDE.
he? roi? ne. L'Antigone de Sophocle est une sainte, telle qu'une re-
ligion plus pure que celle des anciens pourrait nous la repre? sen-
ter. L'Iphige? nie de Goethe n'a pas moins de respect pour la
ve? rite? qu'Antigone; mais elle re? unit le calme d'un philosophe
a` la ferveur d'une pre^tresse : le chaste culte de Diane et l'asile
d'un temple suffisent a` l'existence re^veuse que lui laisse le re-
gret d'e^tre e? loigne? e de la Gre`ce. Elle veut adoucir les moeurs du
pays barbare qu'elle habite : et bien que son nom soit ignore? ,
elle re? pand des bienfaits autour d'elle, en fille du roi des rois.
Toutefois, elle ne cesse point de regretter les belles contre? es ou`
se passa son enfance, et son a^me est remplie d'une re? signation
forte et douce, qui tient, pour ainsi dire, le milieu entre le
stoi? cisme et le christianisme. Iphige? nie ressemble un peu a` la
divinite? qu'elle sert, et l'imagination se la repre? sente environ-
ne? e d'un nuage qui lui de? robe sa patrie. En effet, l'exil, et
l'exil loin de la Gre`ce, pouvait-il permettre aucune autre jouis-
sance que celles qu'on trouve en soi-me^me! Ovide aussi, con-
damne? a` vivre non loin de laTauride, parlait en vain son har-
monieux langage aux habitantsde ces rives de? sole? es :il cher-
chait en vain les arts, un beau ciel, et cette sympathie de pen-
se? es qui fait gou^ter avec les indiffe? rents me^me quelques-uns des
plaisirs de l'amitie? . Son ge? nie retombait sur lui-me^me, et sa
lyre suspendue ne rendait plus que des accords plaintifs, lugubre
accompagnement des vents du nord. Aucun ouvrage moderne ne peint mieux, ce me semble , que
i? Iphige? nie de Goethe , la destine? e qui pe`se sur la race de Tan-
tale, la dignite? de ces malheurs cause? s par une fatalite? invinci-
ble. Une crainte religieuse se fait sentir dans toute cette histoire,
etles personnages eux-me^mes semblent parler prophe? tiquement,
et n'agir que sous la main puissante des dieux.
Goethe a fait de Thoas le bienfaiteur d'Iphige? nie. Un homme
fe? roce, tel que divers auteurs l'ont repre? sente? , n'aurait pu s'ac-
oerder avec la couleur ge?
